Depuis deux semaines, on peut visiter Cuba... par son art, à Montréal.
En effet, le Musée des Beaux Arts de Montréal propose, et ce jusqu'au 8 juin 2008, l'exposition ¡Cuba! Art et histoire de 1868 à nos jours.
J'y ai fait un saut vendredi dernier, mais comme je partais ensuite pour le carnaval de Québec, je n'avais pas eu le temps de vous en parler ici.
L’exposition est divisée en cinq parties : Images de Cuba : à la recherche d’une expression nationale (1868-1927); Arte Nuevo : avant-garde et recréation d’une identité (1927-1938); Un style cubain : affirmation et rayonnement (1938-1959); Dans la révolution tout, contre la révolution rien (1959-1979); La révolution et moi : l’individu dans l’histoire (1980-2007).
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La première partie est essentiellement constituée de tableaux et d'artefacts. Dès l'entrée, vous remarquerez que l'ensemble est présenté par grandes périodes de l'histoire/politique cubaine, avec un contexte historique fort intéressant que l'on peut suivre d'une salle à l'autre tel un feuilleton historique.
Au fait, prévoyez du temps quand vous irez parcourir cette expo, j'ai passé près de 3h à la visiter et je ne me suis pas attardé si longtemps devant chaque oeuvre ou groupe d'oeuvres. Il y a beaucoup de matériel et une partie de ce matériel vaut vraiment de s'y attarder plus que pour un simple coup d'oeil.
Si chaque partie comporte son lot de pièces intéressantes, j'avoue que la période de la révolution et post-révolution (1959-1979) m'a particulièrement captivé.
Mon récent séjour à Cuba et mon observation du système politique qui découle de cette révolution n'est évidemment pas étranger à mon intérêt pour cette partie de l'exposition.
Cette section propose des affiches de la révolution ainsi que de beaux exemples de l'intégration du pop-art à l'art cubain, et représente pour ce visiteur-ci, le point culminant de la visite.
Sinon, je ne peux pas dire qu'une pièce en particulier se détache complètement du lot d'oeuvres présentées, mais je me souviens avec grand plaisir des dessins de Pogolotti.
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L'exposition fait aussi une grande place à Wifredo Lam. D'ailleurs, ne pensez pas que vous avez fait le tour une fois sorti des salles de l'étage du Musée... Une autre partie, importante, se trouve au sous-sol!
En effet, c'est là qu'est exposée, avec quelques artefacts et une ou deux pièces plus modernes, la célèbre Murale du Salon de Mai, un collectif réalisé en une nuit à La Havane sous la supervision de Lam pour le Salon de Mai de Paris en 1967 et regroupant une panoplie d'oeuvres de divers artistes (incluant des écrivains) sur fond de festivité révolutionnaire.
Quelques pièces d'un art plus moderne intègrent un montage plus ambitieux, comme El Bloqueo (la représentation d'une carte géographique de Cuba, réalisée avec des blocs de béton, symbolisant l'embargo américain), ou encore ce coffre à bijou en forme de grenade... Chaque montage du genre comporte son message politique énoncé de manière plus directe que le symbolisme retrouvé sur les tableaux.
Une bonne partie de la section finale est consacrée à des montages post-post-moderne, avec vidéo et images de caméra live intégrés. Ce genre de chose n'est pas ma tasse de thé, alors cet aspect de l'exposition n'est pas ce qui m'a particulièrement plu. (Le video du mot "Révolution" qui défile dans toutes les polices de caractère est un bel exemple de n'importe quoi artistique en ce qui me concerne).
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Si vous cherchez quelque chose de beaucoup plus intéressant, attardez vous plutôt aux très nombreuses photographies que comporte l'exposition.
Celles-ci sont captivantes, et proviennent de toutes les époques; des débuts de la photo aux scènes plus contemporaines.
Les photos de l'époque révolutionnaire sont particulièrement fascinantes, compte tenu de l'utilisation intensive des photographes par le nouveau régime.
On expose évidemment la célèbre photo de Che Guevara prise par Alberto Korda et qui est devenu l'image la plus reproduite et distribuée du monde. Artefact amusant; l'exposition propose aussi la planche-contact où apparait cette photo, avec celles de Fidel Castro, Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre, tous présent le 5 mars 1960 lorsque Korda prenait ses photos.
Une autre photo de Korda vaut le détour; celle de "Fidel à Washington", qui montre en plan éloigné le révolutionaire cubain en face de l'immense statue d'Abraham Lincoln.
Enfin, je termine en répétant que ça vaut le coup de prendre le temps de lire les informatinos et citations diverses, elles permettent d'en apprendre plus sur le contexte de réalisation des oeuvres observées et font partie intégrante de l'exposition.
Et je m'en voudrais d'oublier de vous rappeler de remplir le petit coupon du concours auquel vous pouvez participer et déposez-le dans la vieille voiture cubaine à l'entrée... Qui sait si vous ne remporterez pas un voyage à Cuba? :-)
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