mardi 11 août 2009

Entretien avec Sybiline

Sybiline.
Dans le milieu de la science-fiction et du fantastique québécois, Sybiline n'est connue que depuis peu. La première fois où j'ai remarqué une de ses oeuvres, c'était en couverture de Brins d'éternité #20. Je ne savais pas que l'artiste - qui oeuvre depuis plusieurs années - réalisait déjà des couvertures de livres depuis un bon moment, ayant travaillé pour les éditions Soulières, Tisseyre ou chez VLB par exemple.
Diplômée en arts visuels à l'Université Laval, elle a déjà remporté plusieurs prix dans sa région natale, la Mauricie, et a été finaliste pour plusieurs autres dans cette même région et ailleurs au pays.
En littérature jeunesse, on a pu la remarquer comme l'illustratrice d'Un été sur le Richelieu de Robert Soulière, de Taxi en cavale de Louis Émond et de la nouvelle édition du Cercle de Khaleb de Daniel Sernine. Ce seront également ses illustrations qui orneront les couvertures de la prochaine édition de L'Arc-en-Cercle de Daniel Sernine et de La Vengeance des fleurs de Julie Martel.
Lors de la récente fin de semaine de congrès de fantastique et science-fiction, dans le cadre d'Anticipation 2009 et de Boréal 2009, Sybiline s'est mérité deux honneurs: le Best in Show Award du congrès mondial (pour la peinture Le Sablier du temps) et le Prix Boréal de la meilleure réalisation artistique.
C'est à cette occasion que j'ai pu rencontrer l'illustratrice et que l'idée de ce petit entretien est née.
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Entretien avec Sybiline.
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L'Esprit Vagabond: Sybiline bonjour. Comme mes lecteurs ne sont pas nécessairement familier avec ton travail, j'aimerais d'abord savoir comment tu en es venue à l'illustration? Quels-ont été les éléments déclencheurs pour toi?

Sybiline: Bonjour à toi... En fait, l'art en général a toujours fait partie de moi. Plus jeune, je dessinais tout le temps, ensuite est venu la danse, la couture, la poésie et le théâtre. À 19 ans, j'ai découvert la peinture. Cette découverte était le premier pas dans la bonne direction. Cette matière m'a beaucoup parlée, c'était une véritable révélation! Je ne connaissais pas encore la tournure que tout cela prendrait mais je savais dorénavant que j'allais peindre. Ma passion pour les livres, était aussi grandissante. J'ai toujours trouvé que les livres "sentaient bons". J'aimais l'école et le papier, les nouveaux crayons et les livres neufs. Je leur faisais très attention. Quand je lisais, je me référais toujours à la couverture. J'aime les références visuelles et même très jeune, je comparais déjà la concordance du lien entre l'idée de l'auteur et de l'illustrateur. Parfois, j'avais des visions totalement différentes et je rêvais alors très précisément des changements que j'aurais fait si c'était moi qui avait illustré. Je pouvais regarder des images pendant des heures et je me questionnais...
En 2003, j'ai eu une conversation avec Robert Soulières au Salon du livre de Trois-Rivières et je voulais illustrer pour lui. Je le trouvais très gentil et je voulais faire l'expérience, avec lui. Je suis allé le voir ensuite à chaque année avec mon portefolio et il me disait "Tu es bonne toi, un jour je vais te donner ta chance..." et un jour il l'a fait. J'ai reçu son premier téléphone alors que je travaillais comme commis à l'Agence du Revenu du Canada. Et ensuite, il m'a donné un autre contrat, et ensuite un autre... et puis d'autres maisons m'ont téléphonée et voilà, je trouvais tranquillement ma voie.
Quand je regarde ce parcours maintenant de derrière, je pense que j'étais vraiment destinée à faire ce travail, je n'y vois aucun autre passage...

EV: À partir de quand, et pourquoi as-tu décidé de travailler sur des thématiques de fantastique, science-fiction ou fantasy?

Sybiline: Je suis une grande rêveuse, c'était inévitable! Toute jeune je ne dessinais que cela et surtout des personnages. Mon amour aussi pour les tableaux des grands maîtres et leurs techniques anciennes m'attirent beaucoup. C'est d'une certaine façon l'exploration d'un autre monde, la résolution d'une énigme, une quête vers le passé.

