Je sais, la boucle que nous avons semi-improvisé, entre Montréal, Boston, New York et Philadelphie n’est pas à proprement parler un road trip, puisque nous avons évité de nous arrêter dans plusieurs petits villages ou petites villes entre nos destinations principales, n’avons visité aucun musée des horreurs ou mémorial aux vétérans du Vietnam ni campé en forêt entre nos excursions urbaines. Toutefois, n’ayant pas encore de plan clair la veille même du départ, et faisant l’ensemble de ce petit voyage d’une semaine en voiture, j’ai pu expérimenter une manière différente de voyager de celle que je privilégie habituellement.
L'Amérique du Nord a imposé ce choix, si on me demande mon avis. Car contrairement au reste du monde (ou en tout cas à celui où j’ai mis les pieds), la Nord-Amérique comporte deux éléments qui rendent difficile les voyages en indépendant que j’aime tant.
Le premier élément est le coût des déplacements qui est exorbitant si on compare à pratiquement tous les pays que j’ai visités ailleurs dans le monde. Un billet de bus vers Dolmis au Lac St-Jean coûte bien au-delà de 100$ ; un simple aller-retour Montréal-Québec va chercher plus que l’ensemble du coût de mes déplacements au Guatemala l’hiver dernier. Le choix de la voiture, puisque nous étions trois, s’est donc imposé ; il devenait beaucoup moins cher de partager le coût de l’essence, des péages et des stationnements que de prendre des billets de bus.
Le second élément, c’est qu’en Amérique du Nord, la culture de l’hébergement bon marché n’est pas très développée, sinon inexistante. Si vous êtes habitués aux motels en périphérie, aux hôtels ou aux Bed and breakfast d’ici, vous ne savez même pas ce que c’est, que l’hébergement bon marché. En Europe, en Amérique du Sud, en Asie, jamais je n’ai eu beaucoup de difficulté à me loger pour moins de 20$ par nuit, et la grande majorité du temps pour moins de 10$ par nuit. Même le plus cheap motel de région au Québec vous chargera trois ou quatre fois ces sommes.
Je l’ai déjà mentionné dans un billet sur ma manière de voyager, je dors dans des dortoirs d’auberge, dans de petits hôtels familiaux, chez l’habitant et j’ai même passé quelques nuits dans des couvents!
Or, en Amérique du Nord, même les rares auberges de jeunesses qui existent chargent plus cher qu’ailleurs au monde (à de très rares exceptions près). Et comme ces hébergements sont rarissimes, ils sont courus et souvent complet des jours et des semaines à l’avance. Rien d’utile quand on improvise un road trip, quoi.
Ces considérations nous ont amené à y aller plus mollo sur l’improvisation, car en Amérique du Nord, arriver à 22h dans une ville sans réservation, c’est s’imposer une dépense de quelques centaines de dollars automatique, et aucun voyageur indépendant sur le genre de budget que j’utilise en voyage ne peut se permettre ce luxe. Nous avons donc réservé quelques nuits, et nous avons également prévu un road trip d’une semaine plutôt que le genre de longs voyages que je fais habituellement.
Car, vous aurez remarqué le paradoxe; grand amateur de voyage et de séjours prolongés que je suis, je ne voyage presque jamais en Amérique du Nord, le continent qui m’a vu naître et que je connais bien moins que la vieille Europe ou que l’Amérique Latine, par exemple. Bien sûr, j’ai visité quelques coins de notre beau et vaste continent, mais des visites de 3-4 jours ici et là à Ottawa, Charlevoix, Québec, San-Francisco ou New York ne se comparent en rien aux mois passés au Guatemala, en Équateur ou aux plusieurs semaines à Paris.
Voici donc pourquoi ce pas-tout-à-fait-road-trip semi-improvisé a trouvé son existence et sa forme ce printemps.
Et voici quelques photos souvenirs de cette expérience qui nous aura fait, quand même, traverser sept états.
Passé la frontière (et passé quelques amusantes petites villes comme Venise-en-Québec), nous nous sommes retrouvés au Vermont, où Istvan a voulu être immortalisé devant les drapeaux d’une aire de repos.
