lundi 27 juillet 2009

La vie de banlieue et moi

Comme certains lecteurs le savent déjà, lors de mon retour de l’Amérique du Sud fin 2007, je me suis installé dans un loft en semi sous-sol, à Lachine. Bien que l’arrondissement soit partie de la Ville de Montréal, et bien situé sir l’île, pour ma part, soyons clair, Lachine est une banlieue. Mon quartier, près de la 32e avenue, une rue au sud de Provost, est bien desservi par un petit centre commercial, quelques pharmacies et marchés d’alimentation, une SAQ, bref, des commodités utiles dans un environnement qui rappelle une petite ville.
C’est le sentiment de ne pas être en ville, jumelé à l’éloignement relatif de l’arrondissement qui me fait considérer Lachine comme une banlieue. L’éloignement, s’entend, est évident pour qui favorise les déplacements en transport en commun; Lachine est essentiellement servi par 4 lignes de bus, dont deux express qui ne circulent pas après 19h, ni les fins de semaine ou jours fériés. Trois de ces lignes rejoignent le réseau de métro à la station Lionel-Groulx, l’autre rejoint la station Angrignon. Bref, pour qui n’est pas pressé, les emprunte hors heures de pointe et la semaine, c’est un moyen pratique de vivre en ville sans vivre en ville.
J’ai appris au fil des ans que j’étais un rat des villes (l'expression est de mon père, j'y reviendrai) et pour moi, donc, vivre à Lachine avait ses limites; on ne sort pas aussi souvent "en ville", rarement sous le coup de l’impulsion, jamais deux fois par jour, lorsqu’on fait face à une demie-heure de trajet de bus à part les déplacements en ville, et sans compter le temps d’attente du bus. Les choses étant ce qu’elles sont, il arrive souvent que le bus prévu à une heure donnée arrivent en retard, ou ne se pointe carrément pas. Lachine avait plusieurs avantages lors de mon retour de 2007, et j’y ai été parfaitement bien logé dans un beau quartier tranquille et commode et dans un loft plus que confortable.
Et la chose était temporaire.
J’ai passé l’été dernier à m’absenter de Montréal de toute manière (quelques allés retour en Europe, quelques séjours au Lac St-Jean et à Québec) et à la fin de l’automne, je suis parti pour l’Asie. Depuis mon retour fin février dernier, j’avais repris mes pantoufles dans le même loft, mais comme certains détails de ma vie ont changés, et que les astres se sont alignés pour favoriser un retour en ville, j’ai donc déménagé dans un petit appartement en ville.
Étrangement, depuis que la décision est prise et que l’appartement est trouvé, on dirait qu’il y a des forces obscures à l’œuvre pour me convaincre que je ne suis pas fait pour la vie de banlieue. Dans les dernières semaines de juin, j’ai passé d’innombrables heures dans des bus coincés dans le trafic, par exemple. Je parle ici d’un bus express qui doit mettre 15 minutes à relier Lionel-Groulx à Lachine et qui prends plus d’une heure (étrangement, sous une chaleur intense, lors d’une des très rares belles journées ensoleillées de cet été). Ayant emprunté une voiture pour quelques occasions, je me suis aussi retrouvé bloqué par des travaux divers sur les routes entre le centre-ville et Lachine (et je parle ici de plage horaires comme le dimanche avant-midi vers 10h ou encore le mardi soir à 23h)…
Puis, un beau mercredi, je me suis retrouvé à Québec, dans un bus d’Orléans Express mettant plus d’une heure trente pour relier Ste-Foy à la gare du palais ! Comme j'étais hébergé gracieusement, mais à Charlebourg, j'étais à la merci de bus de la RTC entre cette banlieue et Québec, où sont les choses à voir lorsqu’on passe du temps dans la capitale (et où était situé le site du Festival d’été).
Le plus amusant, c’est que ces forces obscures ne devraient pas perdre leur énergie à me convaincre ; je suis déjà convaincu ! On prêche ici à un converti ! :-)
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Le plus frustrant du fait de vivre en banlieue est certainement le choc de nos valeurs et la contradiction que l’on finit par y vivre. Je ne suis pas un fan de voitures. Pour moi, une voiture est utile pour se rendre du point A au point B dans certaines circonstances. Si on peut éviter de l’utiliser, tant mieux. Je préfère de loin le transport en commun. Encore faut-il qu’il soit présent et efficace. L’exemple de mon récent séjour à New York vient en tête; nous avons voyagé en groupe, en voiture, puisque la chose devenait moins chère qu’en autobus, sans compter qu’il n’y a aucun bus direct Montréal-Manhattan. Par contre, une fois à New York, l’auto a été stationnée en permanence pendant les 5 jours de notre séjour et chacun s’est déplacé à pied et en métro.
Lorsqu’on vit à Lachine (ou à Charlesbourg), d’autres choix s’imposent. Il est difficile et désagréable de faire trois aller-retour en bus entre le centre-ville et la banlieue, sans parler du temps qu’on perd dans le transport ; il arrive donc qu’il soit plus rapide et pratique d’utiliser une voiture. Ainsi, on passe son temps à favoriser le transport en commun, mais à vivre en banlieue, on se voit souvent dans la position de celui qui préfère utiliser une voiture de temps en temps. Personnellement, je trouvais cet état de fait dérangeant, puisqu’il m’arrive souvent de critiquer ceux qui utilisent à outrances les voitures en ville.
Lorsque j’habite en ville, comme c’est maintenant le cas, non seulement je n’ai pas besoin de posséder un véhicule, mais je préfère ne pas en avoir puisqu’il me serait peu utile, vu les infrastructures de transport existantes.
Et c’est là que le bat blesse pour une ville comme Montréal: on n’arrête pas de parler de co-voiturage et de transport en commun, mais Montréal demeure encore et toujours une ville dont la politique est orientée vers la voiture. On a beau vanter les Bixi, ou ajouter des bus, c’est très bien, mais c’est une goutte d’eau dans l’océan d’échangeurs, d’autoroutes et de ponts et viaducs. Les bus express de Lachine, mentionnées plus haut, vous noterez, ne disposent pas de voies réservées, ce qui les rend tout sauf express lors des heures de pointe. Et à part l’ajout de trois stations au réseau de métro récemment, le métro de Montréal n’a pas été étendu depuis plus de 20 ans. (Mais c’est une autre histoire).
Le même phénomène est présent à Québec – je parle de la propension des banlieusards à utiliser leur voiture, en l'absence d'autres choix intéressants pour eux. Depuis quelques années, je logeais chez mon ami Istvan, dans la basse ville, à quelques pas du Vieux-Québec, lors de mes séjours. Comme l’arrivée d’Istvan à Montréal est l’un des éléments qui ont favorisé mon retour en ville à Montréal, et que tout a un prix, je suis maintenant logé en banlieue. Snif.
Heureusement que la programmation du festival d’été était intéressante et que la météo était ordinaire, comme ça, je limitais mes déplacements au minimum... en attendant mon retour en ville à Montréal.
Et je me suis promis de ne prendre aucun bus pendant un mois à compter de cette date, question de me reposer en vivant en ville.
:-)
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