Bien que je vienne tout juste de sortir du pays, je me dois de revenir un pas en arrière et glisser un mot sur les routes de la Bolivie.
La Bolivie, pour le moment, demeure le pays le plus challenging que j'ai visité à ce jour. Une partie du défi vient de son manque cruel d'organisation et de l'absence d'infrastructures, mais une grande partie vient de l'état de ses routes et de son transport en commun intercité.
Premièrement, l'état de la plupart des routes est lamentable. Une bonne partie des routes boliviennes n'est pas pavé - et je parle ici de routes majeures reliant deux grandes villes - et la partie pavée n'est pas toujours dans un état carossable de toute manière.
En plus, la majorité du territoire bolivien est situé soit dans les hautes Andes, soit dans la jungle amazonienne; résultat, simplement faire des routes est difficile, alors leur tracé est un véritable casse-tete, et les parcourir demeure une aventure à chaque fois. On parle ici de routes qui, pavées et entretenues le moindrement, vous demandent 4-5h de transport pour couvrir environ 150-200 km. Imaginez les autres...
Et je ne parle pas encore des routes de terre battue, vous pouvez imaginer les trajets de bus sur ces routes... J'avais glissé un mot sur la portion de route entre La Paz et Uyuni (4h / 10h en terre battue) qui était un brassage continuel de passager... J'ai pu vivre bien pire lors d'un épouvantable trajet Potosi-Tarija, dans un bus inconfortable (le genre qui ne roulerait plus depuis 10 ans en Amérique du Nord), sur une route de terre pendant 11h... et de nuit... Une expérience inoubliable s'il en est une, mais pas du genre recommandable... Disons que c'est le genre de mauvais souvenir qui devient bon avec le temps puisqu'il devient une anecdote, une aventure, mais que pendant les 11h de la durée de la chose, vous vous demandez réellement ce que vous foutez dans ce secteur de la planète! :-)
D'ailleurs, meme dans les trajets les plus intéressants - je pense entre autre aux paysages canyonesques entre Tarija et Bermejo - l'état lamentable des autobus élève la chose au rang de trek d'aventure. Les trajets se font toujours sur des routes étroites, souvent à flanc de montagne (et de ravins de l'autre coté du bus, arghhh), à une vitesse qui dépasse l'entendement sur ce type de routes, et en passant autant de temps sur la voie de gauche que sur celle de droite, en plus... Soit parce que le conducteur effectue des dépassements n'importe ou et n'importe comment, soit parce qu'il conduit en mode "formule 1" pour couper les virages le plus possible... et souvent, un simple mélange des deux.
Enfin, comme il s'agit de l'Amérique latine, il y a des arrets fréquents (ca peut aller à un arret tous les 100 m pendant 3 km parfois, très irritant de les voir rouler comme des dingues après avoir perdu tant de temps à débarquer/embarquer des passagers de la sorte!).
Règle générale, les passagers ne sont pas traités différemment du cargo en Bolivie. Et ce n'est ni un jugement, ni un gag, c'est une observation réaliste. Que vous soyez assis ou debout (on rempli les bus tant qu'il y a de l'espace), le tarif du point A au point B est le meme. On vous brasse sans ménagement ni aucune notion de confort du passager, et vous payez pour le trajet, vous payez pour vous rendre de A à B, alors le reste n'a aucune importance dans la culture locale. Vous etes l'équivalent d'un sac de pommes de terre ou de riz, à la différence que vous entrez et sortez du bus par vous-meme.
Je vous laisse imaginer le sort réservé à vos bagages ... Disons que les semaines passées en Bolivie, qui s'aditionnent à celles passées en Équateur et au Pérou, ont laissé mon backpack dans un état inquiétant... La couverture protectrice ultra-solide est trouée et menace de se déchirer à tout nouveau trajet ... Heureusement, pour le moment, le sac lui-meme tient le coup miraculeusement, et je ne saurais trop recommander un backpack de marque Arcterix (un excellent produit canadien, qui a donc fait ses preuves de solidité et durabilité - il en est à son 26e pays et plus de 15 mois sur la route en 4 ans!)...
Heureusement, parfois, il y a des compensations... comme le paysage, si vous avez le bonheur de faire des trajets de jour - les Andes, les rivières à sec - ou meme celles qui ne sont pas à sec mais que le bus traverse sans pont, facon Jeep comme dans les pubs! - les canyons, les tunnels rocheux, les animaux, vaches, anes, moutons, chevres, lamas, vicuñas, alpacas, sangliers... Tout ca est comme un baume sur vos os endoloris par le trajet... quand il ne vous laisse pas avec un torticoli douloureux...
Et si vous etes persévérant, au bout du tunnel Nord-Sud Bolivien... il y a l'Argentine... et ses bus confortables et ses routes pavées...
Je ne pense pas avoir été si content de ma vie de voir une route bien asphaltée avant d'arriver en Argentine :-)
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