Rassurez-vous, loin de moi l'idée de vous introduire a un cours de langage vietnamien...
Mais...
De retour de Sa Pa (autres billets photos a venir des que j'aurai acces a un ordinateur muni d'un port USB), et arrivé a Ha Noi par le train a 4h50 AM, nous avons marché un brin dans la ville avant de trouver un endroit ouvert pour déjeuner (ils ne servent pas encore le déjeuner, mais sont ouverts et nous ont offerts gratuitement l'internet en attendant :-)...
Il n'y a rien de pire que ces transports de nuit qui arrivent trop tot! Une ville inconnue dans l'obscurité glauque et pluvieuse, a 5h du matin n'aura jamais l'air accueillante. Heureusement, nous connaisons Ha Noi, donc c'est moins pire et nous avions quelques idées ou aller en attandant l'ouverture des restaurants offrant un déjeuner abordable.
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Vietnamien 101, donc, ce matin, réflexions tirées de quelques notes prises au cours des 4 dernieres semaines. Je ne veux pas faire un cours (ca serait ennuyeux), mais je veux tout de meme aborder la question de la langue, puisque le Vietnam m'offre une expérience fort différente de mes voyages des dernieres années.
Evidemment, ceux qui m'ont suivi un peu partout se souviendront que j'ai récemment visité les Pays Bas (ou on parle néerlandais) ou encore le Portugal (portuguais), des langues que je ne parle pas du tout. Par contre, au Portugal, beaucoup de monde comprennent soit le francais, l'anglais ou l'espagnol, trois langues que je parle (et le portuguais écrit est assez proche de l'espagnol pour que je puisse le lire). Aux Pays Bas, pratiquement tous les gens rencontrés parlent (ou se débrouillent tres bien) en anglais.
Pour l'Amérique latine, a part mes premiers balbutiements équatoriens, je l'ai visitée en apprenant et perfectionnant mon espagnol a mesure, donc en abattant la barriere des langues en cours de route.
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Le Vietnam fait exception. Certes, il y a des gens ici - surtout dans l'industrie touristique (hotels, auberges, bus, restaurants, sites, guides, etc) qui se debrouillent en anglais, mais on ne parle pas du tout de la meme débrouillardise a laquelle on fait face ailleurs au monde.
Il y a bien sur des vietnamiens qui ont une bonne maitrise de l'anglais, mais la plupart de mes interlocuteurs qui parlent en anglais ont appris assez d'anglais pour exprimer ce qu'ils ont a faire, a vendre ou a promouvoir, point. Le probleme survient quand moi, je parle, quand je pose une question pour clarifier une information. Je ne parle pas ici de problemes d'accents - tous les terriens ont un accent, peu importe la langue - mais je parle ici de l'impossibilité, parfois, de pouvoir obtenir une information ou une précision puisque la personne qui parle assez anglais pour se faire comprendre, ne le comprend pas suffisamment pour pouvoir répondre a des questions.
A une occasion, la chose m'a rappelé l'anecdote racontée par l'auteure India Desjardins lors de son passage a l'émission Tout le monde en parle. Elle avait prétendue parler anglais pour interviewer les Backstreet Boys, et avait bien préparé ses questions a l'avance, mais elle n'avait pas prévu que les gars du band répondraient et qu'elles n'y comprendrait rien, a leurs réponses...
Plusieurs intervenants sont exactement dans la meme situation au Vietnam. Poser des questions ouvre alors la porte a des confusions étonantes.
Et la chose devient plus complexe une fois sorti des balises touristiques comme une agence. Par exemple, apres avoir réservé notre jeep a Mui Ne, nous avons attendu devant notre auberge, le long de la route, la jeep est arrivée... et le conducteur savait dire quelques mots d'anglais seulement, donc impossible de lui poser des questions, de s'informer d'un élément, de changer quelque chose dans le trajet ou d'avoir une conversation.
J'avoue que pour un voyageur intéressé et curieux comme moi, c'est un aspect parfois frustrant, de ne pouvoir mieux comprendre les gens. Je suis évidemment un simple touriste ici, mais j'aime beaucoup tenter de comprendre les cultures que je visite, et sans pouvoir parler la langue, c'est impossible, selon moi, de comprendre vraiment la culture. (Et nous sommes loin des discussions politico-sociales que j'ai eues en Amérique du Sud en 2007!)
Il n'y a qu'a citer l'exemple de l'affichage; les nombreuses affiches le long des routes, sur les édifices, dans les entrées de commerce, tout cela est (quasi) impossible a comprendre, et cet affichage fait aussi partie de la culture locale.
