dimanche 1 mars 2009

Retour sur cinéma, chez les Thais et les Malais

Je poursuis une série de billets que j'aurais publié pendant mon voyage si j'avais eu le temps et l'occasion.
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Étant un amateur de cinéma, il n'est pas rare que je profite de mon passage dans un pays étranger pour aller voir un film - et profiter de l'occasion pour observer de première main la culture des cinémas locaux. Ayant travaillé dans divers cinémas au Canada, j'aime toujours voir comment se font les choses ailleurs sur le terrain.
Je suis donc allé voir quelques films à Bangkok, en Thailande, ainsi que quelques autres à Kuala Lumpur, en Malaysie. J'ai rapporté quelques photos, mais surtout quelques anecdotes sur les projections dans ces capitales respectives.

En Thailande, d'abord, Bangkok comporte des dizaines de cinémas, dont le Paragon Cineplex (photo), un complexe ultra-moderne d'une quinzaine de salles. On y joue généralement un mélange de films hollywoodiens, de films asiatiques (principalement Thais et Chinois pendant mon séjour) et de films d'auteur internationaux.
Ce qui distingue les cinémas de Bangkok des autres visités un peu partout au monde, c'est qu'il y a des films pour tous les budgets. En effet, le Paragon, par exemple, propose des films dans 5 types de salles, et les prix sont directement reliés au luxe de la salle choisie. Aussi, le prix du billet dépend également de la date de sortie du film. Un film en primeur de la semaine coûtera quelques dizaines de bahts de plus que le même film vu la semaine après sa sortie, et il sera encore moins cher en troisième semaine. On parle ici de places de cinéma à environ 5$CDN pour une projection du calibre de ce qui se propose au centre-ville de Montréal, par exemple. Et les sièges inclinables sont plus grands et plus confortables que la norme nord-américaine ou européenne. Si vous préférez le luxe, vous pouvez vous payer un billet jusqu'à 25$CDN, pour l'ultime confort, avec une loge privée, un fauteuil totalement inclinable de type lazyboy (avec repose pied) et cocktail inclus.

Les aires communes ne proposent pas de jeux vidéo comme dans nos complexes nord-américains, mais ça n'empêche pas l'ensemble d'être achalandé et plein de stimuli. Les grands standees annonçant les films à l'affiche ou ceux à venir sont pourvus d'écrans plats sur lesquels sont diffusés les bandes-annonces des films en question, et ce sur pratiquement tous les standees du cinéma! Ailleurs sur les murs, on retrouve les affiches habituelles, mais certaines sont en fait des cadres numériques avec des affiches animées (je voyais par exemple les avions se déplacer dans le ciel sur l'affiche de Australia).
Enfin, acheter un billet de cinéma à Bangkok permet également de réserver son siège - comme au théâtre ou au concert - ce qui est très pratique si vous achetez vos billets avant d'aller dîner, par exemple, et que vous ne revenez que pour l'heure de la projection.

En Thailande, les affiches sont bilingues (Thai et en Anglais), pour les films anglo-saxons. La plupart des films sont projetés en version originales avec sous-titres Thais, mais quelques (plus rares) films sont offerts en version post-synchronisés.
Sinon, les cinémas Thais passent au moins 30 minutes de bandes-annonces avant le film principal. Il s'agit d'un mélange de bandes-annonces de films et de publicités. Et - fait unique au monde d'après mon expérience de cinéphile international - entre la dernière publicité et le film, on nous passe un petit film en hommage au Roi de Thailande. Sur ce film, on voit des Thais, inspirés par leur Roi, et de nombreux portraits du Roi lui-même, mais jamais le Roi en action. Pendant la projection de ce petit film de 3 minutes, tous les spectateurs se lèvent et gardent le silence, un peu comme pendant un hymne national extrêmement solennel.

Deux affiches géantes avec écrans diffusant les bandes-annonces intégrés, dans une station de métro de Bangkok.
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Les cinémas de Kuala Lumpur semblent aussi modernes et diversifiés que ceux de Bangkok. Je n'ai pas vu les options de sièges de luxe à 25$CDN le billet, mais une place régulière revient à environ 3$CDN - 4,50$CDN (le prix varie selon le film et sa date de sortie) et les projections sont du calibre que l'on retrouve un peu partout au monde.
On présente à KL un mélange de films asiatiques et international, certaines projections comportant deux séries de sous-titres (Malais/Chinois, par exemple).
Des deux films que j'ai vu, au moins un avait ces sous-titres effectués à l'ancienne (non-digital), donc des sous-titres qui vibrent et semblent parfois brouillés.
Si les Thais sont friands de bandes-annonces, les Malais expédient cette tâche assez cavalièrement - on ne présente souvent qu'une ou deux bandes-annonces de films, avec quelques publicités, l'ensemble ne durant jamais plus de 10 minutes, et parfois, on se débarrasse du tout avant l'heure de projection! Souvent, si vous arrivez à l'heure de projection, votre film commence déjà. N'ayant pas la même relation avec les dirigeants et monarques au pays qu'en Thailande, il n'y a pas, à KL, d'hommage au Sultan.
Par contre, une chose qui distingue particulièrement les Malais des Thais dans une salle de cinéma, c'est qu'en Malaysie, tout le monde parle dans la salle! Les couples discutent ensemble, des jeunes commentent le film, toute la salle agit comme s'il s'agissait d'une projection entre copains dans un salon, pendant un party. Personne ne garde le silence!!!
C'est - évidemment - particulièrement agaçant, pour qui aime bien porter attention au scénario à l'écran! Heureusement, on peut se réfugier dans les rangées d'en avant, et les sièges étant à dossier élevé, en se calant dans son siège, on arrive à étouffer les conversations. Pour éviter à avoir à procéder de la sorte, on peut aussi réserver son siège lors de l'achat - comme en Thailande - et il est donc préférable de prendre un siège dans les deux rangées devant l'écran.
(Je note que de mettre le son à un niveau un peu plus élevé aiderait aussi à distinguer le dialogue à l'écran de ceux de la salle!)
Enfin, en Malaysie, il y a de la censure (je soupçonne que cette option soit mise de l'avant par la majorité islamique de la population, mais je ne suis pas certain de ce que j'avance - j'ai lu, toutefois, dans les journaux locaux, que certains spectacles rock sont censurés à la demande de la population musulmane). Cette censure est donc active au cinéma. Ainsi, choisissez votre film en fonction de son langage et de son scénario si vous voulez éviter les petits snips-snips du censeur (et pour quelqu'un qui s'y connait en cinéma, on les repère; J'en ai repéré trois (mineures) dans Slumdog Millionnaire).
[Je ne peux pas imaginer voir un film comme In Brugge, en Malaysie, il n'y aurait que des coupures!]
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Ah, en Malaysie, l'air climatisé dans les cinémas est toujours poussé à fond; apportez votre anorak.

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