Eh ben, deux films décevant en deux soirs. Ce n'était pas ma semaine.
Je veux parler du film Roméo et Juliette, du cinéaste Yves Desgagnés.
Cette fois, malgré toutes les bonnes intentions du réalisateur - et du spectateur que je suis et qui voulait tellement aimer ce film -, il y a très peu de points positifs à ressortir du visionnement de son Roméo et Juliette, contrairement à Apocalypto, de Mel Gibson, critiqué en deux volets cette semaine également.
Transposé à Montréal de nos jours, l'histoire moderne perd énormément de son potentiel dramatique et de sa crédibilité. L'idée de transposer de nos jours cette histoire écrite par Shakespeare il y a quatre siècles n'est pourtant pas impossible à faire avec brio; il n'y a qu'à regarder Roméo+Juliette de Baz Luhrman pour s'en convaincre.
Ici, l'ensemble est peu convaincant et la première moitié du film n'est ni efficace, ni intéressante. Si je n'avais pas connu d'avance l'histoire de base, j'aurais complètement décroché. Heureusement pour le film, le dernier tiers est beaucoup mieux réussi, et c'est aussi là que l'on colle le plus à l'histoire de Shakespeare, mais il est trop tard pour le cinéphile qui n'est pas arrivé à croire et à embarquer dans l'histoire de Roméo Lamontagne et Juliette Véronneau.
D'entrée de jeu, avec un procès de motard sur fonds de guerre entre motards, le scénario trahi son âge; il a probablement été écrit il y a 7-10 ans, alors que la guerre des motards atteignait des sommets avec les explosions en pleine ville faisant d'innocentes victimes. L'idée de base de cette adaptation de Shakespeare semble donc dés le départ, un peu vieillote dans son aspect le plus moderne.
Aussi, il y a la réalisation de Desgagnés, un artiste que j'admire beaucoup comme homme de théâtre et comédien, mais qui ne convainc pas comme réalisateur. Il ne s'agit que de son second long métrage, et cette inexpérience de la chose cinématographique paraît. La première scène, celle de l'explosion, ne fonctionne pas du tout, et plusieurs des scènes de la première moitié du film ne fonctionnent pas mieux. Souvent, on retrouve un immobilisme qui rappelle le théâtre filmé, souvent les acteurs en font un peu trop, une exagération qui est la bienvenue au théâtre, une fois de plus, mais qui détonne au cinéma. Quelques longueurs, des détails et scènes inutiles, bref, une mauvaise maîtrise du langage et du rythme cinématographiques.
De plus, j'ai souvent mentionné comment les films québécois sont souvent beaux visuellement. or sans que je ne comprenne si c'est un choix délibéré ou non du réalisateur et de son directeur photo, ou bien si c'est seulement un aspect raté du film, mais ce Roméo et Juliette est assez pauvre, du point de vue visuel. À certains moments, ça rappelle surtout la cinématographie balbutiante du Québec des années 70.
Enfin, il y a l'approche adoptée pour les scènes de nudité. D'abord, il semble y en avoir trop, mais plus important, le réalisateur a choisi le parti pris d'en montrer plus que moins, alors que souvent, suggérer plutôt que montrer s'avère beaucoup plus efficace.
Je pourrais dire qu'il n'y a pas que des points négatifs dans ce film. Les jeunes acteurs Aubin et Lalonde ne s'en tirent pas si mal vu les circonstances, et leur innocence est relativement bien captée par la caméra.
En conclusion, je dirais que cette déception vient en grande partie des attentes; j'aime Shakespeare, j'aime Roméo et Juliette... et je considère donc qu'on ne s'attaque pas à Shakespeare si on a pas la trempe de livrer un produit à la hauteur. Et ce film n'arrive ni à la cheville du texte du grand Will, ni à celle de diverses autres adaptations de ce texte. J'ai cité Lurhrman, mais ajoutez l'adaptation des Grand ballets canadiens et le film de Franco Zeffirelli à cette liste. Voyez une de ces productions plutôt que de voir le film d'Yves Desgagnés.
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