vendredi 27 janvier 2012

J'haïs l'hiver

"Mon pays ce n'est pas un pays, c'est l'hiver".
Vigneault a l'air de dire ça avec une certaine affection; le poète a l'air d'aimer ça, que son pays soit un pays d'hiver.
Pas moi.
Je déteste vivre dans un environnement aux fenêtres fermées et givrées à moitié du temps. Je déteste ne pouvoir prendre de longues marches sans avoir les pieds dans la neige, la slush ou dans l'eau. Je déteste avoir à mettre des combines quand il fait -24, trois manteaux ou un gros manteau épais, je déteste avoir 6 kilos de vêtements sur moi, je déteste les tuques, les gants, les foulards, les capuches et les bottes. Je déteste avoir à passer un quart d'heure pour enfiler tout ça avant de sortir ou pour retirer le tout une fois rentré. C'est épuisant, surtout si on a juste oublié les petits pois à l'épicerie ou que l'on veut aller acheter Le Devoir le samedi matin.
J'haïs l'hiver.
"Mais l'hiver vient d'éclater, le Saint-Laurent est
 prisonnier d'un décembre qui va bien durer six mois".
Dassin, un français, voyait bien que notre hiver est plus long qu'ailleurs.
Bien trop long.
L'hiver poétique, avec les jolis flocons par -3, comme dans une carte de Noël, c'est cute deux jours. Après ça, je suis fatigué et je m'en passerais bien. À partir de la mi-octobre, plus moyen de sortir sans s'habiller chaudement et il faut attendre le mois d'avril pour voir l'espoir d'une fin d'hiver se pointer. Puis il y a l'éclairage; le soleil se lève à 8h le matin et se couche à 14h. Déprimant. Avec les jours nuageux, la pluie, le verglas, la neige, le blizzard, même à en pleine heure du midi, on a l'impression qu'il fait nuit.
J'haïs l'hiver.
"J’haïs l’hiver Maudit hiver Les dents serrées,
les mains gercées, les batteries à terre J’haïs l’hiver".
Dodo a raison, et les batteries à terre n'affectent pas que les voitures.
L'hiver, c'est fatigant.
Il n'y a pas que les vêtements lourds et encombrants, marcher dans les rues est pénible, ardu. Une simple course à l'épicerie prend des allures épiques. On dirait que les rues s'allongent au froid et que tout lieu se retrouve à des km plus loin qu'ils ne l'est en été. Quand on ne combat pas le pincement du froid, on tente d'éviter la grippe ou le rhume ou de prendre froid, on coule du nez, la peau devient sèche.
J'haïs l'hiver.
"Ah ben! Ah ben! Ah ben! Ah ben! C'est l'hiver!
Je me souvenais pu de quoi ça avait l'air Je me
souvenais pu que c'était aussi frette".
Contrairement à Dédé, je me souviens à chaque fois de quoi ça a l'air, l'hiver. Je sais à chaque fois que mes activités préférées vont être au ralenti pendant des mois; plus de promenades urbaines plaisantes, plus de festival en plein air (à moins de défier le froid, les engelures ou la pluie verglaçante), plus de concerts dans les lieux publics, plus de repas sur le balcon de l'appartement, plus de vie dans les rues, à part pour les pauvres bougres qui déglacent, déneigent et dégivrent leurs voitures, prises dans les bancs de neige ou pellettent l'entrée de leur domicile.
Car l'hiver, les gens s'enferment - on les comprend ! - Une simple sortie du cinéma devient une aventure, que l'on remplace souvent par un DVD. L'intérêt et l'énergie diminuent; même les blogues se font silencieux ou peu actifs, on visite moins les amis et les parents, on se lève avant le soleil par obligation, on le voit à peine de la journée, on serait aussi bien d'hiberner.
J'haïs l'hiver.
J'ai eu par le passé l'opportunité d'éviter une grande partie de l'hiver. Depuis deux ans, compte tenu de mes projets de voyage, j'ai décidé de tenter de me réadapter, en passant l'hiver ici, mais je dois me rendre à l'évidence, c'est un échec; et je sens que ça va prendre un bout avant qu'on ne m'y reprenne.
--

mardi 24 janvier 2012

Monsieur Oscar et autres surprises

Vous aurez appris aujourd'hui que le film Monsieur Lazhar de Philippe Falardeau est parmi les nominations aux Oscars pour le meilleur film en langue étrangère. Ce 5e film québécois à représenter le Canada (sur 6 films dans l'histoire des Oscars) confirme l'aspect supérieur et distinct de notre cinéma, au point où on devrait demander à l'Académie d'écrire Québec sous le film plutôt que Canada, surtout que dans chaque cas, c'était clairement un film québécois qui était reconnu, et non une coproduction canadienne anglaise.
Ceux qui ont vu (et apprécié) Monsieur Lazhar ne peuvent qu'être fier de cette reconnaissance. J'avoue ma surprise, moi qui croyait que le film, aussi bon soit-il, n'avait pas le côté international exportable qui pourrait séduire l'Académie américaine. Il faut croire que les thématiques d'immigration, de tragédie personnelle et de problèmes de système d'éducation ont mieux traversé les frontières culturelles que je ne l'avais cru, et c'es tant mieux.
La liste des nominations aux Oscars de cette année comprend quelques autres surprises.
(Je reviendrai plus tard sur mes choix et prédictions, comme je le fais habituellement avant la cérémonie).
Au niveau des comédiens, l'absence de Michael Fassbender pour Shame surprend, après tout l'enthousiasme que les critiques ont montré envers l'acteur lors de la sortie récente du film. Les autres étaient des choix assez prévisibles, même si on n'aurait pas été nécessairement étonné de retrouver DiCaprio (J.Edgar) ou Brad Pitt (soutien, Tree of life), par exemple. La nomination de Pitt pour Moneyball n'est pas une vraie surprise, certains le prévoyaient, mais elle était moins évidente que celle de Clooney pour The Descendants, par exemple.
Côté animation, l'absence de nomination pour The Adventures of Tintin montre que le succès public joue encore un grand rôle dans cette catégorie un peu à part, et que la méconnaissance de cet univers par les américains a nuit aux chances du film, malgré le Golden Globe qu'il a remporté (ce que les membres de l'Académie ignoraient, le vote pour les nomination étant fermé avant la cérémonie des Globes).
Spielberg peut quand même se contenter, puisque son War Horse a obtenu une nomination surprise à titre de meilleur film alors qu'une nomination semblait plus probable pour The Girl with the Dragon Tattoo. Dans cette catégorie, certains ne prévoyaient pas la présence de The Tree of life, mais je n'aurais pour ma part pas compris l'exclusion de cette oeuvre unique en son genre de la prestigieuse liste.
Sur les scénarios, la nomination de Margin Call me semble déjà un exploit pour ce film, qui était bien, mais sans atteindre le plein potentiel de son sujet, en partie à cause de la direction prise par son scénario. Quand à The Help, que certains voyaient dans cette catégorie, j'avoue avoir préféré le scénario plus solide de Clooney pour The Ides of March, The Help étant un très bon film en grande partie grâce à l'interprétation de toutes ses actrices et non à un scénario particulièrement novateur.
Enfin, sans qu'il ne s'agisse d'une surprise, je ne peux que me réjouir des nominations de Midnight in Paris et son scénariste et réalisateur Woody Allen, un de mes cinéaste préférés et définitivement un des meilleurs films de 2011.
--

dimanche 22 janvier 2012

Pour un Québec conscient (2)

Dans un billet antérieur sur le sujet, j'ai fait état de la relation du Québec avec la situation mondiale.
Je terminais mon tour d'horizon en concluant que bien que protégé jusqu'à maintenant, le Québec était de plus en plus conscient qu'une période difficile est à nos portes. Pourtant, le québécois lambda est-il intéressé à cette crise? Voit-on émerger dans le Québec d'aujourd'hui des solutions à ces problèmes, et des leaders porteurs de ces solutions?

