Titanic 3D: Le bateau ne coulera pas plus profond |
Or comme je le mentionnais dans ma récente critique du film Les Aventures de Tintin de Spielberg, le 3D au cinéma n'est pas ma tasse de thé.
En Mars 2010, je disais déjà (dans le cadre d'un billet pré-soirée d'Oscars):
Avatar explore réellement ce que doit être un film en 3D alors que tous les autres films que j'ai pu voir en 3D s'amusent avec les effets visuels au lieu de raconter leur histoire dans un environnement 3D qui ferait partie de celle-ci.
Près de deux ans plus tard, je n'ai toujours pas changé d'avis.
Or à mon grand désarroi, certains de mes réalisateurs préférés (Spielberg, Scorsese, Ridley Scott, Baz Luhrmann) se sont récemment mis au 3D ou le font pour 2012; pas que leur film me déplaise, mais j'espère qu'ils n'en feront pas une habitude dictée par les producteurs en manque de gadgets pour attirer les foules au détriment de bonnes histoires.
Les nombreux films en 3D se contentent pour la plupart de vous balancer des objets à la figure en espérant que cette poudre aux yeux vous émerveillent à elle seule. Or ni le parlant, ni la couleur au cinéma ne suffisent pour faire d'un film un grand film; certains films muets de Charlie Chaplin sont là pour nous le rappeler. Pareillement, le 3D à lui seul ne suffit pas à faire un bon film, même en supposant que ses effets soient parfaitement réussis. Quand je me pointe au cinéma, c'est d'abord pour voir un film, pour me faire raconter une histoire, et non pour assister à une démonstration technique, aussi brillante soit-elle.
Dans un article publié en décembre 2011 dans la Presse, on cite d'ailleurs Spielberg au sujet du 3D:
Tintin: Le premier Spielberg en 3D |
Dans ma critique du premier Spielberg en 3D, j'avais déjà noté la subtilité du réalisateur qui n'a pas abusé du gadget en question, mais ce ne sont pas tous les réalisateurs qui sont aussi intelligents que lui quand vient le temps d'utiliser un des outils du cinéma.
Je suis pourtant un grand fan de la technologie au service du cinéma, et ce depuis mes premiers films au cinéma (les tous premiers à me marquer comme cinéphile étant Empire Strikes back et Raiders of the Lost Ark, deux films technologiquement avancés pour leur époque). Par contre, une fois passé la surprise des premiers effets (c'est le cas de tout cinéphile qui a assisté 10 minutes d'un documentaire IMAX au cours des dernières décennies en ce qui concerne le 3D), le scénario, l'histoire que l'on me raconte, demeure la base première sur laquelle un film est jugé par ce cinéphile-ci.
Hugo: Le premier Scorsese en 3D |
Mais en fait, mes réserves sur le 3D reposent également sur des aspects techniques. Car le 3D, même relativement bien utilisé, a plusieurs faiblesses à mes yeux de cinéphile.
La première est le relatif inconfort des lunettes obligatoires, qui modifient le champs de vision du spectateur, même si elles sont déjà très larges: On regarde le film à travers quelque chose et cet aspect change la manière de voir le film, donc la manière de l'apprécier. C'est minime comme faiblesse, mais quand même.
La seconde faiblesse vient du fait que pour "séparer" l'image, les lunettes ont un effet assombrissant, ce qui nuit à mon appréciation de l'éclairage, des jeux de lumières et des couleurs. Cet effet est probablement compensé en partie au tournage, mais pas complètement, puisque les versions 2D ne souffrent jamais de surluminosité pour autant. Cet aspect sombre des films 3D est déjà plus dérangeant.
La troisième - et la plus importante faiblesse du 3D - c'est sont aspect artificiellement figé. Je m'explique. On vous montre un objet ou un personnage en avant-plan et c'est sur ce sujet qu'est placé le focus - comme dans la vie quand on regarde directement quelqu'un ou quelque chose. L'arrière-plan n'est donc pas au foyer (flou), tout comme dans la vraie vie quand notre regard est fixé sur le sujet. Cependant, contrairement à la vision réelle, le 3D du cinéma décide pour vous du sujet à fixer, et rend flou le reste de la scène; dans la version 2D de la même scène, tout est au foyer (à moins d'effet visuel ou de caméra qui sont volontaires de la part du réalisateur), donc vous avez la liberté de regarder ce que vous voulez dans cette scène, y compris de fixer un instant votre attention sur le décor, sans qu'il n'apparaisse flou. Car dans la vraie vie, en vision réelle, ce décor qui apparaît flou, est en fait dans votre champs de vision, sans précision; vous pouvez à tout instant déplacer votre regard et ce décor deviendra alors au foyer.
Avatar: Une exception (dont les qualités 3D dépassaient celles du scénario) |
Personnellement, au cinéma, j'aime pouvoir regarder, fixer ou porter mon attention sur n'importe quelle partie d'une scène (ou de l'écran), et ce à n'importe quel moment du film, tout au long de celui-ci. Avec le 3D, on décide du mouvement de mes yeux pour moi et ça limite d'autant mon expérience de cinéphile et mon appréciation des films que je vois dans ces circonstances.
Yoda contre-attaque, et en 3D |
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* Liste de titres (en plus de ceux cités ci-haut): Prométheus, The Amazing Spierd-Man, The Avengers, Beauty and the beast 3D, Men in Black III, Underworld: Awakening, Halloween 3D, The Texas Chainsaw Massacre 3D, The Hobbit, Ice Age: Continental drift, Madagascar 3, The Great Gatsby...
Je suis totalement d'accord avec toi au sujet du 3D, pas nécessaire, mais quelques très beaux produits. Dont, définitivement, Avatar. Récemment, j'ai vu la bande-annonce de Titanic... et c'était franchement mauvais. On aurait dit que les personnages étaient découpés et mis à l'avant-plan. :-/. Mais j'ai bien apprécié Tintin. En fait, le 3d me plait surtout en animation.
RépondreSupprimerPour Titanic, les personnages auront définitivement un air plus "découpé" que si le film avait réellement été tourné en 3D (avec deux caméras ou une double-caméra); puisque la séparation des deux images est artificiellement effectuée 15 ans plus tard... Et effectivement, le 3D, avec ses qualités et ses défauts, est plus facile à visionner en animation, puisqu'il y a déjà un décalage entre le réel et ce que l'on voit à l'écran.
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