L’Esprit Vagabond au volant! Une fois de plus, c’était un des éléments les plus différents de la plupart de mes voyages; à part quelques motos louées ici et là, je ne conduis que rarement en voyage. Après avoir croisé une partie du New Hampshire, nous sommes entrés au Massachusetts.
Dans l’auberge Farrington, à Boston (près de Harvard Avenue, à une dizaine de minutes du centre en voiture, à environ 30 minutes par le métro). Dans le couloir de cette vieille maison qui ressemble justement aux hôtels familiaux bon marché de la France ou l’Espagne, on retrouvait un vieil orgue devant notre porte de chambre.
Cette chambre, une triple avec salle de bain partagée sur l’étage, nous revenais à 30$ par personne, ce qui est excellent dans une ville comme Boston mais loin des 12$ que je payais pour une chambre similaire dans le centre-ville de Lisbonne, ou celui de Segovia, par exemple. Chapeau qu’Istvan a acquis au Guatemala, avec bière Samuel Adams brassée au Massachusetts, sur fonds d’olympiques vintage: les jeux de Montréal!
Seconde partie du road trip, nous menant de Boston à New York. Traversée du Connecticut, sur des autoroutes étonnamment vertes. Cette photo nous montre la route devant moi, où s’étire pendant des km, les deux voies séparées (même largeur et nombre de voies que la 20 ou la 40 au Québec, ou la nouvelle autoroute dans le Parc des Laurentides). On notera la présence d’arbres et l’aspect tranquille qui se dégage de cette route fort agréable.
Après le Connecticut, c’est l’arrivée dans l’état de New York. C’était la 4e fois en 4 ans que je mettais les pieds à New York… ce qui en fait ma destination de prédilection en Amérique du Nord, semble-t-il. (à peu près ex-aequo avec la ville de Québec, où je passe souvent quelques jours en balade; je ne compte pas Montréal, qui est mon port d’attache).
Justement, l’entrée dans la ville de New York ! Ici, en fait, je triche, je vous montre le George Washington Bridge – par où je suis entré lors de ma visite précédente. Cette fois-ci, arrivant du nord-est, nous sommes entrés par le Bronx, et avons eu cette vue du pont avant d’arriver à Manhattan.
En sortant de New York, nous avons traversé une bonne partie du New Jersey… jusqu’en Pennsylvanie, où nous sommes arrivés en soirée, donc avec peu d’opportunité de photos. Le lendemain matin, quittant notre auberge de banlieue, nous avons eu notre première «vue» du skyline de Philadelphie.
Cette vue comportait son lot de détails amusants, surtout en cette période de série Canadiens-Flyers, comme on peut le voir au bas de cette affiche publicitaire sur l’autoroute. :-)
Mes complice de voyage, dans notre auberge du centre-ville de Philadelphie alors qu’ils relaxent avant notre souper, cuisiné dans les installations de l’auberge en question (l’excellent Apple Hostel) – Un des grands avantages de ces établissements, trop rares en Amérique du Nord, comme je l’ai mentionné plus haut, est l’accès à une cuisine, question de réduire les frais de repas au restaurant souvent associés aux voyages coûteux.
Le retour vers Montréal s’est opéré via le New Jersey et l’état de New York, du côté ouest du Lac Champlain (nous étions passés du côté est du même lac lors de l’aller vers Boston). Cette fois-ci, nous avons emprunté quelques routes régionales, passant entre autres par Princeton, dont l’université (après Harvard, NYU et Yale), était la 4e d’importance sur notre parcours. Ce "détour" nous a permis de profiter du décor enchanteur et paisible et des maisons ancestrales qui parsèment la campagne autour de Princeton.
Sinon, ce détour nous aura aussi fait "perdre" (mais c'était aussi enrichissant) une heure de route, puisque des centaines d’autres véhicules avaient le même plan en tête, et que nous avons roulé pare-choc à pare-choc pendant une heure, ayant tout le loisir d’admirer les vieilles maisons de pierre.
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