Quand on pense aux pièces de William Shakespeare, on peut penser les voir au théâtre, ou encore les voir en adaptation au cinéma. Si je n'ai jamais eu le plaisir de voir un Shakespeare sur les planches, j'ai souvent vu des adaptations et des relectures cinématographiques de ses oeuvres. Évidemment, je l'ai aussi beaucoup lu.
Si on m'avait dit que j'irais voir du Shakespeare à la Place des Arts et que la chose serait présentée sans qu'aucun interprète ne dise un mot, je serais probablement resté... sans voix :)
Vous aurez compris que je suis allé assister à une représentation de Roméo et Juliette présentée par Les Grands Ballets Canadiens de Montréal.
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Pour situer l'amateur de ballet, ça sera facile: je n'y connais rien, ou presque. J'ai assisté à mon premier ballet (contemporain sur pointes) en 2003 à Vienne, au Staastoper. Il s'agissait d'une présentation très spectaculaire de Spartacus.
Roméo et Juliette était donc mon second ballet à vie. L'avantage d'être novice est bien sûr d'être facilement «émerveillable», puisque chacun des mouvements m'apparaîtra nouveau et chacune des astuces me semblera originale. D'un autre côté, quand on est néophyte, on ignore les standards et les codes du genre auquel on assiste, et parfois, ce que les créateurs pensent évident vous échappe totalement faute du bagage nécessaire pour interpréter la chose.
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Comment ai-je trouvé Roméo et Juliette?
En un mot: Splendide.
J'ai trouvé que les chorégraphies (de Jean-Christophe Maillot) avec lesquelles on a décidé de nous raconter cette histoire étaient très cinématographiques, très théâtrales, lassant donc beaucoup d'espace aux danseurs pour l'interprétation des personnages. Dès les premières scènes, nous comprenons très vite qui est qui et qui fait quoi et de quoi il retourne. Bon, on me dira que je voyais une histoire que je connaissais bien, et on aura raison, c'était plus facile et ça compensait pour l'absence de bagage dont je parlais plus haut. Mais l'interprétation dépasse ce stade; les mouvements sont évocateurs, les expressions du visage sont vivantes, les combats comme les étreintes amoureuses sont explicites malgré les limites du médium (ballet sur pointes), bref, c'est plein d'intensité, une nécessité pour présenter une tragédie de Shakespeare.
Ce qui est intéressant, et tout à l'honneur de la troupe, c'est que cette intensité ne contrevient pas à la douceur et la légèreté, ni à la beauté de la danse. L'ensemble est d'une élégance et d'une grâce qu'il est impossible de retrouver au théâtre traditionnel.
Si l'ensemble de la troupe est excellent (de mon point de vue de néophyte, s'entend), je dois dire que Mariko Kida est particulièrement radieuse et charismatique à souhait dans le rôle de Juliette. C'est d'autant plus remarquable que ce n'était pas elle qui interprétait le rôle principal lors de la première mouture de ce ballet présenté par la troupe de Montréal en 2004.
Le choix d'un décor minimal (constitué de panneaux blancs amovibles et de rideaux noirs occasionnels) peut surprendre au départ, mais l'habileté à jouer avec ce décor pour créer en un mouvement la pièce de la scène suivante, fini par ajouter à la danse et faire partie du mouvement général engendré par l'histoire.
Enfin, comment ne pas mentionner la trame sonore? Évidemment, le ballet étant une interprétation sans mots, la trame sonore, interprétée par l'orchestre des Grands Ballets, joue pour beaucoup dans les émotions qui sont transmises et dans les choix de mise en scène. Et si Les Grands Ballets Canadiens ont choisi une chorégraphie contemporaine pour nous présenter cette pièce vieille de 400 ans, ils ont aussi adopté en contrepartie la trame classique sublime composée par Sergei Prokofiev.
Je ne regretterais pas d'avoir payé mon billet seulement pour assister à un concert de cet orchestre interprétant cette composition de Prokofiev, c'est vous dire comment j'ai aimé l'interprétation de la musique par l'orchestre des Grands Ballets.
L'expérience m,aura au moins convaincu de désormais jeter un oeil à la programmation à venir de la troupe montréalaise.
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