Le Québec est-il désintéressé?
Un simple regard au palmarès des ventes de livres montre que le Québec n'est pas aussi désintéressé par ce qui se passe actuellement dans le monde que l'on pourrait le croire;
Le palmarès du 31 octobre au 6 novembre dernier avait attiré mon attention, alors que je me préparais à une visite au Salon du livre de Montréal. On y retrouvait dans le top 10 d'essais québécois:
- De colère et d'espoir (par Françoise David, de Québec Solidaire) (#1)
- De quoi le Québec a-t-il besoin? (Collectif dirigé par Marie-France Bazzo, Jean barbe et Vincent Marisal) (#3)
- On veut votre bien et on l'aura (#5)
- Université inc: Des mythes sur la hausse des frais de scolarité (#7)
Aussi, on retrouvait 2 titres sur les 3 premiers essais étrangers traitant du phénomène:
- Indignez-vous (#1)
- Pour sauver la planète, sortez du capitalisme (#3)
Il y a donc intérêt du Québec, mais pour le moment, il ne se manifeste pas (encore) par des protestations de masse. C'est compréhensible, comme on l'a vu dans mon billet antérieur, puisque nous avons pour le moment mieux fait face à la crise que plusieurs autres pays.
Pour ceux qui pourraient croire qu'il s'agissait d'un engouement temporaire, soulignons que dans le palmarès du samedi 21 janvier 2012; on retrouve toujours les livres de Françoise David et le collectif Bazzo-Marisal-Barbe dans le top 10, en plus d'y retrouver le recueil de chroniques politiques de Gil Courtemanche, Le camp des justes. Et Indignez-vous est classé #2 dans le top 10 des essais étrangers.

Y a-t-il des réactions québécoises?
À part le mouvement Occupons Montréal (et les quelques autres villes du Québec où il s'est un peu développé) et les quelques marches dénonçant les inégalités entre riches et pauvres, le Québec réagit-il à la crise? Et le Québec actuel est-il porteur de solutions à cette crise?
La crise est de nature profonde et remet en cause le système qui nous mène et a gagné en popularité et en appui depuis le milieu des années 80. Même si peu d'entre elles s'attaquent réellement à la source (le système financier et économique actuel), les solutions québécoises proposées sont plus nombreuses qu'on pourrait le croire.
Le premier son de cloche très officiel est peut-être venu du Manifeste Pour un Québec Lucide, publié en octobre 2005 par une douzaine de personnalités québécoises issus de divers milieux d'affaires, et dont le porte-étendard était Lucien Bouchard.
"Nous ne doutons pas que le Québec ait les ressources pour combler son retard économique sur le reste du continent, assainir ses finances publiques, gérer convenablement son ralentissement démographique et affronter avec succès le défi asiatique. Nous sommes également convaincus qu’il n’est pas du tout nécessaire de jeter notre modèle de société à la poubelle pour faire face à ces défis. Seulement, le monde a changé et il nous faut nous adapter aux nouvelles réalités".
Les Lucides proposent plusieurs éléments pour faire face "aux défis" qui attendent le Québec; comme de s'attaquer à la dette publique, investir massivement dans l'éducation, dégeler les frais de scolarité, favoriser la maîtrise de plusieurs langues, hausser les tarifs d'électricité, réformer la taxation et implanter un régime de revenu minimum garanti. On peut reprocher bien des choses au manifeste, mais il faut lui reconnaître le mérite de ne pas hésiter à lancer des idées, quitte à s'attaquer au "modèle québécois".
Évidemment, la plus grande faiblesse du manifeste des Lucides est de prendre le problème sous un seul angle: l'économie, et de suggérer des solutions essentiellement néolibérales; comme l'idée que la seule manière de s'attaquer à la dette (et au déficit, donc) est de réduire les dépenses gouvernementales (j'ai déjà expliqué ici que l'autre avenue, augmenter ses revenus, n'est jamais envisagé par la droite). Comme l'accent est mis sur la volonté que les québécois travaillent plus afin d'être plus productif et de créer plus de richesse, la réforme de la taxation passe donc par des baisses d'impôts plutôt que par une réforme qui touche la redistribution de cette richesse. Les Lucides semblent malheureusement prôner une lucidité... sélective.
Certaines solutions comme la privatisation apparaissent au mieux populistes, au pire opportunistes, car il est démontré partout dans le monde que le privé n'est pas nécessairement plus efficace que le public (à part pour les nantis qui en tirent des profits). Nous l'avons vu au Québec dans le cas des contrats de construction au Ministère des transports, mais c'est aussi vrai en santé, où l'essai Médecine Publique, médecine privée, en arrive à conclure que "d'un point de vue sociétaire, le système de santé public contribue plus à richesse collective du pays qu'à l'enrichissement ponctuel d'individus ou de groupes particuliers oeuvrant dans le domaine privé".
Pour souligner l'importance de ces idées "lucides" dans le monde politique et le monde des affaires (qui sont toujours intimement liés, et plus liés que jamais depuis 1984), on notera qu'une bonne partie des propositions de la Coalition Avenir Québec fondée par François Legault en 2011 reprend le discours des Lucides. On ne s'étonne pas que Legault, homme d'affaires à succès et comptable de formation, ait adopté le point de vue néolibéral sur la plupart de ces questions, malgré sa timidité à les assumer en tant que positions de droite. Mais je reviendrai sur les propositions de la CAQ un peu plus loin.
En réponse directe au manifeste des Lucides, on retrouve le Manifeste Pour un Québec Solidaire, signé par 35 personnalités publiques issues de milieux variés (politique, universitaire, artistique, presse, syndicaliste, écologiste) et publié en novembre 2005.
"L’avenir de nos enfants nous inquiète aussi. Nous ne voulons surtout pas leur laisser une planète exsangue, des forêts détruites, des inégalités sociales et économiques accrues, des guerres pour s’arracher l’eau encore disponible. Nous voulons leur transmettre autre chose que le sentiment qu’il faut plier devant ce que dicte le marché. Nous croyons nous aussi faire preuve de lucidité. (...) L’enjeu ne se situe pas pour nous entre le statu quo et le changement. Il porte plutôt sur la nature du changement."
Le manifeste remet d'abord en cause (et en perspective) les affirmations des Lucides sur l'importance de la dette publique et le régime de taxation, en mentionnant par exemple l'importance du filet social existant au Québec et soulignant l'ampleur de l'évasion fiscale privée (paradis fiscaux). Pour un Québec Solidaire lève donc le voile sur la capacité de l'état à augmenter ses recettes, s'il y avait volonté politique. Le manifeste critique ensuite les solutions élaborées par les Lucides, en citant des exemples d'un peu partout dans le monde où ces solutions ont été appliquées (notamment une privatisation accrue des services publics et la hausse des tarifs d'électricité). Le document se termine sur une série de solutions qui s'attaquent à la distribution de la richesse, plutôt qu'à la création de celle-ci.
Entre les deux points de vue, le québécois lambda est-il plus Lucide ou Solidaire? La question a été posée, dans le cadre d'un sondage, dont les résultats ont été publiés dans un article du Devoir en janvier 2007.
Outre ses conclusions sur la position clairement "solidaire" des québécois, l'article mentionne également que: "cette étude tend en outre à démontrer que le Québec est la province canadienne où la plus forte proportion de la population (49 %) considère que la société se porterait mieux si les gouvernements jouaient un rôle plus important. Sans le Québec, la moyenne au pays se situe à 28 %." 

