Il ne reste que peu de choses de ces civilisations anciennes, en partie parce que la domination Inca a relié aux oubliettes certains sites, et aussi parce que l'arrivée des espagnols a été relativement dévastatrice elle-meme.
Ceci étant dit, il existe beaucoup de petits sites archéologiques dans les andes et sur la cote, où on peut admirer les reliefs de ces anciennes civilisations. Notez que je ne parle pas ici de petites tribus, mais bien de civilisations, de mondes organisés autour d'une forme de gouvernance, souvent de type impériale, avec sa hiérarchie et la plupart du temps, étendu sur une grande partie du territoire.
Ce fut le cas de la civilisation Mochica (ou Moche - prononcer Motché), qui a dominé le nord du Pérou entre les années 100 et 800 de l'ère moderne.
Un de leur héritage encore en bon état est le site de Huaca de la Luna y Huaca del Sol, deux temples impressionnants autours desquels une véritable métropole se dressait autrefois au pied du Cerro Blanco (photo).
Aujourd'hui, le site archéologique offre une visite détaillée de Huaca de la Luna, de belles vues de Huaca del Sol et des autres ruines entre les deux, dont l'excavation commence à peine. Il faut dire que le site est protégée depuis seulement 1991, étant à l'abandon avant cette date (donc victime de vandales et pilleurs de tombeaux). Heureusement, le site de Huaca de la Luna y del Sol est situé en pleine zone désertique, donc l'ensemble des ruines a été naturellement protégé pendant des siècles par une bonne couche de sable.
Huaca del Sol (photo) n'est plus que l'ombre de ce que l'édifice a été (en grande partie détruit par négligence par les espagnols à l'époque coloniale); ce que l'on peut voir aujourd'hui - bien que grandiose - ne représente que 25% de ce que centre administratif a été à son apogée.
Huaca de la Luna, heureusement mieux préservé, était le centre religieux de la métopole Mochica.
Mon guide (gratuit avec le billet d'entrée de 11 soles), Ricardo, était fort intéressant - ce n'est pas toujours le cas dans les visites guidées - et il nous a raconté que contrairement à la croyance générale, les Mochicas ne formaient pas une civilisation violente... malgré les sacrifices humains.
Je m'explique. Contrairement aux Aztéques, par exemple, les sacrifices n'étaient pas publics, ou fréquents. Pendant les quelques 700 ans que cette métropole a été occupée, il y a eu 70 sacrifices humains (en fait, 70 corps ont été retrouvés à Huacha de la Luna en deux sections distinctes du temple religieux). Des desssins ont permis aux archéologues de comprendre une bonne partie de la civilisation Mochica, bien que celle-ci n'ait pas possédeé de système d'écriture, au sens Maya, par exemple. Suite aux fouilles et analyses des deux sites sacrificiels, avec la datation, les couches de sédiments, etc, on en est venu à la conclusion suivante: un des sites correspond à une année El Niño, lors de laquelle, donc, il y a du y avoir de fortes et fréquentes pluies (rappel: c'est une zone plutot désertique). Ainsi, les Mochicas, dont la vie dépendait beaucoup de la nature et l'agriculture, croyant que les dieux étaient en colère, ont probablemnt voulu les appaiser en procédant à des sacrifices. Le détail de la procédure retracé par les dessins à divers sites (dont Sipan, où je ne suis pas allé, damn me!), est fascinant. Pour l'autre site sacrificiel, l'inverse aurait été observé, une période d'une longue sècheresse ayant probablement été la cause des cérémonies. Ainsi, à part ces deux périodes précises, aucune trace de sacrifices humains chez les Mochicas. (Mel Gibson est prévenu s'il s'intéresse à cette civilisation, hehehe).
J'ai donc visité l'endroit - une visite absolument fascinante - et voici quelques photos commentées de cette visite. Une importante note s'impose; ce site n'a jamais fait l'objet de reconstruction, ni de restauration d'aucune sorte... Tout ce que vous voyez sur ces photos qui soit Mochica est original et date de 1200 à 1900 ans! La conservation des couleurs est phénoménale (le site ayant été protégé de l'érosion par la couche de sable pendant tout ce temps).
Un bon exemple des incroyables couleurs des décorations intérieures du temple religieux de cette cité. Les Mochicas n'utilisaient pas de moules, donc, chacun des visages de ce genre est absolument unique en son genre, réalisé, littéralement, à la main. Il y en a une bonne douzaine aussi bien conservés que celui-ci.
Ce que Ricardo a appelé "Le mal de tete de l'archéologue", une double porte ornée de centaines de dessins, parmi lesquels ont peut reconnaitre un chien, la lune, le soleil, un iguane, un pecheur, des étoiles, un bébé, un arc-en-ciel et bien d'autres représentations. Leur organisation autour d'un soleil central et une lune en phase, dessous, laisse croire qu'il s'agit d'une sorte de calendrier des saisons et des activités reliées à chacune d'elles.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
L'Esprit Vagabond vous remercie de vous identifier (ou signer votre commentaire). Assumez vos opinions!
L'Esprit Vagabond est un blogue privé et ne publie pas de commentaires anonymes.