La semaine dernière, je suis allé voir la dernière aventure de James Bond... Ou devrais-je dire la première?
Vous le savez probablement, Casino Royale est un film adapté du premier roman mettant en scène l'espion britannique James Bond, créé par Ian Flemming.
Et avant 2006, Casino Royale, c'était mon secret.
Pour faire une longue histoire courte, quelqu'un a acheté les droits du roman Casino Royale avant que Albert Brocolli, producteur du premier film de James Bond (Dr. No) ne mette la main sur tous les livres de Ian Flemming mettant en scène 007. Ainsi, le studio qui produisait les James Bond n'a jamais eu le loisir d'adapter ce livre en particulier. Ce producteur voulait à l'époque faire un vrai James Bond avec ce livre, mais son projet a été rejeté par l'équipe d'Albert Brocolli qui voulait le faire eux-mêmes.
Bref, en 1966, ce projet se transforme donc pour devenir un projet de parodie de James Bond et de films d'espions en général. On demande à divers scénaristes de contribuer, le projet final devant principalement sa forme et ses dialogues à un jeune comique nommé Woody Allen. On engage les réalisateurs les plus connus, dont Orson Welles, pour mettre en image cette histoire sans queue ni tête où David Niven incarne Sir James Bond, un espion à la retraite, et où le méchant est Jimmy Bond, son neveu psychopathe qui, étant de petite taille, veut assassiner tous les hommes de plus de 1m60. Il peaufine son plan pour se débarrasser également de toutes les filles laides... Vous voyez le genre. La distribution est remplie de stars comme Peter Sellers et Orson Welles lui même (dans le rôle du Chiffre).
Moi, dans ma jeunesse, je suis tombé un soir, à la télé, sur une rediffusion de Casino Royale, et j'ai adoré cette folie dont le fil conducteur est très mince et fait peu de sens.
Comme de nos jours, personne n'était au courant de l'existence de ce film de 1967 à part quelques maniaques, je me faisais un vilain plaisir d'étaler ma culture cinématographique devant les amateurs de Bond en leur sortant ce film, ou encore le nom de Niven parmi les acteurs ayant incarné 007 au cinéma.
Le voici d'ailleurs, ce James Bond méconnu, avec Vesper Lynd et Le Chiffre, version 1967.
Il y a quelques années, lors d'un litige sur les droits de Spider-Man, deux studios en sont venus à une entente de transfert de droits, ce qui a permis à Sony/Colombia de produire Spider-Man et ses suites. Cette entente venait régler un vieux dossier en effectuant aussi le transfert des droits de Bond sur Casino Royale à la MGM, qui produit la série officielle de Bond. Ainsi, en possession des droits du roman d'origine, on a décidé de «refaire» (hum) Casino Royale en vrai James Bond. Yé.
(Pour référence, ce transfert de droits est d'ailleurs mentionné dans cet article que j'ai publié en 2002.)
Évidemment, depuis que la MGM fait la promotion de ce nouveau Casino Royale, tout le monde a appris l'existence du film de 1967 et je perds un peu de mon lustre de spécialiste cultivé de l'univers de James Bond!
Ainsi, Casino Royale 2006 est l'occasion pour revoir un peu l'orientation de la série en proposant cette «première» aventure de Bond, juste au moment où il obtient son grade de 00, et tant qu'à faire, on utilise un nouvel acteur pour rajeunir l'image de 007 au cinéma. Amateurs de Bond, nous n'avons rien contre l'idée, on a l'habitude; après Sean Connery (le seul «vrai» James, hehehe), George Lazenby, Roger Moore, Tim Dalton et Pierce Brosnan, on nous présente Daniel Craig. Why not?
L'homme n'a pas nécessairement le physique de l'emploi, avec ses courts cheveux blonds et ses yeux bleus, mais il a le charisme et la stature qu'il faut.
Sans vouloir faire une critique détaillée de Casino Royale version 2006, je mentionnerai que comme d'habitude, je me suis bien amusé, mais qu'en plus, j'ai pu voir ce qui est un excellent film d'action au scénario fort bien écrit et fort bien développé. Si on accepte quelques exagérations physiques en début de film - un bonbon nécessaire pour ne pas perdre les amateurs de surenchêre - l'intrigue de Casino Royale est fort bien ficelée. Les dialogues, plus particulièrement, sont nettement un cran au-dessus du Bond-type. Craig arrive à convaincre dans le rôle de ce jeune 007, et les scénaristes ont su comment tirer profit de l'absence des trucs habituels du James traditionnel avec humour. La scène où on offre à Bond le choix d'un martini «shaked or stirred» et que ce dernier répond qu'il n'en a rien à foutre est un parfait exemple de ce jeu avec les trucs typiques que l'on retrouve dans les aventures ultérieures de l'espion.
Pour quelqu'un qui ne connait pas les films de Bond et ne sait trop par où commencer, Casino Royale est le point de départ parfait.
Anecdote amusante: en sachant qu'on avait décidé d'adapter ce premier roman pour rajeunir la série, j'avais imaginé la manière parfaite de terminer ce film. Or il semble qu'un des scénaristes ait eu la même idée que moi, car j'ai eu le plaisir de voir le film se terminer avec la réplique que j'avais imaginée!
Autre anecdote intéressante, qui démontre bien à quel point cette série de film est un phénomène de longévité en matière de cinéma; Daniel Craig qui interprète maintenant James Bond n'était pas né quand Dr. No est sorti en salles!
Est-ce nécessaire de mentionner que cette version 2006 est plus fidère au roman que ne l'était la version de 1967? Cette dernière n'avait en fait que quelques éléments similaires à son inspiration, dont la présence de Verper Lynd, qui était jouée par Ursula Andress (qui avait été la première Bond Girl dans Dr. No). Woody Allen, scénariste et acteur dans cette version de 1967 avait par la suite mentionné qu'il voulait être réincarné en sous-vêtement de Ursula Andress :).
Impossible de conclure avec une meilleure... image :).
J'ai vu ce fameux _Casino Royale_ avec Woody Allen, et j'en garde un sentiment d'ennui plus qu'autre chose. Ca fait longtemps, c'est vrai. Avec le recul, je me dis que le look kitsh du film doit avoir acquis une patine. Je n'ai pas vu la nouvelle version; je vais y aller, j'ai vu tous les Bond. J'ai appris quelque chose qui m'a amusé: en lisant les romans de Fleming, ce que j'ai fait relativement récemment, je m'étais dit que pour reproduire l'ambiance rugueuse et "guerre froide" des romans, il aurait fallu réaliser un film en noir et blanc. Or j'apprends que ce retour aux sources de Bond commence... en noir et blanc! Tiens, si je me mets à penser comme les producteurs, ça m'encourage à poursuivre ma carrière de scénariste!
RépondreSupprimerJoël Champetier
Joel,
RépondreSupprimerEn effet, le noir et blanc sied bien à ce genre d'histoires. J'avais aussi lu cette information, mais on parle ici de deux scènes de pré-générique, alors rien pour s'énerver, mais visuellement, ces scènes sont très réussies.
Hugues