La Déprime est une pièce de théâtre québécoise créée collectivement par quatre comédiens : Denis Bouchard, Julie Vincent, Rémy Girard et Raymond Legault. Une pièce ambitieuse par son nombre de rôles (50) et le minimum de comédiens requis pour jouer tous ces personnages (13).
Je n’ai jamais vu cette pièce montée par une troupe professionnelle. Je sais par contre qu’elle a été créée en 1981, traduite et présentée au Canada anglais en 1985 et adaptée pour la France et présentée à Paris en 1995.
Dimanche dernier, j’ai assisté à une représentation d’une sélection de scènes de La Déprime par une troupe amateure de la région de Québec. Je dis une sélection car La Déprime, dans sa version intégrale, est une pièce de deux heures et l’adaptation que j’en ai vue était une heure plus courte.
La Déprime, malgré son titre peu joyeux, est une comédie. Ainsi, assister à une représentation comporte son lot de moments comiques, mais comme toute œuvre comique présentée sur scène, l’effet repose souvent sur la performance des comédiens.
Si la structure de la pièce est propice à l’exploration de nombreux personnages par chaque comédien, ce ne sont pas tous les acteurs amateurs qui réussissent à bien rendre sur scène autant de personnages différents. Ainsi, je groupe en trois catégories les comédiens que j’ai pu voir à l’œuvre dans la version amateure de dimanche. Les premiers se sont montrés particulièrement intéressant à voir évoluer sur scène, créant à chaque apparition un personnage crédible et amusant. Les seconds ont livré le texte avec une certaine assurance, mais sans réellement parvenir à surpasser l’idée qu’il s’agissait d’acteurs ayant bien appris un texte. Les troisièmes, malheureusement, n’étaient pas à la hauteur ou n’avaient tout simplement pas appris ou maîtrisé leurs textes.
La représentation à laquelle j’ai assisté mettait en scène des jeunes acteurs amateurs, dont l’âge varie entre 12 et 16 ans. Sur ce lot de comédiens en herbe, deux se sont totalement démarqué par leur naturel, leur sens du rythme et du jeu, et leur maîtrise de leurs personnages. L’un d’eux était d’ailleurs le seul comédien masculin de la troupe, ce qui créait un effet amusant et imprévu dans le texte, puisque la plupart des rôles masculins étaient tenus par des filles. Je ne connais malheureusement pas le nom du jeune garçon en question, mais son jeu relevait la pièce d’un cran à chacune de ses scènes et ses répliques bien maîtrisées faisaient rire à tout coup.
L’autre comédienne qui m’a vraiment étonné s’appelle Anne Fitzback. Elle interprétait plusieurs rôles, dont celui de Paul Émond, futur marié qui a raté l’autobus et qui finit par se marier par téléphone. Non seulement Anne maîtrisait bien ses textes, mais elle parvenait parfaitement à nous faire croire à ces conversations téléphoniques avec un bon sens du rythme et surtout, un naturel désarmant de la part d’une jeune fille de 12 ans - la plus jeune de la troupe. Bien plus encore, une des conversations se déroulait entre son personnage, la fiancée de celui-ci et l’opératrice, et la comédienne – pour qui le tout était bien sûr un long monologue – naviguait dans ce texte avec une facilité déconcertante : j’écoutais réellement le personnage au lieu d’avoir l’impression de voir une fille jouer un homme avec un texte appris.
Cette photo la montre justement dans le costume de ce personnage de marié par téléphone.
J’ai appris plus tard que la jeune fille pratiquait le théâtre amateur depuis trois ans et que c’est elle, l’an dernier, qui a demandé à faire partie d’une troupe de comédiens plus âgés, pour apprendre et évoluer un peu plus vite. Elle m’a confié qu’elle voulait devenir comédienne et sa prestation de dimanche dernier m’a définitivement convaincu de son potentiel.
Ainsi, dans dix ans, si elle poursuit son rêve, on ne dira pas que je ne l’avais pas vu venir!
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