(Note: Ce billet n'a pas pour but de dresser un sommaire précis de la situation au Liban, mais plutôt de présenter ce que je ressent face à ce qui s'y passe, avec un minimum de mise en situation de mon point de vue).
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C’est fou comme les voyages font de ce monde un endroit plus petit.
J’ai déjà évoqué le phénomène en parlant du Guatemala l’an dernier, où un ouragan avait ravagé une région où j’avais passé quelques jours pendant l’été. Comme j’ai vécu en Équateur pendant un moment, et que j’y suis retourné pour un second séjour, chaque événement qui se produit en Équateur me touche beaucoup plus qu’avant.
Mais aujourd’hui, je veux vous parler du Liban, un pays que je n'ai jamais visité, mais auquel je m’intéresse beaucoup, qui me suit depuis quelques années déjà, à distance, et que je voudrais bien visiter un jour, malgré tout ce qui s’y passe depuis que je m’intéresse à ce petit pays du Moyen-Orient. C’est évidemment ce qui s’y passe depuis quelques années qui m’empêche d’envisager plus concrètement un séjour plus ou moins long à Beyrouth et dans ses environs.
Les hasards de la vie vous font rencontrer des gens, vous font vous intéresser à leur culture, leur pays, leur vie, et parfois, le hasard ajoute même quelques éléments pour augmenter votre intérêt envers cette culture et ce pays, ou cette région.
C’est donc par hasard que j’ai été appelé à m’intéresser au Liban, car avant 2004, je n’y connaissais que l’évidence pour un nord-américain; son histoire trouble, sa guerre civile, son conflit avec Israël et sa réputation ancienne de Paris du moyen orient.
Cette réputation aurait déjà été suffisante pour que je m’intéresse au Liban depuis que je voyage, mais au début d’août 2004, alors que je prenais l’avion de Quito vers Vancouver, une jeune libanaise prenait l’avion de Beyrouth pour rejoindre sa famille… à Vancouver. Nous allions nous rencontrer dans la métropole de la Colombie Britannique, devenir amis, et j’allais donc m’intéresser un peu plus à la situation réelle du Liban et à la possibilité d’aller visiter le pays.
Les hasards de la vie m’ont fait rencontrer d’autres personnes intéressées de près ou de loin au Liban – Linda, par exemple, une amie de ma sœur Luce, rencontrée récemment (et dont j’ai parlé l’autre jour sur ce blogue), est fiancée à un libanais et doit se marier là-bas.
Quelques semaines avant mon départ pour le Guatemala, l’ex premier ministre libanais Rafic Hariri était assassiné et la vie m’appelait vers l’Amérique Centrale. Si l’idée de visiter le Liban ne m’a pas quitté, sa concrétisation semble vouloir s’éloigner de plus en plus avec les mois et les années qui passent.
Hariri était un homme politique qui s’opposait à la présence syrienne permanente au Liban. Cette présence, généralement justifiée pour faire contrepoids au pouvoir Israëlien à la frontière sud, semblait alors de moins en moins désirée par la majorité de la population libanaise.
Le Liban est un pays complexe, politiquement, et culturellement. Un mélange de diverses factions islamistes et chrétiennes, qui a subi une guerre civile dévastatrice de 15 ans. Ayant développé une grande tolérance entre les diverses croyances et factions politiques, le Liban a en quelque sorte abrité une importante faction de l’OLP et abrite actuellement le centre du pouvoir du Hezbollah. Bref, rien pour bien se faire voir de l’état d’Israël. Par contre, ces factions ont toujours eu l’appui officieux des opposants à l’état hébreu, dont la Syrie. D’où le problème dérivé du rejet de la présence syrienne. La Syrie a beau jeu, remarquez; elle peut soutenir et combattre Israël sans réellement et officiellement se salir les mains. Et nous parlons de bien plus que d’un jeu politique ou militaire, ici, nous parlons de la vie des populations civiles, des amis de mes amis, de la famille du fiancé de Linda, et cette proximité me rapproche d’autant plus de ce qui se passe au Liban. Car ces gens-là ne sont pas impliqué dans ce conflit entre Israël et la Syrie, pour ne nommer que celui-là.
Personnellement, pour le peu que j’ai pu apprendre et lire et savoir du Liban, j’aurais eu tendance à être du côté des modérés désirant plus de liberté politique libanaise et j’aurais penché vers un rejet de la présence et l’ingérence syrienne dans les affaires du Liban.