L'importance des politiques socialistes
Comme l'histoire du Québec nous montre que le Québec s'est bâti et a atteint des sommets en appliquant des politiques socialistes, et que l'histoire récente nous montre que ces politiques sont justement parmi celles qui nous ont le plus protégés du plus gros de la crise, l'évidence est de conclure qu'il s'agit de poursuivre, voire même d'accentuer certaines de ces politiques, afin de mieux encore affronter ce qui s'en vient.
Dans la suite de cette série de billet sur le Québec et la crise, j'aborderai les pistes de solutions qui sont ou ont été proposées dans un passé récent et tenterai de voir si ces solutions semblent aller dans cette direction ou non, et si elles ont des chances d'être appliquées par les leaders qui les portent.
--

jeudi 19 janvier 2012

Uggie, Rin Tin Tin, Lassie et les Oscars

Vous connaissez peut-être Uggie pour l'avoir vu jouer dans le récent film The Artist, ou encore dans Water for Elephants? Uggie, c'est le chien qui joue dans ces deux films... le rôle du chien. Ses prestations lui valent deux nominations comme "Meilleur chien dans un film" aux Golden Collar Awards, qui se dérouleront en février prochain à Hollywood. Ce n'est pas une blague; d'ailleurs, la très sérieuse agence de presse Reuters publie la liste des nominations dans toutes les catégories du gala canin, ainsi que le prix humanitaire qui sera remis pour l'occasion à Charlize Theron.
La chose peut faire sourire, mais l'idée de remettre des prix aux animaux acteurs ne date pas d'hier. Dès 1951, lors d'une cérémonie animée par l'acteur western Ronald Reagan, on remettait les premiers Patsy Awards (pour Picture Animal Top Star of the Year). Au fil des ans, les Patsy allaient récompenser Flipper le dauphin, les chiens Lassie et Rin Tin Tin, Arnold le cochon dans Green Acres (Les arpents verts) ainsi que Francis, une mule parlante, héroïne de 7 films dans les années 50. Quelques-uns des lauréats ont même immortalisé leurs empreintes dans le ciment, à la manière des acteurs célèbres.
À l'origine remis en collaboration avec la American Humane Association (qui est derrière la certification "No Animals Were Harmed" qu'affichent certains films, comme War Horse de Steven Spielberg, par exemple), les Patsy ont fait place, depuis 1986, aux plus sérieux Genesis Awards, et l'American Humane Association remet désormais les Pawscars aux meilleurs films s'étant assurés que les animaux ont été bien traités pendant le tournage. Les Pawscars couvrent tout; on a par exemple reconnu l'excellence de l'effort pour protéger les rats lors du tournage de Shutter Island de Martin Scorsese.
Depuis 10 ans, du côté de la France, on remet également les Palm Dog Awards, en marge du festival de Cannes (où on remet les Palmes D'or). Uggie a justement reçu le Palm Dog de 2011 pour sa prestation dans The Artist, ce qui serait un bon indice qu'il part favori pour le Golden Collar à Hollywood en février.
Évidemment, on est loin d'une catégorie animale aux très sérieux et très traditionnels Oscars. Pourtant, c'est aux Oscars qu'auraient pu être remis le premier prix d'interprétation à un animal, car dès la première cérémonie des Oscars, en 1929, on dit que l'acteur ayant reçu le plus grand nombre de vote dans la catégorie Meilleur acteur... avait été Rin Tin Tin le chien. Évidemment, comme l'Académie tentait d'établir le sérieux des Oscars, on aurait éliminé ces bulletins et remis la statuette à l'acteur Emil Jannings. Dans une récente biographie du célèbre chien, publiée par Susan Orlean, l'auteur invite l'Académie à reconnaître sa bévue et remettre à Rin Tin Tin un Oscar posthume.
On peut se demander où on va s'arrêter si on remet des Oscars aux animaux acteurs, mais c'est oublier le vent de sympathie qu'avait obtenu Wilson, le ballon de volleyball perdu sur une île déserte en compagnie de Tom Hanks dans Castaway en 2000. Il existe d'ailleurs une page Facebook demandant la remise d'un Oscar posthume à Wilson.
Même si je suivrai de près les Oscars en février prochain, je ne pense pas suivre avec autant d'intérêt les Golden Collar. Toutefois, j'irai peut-être jeter un oeil aux résultats, puisque Uggie est en lice contre Cosmo, qui était excellent dans le rôle d'Arthur, dans le très bon film Beginners.
Sinon, avez-vous des souvenirs particulièrement marquant d'animaux à l'écran?
Pour ma part, j'ai encore un faible pour London, le chien qui jouait dans une des séries télé préférées de ma jeunesse, intitulée... Le Vagabond *.
--
* Titre original: The Littlest Hobo.

lundi 16 janvier 2012

De Contagion et de Camera Oscura

Je voulais simplement vous parler d'un bon film, Contagion, puis l'idée s'est élargie pour vous parler d'une autre sorte de contagion; les bonnes surprises de Christian Sauvé. En fait, l'idée de ce billet vient à la fois d'un cadeau reçu de Christian, et d'une expérience critique sur le film Contagion de Steven Soderbergh.
Commençons par le commencement: Après avoir constaté la sortie en DVD du film de Soderbergh, si le casting de luxe incluant Matt Damon, Jude Law, Gwyneth Paltrow, Marion Cotillard et Kate Winslet ne m'avait pas déjà convaincu de louer le film, la présence de ce réalisateur aux commandes me dictait de le faire. Rares sont les films de Soderbergh que je n'ai pas apprécié à un niveau ou un autre, même ses plus expérimentaux. Le sujet ne m'apparaissait pas nécessairement le plus original, par  contre, puisque de nombreux films ont déjà mis en scène des épidémies dévastatrices par le passé.
Par curiosité, j'ai donc jeté un oeil sur quelques commentaires et critiques en ligne, et j'ai été surpris du score relativement bas du film sur IMdB (6,9/10). Le tomatomètre était excellent (84%) du côté critique, mais avait un score faible du côté de l'audience (63%). Je ne changeais pas d'idée pour ce qui était de la location, mais mes attentes en auraient peut-être été un peu réduites.
Puis j'ai eu l'idée de consulter Camera Oscura. Camera Oscura, c'est d'abord la chronique de critique de film que publie Christian Sauvé dans la revue Alibis à chaque trimestre. Je lis la chronique sur une base régulière, et rares sont les trimestres que je rate (même si je lis parfois en retard quand la publication coïncide avec un de mes séjours à l'étranger). Toujours est-il que dans le cas qui nous occupe, je ne parle pas de la chronique de Christian, je parle du livre Camera Oscura Volume I: 2001-2011 (sous titré "Dix ans de films à suspense"). Ce livre, que j'ai reçu de son auteur pour le nouvel an (*), fait partie d'une longue tradition de Christian de poster des cadeaux avec des cartes annuelles personnalisées et humoristiques, qui sont aussi agréables à découvrir et recevoir à chaque année, faisant office de bye-bye condensés d'actualités mondiales, canadiennes et sauvéesques.
Cette année, le cadeau était ce Volume I regroupant en presque 400 pages bien tassées 40 chroniques sur le cinéma noir; suspense, polar et policier. Bref, plus besoin de chercher sur le site de la revue à quel moment tel ou tel film a été commenté pour s'y référer; un coup d'oeil à l'index de ce livre (tiré à 40 exemplaires seulement), et le lecteur chanceux a un accès direct à l'opinion de Christian sur la question.
Christian et moi avons souvent eu des opinions divergentes sur des films, mais j'ai toujours aimé ses chroniques; elles sont toujours honnêtes et offrent assez de détails et de justificatifs pour que le lecteur puisse  déterminer si tel ou tel film est pour lui ou non. Nos divergences se sont toujours exprimées dans un respect mutuel, et, étrangement, au fil des ans, sur le long terme, il s'avère que nos opinions se croisent plus souvent qu'autrement (bien que Christian demeure un meilleur public que moi pour les films d'actions série B; j'admire sa capacité à trouver des qualités à certaines productions particulièrement mauvaise, mais comme je l'ai mentionné ci-haut, il fait preuve d'une grande honnêteté).
J'ai donc consulté ce nouvel outil critique afin de voir ce que Christian pensait de Contagion et l'affaire a confirmé que de louer le DVD semblait une excellente idée. Là où certains internautes avaient détesté, Christian soulignait en quoi c'était une bonne idée; ce que certains reprochaient au film, Christian le saluait comme crédible et réaliste; là où certains soulignaient le manque de rythme, Christian salue une progression subtile. Bref, avec la voix de quelqu'un que je connais bien pour le lire depuis dix ans, je savais avant même de visionner le film que j'allais apprécier.
Quant au film lui-même, j'ai beaucoup aimé, finalement. Je n'en ferai pas une critique détaillée, pour une fois.
Je me limiterai à dire que si vous aimez vos films à suspense réalistes, posés et crédibles plutôt qu'exagérés, hyperactifs et remplis d'explosions, Contagion est le film à voir. Si pour vous, un bon film doit avoir un rythme effréné et des scènes d'action plus énergiques et délirantes les unes que les autres, Contagion n'est pas pour vous.
Je vous renvoie donc vers les commentaires de Christian. Si vous n'avez pas l'habitude de le lire, ça vous servira d'introduction, sinon, allez directement au bas de la chronique, pour y lire les commentaires sur Contagion; ça résume assez bien ma propre opinion du film.
--
(*) Ce billet est donc un remerciement public et sincère à mon ami Christian pour ce cadeau fort apprécié.

