Cette semaine, mon amie S. passe sont temps au congrès du parti Libéral du Canada, qui se tient à Montréal.
N'allez pas croire que c'est par conviction, je n'ai pas la prétention ni l'intention d'étaler les convictions des autres personnes que moi-même sur ce blogue.
C'est seulement que S. travaille occasionnellement comme hôtesse lors d'événemnts et que ce congrés en est un d'importance, avec ses milliers de participants (délégués, observateurs, journalistes). Ainsi, j'ai pu m'amuser à observer le congrès en biais, par la bande, si je puis m'exprimer ainsi, avec des yeux à l'intérieur des murs, en quelques sortes.
La campagne au leadership n'a pas été particulièrement intéressante, mais tout de même, certaines questions ont fait surface, et on a pas fait de surenchère ridicule sur les activités personnelles des candidats, ce uqi m'a plu. Après tout, je préfère encore un candidat qui sera compétent qu'une belle gueule qui ne fera pas la job.
Par contre, je suis conscient que dans la politique, telle qu'elle est pratiquée au pays, tout est une question d'image, puisque le contenu semble finalement assez peu important aux citoyens qui votent, à part deux ou trois points majeurs. Généralement, on change de parti une fois tous les huit ou dix ans, puis on rechange, puis on rechange... et à chaque fois, le changement semble s'effectuer sur une ou deux promesses populaires sans plus.
Ainsi, lors du début de cette longue course à la chefferie libérale, et avant même d'avoir entendu un seul des huit candidats (c'est bien huit?), j'avais dit à cette même S. que je croyais que c'était Michael Ignatieff qui l'emporterait. Devant son étonnement - elle savait que j'ignorait tout des candidats à part leur passé politique pour ceux qui en avait un de premier plan comme Stéphane Dion et Bob Rae - je lui avait alors expliqué que d'un strict point de vue visuel et médiatique, Ignatieff avait l'air plus «premierministrable» que les autres, et que d'une manière ou d'une autre, les membres et délégués le sentiraient peut-être.
Les libéraux ont fait deux fois l'erreur de ne pas élire à leur tête un chef qui était «premierministrable» visuellement; John Turner et Paul Martin. Je ne remets pas en cause la compétence ou l'incompétence des personnages dont je parle ici, mais j'illustre par l'image mon propos sur l'image, justement.
Étrangement, les gens au Canada comme aux USA sont de plus en plus instruits et informés, mais demeurent avant tout impressionnables et influençable par le charisme des politiciens. Or même le candidat le plus compétent et qualifié n'a aucune chance sans charisme. Il n'y a qu'à voir ce que les médias font des candidats lors des élections avec les débats télévisés et les analyses d'image...
Ainsi, nonobstant les qualités et défauts des candidats à la succession de Paul Martin, j'avais pensé dès le début qu'Ignatieff avait l'allure d'un premier ministre et que les membres du parti sentiraient qu'ils auraient plus de chance en élection avec lui qu'un autre. Ça ne veut pas dire qu'ils en feront leur chef, puisque des étranges phénomènes peuvent aussi se produire:
À titre d'exemple, je mentionnerai quelqu'un qui a fait la manchette cette semaine; André Boisclair, le chef du PQ. Lors de la course à la direction du PQ, Boisclair apparaissait comme le candidat le plus populaire et le plus susceptible de l'emporter lors d'une élection. Je me suis toujours demandé s'il était «premierministrable», alors que je n'avais aucun doute que Pauline Marois l'était. Je ne connais pas l'avenir, mais il me semble que le traitement média et de la population envers Boisclair a changé depuis cette course, il semble en effet qu'il ne soit pas aussi «premierministrable» que les membres du PQ l'aurait voulu.
Puisque je parle de Boisclair, je prendrai la peine de mentionner que j'ai trouvé plutôt amusant de le voir jouer dans un sketch d'humour cette semaine. La pseudo-controverse médiatique qui s,en est suivie démontre simplement à quel point certaines personnes sont stupides, ne sachant pas faire la différence entre humour et travail. Le commentaire principal venant de Denise Bombardier, qui a déjà prouvé qu'elle n'avait pas d'humour et n'était pas très friande de l'humour québécois, on devrait prendre le tout avec un grain de sel, non? Et puis, le sketch était drôle, avec cette auto-dérision sur l'homosexualité qui prouvait que Boisclair, au moins, savait ne pas se prendre au sérieux.
