Après une exploration de l’architecture de Xela, voici quelques images captées ici et là dans les rues de la ville. Vous aurez ainsi une idée de l’ambiance qui règne en ville. On y croise un peu de tout, et son contraire… Les kiosques de ventes de gugusses, de bouffe, de feux d’artifice et les vieilles voitures déglingues côtoient les véhicules de luxe neufs, les édifices abandonnés côtoient quelque rue nouvellement rénovée et repavée, et le tout est toujours coloré.
Je suis installé au 7 orejas (« les 7 oreilles ») sur la 2a Calle et par un heureux hasard, la famille d’accueil de Estaban vit sur la Cajeron 17, à deux pas de chez moi ! Dans une ville de plus de 100 000 habitants, c’est plutôt incroyable comme coïncidence (Suze et moi avons trouvé le 7 orejas le jour où Esteban a débuté ses cours d’espagnol en immersion sans savoir où habiterait sa famille d’accueil. La photo ci-haut a été prise de la fenêtre de ma chambre ; la maison en vert qui domine le paysage est celle où habite Esteban. La prédominance des bâtiments bas en blocs et en ciment avec leur toit de tôle évoque de manière saisissante le quartier de La Magdalena de Quito où j’ai habité pendant quelques mois en 2004.
Les cireurs de chaussures sont aussi une constante du paysage urbain latino-américain. Je pense en avoir vu à l’œuvre dans tous les pays latino. Ici, dans le parque, devant la vieille façade de la cathédrale, un cireur de Xela, qui porte l’uniforme bleu officiel accrédité par la municipalité, est à l’œuvre, pendant que son client lit son journal. Si leur présence est attendue, ils forment toutefois un groupe très diversifié. Parfois incroyablement jeunes (j’en ai vu de 7-9 ans, ici comme à Antigua), parfois très âgé (passé l’âge de la retraite chez nous), leurs clients sont parfois des gens d’affaires, parfois des gens plus modestes mais qui se préparent pour une cérémonie, parfois des jeunes de riche, on voit un peu de tout dans ces petites bulles de vie que représentent le coin du cireur de chaussures dans le parque.
Une autre constante du paysage urbain latino ; les vendeurs de fruits et légumes, principalement, qui s’installent dans les rues. Souvent – et en toute logique – ces installations ad hoc se retrouvent aux alentours des édifices abritant des marchés publics, comme c’est le cas ici, dans le quartier sud de la Zona 1 de Xela. Profitant de l’achalandage créé par la présence d’un marché au commerce semi-officiel, ces activités de commerce informel – souvent mené par un membre de la famille qui cultive les produits en questions – prennent place presque quotidiennement dans les villes et sont généralement le fait de paysans indigènes.
Ce mode de transport personnel de marchandise est assez unique au Guatemala – et est essentiellement le fait de sa population maya. Des vieilles dames sortant de l’épicerie avec leurs provisions sur la tête à celles – comme ici – qui déambulent dans les rues avec un panier recouvert d’un linge tissé, en passant par les vendeuses d’aiguilles de pin utilisés comme décoration de Noël, on les croise partout. À Xela, elles sont nombreuses, car il y a une importante population Quiche et une importante population Mam. Vous noterez l’utilisation du féminin, car jamais on ne voit un homme transporter des choses sur sa tête.
Dans les décombres près du vieux marché de viandes et légumes du centre-ville, profitant d’une petite arène semi-abandonnée, des jeunes jouent au futbol. Ce sport – une activité peut coûteuse et pratiquée avec les moyens du bord - est une activité habituelle non seulement latino, mais mondiale, à l’exception de l’Amérique du Nord, où il s’agit d’un sport plus organisé et qui est très peu pratiqué dans les rues.
On entend partout ici que Xela est en déclin économique, que la crise a frappé fort, que la violence est en hausse et que le tourisme est en baisse (déjà, Xela est en dehors du circuit touristique habituel au Guatemala). Dans mon livre de référence sur la pays – qui date de juin 2009 – on mentionne quelques endroits (cafés, restos ou buanderies) qui n’existe déjà plus. J’imagine que le Italia de cette photo devait être un restaurant italien dans une vie antérieure, et qui sait s’il n’était pas mentionné dans les guides de voyages passés ?
Près de chez moi, on retrouve l’église d’El Calvario, derrière laquelle on peut accéder au cimetière de Xela. Le cimetière – pour les amateurs de ce genre de chose – est intéressant et coloré. On y voit des tombeaux et caveaux très élaborés (certains peuvent rappeler les cimetières de Paris, par exemple) alors que d’autres installations sont plutôt modestes. À côté d’une pyramide de 3 mètres flanquée de deux statues de dieux égyptiens, il n’est pas rare de voir, sur la butte de terre voisine, une simple plaque écrite à la main avec un feutre. Ceux qui n’ont pas les moyens de se payer un lot peuvent toutefois reposer en paix dans les tombes de ciment empilées par rangées, comme sur la photo ci-haut. (J’avais déjà vu des installations similaires à Jokotenango, en 2005, près d’Antigua, je ne savais pas alors si c’était pratique répandue au Guatemala).
Photo assez typique d’un quartier de la classe moyenne-pauvre de Xela. La photo est en fait prise de ma chambre au 7 orejas, et rappelle aussi bien des quartiers de bien des villes que j’ai visité en Amérique latine. Parmi les cordes à linge tendues sur le toit de la maison, les fils électriques qui pendouillent partout, les toits de tôle (qui fuient souvent, un voisin a été pris pour en réparer un temporairement pendant les pluies d’il y a quelques jours), on voit souvent des fils barbelés pour la sécurité. Au milieu de tout ça, on retrouve quand même des images qui font sourire, comme ce bonhomme de neige (dans un pays où il n’avait jamais neigé jusqu’à avant-hier) accompagné d’un Feliz Navidad bien sincère.
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