mardi 10 janvier 2012

Des limites dimensionnelles au cinéma

Titanic 3D: Le bateau ne coulera
pas plus profond
Lors de deux récentes visites en salles, j'ai pu voir grâce aux bandes-annonces que la tendance au 3D au cinéma est loin de s'éteindre, les films annoncés en 3D pour 2012 sont légion* et les re-sorties de films transférés en 3D se font de plus en plus désormais nombreuses (en 2012, on annonce Star Wars Episode I et Titanic, rien de moins).
Or comme je le mentionnais dans ma récente critique du film Les Aventures de Tintin de Spielberg, le 3D au cinéma n'est pas ma tasse de thé.
En Mars 2010, je disais déjà (dans le cadre d'un billet pré-soirée d'Oscars):
Avatar explore réellement ce que doit être un film en 3D alors que tous les autres films que j'ai pu voir en 3D s'amusent avec les effets visuels au lieu de raconter leur histoire dans un environnement 3D qui ferait partie de celle-ci.
Près de deux ans plus tard, je n'ai toujours pas changé d'avis.
Or à mon grand désarroi, certains de mes réalisateurs préférés (Spielberg, Scorsese, Ridley Scott, Baz Luhrmann) se sont récemment mis au 3D ou le font pour 2012; pas que leur film me déplaise, mais j'espère qu'ils n'en feront pas une habitude dictée par les producteurs en manque de gadgets pour attirer les foules au détriment de bonnes histoires.
Les nombreux films en 3D se contentent pour la plupart de vous balancer des objets à la figure en espérant que cette poudre aux yeux vous émerveillent à elle seule. Or ni le parlant, ni la couleur au cinéma ne suffisent pour faire d'un film un grand film; certains films muets de Charlie Chaplin sont là pour nous le rappeler. Pareillement, le 3D à lui seul ne suffit pas à faire un bon film, même en supposant que ses effets soient parfaitement réussis. Quand je me pointe au cinéma, c'est d'abord pour voir un film, pour me faire raconter une histoire, et non pour assister à une démonstration technique, aussi brillante soit-elle.
Dans un article publié en décembre 2011 dans la Presse, on cite d'ailleurs Spielberg au sujet du 3D:
Tintin: Le premier Spielberg en 3D
«La (sic) 3D n'est qu'un outil, précise Steven Spielberg. Ce n'est pas une fin en soi. D'ailleurs, le défi dans ce projet résidait davantage du côté de l'animation que des effets en relief. J'ai volontairement emprunté une approche plus subtile à cet égard afin que le spectateur oublie que le film est en 3D. Une technologie doit être au service d'une histoire, pas le contraire.»
Dans ma critique du premier Spielberg en 3D, j'avais déjà noté la subtilité du réalisateur qui n'a pas abusé du gadget en question, mais ce ne sont pas tous les réalisateurs qui sont aussi intelligents que lui quand vient le temps d'utiliser un des outils du cinéma.
Je suis pourtant un grand fan de la technologie au service du cinéma, et ce depuis mes premiers films au cinéma (les tous premiers à me marquer comme cinéphile étant Empire Strikes back et Raiders of the Lost Ark, deux films technologiquement avancés pour leur époque). Par contre, une fois passé la surprise des premiers effets (c'est le cas de tout cinéphile qui a assisté 10 minutes d'un documentaire IMAX au cours des dernières décennies en ce qui concerne le 3D), le scénario, l'histoire que l'on me raconte, demeure la base première sur laquelle un film est jugé par ce cinéphile-ci.
Hugo: Le premier Scorsese en 3D
Évidemment, certains films sortis en 3D sont également de bons films tout court. Les Aventures de Tintin: le Secret de la Licorne est un excellent exemple récent. Hugo de Martin Scorsese en est un autre, pour demeurer dans la production de 2011. La question que je me pose alors est la suivante: Ces bons films, sortis en 3D, sont-ils aussi bons lorsque visionnés en 2D? Dans la grande majorité des cas, la réponse est oui, d'où mon hésitation à payer 3$ de plus pour les voir en 3D quand ils sont également projetés en 2D. D'ailleurs, j'avais noté, dans ma critique du premier Scorsese en 3D (que j'ai vu en 2D) que certaines scènes avaient l'air tournées spécifiquement pour être visionnées en 3D et que la version 2D en souffrait un peu. Voilà un effet pervers non négligeable du 3D au cinéma; la plupart des visionnement subséquent se feront en DVD, en 2D et des scènes (voir des films entiers) pourraient très mal survivre au 1D de moins...  Et je suis encore moins persuadé de la pertinence du 3D-maison que du 3D-cinéma.
Mais en fait, mes réserves sur le 3D reposent également sur des aspects techniques. Car le 3D, même relativement bien utilisé, a plusieurs faiblesses à mes yeux de cinéphile.
La première est le relatif inconfort des lunettes obligatoires, qui modifient le champs de vision du spectateur, même si elles sont déjà très larges: On regarde le film à travers quelque chose et cet aspect change la manière de voir le film, donc la manière de l'apprécier. C'est minime comme faiblesse, mais quand même.
La seconde faiblesse vient du fait que pour "séparer" l'image, les lunettes ont un effet assombrissant, ce qui nuit à mon appréciation de l'éclairage, des jeux de lumières et des couleurs. Cet effet est probablement compensé en partie au tournage, mais pas complètement, puisque les versions 2D ne souffrent jamais de surluminosité pour autant. Cet aspect sombre des films 3D est déjà plus dérangeant.
La troisième - et la plus importante faiblesse du 3D - c'est sont aspect artificiellement figé. Je m'explique. On vous montre un objet ou un personnage en avant-plan et c'est sur ce sujet qu'est placé le focus - comme dans la vie quand on regarde directement quelqu'un ou quelque chose. L'arrière-plan n'est donc pas au foyer (flou), tout comme dans la vraie vie quand notre regard est fixé sur le sujet. Cependant, contrairement à la vision réelle, le 3D du cinéma décide pour vous du sujet à fixer, et rend flou le reste de la scène; dans la version 2D de la même scène, tout est au foyer (à moins d'effet visuel ou de caméra qui sont volontaires de la part du réalisateur), donc vous avez la liberté de regarder ce que vous voulez dans cette scène, y compris de fixer un instant votre attention sur le décor, sans qu'il n'apparaisse flou. Car dans la vraie vie, en vision réelle, ce décor qui apparaît flou, est en fait dans votre champs de vision, sans précision; vous pouvez à tout instant déplacer votre regard et ce décor deviendra alors au foyer.
Avatar: Une exception (dont les
 qualités 3D dépassaient celles du scénario)
Dans une projection 3D, non seulement on décide pour vous quoi fixer, mais si vous décidez de regarder ailleurs que sur le sujet (le décor, l'arrière-plan, un autre protagoniste de la scène, plus loin), celui-ci demeure hors-foyer (flou), et ce, contrairement à toute expérience réelle dans votre vie. Cet aspect artificiellement figé des scènes de cinéma 3D ne cesse de m'incommoder.
Personnellement, au cinéma, j'aime pouvoir regarder, fixer ou porter mon attention sur n'importe quelle partie d'une scène (ou de l'écran), et ce à n'importe quel moment du film, tout au long de celui-ci. Avec le 3D, on décide du mouvement de mes yeux pour moi et ça limite d'autant mon expérience de cinéphile et mon appréciation des films que je vois dans ces circonstances.
Yoda contre-attaque, et en 3D
Avatar était une exception en ce qui concerne la création d'un univers cinématographique qui prenait son sens visuel avec le 3D, et pour le moment, c'est le seul film que j'ai pu voir qui justifiait réellement l'utilisation du 3D pour son tournage comme sa projection, outre l'aspect gadget de cette technologie. Je n'ai pas vu Star Wars Episode I ni Titanic en 3D mais je doute fort que ces films soient meilleurs avec les limites qu'imposent le 3D au spectateur. Ils seront peut-être amusants à découvrir avec des nouveaux effets - on peut apprécier l'utilisation d'un jouet ou d'un gadget - mais ça n'en fera pas de meilleurs films.
--
* Liste de titres (en plus de ceux cités ci-haut): Prométheus, The Amazing Spierd-Man, The Avengers, Beauty and the beast 3D, Men in Black III, Underworld: Awakening, Halloween 3D, The Texas Chainsaw Massacre 3D, The Hobbit, Ice Age: Continental drift, Madagascar 3, The Great Gatsby...

