Bon, André Boisclair s'incline et quitte la tête du Parti Québécois.
On en entendra parler en long et en large dans les jours qui viennent, et on lira tout plein d'analyses.
Voici pourquoi je voulais ajouter mon grain de sel; je n'ai ni lu ni entendu ce qui suit dans les médias dans les récentes semaines, et la chose m'intrigue: je ne suis certainement pas le seul à avoir remarqué le phénomène! Et ce phénomène est celui de l'anti-démocratie médiatique qui favorise les dissidents d'un parti politique.
Je m'explique.
Lors de son élection à la tête du PQ, André Boisclair a obtenu une majorité de voix au premier tour de scrutin. ce qui signifie qu'il y avait un pourcentage plus élevé que 50% de membres qui ont voté pour lui. Comme il n'a pas été élu à l'unanimité, il est évident qu'il y avait des membres qui lui aurait préféré quelqu'un d'autre (Pauline Marois, par exemple).
On regarde ensuite le chef performer, puis viennent les élections, et le résultat que l'on sait.
Ce qui suivra - les remises en question du parti, les critiques du leadership de Boisclair - est teinté d'anti-démocratie, purement et simplement. Le PQ se vante pourtant de sa base démocratique, puisque son chef est élu au suffrage universel. Or après l'élection, bye bye démocratie et bonjour aux critiques, sorties, remises en question du leadership, bref, on laisse beaucoup de place à ceux qui ne sont pas d'avis que Boisclair est un bon chef. Mais s'agit-il d'une majorité de membres du parti? Quelques gros cannons (les tueurs de chefs, semble-t-il, qu'ils sont appelés entre les branches), quelques ex-ministres ou députés frustrés, quelques partisans d'autres candidats à la chefferie, j'imagine... Bref, un beau mélange de monde qui ne représentent pas nécessairement la majorité des membres d'un parti. En prêtant écho à ces gens (non élus, rappelons-le, comme représentant du PQ), les médias se rendent complices d'un putch déguisé contre un chef élu...
Je précise tout de suite que je ne cours pas à la défense d'André Boisclair. Je ne suis pas membre du PQ, donc ultimement, ce ne sont pas de mes affaires. Et si j'ai bien voté pour le PQ lors des dernières élections, j'aurais préféré voir le parti mené par Pauline Marois, si j'avais eu à voter lors de l'élection du chef. Mais la question demeure: Pourquoi les journalistes ne réalisent jamais qu'ils sont carrément manipulés? Il est clair qu'il y a des manoeuvres en coulisse des partis quand arrive une remise en question et plusieurs tentent de tester leurs appuis, mais aucun de ces personnages ne représente la majorité des membres et les médias rapportent illico le moindre dissident comme étant un pan important qui remet en cause le leadership du chef... favorisant ainsi les dissidents qui ont une forte voix au détriment du chef élu démocratiquement.
Un autre exemple patent nous attend peut-être bientôt: Stéphane Dion a été élu par une bonne majorité lors du dernier tour de la course à la chefferie du PLC et pourtant, les médias ont déjà commencé à parler de remise en question de son leadership... (Il est certain qu'il y a des opposant à Dion dans son parti, il n'a pas été élu au premier tour, ni à l'unanimité, mais les représentants des médias devraient mettre en perspective les critiques dont ils font part).
Bref, suis-je le seul à trouver que les journalistes n'agissent pas professionnellement en rapportant ces critiques, sans aucune mise en situation pour expliquer qu'il s'agit peut-être de quelques dissidents ne représentant qu'une poignée de membres?
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Ceci dit, le départ d'André Boisclair est une très mauvaise nouvelle pour le Québec à court terme. Bien que chef du parti le moins représenté à l'Assemblée Nationale, son départ signifie une chose évidente: le PQ n'a plus les moyens de renverser le gouvernement et provoquer des élections avant de s'être trouvé un nouveau chef. C'est notre Premier Ministre qui doit être content de cette nouvelle; il sait maintenant qu'il aura l'appui du PQ; la même situation s'était produite lors du départ de Paul Martin après l'élection du PC minoritaire; les Libéraux ne pouvaient pas renverser le gouvernement sans avoir élu un chef au préalable. C'est donc une minorité libre de gouverner qui se pointe en chambre à Québec.
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Enfin, le PQ est un parti dans la misère; car une fois encore, le parti (ou ses tueurs de chefs) refuse de se remettre en question et assassine politiquement son chef plutôt que de procéder aux changements qui s'imposent ou d'assumer les conséquences de ses choix. On dirait les réactions de fans de Hockey qui veulent la tête du coach quand l'équipe perd.
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C'est Gilles Duceppe qui a l'air un peu bête, aujourd'hui. D'une part, il semble être une des causes du départ de Boisclair, alors il aura l'air un imbécile s'il décide de rester camoufflé à Ottawa. D'autre part, son poste à Ottawa est confortable; l'éternelle opposition permet d'être populaire sans jamais s'user au pouvoir, ce qui n'est pas nécessairement le cas à Québec. Et le Bloc est encore une force aux élections, ce qui n'est plus le cas du PQ, comme on l'a vu aux dernières élections provinciales... Dilemme, dilemme...
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Certains supporteurs de Pauline Marois tenteront-ils de la convaincre de revenir? Elle n'affrontera certainement pas Gilles Duceppe dans une course, mais s'il se défile...?
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Le PQ n'ayant ni le temps ni les moyens d'une autre course à la chefferie cherchera certainement un courronnement de chef, pour faire changement (Lucien, Bernard...), ce qui n'est évidemment pas la manière la plus démocratique d'élire son chef, mais bon, puisque quand on utilise l'angle de la démocratie, on assassine anti-démocratiquement ce chef quelques mois plus tard, pourquoi pas?
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