Oui, soupir...
Je veux vous parler du Canada, où nous savons débattre des vraies questions et des vrais enjeux.
Après avoir reçu la confirmation que la SAQ a vendu à des prix exhorbitants des bouteilles de vins à la classe moyenne et la classe suppérieure pendant un temps, voici l'annonce que notre Premier Minoritaire veut reconnaître la "nation" québécoise à l'intérieur d'un Canada uni. Il suffit de mentionner que si nous étions si unis que ça au Canada, qui se soucierait d'une telle reconnaissance? Non seulement on est pas uni, mais on n'arrive même pas à s'entendre sur la motion qui reconnaît la nation québécoise dans un Canada uni!! :-)
L'opposition, qui veille au grain avec sérieux, a le regard acéré, et veut faire modifier la mention pour stipuler que la nation québécoise est pour le moment dans un Canada uni. Ben oui, après tout, pourquoi pas? Suivant la même logique, je ferais aussi ajouter la possibilité que dans 100 ans, nous soyons une nation dans une Norvège unie, puisque malgré que la probabilité d'une telle éventualité soit assez mince, elle existe, non? Soyons prudent. Et ne devrait-on pas aussi mentionner que si les YMCA continuent comme ça, on sera peut-être une nation dans un Israël uni? Allez, ne prenons pas de chance sur la signification de cette motion, après tout, c'est symbolique donc c'est important!
Paradoxalement, le gouvernement libéral québécois, fédéraliste, est tout content de cette reconnaissance de la nation québécoise par Ottawa, et le PQ, nationaliste, adopte une position toute aussi paradoxale, puisque mécontent de la mention! Les libéraux fédéraux sont divisés sur la question, puisque justement, les candidats à la chefferie de ce parti osent peu parler de la chose, ne sachant comment gérer ce panier de crabe.
Une fois encore: soupir.
Si j'étais un résident d'un autre pays que le Canada, et que je visitais le Québec cette semaine et que je lisais les journaux, je me dirais que le Canada est un pays bien heureux et dont les politiciens n'ont aucun problèmes à se soucier pour perdre autant de temps sur du blabla partisan qui ne sert que ceux qui veulent faire avancer leur option.
Car si Stephen Harper veut faire passer ça, c'est pour deux raisons. La première est évidement de lancer un bâton dans les roues des candidats à la chefferie libérale fédérale, mais il veut aussi récupérer les points perdus au Québec vu la gestion improvisée et amateure du dossier environnemental de son gouvernement.
Chacun des candidats à la chefferie libérale veut conserver les délégués du Québec sans s'aliéner les délégués du reste du pays, donc chacun marche sur des oeufset utilise la langue de bois, du bout de la langue, en plus. Le fantôme de Trudeau via son fils vient ajouter un peu de piquant à la discussion, car rappel: c'est très important, tout ce symbolisme.
Le Bloc et le PQ sont irrités car plus le fédéral reconnait (symboliquement ou plus) le Québec, moins leur option ne devient populaire. Pour la même raison, les fédéralistes québécois de Jean Charrest se pètent les bretelles puisque ce point, pour lequel ils ne foutent rien depuis l'époque de Robert Bourassa, fait reculer l'option de leur adversaire.
Heille, il s'en passe des choses importantes au Canada!
Ce genre de débat ne me dérangerait pas vraiment si tout était si beau au pays et si tout le monde vivait si bien et si heureux, mais vous aurez peut-être noté qu'il y a encore des problématiques dans notre pays, malheureusement, et l'écart de niveau de vie entre les plus pauvres et les plus riches (qui, rappel, ont payé le vin un brin trop cher récemment, quand même) se creuse encore plus avec les années...
Relisez le billet précédent qui parle de ce qui se passe au Liban... Je pourrais évoquer d'autres problématiques difficiles dans divers pays du monde, y compris quelques-unes qui ne font jamais les manchettes mais concernent directement les gens qui les vivent (ou qui les meurent), comme ce que j'ai pu expérimenter en Équateur, à l'école de Lloa ou avec mes amis de Quito...
Mais c'est plate, ça, le Liban, l'Irak, l'Afganistan et tous ces pays lointains... en autant qu'ils nous fournissent du vin pas trop cher, c'est ça qui compte.
Ce n’est pas la première fois que tu abordes une telle problématique, Hugues, et à chaque fois je me demande ce que tu voudrais de différent. Est-ce que tu nous souhaites une guerre civile, ou une invasion étatsunienne, pour que nous ayons enfin des choses plus graves à rapporter dans nos téléjournaux? Une famine, un génocide? Nos médias ne font pas le silence sur ce qui se passe à l’étranger; moi qui suis les téléjournaux autant sur Radio-Can, TVA, CTV ou la CBC, je suis au courant de tout ça. Est-ce que nos médias devraient s’abstenir de couvrir ce qui se passe ici sous prétexte que personne n’en meurt? Et de quoi parlent la télé norvégienne, la radio italienne ou les journaux argentins, crois-tu? Moi je parie qu’ils parlent prioritairement de ce qui se passe en Norvège, en Italie ou en Argentine. Et, selon que leur lectorat spécifique est plus ou moins intéressé aux affaires internationales, je suis convaincu qu’ils parlent aussi du Liban, de l’Irak, de la Bolivie – probablement ni plus ni moins que nos médias à nous. Et puis, où trouverions-nous des nouvelles sur la politique canadienne, québécoise ou montréalaise, si ce n’était dans nos médias à nous? Sûrement pas dans les journaux des autres pays, je crois. Ne doute pas que les enjeux nationaux, en Suisse ou en Belgique, peuvent nous sembler anodins, triviaux, ou encore que leurs subtilités et nuances nous échappent; ça ne rend pas pour autant insignifiante la couverture qu’en font les médias helvétiques ou belges, n’est-ce pas? Et ça ne diminue en rien l’importance que ces affaires intérieures revêtent pour les Suisses et les Belges.
RépondreSupprimerCher Daniel,
RépondreSupprimerEntièrement d'accord avec ta position. Mais mon commentaire visait plutôt les politiciens et le temps qu'ils perdent sur des idioties.
J'ai composé une petite précision dans un billet à part pour éviter que mon ce billet ne porte à confusion.
Merci!