lundi 9 janvier 2012

Où serez-vous le 26 février 2012?

Pour certains, c'est le Super Bowl, pour d'autres, la finale de la Coupe Stanley (ou les séries, ou n'importe quel match des Canadiens, ou n'importe quel entraînement des Canadiens :-)...
Pour moi, c'est la soirée des Oscars.
Je parle d'un rituel personnel, d'une soirée à ne pas manquer. Je n'ai pas raté beaucoup de soirées d'Oscars depuis 1988 (deux, si j'ai bonne mémoire), et à chaque fois que je l'ai regardé, que le gala ait ou non des bonnes critiques, qu'il soit particulièrement réussi ou non, je passe tout de même une belle soirée.
D'abord, parce que contrairement aux événements sportifs, ce n'est pas (en tout cas pour moi) une question de qui gagne l'Oscar, mais plutôt une question de qui est en lice, de ce que racontent les choix de l'Académie, des divergences que j'ai avec eux et de constater si j'ai bien lu les signes en faisant mes prédictions, exercice que je pratique les années où j'ai vu beaucoup de films en nomination.
Pour le spectateur, c'est évidemment un jeu inutile, qui relève du simple divertissement, comme l'est le Super Bowl pour l'amateur de Football américain. Par contre, l'anticipation de la soirée, qui débute généralement juste après les fêtes de Noël (surtout depuis qu'ils ont ramené le gala fin février plutôt que fin mars), cette anticipation peut être plus intéressante que le jeu du gala, pour qui est réellement un amateur de cinéma. Car nonobstant ce qu'on reprochera à l'académie et son mode de fonctionnement, l'ensemble des nominations fourni habituellement un bassin de films de qualité qui permettent parfois de faire des choix plus éclairés quand vient le temps de décider à quelle production consacrer quelques précieuses heures de visionnement (et quelques dollars).
Pour ce qui est du gala lui-même, le jeu est définitivement plus intéressant à suivre si on participe - c'est-à-dire si on a vu beaucoup des films en lice, ou si on s'est adonné aux prédictions.
Enfin, comme tout autre rituel personnel, les Oscars deviennent également plus intéressants au fil des ans, avec l'expérience, l'habitude, l'anticipation et toutes ces sortes de choses.
Vous aurez donc compris que cette année encore, j'ai l'intention de jouer le jeu des Oscars, et que j'interviendrai sur ce blogue de temps à autres d'ici au 26 février prochain... soirée des Oscars 2012.
En attendant, voici une petite bande-annonce que je trouve déjà très drôle:

dimanche 8 janvier 2012

Les poules de mon grand-père (2)

«Je suis persuadé que beaucoup d'enfants ignorent d'où viennent les oeufs»
- François Croteau, maire de l'arrondissement
Rosemont-La Petite-Patrie
(propos rapportés par La Presse, le 28 juin 2011)
--
Incroyable, comme commentaire, non? Cette déclaration du maire de mon arrondissement a été faite lors de l'annonce du projet pilote de retour des poules à Montréal l'été dernier. On s'est beaucoup moqué des poules urbaines à Montréal, mais l'idée est déjà exploitée ailleurs en Amérique, et avait déjà commencé à faire parler d'elle en 2009.
L'affaire allait également me rappeler les poules de ma jeunesse et nos choix sociaux et environnementaux.
Dans le billet précédent, j'ai commencé cette réflexion sur les choix de chacun en parlant recyclage, dont le Québec est loin d'être un champion. J'ai mentionné le bon exemple de Vancouver, mais le ROC n'est pas nécessairement mieux que le Québec; et du côté américain, malgré leur horrible bilan environnemental, il y a comme ailleurs des idées intéressantes pour qui cherche à améliorer les choses.

Consciences sociales - et le reste de l'Amérique du Nord

Un Canada définitivement plus bleu que "vert".
Le Québec a beau être en retard sur les autres provinces en terme de recyclage domestique, le ROC n'en demeure pas moins coupable d'incohérence encore plus importante. Le résultat des dernières élections fédérales confirme que les canadiens en général ne sont pas réellement préoccupés par l'environnement - contrairement à ce qu'ils répondent lors de sondages qui affirment qu'ils le sont - puisqu'ils ont, pratiquement à eux seuls, élus un gouvernement majoritaire conservateur, un gouvernement particulièrement nocif à l'environnement et à l'évolution des consciences sociales. Ceci peut sembler paradoxal et avait déjà été souligné, dès 2008 par l'avocat spécialisé en environnement Jean Bari. Et les éléments qu'il mentionne sont malheureusement encore plus pertinents depuis l'atteinte d'une majorité conservatrice.
Les contradictions sont également nombreuses chez nos voisins du sud. Le pays de la surconsommation et du gaspillage est lui aussi ardent défenseur des pollueurs et saboteurs des rencontres internationales sur les changements climatiques et les politiques environnementales. Autrement dit, même si la majorité des américains se comportent électoralement de manière aussi irresponsable que les canadiens du ROC, une minorité de citoyen et quelques municipalités font bien mieux. C'est le cas de ce newyorkais qui a décidé de réduire à zéro son emprunte écologique. No impact man a relaté son expérience sur un blogue, en a fait un livre, duquel a été tiré un film (livre et film n'ont pas été sans impact, évidemment). Sans aller dans ces extrêmes individuels (mais qui donnent par contre un exemple des gestes possibles), des villes comme San-Francisco nous montrent comment les choses peuvent être réalisées si on pense autrement et si on a une réelle volonté politique (voir aussi l'exemple des sacs de plastiques bannis de Los Angeles). Nous sommes très loin de ça ici.