Mais les pro-syriens, comme le Hezbollah, pour nommer cette organisation mi-militaire, mi-politique, ne voient pas d’un bon œil cette séparation politique entre leur pays et la Syrie, qui les a toujours protégé (sinon financé, soyons honnête). La raison en est simple, le Hezbollah, qui a juré défendre les palestiniens en particulier et les islamistes en général, contre Israël, a besoin d’alliés dans son affrontement (qu’il soit militaire ou politique) avec l’état hébreu. Ils ont besoin de la Syrie pour exister, et leur existence fait parfaitement l’affaire de la Syrie pour accomplir leur agenda anti-Israël. Et tout ceci se fait au détriment de la population libanaise.
Ainsi, lorsque Rafik Hariri a été assassiné, il ne faisait aucun doute dans l’esprit de tous que les pro-syriens, voire même les agents de la Syrie eux-mêmes étaient responsables. Depuis, plusieurs opposants au régime pro-syrien (le président actuel est pro-syrien) ont été assassinés, et cette tendance me laisse croire que les alliés pro-syriens, dont le Hezbollah, passe de plus en plus aux actes illégaux au détriment de leur branche politique.
Cette idée a de quoi donner froid dans le dos, car non seulement ça signifie que cette faction islamiste est prête à des affrontements plus directs et armés, mais les provoque peut-être directement. En tout cas, le Hezbollah ne se gène pas pour demander à ses partisans de se préparer au combat, ce qui n’augure rien de bon côté civil.
Car en ce moment, les partisans de cette faction n’ont pas la majorité au parlement libanais, loin de là. Récemment, devant l’échec des négociations avec les autres parties afin de constituer un gouvernement d’union nationale, les députés du Hezbollah ont claqué la porte en bloc. Or tentaient-ils réellement de former un tel gouvernement d’union? J’en doute. Compte tenu de leur pourcentage de représentation au parlement, leurs demandes semblent tellement exagérées qu’il est possible de croire qu’ils préfèrent claquer la porte en donnant l’impression d’avoir essayé le jeu de la démocratie avant de prendre les armes.
Puis, ils incitent leurs partisans à se préparer, à manifester… et un nouvel assassinat politique, celui de Pierre Gemayel, un ministre chrétien anti-syrien notable, tombe comme une bombe.
En entendant cette nouvelle aux informations d’hier, j’ai réalisé que ma visite de Beyrouth et du Liban venait d’être repoussé très loin dans le futur, et me fait douter de pouvoir visiter ce pays un jour.
L’été dernier, Israël avait déjà carrément envahi le Liban, dans son combat contre le Hezbollah. J’ai condamné cette action de l’état hébreu, qui se croit tout permis sous prétexte qu’il a l’appui des USA et en profite pour être d’une arrogance qui énerve et fait peur. Je n’ai pas changé d’idée, mais il y a une marge entre condamner Israël et supporter les action du Hezbollah. Si cette organisation a été utile et tolérée par le Liban dans le passé, pour repousser Israël lors de l’invasion des années 1980 et son implication dans la guerre civile, il apparaît opportuniste et désuet comme mouvement aujourd’hui, si on veut un tant soi peu retrouver la paix dans le pays. Ils sont en fait devenus un simple organe non officiel de la Syrie.
Je suis certain que les gens du Hezbollah (ses dirigeants, à tout le moins) sont conscients de cet état de fait et que leur actions récentes (politiques comme terroristes) ont pour but de déstabiliser le pays pour leur assurer de survivre comme organisation. Car une fois éliminé (ou amoindri) la mainmise de la Syrie sur la politique libanaise, le Hezbollah n’aura plus assez de support pour justifier son existence à long terme, vu qu’il ne représente pas une majorité de libanais.
Compte tenu que l’ensemble des conflits en cause mettent en scène des factions religieuses, il me semble donc impossible de voir ce petit pays s’en sortir et éviter une nouvelle guerre civile, encore une fois provoquée par les actions des pays voisins.
Et c’est un constat que je trouve d’une grande tristesse pour la population libanaise, pour les amis et la famille de mes amis.
holla
RépondreSupprimerrendez vous sur jewisheritage
a bientot
marcel
Bonjour Prof...
RépondreSupprimerJ'ai autorisé votre commentaire, bien que je ne comprenne pas réellement son impact sur ce billet...
Je comprends le lien, et je suis allé visiter le site que vous mentionnez, mais je ne vois toujours pas pourquoi ce lien, et pourquoi ici...
J'aurais préféré un réel commentaire écrit détaillant votre réaction à mon billet plutôt qu'un éternel autre lien vers ailleurs sur le web, ou on trouve essentiellement des liens vers ailleurs... et ailleurs...
Car pour le moment, nous n'avons pas réellement idée pourquoi ce lien-ci vers ce site-là en réponse à mon commentaire.