lundi 19 février 2007

Little Miss Sunshine et The Queen

Deux autres fims en nominations aux Oscars, fort différents l'un de l'autre, puisque le premier, Little Miss Sunshine, est une comédie dramatique et que l'autre, The Queen, est un drame historique. Ils sont tous deux en lice pour l'Osacr du meilleur film (et d'après moi, n'ont pas plus de chance l'un que l'autre de remporter cette statuette, mais je conserve mes prédictions et choix pour un autre billet).
Little Miss Sunshine est une comédie comme je les aime. Il s'agit d'une tranche de vie d'une famille dysfonctionnelle dont chacun des membres a divers problèmes et qui malgré leur égoïsme patent vont s'embarquer ensemble dans un road trip dont l'objectif est tout aussi farfelu que futile; la participation (à la finale californienne) de la petite fille de la famille à un concours de "talents" pour enfants, dont elle a remporté la finale locale. La fillette en question n'est pas du type "pageant" du tout, sa chorégraphie est conçue par son grand-père, grande gueule un peu frustré, son père a des problèmes financiers mais pense les résoudre avec un contrat de publication pour un livre sur le positivisme (et ses "9 étapes") qu'il a inventé, et le frère de la fillette a fait voeu de silence et n'a pas prononcé un mot depuis plus de neuf mois. S'ajoute à ce groupe, la mère qui tente désespérément de donner une image de normalité à cette famille, et son frère, ex-universitaire gay, qui vient de rater son suicide et qu'il faut garder en observation constante.
Si on mentionne aussi que le groupe part dans son road trip vers la Californie en mini-van Volks authentique des années 70, vous pouvez imaginer que le trajet sera plus compliqué que prévu.
Une telle histoire aurait pu tourner au ridicule, ou enfiler les gags faciles et les situations débiles, mais non, le scénario est habile et touffu, et les dialogues sont tranchants et drôles et rempli d'esprit. Les interprètes sont tous convaincants, et le film va au bout de sa logique interne; malgré leur égocentrisme, chacun des personnages se voit confronté à ses choix et doit compter en quelque sorte sur l'aide des autres pour faire face à son futur. Bref, un film surprenant, léger sans être idiot, et qui n'hésite pas à aborder des questions dramatiques dans un contexte plus comique. Définitivement un des très bons films de 2006, à louer sans hésiter.

The Queen, de Stephen Frears, joue sur un tout autre registre. Le film est axé sur les réactions de la famille royale britannqiue, particulièrement la reine Élisabeth II, ainsi que la gestion de la crise par le premier ministre Tony Blair nouvellement élu, au lendemain de la mort de Lady Diana. Il met donc en scène des personnages qui ont réellement existé, vivant des événements fictifs (mais possibles et probables) qui s'imbriquent dans des événements réels bien connus. Un défi si l'on considère que les événements sont tout de même récents (1997), que les personnages principaux occupent toujours les mêmes fonctions aujourd'hui, et que tout ce qui entourre la vie quotidienne de la famille royale britannique est quand même assez secret.
Défi de taille, relevé avec brio, par un réalisateur subtil servi par un excellent scénario. Le film éclaire d'un jour différent les réactions et actes des principaux intervenants, montre avec une grande humanité (et même une dose d'humour) ce que pouvaient être les relations entre Blair et la Reine, ainsi que les tensions que la mort de Diana a déclenché dans la famille royale.
Il ne s'agit pas d'un documentaire, et le ton est définitivement plus divertissant que si ça en était un, mais sa qualité narrative, sa crédibilité et l'utilisation d'images d'archives à plusieurs reprises, donne une image d'ensemble très forte et d'un réalisme saisissant. (En réalité, la seule manière d'avoir un portrait plus fidèle à la réalité serait d'avoir eu des caméras suivant la famille royale heure après heure à cette époque.)
Les interprètes n'avaient pas une tâche facile, puisque tous les personnages sont des figures connues et célèbres. Chacun s'en tire admirablement et donne à son personnage une dimension absente de ce que l'on voit habituellement de ces gens, via les médias. J'ai adoré la performance de Michael Sheen en Tony Blair et d'Alex Jennings en Charles, mais je vois mal comment l'excellente Helen Mirren pourrait repartir des Oscars sans celui de la meilleure actrice tant elle habite la Reine Élisabeth II. Pour employer un vieux cliché du cinéma, elle ne la joue pas, elle est la Reine.
L'ensemble de la distribution est à ce point juste et bien dirigée que l'on se surprend à croire que l'on visionne des événements authentiques et non pas un film de fiction sur ce qui s'est passé. Et Frears a eu l'habileté de ne pas montrer Diana autrement que par des images d'archives, créant du même coup une très forte présence et un lien direct avec les spectateurs qui se souviennent tous de ces événements.
Brillant, passionnant, divertissant, que demander de plus à un film?

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