lundi 6 décembre 2010

Jouer au sauveteur, trinquer avec les agents et déguster une caldoza à Playas del Este

Lors de la conclusion du billet précédent, qui faisait la narration de notre aventure de La Havane vers Guanabo à Playas del Este, nous venions d'atteindre la plage et la Mer des Caraïbes.
Quelques minutes plus tard, après avoir pris quelques photos de l'endroit, je plaçais mes affaires dans mon sac de jour et entrais lentement dans la mer. Même pas une minute n'allait s'écouler avant que mon attention ne soit attirée par les cris d'une femme à environ 200 m de la plage; elle se débattait un peu mais j'ai d'abord cru à une sorte de blague qu'elle devait faire à ses copains, genre "ha, mon dieu, y'a un requin"... Mais un regard attentif sur la plage me révélait qu'il n'y avait personne à part Esteban, Arsenio et moi dans les environ. J'ai donc accéléré vers la dame, mais il y a peu profond d'eau dans l'anse qui forme les environs de la plage; j'avais environ 125 m de parcouru et j'avais à peine de l'eau à la taille. Je ne lâchais pas de vue la femme, qui se débattait pour de vrai, alors j'ai plongé et nagé vers elle, Esteban derrière moi.
Arrivé à sa hauteur, j'ai constaté que nous n'avions plus pied et qu'elle ne devait pas savoir nager. Elle était énervée et se débattait mais avait vu notre progression et n'était pas en mode panique incontrôlable. Avec Esteban qui arrivait juste derrière moi, nous l'avons pris chacun par un bras pour lui maintenir la tête hors de l'eau sans qu'elle n'ait à faire des efforts. Je lui parlais pour la calmer et qu'elle respire plus lentement. Nous l'avons lentement ramené vers le bord, et à mi-chemin, je lui indiqué qu'elle avait pied et qu'elle pouvait marcher, même si nous allions la soutenir jusqu'à la plage. Deux minutes plus tard, soulagée, elle était de retour sur le sable sec. L'ensemble de sa mésaventure avait duré quelques minutes à peine, mais elle avait l'air un peu secouée.
Après s'être assuré qu'elle allait bien, nous l'avons laissée se reposer et nous sommes revenus dans l'eau. J'ai avancé et constaté que si l'eau était peu profonde pendant une bonne distance, après environ 150 m, le changement s'accélérait et on n'avait plus pied assez rapidement passé cette distance. Elle avait dû dériver un peu plus que prévu.
Après notre baignade, nous allions apercevoir que ses copines venaient d'arriver et elle leur avait tout raconter. Quelques unes sont venues nous remercier de l'avoir sauvée, et elle s'est fait prendre en photo avec nous sur la plage en souvenir de sa mésaventure; le choc initial passé, elle en riait maintenant et m'expliqua qu'elle s'était simplement laissé flotté à la dérive sans réaliser la distance parcourue et qu'effectivement, elle ne savait pas nager et avait paniqué en réalisant qu'elle n'avait plus pied.
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La plage de Guanabo était quasi déserte, autrement. Nous avons donc essentiellement exploré les berges et les environs, et j'en ai profité pour prendre quelques photos, dont un vieux quai particulièrement photogénique qui servait de base à quelques pêcheurs à la ligne.
Après s'être informé à une dame demeurant sur la seule rue de ce secteur de Playas del Este, nous avons entrepris une marche en direction du village et des plages suivantes; nous devions, je le rappelle, nous trouver un moyen de transport de retour avant la soirée, puisque nous n'avions pas réellement d'alternative au transport emprunté à l'aller.
En route, une rue du village, envahie par une immense étendue d'eau, allait me fournir une belle prise de vue pour ma collection de photos. Puis, découvrant une rue en direction de la mer, nous avons trouvé la seconde plage, et décidé de longer le bord de l'eau pour remonter vers le centre de Guanabo.
À un moment, un groupe de cubains festoyant sur la plage nous a intercepté pour nous montrer la caldoza qu'ils étaient en train de préparer. Ils nous ont invité à nous joindre à eux pour fêter leur graduation; il s'agissait d'un groupe d'étudiants de La Havane qui venaient de devenir agents en sécurité et protection et qui célébraient donc la fin de leurs études. La caldoza était "presque" prête au moment de nous joindre à eux, mais évidemment, le mot presque est difficile à définir avec précision quand on parle de l'Amérique latine. Nous avons donc passé les deux heures suivantes en leur compagnie, partageant également quelques verres de rhum blanc avec notre joyeux groupe.
