mardi 21 juillet 2009

Tout le monde en Rock: Kiss

[Note de publication: Ce billet a été écris le 17 juillet. En l’absence de connexion Internet, il a été publié lors de mon retour en ligne. Une exception à ma règle habituelle de publication directement dès la fin de l’écriture d’un billet.]
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Étrangement, je ressent le besoin de commencer ce billet par une explication, comme pour justifier l’injustifiable : j’ai assisté à un show de KISS.
KISS est un groupe dont j’ai possédé quelques disques, au début de mon adolescence, disques que j’ai écouté et aimé à l’époque, mais dont je n’ai gardé que de vagues souvenirs. Je n’ai jamais écouté de KISS depuis (ça doit faire environ 30 ans !) à part I Was Made for Loving You sur laquelle je tombe à la radio, une fois par année.
A l’époque où j’écoutais du KISS, le groupe était considéré comme du heavy rock. Ce classement fait rire aujourd’hui lorsqu’on réécoute des vieilles chansons de KISS ; c’était du rock quasi pop, et I Was Made… est même un disco! Le show de Québec était même bien moins métallique et rock que celui de Styx, présenté la veille. Pourtant, la théâtralité grotesque de KISS favorise ce classement heavy ; après tout, ils sont sensé être les Chevaliers de Satan.
Qu’on se comprenne bien ; je me souviens de trois chansons de KISS, et leur carrière après mon adolescence est totalement passé à côté de ma vie à moi ; j’ai vaguement eu conscience que le groupe existait toujours, sans plus. Je crois qu’à une époque, ils ont fait des disques sans leurs maquillages et costumes (tentant de devenir un vrai groupe rock?), mais il semble qu’ils soient revenus au cirque qui les a rendu célèbre. KISS, pour moi, c’est le genre de trucs qui est cool à douze ans, mais qui devient lassant passé seize ou dix-huit.
Voilà pour la justification. On comprendra aussi que le commentaire qui va suivre n’est donc pas celui d’un fan du groupe.
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Jeudi soir, donc, dans le cadre du Festival d’été de Québec, les Plaines d’Abraham accueillaient KISS. Comme je suis présent au festival (et possède un laisser-passer valide pour toute la durée de l’événement), l’occasion était trop tentante pour ne pas aller voir ça.
Je suis allé voir le show pour rigoler, sans avoir d’attentes spécifiques côté musique ; ça me semblait la seule manière d’aborder l’événement de façon saine.
D’entrée de jeu, le groupe se présente comme The hottest band in the world, ce qui est certainement prétentieux. Si on prend cette expression au premier degré, d’accord, avec les jeux de pyrotechnie, les feux d’artifice, les canons et tout le bataclan, oui, c’est un band qui dégage de la chaleur!
Sinon, le band est assez généreux, avec une prestation de deux heures. Il faut par contre dire qu’avec leurs jeux, la destruction de guitare, les longs prologues parlés, les explosions à la guitare et les extravagances sanglantes de Gene Simmons, la prestation chantée elle-même couvre probablement une heure quinze. Côté chansons, justement, ça a pris près d’une heure trente avant que le groupe n’interprète une pièce que je reconnaisse (Rock n’ Roll All Night), même si deux ou trois pièces précédentes ont évoquées quelques vagues souvenirs (comme Black Diamond, qui devait peut-être se trouver sur mes disques d’ado, mais je n’en suis vraiment pas certain). Le show a trouvé son apogée avec l’interprétation de Detroit Rock City, sous une pluie de pyrotechnie et de bruit de canons.
La voix de Paul Stanley n’était déjà pas la plus mélodique au monde à l’époque de ma jeunesse, l’âge n’a pas arrangé les choses ; il se débrouille plutôt bien, mais a éprouvé quelques difficultés, la plus apparente étant I Was Made for Loving You, qui a très mal passée. La foule présente n’a pas semblé remarquer la chose ; tout le monde chantait à tue-tête avec le groupe!
Gene Simmons, égale à lui-même, n’en fini plus de sortir la langue, de faire des grimaces, de lécher sa guitare (ou celle de ses collègues), et chante de manière inintelligible.
Les deux autres membres du groupe ne sont plus les membres d’origine. Simmons, dans une entrevue accordée au Voir de Québec, a simplement dit que Frehley et Criss étaient maintenant des drogués et des alcooliques. Les nouveaux font bien le travail, et avec le maquillage et les costumes, difficile de dire si le remplacement fait une différence ou non, à part le fait que la scène appartient essentiellement à Stanley et Simmons.
Vous aurez compris que pour apprécier un show de KISS, il faut accepter l’idée que c’est du cirque, du spectacle, de la farce, et que la musique rock est un prétexte pour toutes les extravagances que le groupe offre. Il faut prendre ça au second degré et rigoler (bien qu’une bonne partie de la foule ait été constitué de fans au premier degré). Personnellement, je me serais bien passé de l’interminable solo de drums, de la destruction d’une guitare ou des canons à guitare lancés après que le guitariste ait démoli une symphonie de Beethoven en solo (heureusement que le compositeur est mort sourd, même de l’au-delà, il aura évité d’entendre ça).
Pour le reste, il faut jouer le jeu ou ne pas se présenter à ce genre de show.
D’ailleurs, parmi les quatre-vingt mille personnes présente, une bonne portion était maquillée, voire même costumée. Certains fans convaincus semblaient parler sans arrêt pendant les chansons, toutefois, et se promettaient pourtant d’aller revoir le show plus tard cet automne, pendant la tournée annoncée du groupe. D’autres hurlaient de moins chanter et de faire plus d’explosions, vous pouvez imaginer le genre d’ambiance... En fait, l’intérêt pour KISS semble parfois relever du même genre d’intérêt que certains ont pour la lutte.
Étant dans le bon état d’esprit pour ce genre de chose, on fini par passer une bonne soirée. Pas le genre de choses que l’on voudra répéter à tout bout de champs, mais tout de même pas ennuyant (bien qu’un peu longuet par moments).
L’expérience était donc intéressante d’un point de vue social, sinon musical et je pourrai dire que j’ai vu ça au moins une fois dans ma vie… et même faire des jaloux :-)
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