Evidemment, l'incomprehension du langage accentue le sentiment de dépaysement, mais parfois, je me sens un peu triste de ne faire que passer quelques semaines ici, puisque c'est bien trop court pour tenter de comprendre meme les bases de la langue.
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Ceci dit, il y a inévitablement des éléments qui font leur chemin dans mon cerveau; des mots de base, des concepts simples, des expressions courantes... Ainsi, meme si je suis incapable de parler vietnamien, je peux au moins tenter quelques mots ici et la, et pour le moment, mes tres tres tres pauvres tentatives vietnamiennes semblent toujours appréciées et récompensées de sourire chaleureux par les gens qui en ont fait l'experience. Un simple Cam On (merci) attire déja la sympathie. Aussi, bien que la prononciation soit une torture pour moi, au moins, avec quelques concepts de base, je peux lire quelques indications simples (en repérant la mairie d'une ville, par exemple, on sait ou l'on se trouve lorsque l'on fait de la route). J'ai déja pu constater que parfois, c'est meme tres utile (comme a ce restaurant ou nous nous sommes arreté l'autre jour et ou personne ne parlait anglais et que le menu n'était pas traduit - nous avons donc commandé en vietnamien et avons recu notre commande avec succes. Je n'avais pas prévu, a l'origine, que ma curiosité d'apprendre que Com Trang était du riz vapeur serait aussi utile!).
Comme le vietnamien est une langue tonale, tout est dans la prononciation. Et au son, on dirait que les gens de la place ne prononcent pas réellement les consonnes, ou le font de maniere tres gutturale. Le résultat ressemble a une suite incompréhensible de voyelles prononcées sur tous les tons imaginables. Aussi, chaque mot se prononce généralement tres rapidement, il n'y a pas beaucoup de voyelles longues, on dirait. De plus, il y a plusieurs dialectes régionaux, qui comportent des différences de prononciation. Par exemple, le D se prononce comme un Z dans le nord mais plus comme un Y dans le sud... Et c'est sans compter les dialectes locaux qui ne sont pas du vietnamien, comme les langues parlées dans les communautés visitées pres de Sa Pa au cours des derniers jours.
Malgré ces obstacles, la langue vietnamienne comporte au moins une chose simple: tous les mots comportent une unique syllabe. Ca simplifie l'apprentissage de concepts simples (comme Com pour riz, Xao pour sauté, Chuoi pour banane, Chien pour frit ou Mi pour nouilles, pour demeurer dans le secteur de la cuisine). L'influence francaise se fait aussi sentir dans les mots qui ont été "crées" apres l'arrivée des francais en Indochine. Café se dit Ca Phe, voiture se dit O To, et motocyclette Mo To.
Les premiers mots que tout bon touriste devrait apprendre sont d'abord Xin Chau (prononcer Sin Tchao), qui veut dire bonjour, hello... et Cam On, qui veut dire merci. Le chiffre 3 (Ba) est aussi fort utile si vous etes amateur de biere, puisque l'une des bonnes bieres abordables locales s'appelle la 333 (ba ba ba). Biere se dit Bia... aussi utile pour les memes raisons...
Ah, et l'éternel et omnipresent Nguyen semble se prononcer Yuen, tout simplement.
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Aussi, comme le vietnamien a l'avantage d'utiliser un alphabet basé sur les memes lettres que nous (avec quelques dizaines d'accents étranges par contre), il arrive comme dans toute langue que quelques mots nous semblent rigolo si on les comprends dans une autre langue (comme en anglais, par exemple). Ainsi, voir un gros signe Phoc My (prononcer Foc Mi en plus!) au-dessus d'un commerce fait sourire. Recevoir une bouteille d'eau de source qui s'appelle Thath Bich ("That Bitch!") fait également beaucoup rire...
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Enfin, meme avec ces quelques bases, n'oubliez jamais que la rue Nguyen Trai (a Nha Trang) n'est pas la rue Trai Nguyen... sinon, vous partez dans la mauvaise direction. :-)
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Bonjour Hugues,
RépondreSupprimerQualifier Hanoi de glauque, meme a 5h du matin sous la pluie, est un peu dur, ca fait partie de l'ambiance des backpackers !
Pour te convaincre que ce moment peut aussi etre tres sympas, je te conseille le Tamarin Cafe, sur Ma May, qui ouvre a 5h00 du matin, dont l'accueil et le petit dej sont des plus agreables.
Une bonne douche a l'hotel et un bon massage au Spa du bout de la rue Ma May (decidemment notre QG)et te voila fin pret a repqrtir a l'aventure.
Au plaisir de vous croiser de nouveau dans les rues d'Hanoi ou d'ailleurs...
Philippe