EV: Tu viens de remporter le Best in Show Award à la convention mondiale de science-fiction, pour ton oeuvre Le Sablier du temps. Quelle a été l'inspiration derrière cette oeuvre?

Sybiline: "Le Sablier du temps" est une oeuvre tout à fait personnelle. La modèle qui pose pour le personnage étudie la médecine dans la vraie vie. Tout a débuté d'une conversation sur la mort, très inspirée d'ailleurs. Vient ensuite la conception et la fabrication du costume et une séance photo avec le "Oscar" de ses cours de classe. Il est difficile pour moi de pointer l'exactitude de ce que j'ai peint. L'inspiration est parfois nébuleuse même pour l'artiste car c'est souvent une réflexion en soi. Ce que je constate est que la composition du tableau se divise entre l'ombre et la lumière et que la vie est belle et bien dans la lumière. C'est perçu par moi davantage comme un frisson dans le dos, une présence qui nous accompagne tout au long de notre vie, qui attend, et avec laquelle on apprend à vivre. Dans un poème que j'ai écrit (parfois j'écris sur mes tableaux pour tenter moi-même de comprendre le message qui est passé...), je me souviens d'avoir conclu à une valse:

"Dès mon premier souffle de vie
J'ai su que tu me regardais grandir
Sans l'attente d'une possible survie
Je sais que ma chaleur te fait fuir

Côte à côte, nous valsons
Quand je suis triste, je ressens dans mon dos
Une présence, comme un frisson
Qui longe mon corps de bas en haut.

(Tu es près de moi)

Lorsqu'une douce lumière m'accompagne, je souris
Je sais alors que tu patientes, là-bas
Ainsi nous apprenons à vivre ensemble...

La nuit ou ma main s'unira à la tienne
Je sais que tu m'accompagneras, dans le noir".

Pour moi c'était très positif car cela signifiait que quelqu'un nous attendait, tout simplement.

EV: Effectivement, il se dégage du tableau un sentiment de calme. C'est doux et serein, malgré que se soit un squelette qui soit dans l'ombre de la jeune fille. C'est un très beau contraste.
À part les expositions à Anticipation et Boréal 2009 cette année, y'a-t-il d'autres lieux ou l'amateur peut visiter tes oeuvres?

Sybiline: J'expose en tout temps des tableaux à la galerie MichL à Baie-St-Paul et aussi à la galerie Lumières au pinceaux à Ste-Flore. Sinon, je me promène d'expositions en expositions dans différentes activités artistiques.

EV: Quels sont tes projets futurs en science-fiction et fantastique?

Sybiline: Oula.. j'en ai beaucoup! En ce moment je mets la priorité sur des projets d'inspiration personnels car j'ai beaucoup d'idées en têtes qui attendent depuis trop longtemps. Je cherche entre autre une modèle qui pourra incarner un vampire. La scène n'est pas encore définie car c'est souvent le personnage qui m'inspire en premier alors j'attends de trouver. J'ai un autre projet dont la scène centrale est l'épitaphe d'une fée. Je m'engage aussi bientôt sur le tableau d'un dessin produit initialement pour le fanzine Nocturne dont le thème est la Sylphide... Je poursuis également certains contrats qui en ce moment portent sur les sujets très inspirants des sorcières de Salem et Robin des bois.
Je n'aurai assurément jamais assez d'une seule vie pour accomplir tous mes désirs...

EV: Haha, un sentiment que je comprends bien... et c'est certainement le cas de plusieurs de mes lecteurs...
Sybiline, merci, en encore félicitations pour tes deux prix.

Sybiline: C'était un plaisir!
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Notes.
Galerie MichL, Baie St-Paul.
Photo: L'artiste posant avec ses oeuvres exposées à Anticipation.

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Hugues Morin, pour Solaris.

1 commentaire:

  1. Maude8:05 AM

    Merci EV pour cet entretien. Quelle artiste fascinante et quel talent. J'adore. Continuez votre bon travail tous les deux.

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