Cohérence personnelle et industrialisation de la chaire animale
Après le recyclage (qui me semble intégré à ma vie depuis au moins deux décennies), on peut commercer équitable ou non, manger biologique ou non. À chacun ses choix, une fois de plus. Dans le cas du bio, on considère souvent que c'est un choix strictement personnel, mais éventuellement, il devient également un choix social puisqu'il s'appui sur des techniques de production plus respectueuses de l'environnement et de la santé humaine (par l'interdiction de pesticides, fertilisants et semences génétiquement modifiées, par exemple).
Il convient donc de regarder en avant si on veut avoir une idée de comment s'améliorer, ou à tout le moins comment réduire notre impact environnemental en général. Quelques guides existent déjà, comme celui de Greenpeace au Québec ou le guide Ulysse Beau/Belle et Écolo pour Montréal.
Les évidences sont relativement faciles à mettre en usage, ce qui est souvent également le cas des conseils comme l'achat local ou auprès de petites entreprises (ce qui revient souvent au même). Parfois, ça rend les choix difficiles (produit équitable vendu par grand producteur ou produit non certifié équitable vendu par PME locale?), mais le plus souvent, c'est une affaire qui vaut les trois secondes supplémentaires passées devant l'étagère à l'épicerie ou au marché. Même chose pour l'achat local (ou l'élevage local, bien que le retour des poules urbaines à Montréal ait été l'objet de moqueries).
Mais la plupart de ces guides ne vont pas plus loin que les conseils pratiques pour réduire son empreinte et n'abordent pas des sujets plus difficiles (et souvent plus personnels) comme celui de la consommation de la viande ou des conditions d'élevage ou de production de certains aliments. Or il a déjà un moment que je tente d'opter pour le commerce équitable quand la certification existe puisque mes voyages dans les pays du tiers-monde m'ont fait voir l'importance de ce genre de choix sur les autres habitants de la planète. Il serait bien incohérent d'écrire des reportages dénonçant parfois les conditions dans ces pays d'une part, et d'acheter des produits qui exploitent ces populations d'autre part. Il est toutefois plus ardu de faire les bons choix en l'absence de certification disponible. La même observation s'applique à mon suivi de dossiers de coopération internationale.
L'étape suivante relève donc de mes choix alimentaires. Je n'ai jamais été contre la consommation de viande en général, même si personnellement, j'en consomme très peu (et très rarement). En adoptant ma consommation personnelle, la planète pourrait revenir complètement à l'élevage traditionnel au sens où mon grand-père le faisait sur sa ferme, et comme plusieurs personnes imaginent encore que les choses se produisent. Malheureusement, avec la consommation de masse, l'urbanisation, mais surtout la productivité et la rentabilité exigée de tous, les petits producteurs ont depuis longtemps disparu de nos campagnes pour laisser place à l'industrialisation de la production. Dans le cas de la chaire animale, aujourd'hui, la très grande majorité de la viande consommée dans le monde est produite par des multinationales gigantesque dont le bien-être des animaux est certainement le dernier des soucis. On parle d'une chaîne de production de gavage à l'abattage où l'entre deux (la vie des animaux) se déroule le plus souvent dans un espace à peine assez grand pour remuer et le plus souvent sans jamais voir l'extérieur de "l'usine". La réalisation de ces changements fut assez forte pour me faire changer mes habitudes drastiquement par le passé, ce qui explique qu'aujourd'hui, je ne consomme à peu près pas de viande ni volailles.

Vos poules courent-elles en toute liberté?
Pour le reste, je suis encore très loin du végétalisme, puisque je consomme toujours des produits animaux, comme le lait, les oeufs, le yogourt, le fromage, etc. Le Devoir de Philo du 17 décembre dernier m'a fait apprendre la différence entre les welfaristes et les abolitionnistes, et ma foi, j'ai réalisé que j'étais, au fond, un welfariste qui s'ignorait - puisque pour moi, c’est le refus de toute souffrance inutile qui prime.(Par opposition, les abolitionnistes militent pour des droits des animaux équivalents aux droits humains, une belle lutte, mais je préfère encore militer pour le respect des droits humains partout sur la planète avant de m'attaquer à ce problème).
Depuis cette réalisation, mes oeufs proviennent de poules en liberté (relative). Ainsi, à chaque achat d'oeufs, je me souviens de mon enfance, quand mon grand-père élevaient des poulets libres dans son grand poulailler, et qu'il avait aussi des pondeuses (également libres dans la grange, où elles pondaient dans des nids qu'elles avaient fait à travers les balles de foin). Je me souviens également avoir mangé des oeufs de canes, que mon grand-père ramassait dans les mêmes conditions - les canes et canards se baladant sur la terre en toute liberté. Un oncle du côté de ma mère a longtemps eu une ferme laitière, et je me souviens qu'à cette époque, nous avions encore du lait en bouteille de verre (des pintes), que nous réutilisions, en provenance de chez lui.
Cette manière d'élever des animaux, même dans le but de se nourrir de viande et de divers produits dérivés - ce que je ne condamne pas -, n'existe malheureusement plus aujourd'hui. la plupart des grands consommateurs de viande (la plupart des consommateurs de l'Amérique du nord) vous diront toujours qu'il faut bien se nourrir, que l'homme à toujours mangé de la viande, et que leurs père ou leur grand-père élevait même le bétail sur la ferme familiale. Sauf qu'ils semblent ignorer (volontairement ou non) que ce qui était encore vrai dans les années 70 n'est plus vrai depuis quelques décennies déjà.
À ce sujet, les conclusions de plusieurs observateurs de l'industrie transnationale qu'est devenu la "ferme d'élevage" ne sont d'ailleurs pas très réjouissantes:
"Au cours des dernières années, l'industrie de l'élevage a été affectée par une énorme vague de concentration, et le clonage, le transfert de gènes et autres technologies émergentes, en particulier l'évolution des droits de propriétés, vont probablement encore accélérer cette concentration. Ces développements ne vont pas dans l'intérêt du public et ne feront qu'exacerber les problèmes associés aux races à haute performance, à la production industrielle et aux vastes sommes d'argent public dépensées pour combattre les maladies animales, et aggraver la pollution de l'environnement, les maladies humaines liées au régime alimentaire et la question du bien-être animal."
- Susanne Gura, "Le monde de l'élevage aux mains des multinationales", janvier 2008.
Pour ma part, il m'apparaît évident que toutes ces dérives sont apparues à partir du moment où des entreprises cotées en bourse ont pris le contrôle de la production, à partir du moment où le petit producteur a été tassé au profit du gros joueur "plus efficace en plus rentable".

Un retour aux sources
Elle est peut-être loin l'époque de mon enfance, mais certains de mes choix d'aujourd'hui m'en rapprochent parfois. Je ne dis pas ça par simple nostalgie du bon vieux temps, comme j'ai tenté de l'expliquer ci-haut.
Parce qu'au fond, à l'époque des poules de mon grand-père, nous étions welfaristes. Sans le savoir, bien entendu, mais dans ce temps-là, même s'il s'agissait de leur gagne-pain, les éleveurs qu'étaient mes oncles et mon grand-père ne visaient pas à faire fortune, en tout cas pas au sens des producteurs cotés en bourse, qui opèrent de véritables usines à viande d'aujourd'hui. Qui sait si le retour des poules urbaines ne marque pas un premier pas vers un retour à des sources plus respectueuses des autres êtres vivants avec qui nous partageons cette planète, et du même élan, plus respectueuses pour l'environnement et pour la santé humaine?
--

samedi 7 janvier 2012

Les poules de mon grand-père (1)

"Évitez les OGM. Compostez. Réduisez votre consommation. Fermez les robinets. N’oubliez pas vos sacs réutilisables. Baissez votre thermostat. Achetez des ampoules fluocompactes. Mangez moins de viande. Achetez du café et du chocolat équitables. Favorisez les petites entreprises. Achetez du poisson issu de la pêche durable…"
- Ève Dumas, les granos urbaines, 14 juillet 2010.

