dimanche 15 juin 2008

Indiana Jones and the Kingdom of the Crystal Skull : Pour sourire, 27 ans plus tard.

Je me souviens très bien de mon retour du cinéma, à pied le long du boulevard Marcotte de Roberval au Lac St-Jean, par un beau soir de ce printemps 1981. J’avais un immense sourire aux lèvres et je sifflais la musique entraînante de John Williams. Je venais de voir un des meilleurs films de ma courte vie de cinéphile : Raiders of the Lost Ark.
Vingt-sept ans plus tard, alors que je sors de l’ex-Paramount du centre-ville de Montréal, la musique de Williams demeure, et une bonne partie du sourire aussi.
Et ce n’est pas rien, car, en réalité, il était impossible de ressentir le même genre d’émotion qu’en 1981, ne serait-ce que parce que j’ai moi-même vieilli de quelques années et vu beaucoup, beaucoup de films depuis.
N’empêche, je pense que c’est ce décalage temporel entre la sortie des trois premiers films de la franchise Indiana Jones et la sortie du quatrième volet qui explique l’accueil relativement mitigé des fans envers le dernier film de Steven Spielberg.
Indiana Jones and the Kingdom of the Crystal Skull n’est pas un film sans fautes, mais déjà, avec Indiana Jones and The Last Cruisade, les plus âgés d’entre nous voyaient que la magie de Raiders of the Lost Ark ne pouvait être reproduite parfaitement avec le passage des ans.
Qu’en est-il, alors, en tant que film
de divertissement, de ce nouvel opus des aventures du docteur Henry Jones II?
D’entrée de jeu, en quelques minutes, on a droit à une scène au Hangar 51, une référence directe à Roswell, un clin d’œil à l’arche perdue et à une explosion nucléaire! Comme si la chose n’était pas encore assez claire, quelques minutes après l’explosion, ce sont les hommes en noir qui rappliquent! Qu’on se le dise, fini les aventures d’Indiana Jones dans le monde du fantastique surnaturel, bienvenue dans l’univers science-fictif. Je dois avouer que cet aspect du début du film m’a presque agacé; comment, me suis-je demandé, va-t-on faire pour nous embarquer dans un Indy de SF?
Spielberg n’est pas un imbécile, et il le prouve avec une approche qui colle beaucoup à celle des trois premiers films; le pulp. Et cette approche fait du film une réussite. (Est-ce mon imagination où Spielberg accentue ce parti pris en faisant de Cate Blanchett une méchante Russe de bande dessinée qui ressemble à la Mia de Tarantino dans Pulp Fiction?).
L’intrigue du film repose sur un mélange de légendes de diverses provenances, un peu comme le faisaient les autres opus de cette série (bien que ceux-ci aient été plus subtils, il me semble). Dans un passé récent, la recette a été utilisée par The Da Vinci Code, pour citer un exemple réalisée sur un mode plus… réaliste. Après l’Arche, les pierres sacrées et le Graal, on lance donc Indiana Jones sur les traces de l’Eldorado, la cité d’or sud-américaine. Cette fois-ci, les méchants sont des Russes, et la paranoïa des Etats-Unis des années 50 est soulignée avec quelques références à l’espionnage, au McCarthysme et aux agents doubles. On glisse même un message politique en filigrane, élément totalement absent des trois autres films de la série.
Mais tout ceci demeure une sorte de toile de fond pour nous raconter une aventure palpitante où s’alternent avec un certain rythme les scènes d’action et les scènes plus bavardes. Côté bavardage, il y a certainement un peu trop d’explications à certains moments alors que le spectateur moyen a compris, mais ce sont les scènes d’action qui retiennent notre attention.
Ce que j’ai aimé de ces scènes, ce sont les effets visuels, qui rappellent plus les bons vieux Indiana Jones que les récents films avec CGI ultramodernes. Certes, on décèle parfois quelques tics de George Lucas derrière tout ça (la scène de Tarzan avec les singes, les marmottes récurrentes…), mais d’un point de vue global, c’est plutôt bien réussi. J’ai lu des commentaires négatifs sur la direction pho
to de Januz Kaminski, mais j’avoue que j’ai trouvé le look du film parfaitement acceptable pour un Indiana Jones dont l’action se déroule quelques décennies après The Last Cruisade.
Indiana Jones and the Kingdom of the Crystal Skull
a beau comporter son lot de bons moments – et de bonnes idées comme le retour de Marion, déjà présente dans Raiders of the Lost Ark –, il n’est pas dépourvu de quelques défauts.
J’ai accepté de suspendre mon incrédulité pour croire aux divers combats et aux multiples péripéties à laquelle Indy échappe (malgré son âge plus que respectable). Je peux également accepter le déplacement des chutes d’Iguazu de quelques milliers de km vers le nord-ouest pour les besoins de la cause. Par contre, l’accent mis sur la culture Maya, en pleine jungle amazonienne de l’Amérique du Sud, agace un peu l’amateur d’archéologie en moi, surtout que mes premiers intérêts pour la chose sont certainement la faute à Indy et à cette soirée de 1981 quand je suis rentré chez moi avec ce grand sourire plaqué sur le visage. Un problème similaire se pose quand les créateurs mélangent sans gêne toutes les cultures précolombiennes de l’Amérique du Sud, attribuant aux Nasca des éléments des cultures de l’amazone (dards empoisonnés) ou des Paracas (déformation crânienne). De plus, les Nasca n’auraient pas pu momifier Orellana, puisque leur culture était déjà éteinte au moment de la conquête espagnole.
Mais je vais vous dire; ces éléments n’ont pas été suffisants pour gâcher mon plaisir de voir à nouveau une aventure d’Indiana Jones sur grand écran. Je vous souhaite donc, tout simplement, la même chose.
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