Connaissez-vous Elle Woods? Oui, j'imagine que vous avez probablement vu le film Legally Blonde, sorti en 2001... ou sa suite, sortie en 2003 et mettant en vedette Reese Witherspoon.
Pour ma part, j'ai vu Elle Woods sur Broadway, c'est-à-dire dans le musical Legally Blonde, présenté au Palace Theater (littéralement sur Broadway, au 1564 de la célèbre avenue new-yorkaise).
Vous avez peut-être lu mes précédents commentaires sur un des spectacles musicaux similaires vus à New York ou Montréal dans les dernières années, alors vous connaissez mon penchant pour ce genre de théâtre chanté; j'adore ça.
Originalement, l'histoire de ce musical, basé sur le film à succès, était un roman d'Amanda Brown. Je n'ai pas lu le roman (sur lequel les commentaires et critiques ne sont pas très élogieux), mais j'avais vu le premier des deux films, que j'avais trouvé sympathique.
Legally Blonde contient les parfaits ingrédients pour produire un musical amusant, divertissant, entraînant, bref, avec cette production, cette histoire trouve à mes yeux son meilleur support à ce jour. Le terme français de "comédie musicale" trouve ici un sens parfaitement approprié puisque Legally Blonde sur Broadway est aussi une production très drôle.
Pour ceux qui ignorent tout de l'histoire d'Elle Woods, mentionnons simplement qu'après avoir été abandonnée par son copain de collège au moment où elle croyait être demandée en mariage, Elle décide de lui prouver qu'il a tort de la considérer comme une nunuche, malgré sa propension à porter du rose et tout connaître de la mode et des tendances en parfum. Elle forme donc le projet de s'inscrire à la même faculté universitaire que lui: l'école de droit de Harvard...
La première chanson, Omigod You Guys, donne le ton et démarre le spectacle sur des chapeaux de roues; le rythme le ralentira plus après les premières mesures, et ce pour toute la soirée. Tout comme c'était le cas de RENT, la plupart des dialogues de Legally Blonde sont chantés. Ainsi, plusieurs des chansons sont interprétées par de multiples personnages et même dans de multiples décors souvent dans le cadre d'une même pièce musicale. C'est très animé et on ne s'y ennuie pas une seule seconde.
L'aspect décor est à souligner, puisqu'on ne parle pas ici de votre classique pièce de théâtre peu mobile avec un ou deux changements de décors entre les actes; l'ensemble de la scène est constamment en mouvement, l'action prend place dans des dizaines de lieux, évoqués magistralement par les déplacements astucieux des éléments de décors et acessoires; chambre de Elle à la faculté en Californie, résidences de ses copines, les Delta Nu, restaurant, terrain de golf où joue son père, classes à Harvard, cour de justice, salon de coiffure de Paulette, cour du campus de Harvard, prison, salle de bain, bureau du professeur Callahan, parc de roulottes où habite l'ex de Paulette, nommez-en, la mise-en-scène de Legally Blonde fait totalement fi des limites physiques d'une scène de théâtre.
L'adaptation du film vers le musical est aussi à saluer comme une parfaite réussite, puisque pour ce spectateur-ci, le musical est devenu le support parfait pour Elle Woods; quelques trouvailles ont même permis aux auteurs de conserver les copines (toujours en Californie) qui forment une sorte de choeur grec délirant - en théorie dans la tête de Elle, mais qui finisse par se libérer de cette limite également. Je pense aussi à l'intrigue secondaire de l'histoire de Paulette et à la manière dont ils ont réussi à faire passer l'histoire criminelle sur laquelle Elle travaille avec le professeur Callahan et quelques collègues sans alourdir leur narration chantée.
Enfin, le sujet se portait bien à la comédie, mais j'avoue que j'ai été surpris de rire autant; le souvenir de certaines répliques me font encore rire plusieurs jours après le spectacle.
("Is he gay... Or European?", en parlant du garçon de piscine trop bien de sa personne et portant du parfum, ou encore "I'm not sure where that metaphor's goin'..." quand Paulette se perd dans ses idées sont des exemples de petits riens truculents qui parsèment les dialogues).
Évidemment, sans l'interprétation des comédiens, le spectacle ne serait pas aussi drôle. Andy Karl, dans le rôle de Kyle, mériterait un prix pour sa première scène, qui laisse les spectateurs pliés en quatre avec pourtant très peu de texte (à part le superbe "I've got a package").
Laura Bell Bundy, qui joue une Elle énergique et sympathique, porte avec panache une grande partie du spectacle sur ses épaules, puisque toute l'histoire tourne autour de ses aventures. Reese Witherspoon avait déjà laissé sa marque sur le personnage, la tâche n'était donc pas facile.
Legally Blonde The Musical, comme la plupart des musical que j'ai eu la chance de voir, est donc un spectacle plein d'énergie, qui habite le spectateur plusieurs heures - plusieurs jours même - après la tombée du rideau. Je vous le recommande donc sans aucune réserve.
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Photos: 1. Lobby du Palace Theater. 2. Scène, fosse d'orchestre et parterre. 3. Suze et Gigi devant le Palace, quelques minutes avant le spectacle. 4. Ma copie du Playbill, où on voit Bruiser, car oui, les deux chiens de Legally Blonde apparaissent souvent sur scène dans cette adaptation.
Moi aussi j'ai trouvé _Legally Blonde_ plus amusant et intelligent que ce à quoi je m'attendais. Je note que tu n'as pas vu la suite. Evite-là à tout prix car il ne s'agit pas d'une simple répétition en plus faible et moins amusant, comme le sont souvent les suites. C'est bien pire, elle trahit le sens du premier film, faisant d'Elle Woods une idiote, donnant la désagréable impression que les scénaristes n'ont rien compris au premier film. Comme le dit un commentateur sur le site imdb: "So insipid and illogical, a 7 year old would be appalled."
RépondreSupprimerJoël Champetier