Un souvenir
Cette citation tirée d'un blogue populaire illustre bien les enjeux auxquels nous faisons face à titre de consommateur; même les consommateurs qui consomment peu (comme je tente de le faire) consomment tout de même un minimum, afin d'assurer leur survie. Le nerf de la guerre devient souvent la consommation de nourriture. Selon vos choix de vie, vos orientations philosophiques ou spirituelles, ou encore votre simple conscience sociale, vous êtes devant ces choix. Ne pas faire de choix est déjà faire un choix, en ce domaine, puisque le marché décidera pour vous si vous ne le faites pas.
Wilfrid Morin *, nourrissant cochons et
poules, sur sa ferme, au milieu des années 40.
Le présent billet m'a été inspiré d'un souvenir qui m'est revenu à l'esprit après avoir lu un article dans une série philosophie publiée dans Le Devoir. Ce souvenir, c'est celui des poulets de mon grand-père. À sa retraite, mon grand-père élevait cinquante poulets par été, pour fournir de la volaille à sa famille, celle de mon oncle et la famille de mon père. Ces poulets étaient en liberté dans un grand poulailler qu'il avait érigé sur la terre de mon oncle. À chaque automne, une partie de la famille se rassemblait pour la corvée de l'abattage et du nettoyage. Il y avait donc là élevage pour se nourrir, clairement, mais les poulets étaient élevés avec une moulée de qualité, et ils n'étaient ni maltraités par mon grand-père, ni emprisonnés dans des cages ou des cageots. Ils étaient certes élevés pour nous nourrir, mais pendant leur vie, au moins, ces poulets ne souffraient pas du tout et avaient de l'eau fraîche et de la nourriture de qualité (sans gavage, évidemment; ils mangeaient à leur faim, naturellement).
Ce souvenir, jumelé à l'article du Devoir m'a fait réaliser à quel point le monde à changé depuis; changé rapidement, et surtout sans que la plupart des gens ne s'en rendent compte.

Consciences sociales - le Québec... moyen
Côté choix sociaux, j'avoue que je ne suis pas toujours parfaitement cohérent, même si je fais des efforts, mais je dois aussi reconnaître que je m'améliore au fil des ans, ce qui est déjà ça de pris. Car il y a du chemin à faire pour parvenir à un meilleur respect de la planète, de notre environnement ainsi que des individus qui l'habitent, qu'ils aient deux ou plusieurs pattes. Et, bien entendu, ce ne sont pas tous les humains qui sont rendus au même point dans cette... évolution.
Les premiers pas se font souvent au niveau du recyclage (de la collecte sélective des déchets en général). Pour ma part, je suis toujours sidéré d'apprendre que certaines personnes ne recyclent toujours pas et disposent de tous leurs déchets vers les sites d'enfouissement. Une enquête de La Presse publiée le 7 janvier  montre à quel point le Québec est en retard sur les objectifs qu'il s'est fixé en terme de recyclage. J'avoue trouver ça assez pathétique puisque la collecte sélective est offerte par la très grande majorité des municipalités (sinon toutes). Même s'il est difficile d'avoir des chiffres précis (ou représentatifs, voir cet autre article de La Presse), Montréal a un taux de 24%...! Laval de 21%!? Seulement? Avec un effort presque nul (déposer le truc en plastique ou en verre dans un bac plutôt que l'autre), je récupère au moins 75 à 80% des matières dont je dispose! Il semble donc qu'en matière de recyclage, il faudra en venir à forcer les gens à récupérer, comme on le fait déjà pour les entreprises, qui doivent respecter une liste de matières à recycler faute de quoi des pénalités sont imposées. Il y en a qui ne comprennent que si ça leur coûte de l'argent, faut croire.

Pour ces gens, dont la conscience sociale en matière d'environnement semble basse (sinon inexistante), on est loin des robinets fermés ou de sacs réutilisables. D'ailleurs, on voit couramment, même dans des quartiers plus granos-écolos de Montréal, des gens qui utilisent encore 5 ou 6 sacs de plastiques à l'épicerie, pour transporter quelques denrées qui pourraient facilement tenir dans 2 sacs (en supposant qu'ils n'aient pas de sacs réutilisables). Et il n'est toujours pas rare de voir un quidam demander un sac au dépanneur du coin pour un item léger... ou qui est vendu déjà emballé.
Je me souviens qu'à mon arrivée à Vancouver, en 2001, la ville offrait déjà une collecte des déchets compostables, en plus du recyclage du papier, du métal, du verre et du plastique. Dix ans plus tard, en 2011, la ville de Montréal a débuté un projet-pilote de bac brun (compostage) qui s'ajoute aux bacs verts (recyclage) dans mon arrondissement, mais ce projet ne touche malheureusement pas mon quartier pour le moment. Concernant le simple recyclage "traditionnel", le Québec n'est d'ailleurs toujours pas en avance sur les autres provinces en simples termes d'accès et de participation aux programmes en place, selon une étude de Statistiques Canada.

De l'élasticité des consciences sociales
Recycler ou non, la question se pose malheureusement, car nous sommes dans une société non contraignante à ce sujet, et qui évolue par l'exemple et la conscientisation. Pour ma part, ce choix me paraît évident et ne force personne à se priver de quoi que se soit; le recyclage du papier, du plastique, du verre et du métal ne demande qu'un minimum d'effort (penser de disposer dans un bac plutôt qu'un autre) et ne coûte rien de plus au consommateur.
Pour d'autres, ce simple geste semble déjà hors de portée de leur conscience sociale.
--
Qu'est-ce que tout ça a à voir avec les poules de mon grand-père? Je vous invite à lire la suite dans le billet subséquent pour suivre ma réflexion.
--
* Je n'ai malheureusement pas de photos de mon grand-père et son poulailler de ma jeunesse, mais j'ai retracé des photos de lui sur sa ferme, entre 1940 et 1946.