Avez-vous noté que les médias ont annoncés qu'il «regrettait» (je cite au moins deux bulletins de nouvelles télé), en nous le montrant ensuite déclarant qu'il avait fait ça de bonne foi et qu'à voir le débat que ça avait enclenché, il ne le refera pas. Regrets? Aucune mention de sa part, et c'est tant mieux, on ne devrait pas avoir à regretter de faire un peu d'humour et de se moquer de situations ou de nous mêmes, même en politique, même si on veut être ou on est premier ministre.
J'avais déjà dit lors de la course à la direction du PQ que je préfèrerais avoir un premier ministre homosexuel honnête qui a pris de la cocaïne par le passé qu'un straight qui n'en a jamais pris mais qui est malhonnête et/ou incompétent. Commandite, quelqu'un? :-)
Ce qui me ramène aux Libéraux de S. cette semaine (ça se terminera en fin de weekend, et c'est une image, bien entendu). Vous savez ce que j'aime le plus de cette course à la chefferie? Elle fait table rase, d'une certaine manière, et peut-être que cet élément favorise aussi Ignatieff, puisqu'il ne représente ni l'époque Trudeau, ni l'ère Chrétien, ni le passage Martin. Un parti politique a besoin de se refaire une fois de temps en temps, et si les Libéraux veulent avoir une chance de reprendre les rennes du pays, le meilleur choix serait de ne pas jouer dans les vieilles plates bandes. Et là dessus, le lourd passé de Bob Rae et l'omniprésence de Stéphane Dion dans les cabinets Chrétien leur nuisent certainement.
On peut au moins se réjouir du calme relatif dans lequel baignent nos élections canadiennes et nous courses à la direction des partis politiques en cause. Surtout si on compare à quelques autres pays du monde qui ne sont pas rendu là.
Quand à S., je lui ai demandé si elle avait rencontré les candidats vedettes. Elle a sourit en disant qu'elle avait entr'aperçu quelques «motons» de personnes qui se déplacent, entourrés de petit fanions et de micros et de caméras de télé, en formation tellement serrée qu'à aucune occasion elle n'a pu voir de qui il s'agissait. Voir un congrés de l'intérieur demeure toutefois une expérience intéressante.
J'aurais dû me faire hôte, tiens.
Je te cite : "Étrangement, les gens au Canada comme aux USA sont de plus en plus instruits et informés, mais demeurent avant tout impressionnables et influençable par le charisme des politiciens." Mais ce n'est pas le pire puisque de plus en plus c'est de l'adversaire "bashing" que les politiciens se font l'un contre l'autre (pas vraiment surprenant quand on pense que la télé-réalité est aussi populaire depuis quelques années... mais bon) le monde a beau être plus éduqué il ne s'intéresse plus à la politique (soit par excès d'individualisme ou de cynisme) et la majorité des quelques 60% des gens qui vont (encore) voter s'informent à la va vite, regardent la politique spectacle et se fondent des opinions en réfléchissant également à la va-vite (hmm comme Denise Bombardier qui réclamait la démission de Boisclair tiens), mais bon je suppose que ça va juste empirer, juste à regarder les USA... à moins qu'on change de système de partis et qu'on mette (enfin) plus de diversité dans le discours politiques, mais j'en doute surtout au fédéral, parce que c'est comme les délégués du PLC, s'ils n'ont pas voulu remettre en question la légitimité de la méthode d'élection du chef (par délégués plutôt que par le vote direct des membres) ils ne voudront pas plus envisager une part de représentation proportionelle au parlement... en tout cas, mais il parait que la démocratie c'est le moins pire des systèmes politiques...
RépondreSupprimerMerci Stéphane.
RépondreSupprimerJ'ajouterais un élément que j'avais oublié hier en écrivant mon billet: le candidat Stéphane Dion étant le seul originaire du Québec, cet élément lui donne un avantage sur les autres. Si les délégués font des statistiques sur leurs chefs passés, ils réaliseront ceci:
Trudeau (québécois): élu plusieurs fois
Turner (non-Q): battu
Chrétien (Qc): élu plusieurs fois
Martin (Non-Q): battu
... (?) : Hehehe