L'expérience fut particulièrement intéressante du point de vue échange culturel, puisqu'Esteban ne comprend pas parfaitement l'espagnol (surtout avec l'accent cubain), Arsenio ne le parle pas du tout (ni l'anglais d'ailleurs) et que seuls quelques-uns de nos locaux connaissaient des rudiments d'anglais (et aucun le français). Nos conversations étaient donc un joyeux mélange d'anglais, d'espagnol et de spanglish, ponctuées de gorgées de rhum et de traductions approximatives en une de ces langues ou en français. Si la plus vieille des dames présente a tenté de m'entreprendre, j'ai commis un petit mensonge innocent; avec ma bague argentée achetée chez François Ier à Amboise, j'ai prétendu être marié... Elle s'est rapidement intéressé à Arsenio! Hehehe. Nous avons profité de l'ignorance de ce dernier de la langue locale pour informer nos nouveaux amis du fait qu'il était marié seulement quelques heures plus tard... Une des plus jeunes filles, par contre, semblait ravie qu'Esteban soit célibataire et en a profité pour se faire prendre en photo avec lui à quelques reprises.
Pendant ce temps, la caldoza était en train de mijoter dans un grand tonneau de métal assis sur un feu de bois sur la plage. À un moment, j'ai vu quelques-uns de nos amis fouiller dans le bouillon pour en extraire une tête de porc. Ils s'installèrent sur une planche et entreprirent de séparer le viande et le gras de l'os, avant de remettre le tout - viande, gras et os du crâne, dans le tonneau pour poursuivre la cuisson.
Après quelques heures de conversations parsemées de nombreuses séances de photos par nos nouveaux amis fort enthousiastes, j'ai évoqué le besoin de quitter les lieux; nous ne savions toujours pas par quel moyen nous rentrions à La Havane, et je voulais nous trouver un transport avant le coucher du soleil. La caldoza étant prête, nous avons donc tous été servis - certains dans des petits verres en plastique, d'autres, comme nous, dans un bol.
Si le bouillon de ce met typique s'est avéré assez goûteux et plutôt bon, j'avoue que la viande (rare) et le gras ne m'attiraient pas plus qu'il ne le faut. Il faut dire que sans être végétarien officiellement, je mange relativement peu de viande et ma diète est plutôt faible en gras. Heureusement, Arsenio avait faim et n'avait ni peur d'essayer un met lui rappelant sa jeunesse sur une ferme, ni peur de tenter une expérience nouvelle et inédite. (Je n'allais l'informer de la nature et la provenance de la viande en question qu'un peu plus tard, hehe). Finalement, après ce moment agréable et très amusant avec notre joyeuses bande, nous avons pris congé pour remonter vers le centre du village.
Nous y avons finalement déniché des autobus et des taxis, et opté pour cette dernière solution; à trois, la retour n'allait pas nous ruiner (8 pesos chacun) et nous prendrions 35 minutes pour effectuer au retour vers Miramar un trajet que nous avions mis 4h15 à faire à l'aller avec d'autres moyens de transport.
Je mentionnais dans un billet précédent qu'il n'y a rien comme le voyage en indépendant pour vivre des aventures et expériences intéressantes et différentes; cette véritable expédition doublée d'une journée d'aventures mémorables à Playas del Este allait en devenir un parfait exemple; on n'aurait pas pu être plus éloigné de l'expérience de tout inclus que vivaient les 176 autres passagers ayant partagé notre avion quelques jours plus tôt. À chacun son trip; pour ma part, je n'aurais échangé cette journée d'aventures pour aucun séjour dans un hôtel 5 étoiles bien à l'abri dans un resort.
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Photos: 1 et 2. Guanabo, à Playas del Este. 3. Quai de Guanabo Viejo. 4. Dans le village de Guanabo. 5. À l'avant-plan: Irina, Esteban (au rhum blanc) et Arsenio (dégustant la caldoza), à l'arrière-plan, Reniel et Uriel surveillent le repas qui mijote toujours.
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Quelques photos supplémentaires:


Plage déserte à Guanabo à notre arrivée.


Quelques récifs d'arbres parsèment la berge entre les deux plages.


Projet de drapeau cubain réalisé en roche par quelque baigneur enthousiaste.


Esteban et sa nouvelle copine posant sur la plage.

1 commentaire:

  1. Ce petit voyage a été une véritable aventure pour moi.
    Je remercie Hugo et Esteban d'avoir bien voulu que je les accompagne. Sans eux je n'aurais pas pu faire ce voyage qui a été très agréable pour moi.
    Arsenio.

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