jeudi 5 janvier 2012

Les Aventures de Tintin: Le Secret de la Licorne

Si je ne me suis pas précipité sur Les aventures de Tintin de Steven Spielberg dès sa sortie, c'est surtout pour éviter les files d'attente et les salles trop pleines. J'ai plutôt profité d'une projection en fin d'après-midi pendant le congé des fêtes pour aller voir ce premier véritable film adapté des BD d'Hergé et mettant en vedette le héros de mon enfance.
Attendez une minute, est-ce que j'ai dit premier véritable film adapté? Oui. Oh, il y a bien eu plusieurs adaptations en dessins animés, mais c'était pour la télé, et on parle de court ou moyen métrage, définitivement pas de long métrage. Il y également eu les deux films avec des vrais acteurs sortis dans les années 60. Tintin et le mystère de la Toison d'Or et Tintin et les oranges bleues étaient des films sympathiques et amusants pour leur temps, mais on ne parle pas ici d'adapter une histoire de Tintin, puisque ni ces deux films, ni le long métrage animé Tintin et le Lac aux requins, n'était adapté d'une aventure écrite et dessinée par Hergé. Les Aventures de Tintin - Le Secret de la Licorne est donc le premier véritable film adapté des BD d'Hergé à mettre en scène son petit reporter.
Tintin et les édifices belges
Ce film allait aussi être une exception culturelle importante, puisque je l'ai vu en version doublée (en français). Je déteste habituellement la postsynchronisation - préférant toujours les sous-titres en cas de non-compréhension de la langue originale du film pour éviter le décalage culturel. Par contre, dans le cas de Tintin, dont les livres originaux sont en français, c'est l'adaptation anglaise avec les noms de personnages comme Snowy (Milou) ou les Thompson (Dupondt) qui me semblait souffrir de décalage culturel. Comme il s'agissait d'animation, le mouvement des lèvres n'allait donc pas poser de problème particulier. Enfin, le doublage étant en français international, il rejoint totalement le niveau de langage des livres de Hergé.
En terme d'histoire, Spielberg a fait adapter l'essentiel de l'intrigue du Secret de la Licorne (et une partie du Trésor de Rackham le Rouge) en intégrant un passage tiré du Crabe aux pinces d'or. Il en résulte un scénario dense et bien ficelé, rempli d'action et d'humour, et qui met en vedette les premiers personnages importants de la série; à savoir Tintin et Milou, mais aussi le Capitaine Haddock et les Dupondts. Les puristes s'attarderont à dénicher les coupures ou les modifications aux histoires d'origine, les ajouts et autres détails, mais pour ma part, j'ai trouvé ce scénario impeccable; l'intégration des éléments du Crabe permet au scénariste de mettre en scène la rencontre de Tintin et Haddock, et permet également un des plus beaux enchaînement de scène entre le désert où nos héros atterrissent et la Mer des Caraïbes où se sont affrontés le Chevalier François de Hadoque et Rackham le Rouge.
Du côté réalisation, Spielberg s'offre des plans et des mouvements de caméra particulièrement intéressants et joue brillamment avec les éclairages et les contre-jour. Il a su, pour cette première tentative, ne pas abuser du 3D, au grand bonheur de ce cinéphile-ci, qui n'est pas un grand fan de ce gadget qu'est le 3D au cinéma. Ses effets sont donc justifiés par l'action, et sinon, ils sont subtils, voire absents, si l'intrigue ne demande pas de les mettre de l'avant.
Je ne suis pas non plus un fan de la technique de capture de mouvement, mais à ma grande surprise, j'ai trouvé que si un film méritait d'être réalisé avec cette technique, c'était bien Les Aventures de Tintin. On dit que c'est Peter Jackson qui a convaincu Spielberg d'utiliser cette méthode plutôt que des acteurs en action réelle, il a vu juste; l'effet très bédéesque qui en découle se marie parfaitement avec le style de dessins d'Hergé. Visuellement, on a donc l'impression de réellement voir ces personnages qui sont autrement plus difficiles à interpréter en chair et en os, vu leur origine de "ligne claire" typique d'Hergé.
Jeune Tintin, par Hergé
J'ai quand même deux bémols au sujet des personnages; le Tintin de Spielberg m'a semblé beaucoup plus jeune que celui d'Hergé, plus jeune que je ne me l'imagine à la lecture du Secret de la Licorne, en tout cas. On pense plutôt au Tintin des Soviets ou du Congo. Sinon, quelques personnages m'ont semblé plus "grassouillets" que dans la BD en 2D, comme les Dupondts, mais j'imagine que chacun "voit" ces personnages à sa manière et que mon oeil diffère simplement de celui de Spielberg et Jackson. L'affaire ne m'a pas empêché d'apprécier pleinement ce premier film et je soulignerai même que le Haddock de ce film est absolument saisissant.
Dupondts gras et jeune Tintin, par Spielberg
Quand au film lui-même, mon seul autre bémol concerne l'anglicisation inutile du décor et des accessoires. Bien que le film ait été tourné en anglais, il n'aurait pas été inapproprié de situer clairement les origines de Tintin en Belgique, avec des imprimés sur les édifices, ou encore les titres de journaux (ou les parchemins laissés par François de Hadoque) en français. C'est particulièrement vrai pour les articles du journal "Le Petit Vingtième" - autrement un joli clin d'oeil -, mais dont on voit une édition anglaise. Je dirais même (plus) que ça aurait ajouté un élément exotique à la version originale sans donner l'impression aux francophones que l'on avait transposé l'intrigue d'Hergé en Angleterre (surtout que dans le cas des édifices, l'architecture est typiquement bruxelloise, en scène d'ouverture, et pas du tout anglaise. La même observation vaut pour les scènes marocaines, par exemple, puisqu'outre l'arabe, c'est le français et non l'anglais que l'on retrouve dans l'espace public marocain).
Les Aventures de Tintin n'est pas nécessairement le plus grand film de l'année, mais en terme de divertissement, et en terme de respect de l'esprit de l'oeuvre d'Hergé, je n'aurais pas pu demander mieux. Spielberg est visiblement un fan de Tintin et ses nombreux clins d'oeil à l'oeuvre d'Hergé font plaisir à voir et s'intègrent subtilement dans le film; le générique est à lui seul un vibrant hommage, on voit plusieurs personnages secondaires en portrait au marché, les coupures de presses relatent les aventures précédentes de Tintin, etc. Mais c'est l'hommage à Hergé lui-même, qui apparaît en "personne" dans le film et fait le portrait du Héros (en 2D) qui souligne tout le respect que le réalisateur a voulu montrer envers le créateur de Tintin. En tant que fan de Tintin, je suis donc très heureux du résultat de ce film, et en tant que cinéphile, je le recommande sans hésitation.
--

mardi 3 janvier 2012

Bonne année 2012

Si je vous parle de souhaits de Bonne année en ce premier billet de 2012, ce n'est pas seulement pour répandre des souhaits personnels, mais plutôt pour apporter un court billet de réflexion sur le Jour de l'an et les souhaits conséquents que j'ai pu vivre virtuellement cette année.
J'avais parlé, il y a presque deux ans déjà, de quelques petits événements virtuels alors que je me trouvais dans l'ouest du Guatemala. Or le 31 décembre dernier, de même que le 1ier janvier, j'allais revivre ce genre d'expérience, d'où cette petite réflexion. Je ne suis pas un fan de téléphone, et encore moins de téléphone "intelligent" (et je déteste cette expression ridicule), alors malgré mes affinités avec la technologie, les expériences virtuelles demeures restreintes. En réalité, elle demeurent restreintes à des occasions où elles m'apparaissent utiles et non simplement un gadget ou une perte de temps supplémentaire. Ce n'est évidemment pas la première fois que j'assiste ou que je communique avec des gens via la vidéo ou des logiciels comme Skype, mais la chose dépasse rarement l'anecdotique alors je n'en parle pas sur ce blogue.
Par contre, ce premier janvier, mes amis de la famille Nadeau allaient se souhaiter la Bonne Année virtuellement, puisque quelques membres étaient au Lac-St-Jean, d'autres à Chibougamau, Suze était à Montréal et Esteban en Argentine. Et malgré des problèmes techniques inhérents à ce genre d'expérience, à un moment, la vidéo-conférence permettait de voir tous les participants simultanément, même si l'un d'eux avaient encore des problèmes sonores (qu'il compensait en utilisant un téléphone).
Sans vouloir en faire une habitude, ni prétendre que ces rencontres virtuelles peuvent remplacer des véritables rencontres, il ne reste pas moins pratique, dans les circonstances, de pouvoir au moins remplacer une absence réelle par une présence virtuelle. J'ai, réellement, eu l'impression de participer à cette réunion de famille, aussi virtuelle fut-elle. Et j'aurai le souvenir d'avoir célébré la nouvelle année avec eux, malgré l'éloignement.
Ce n'est donc peut-être pas la voie du futur (pas sur une base régulière en ce qui me concerne), mais au moins, c'est une voie intéressante qui vient nous rapprocher même quand nous sommes physiquement éloignés. Car les sentiments, eux, ne sont jamais virtuels.
C'est donc virtuellement, mais sincèrement, que l'Esprit Vagabond vous souhaite une Bonne Année 2012.
--