mardi 7 novembre 2006

Babel: Fort, difficile, intense, superbe


Babel est un film comme on n'en voit qu'un ou deux par année.
C'est un beau cas de Top 10 assuré, je sais d'expérience que je ne verrai pas d'ici la fin de l'année, assez de bon films pour le déloger de la première ou la seconde place de mon palmarès de 2006. Rien de moins.
Babel, à l'affiche à Montréal présentement, est le troisième film d'Alejandro Gonzalez Inarritu, réalisateur des splendide films Amores perros et 21 Grams. Ses films précédents mettent la table pour Babel: l'homme ne choisi pas des scénarios ni des sujets faciles. Babel est d'ailleurs scénarisé par Guillermo Arriaga, qui avait aussi écrit les deux films précédents du même réalisateur. Les deux cinéastes mexicains nous racontent cette fois plusieurs histoires se confondant en une seule (évoquée par le titre; le mythe de la tour de Babel), celle de l'incompréhension entre les gens et les peuples.
Un couple de touriste en bus au Maroc, une jeune japonnaise sourde et muette, une gardienne mexicaine travaillant en Californie, deux frères arabes gardant les brebis contre les chacals, voilà quelques-uns des personnages principaux de Babel. Ils sont reliés les uns aux autres par divers éléments; dont une arme à feu (joli symbole) dont nous suivons le destin au fil du film.
Babel, tout comme Crash l'an dernier, est un film dont l'intensité dramatique ne se relâche pas une seule seconde. Il n'est pas prévisible pour autant, car qui dit tension dramatique ne dit pas nécessairement action délirante. Toute la subtilité du scénario et de la réalisation font en sorte que même dans les moments les plus calmes, vous vous sentez sur le qui-vive, dans l'attente de ce qui va se produire. La profondeur des personnages joue évidemment pour beaucoup dans cette attente, ce qui est particulièrement habile compte tenu du nombre de personnages que met en scène Babel. C'est simple, à la fin de la projection, j'étais épuisé.
Évidemment, le lecteur habitué à mes commentaires cinéma se souviendra que j'aime bien les films chorale (comme Magnolia et Crash, pour en nommer deux parmi mes films favoris), mais la chose ne suffit pas à faire d'un film une réussite.
Babel traite donc de l'incompréhension en passant à la fois par la langue (les dialogues sont en arabe, espagnol, français, anglais et japonnais) et la culture (du Japon au Maroc et au Mexique en passant par les États-Unis) mais aussi par les rapports humains (deux personnages sourds et muets face aux autres, un couple en période de remise en question, un père et ses deux fils). Soulignons le choix particluièrement intelligent d'avoir tourné tous les dialogues dans les langues maternelles des personnages, ce qui donne au film une profondeur, un effet de réel et une crédibilité que l'on retrouve très rarement au cinéma de nos jours.
Malgré tout cela, Babel aurait pu être un film ordinaire, ou un peu au-dessus de la moyenne sans être le meilleur film de l'année. C'est ici que l'intelligence de Inarritu et Arriaga est si importante. Ils ont réussi à faire leur film sans jamais porter un jugement de valeur sur les personnages qu'ils mettent en scène. Babel est un film dramatique, souvent même tragique, mais jamais les cinéastes n'ont choisi la facilité de nous pointer un coupable, qu'il s'agisse d'un humain, d'une cause, d'une culture ou d'une religion. Cet aspect propulse le film au rang suppérieur en en faisant un film universel, qui parle de tous et à tous. Bref, un chef d'oeuvre.
L'interprétation solide de Brad Pitt, Gael Garcia Bernal, Cate Blanchett, Adraiana Barraza et Rinko Kikuchi, en plus des nombreux seconds rôles tous plus crédibles les uns que les autres, rendent cette histoire absolument prenante du début à la fin.
Enfin, la réalisation elle-même, les choix de caméra, d'angles, d'effets et les éclairages spécifiques de chaque segment de planète, donne une dimension supplémentaire à un film absolument sans faute qui force la réflexion. À voir absolument. Et à revoir absolument.

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