mardi 22 mai 2007

Métro, Bus, Autoroutes, Ponts et grèves...

Les employés d'entretien de la STM font la grève.

(22 mai; vers 18h45 - Rue St-Denis, un autobus «Hors-Service» passe à côté d'une voiture, devant une station d'essence qui affiche son produit à 1,164$/l)
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Depuis ce matin, les usagers (des dizaines de milliers de personnes, je sens le besoin de le préciser) peuvent utiliser le Métro et l'autobus entre 6h et 9h le matin, puis entre 15h30 et 18h30 en après-midi, contrainte imposée au syndicat par le conseil des services essentiels.
La STM, on le sait, souffre de sous-financement, est en situation déficitaire, et le litige qui l'oppose à ses employés d'entretien est surtout de nature salariale.
La grève risque donc d'être longue, puisque les syndiqués veulent une augmentation que la STM n'a pas les moyens de leur offrir.

Je ne connais pas assez le dossier pour juger du bien fondé des demandes syndicales dans le contexte actuel au Québec (rappelons quand même que des usines ferment, que l'industrie du bois est en pleine crise, etc, etc, donc que tout n'est pas si vert dans la cour du voisin de l'employé moyen de la STM).
Évidemment, si la STM pouvait avoir un vrai cadre financier, la simplifierait les choses. Pour ce faire, il faudrait que les trois palliers de gouvernement veulent bien que la STM ait un cadre financier permanent (ou à plus long terme que la gestion annuelle actuelle). Je soupçonne que la Ville de Montréal est favorable à un tel cadre, mais la ville elle-même n'est pas dans une très bonne situation financière, évidemment (et ne dispose toujours pas d'un cadre financier adapté à son statut de métropole).
Par contre, je m'explique mal comment nos gouvernements (tous deux minoritaires) férédal et provincial, qui se disent pourtant préoccupés par l'environnement - et offrent tous deux un plan vert (hum), ne se sentent pas du tout interpelés par la situation actuelle.

Car, soyons sérieux un moment, si une situation similaire touchait les automobilistes, là, on réagirait! Cet argument se base sur le raisonnement suivant:

Imaginez un instant qu'une grève des employés d'entretien du ministère des transport ait pour effet que l'on doive fermer toutes les autoroutes et les ponts autour de Montréal, à l'exception de périodes de 6h à 9h et 15h30 à 18h30. Il est facile d'imaginer la panique, les protestations, l'intervention immédiate des gouvernements pour régler la crise... - Il n'y a qu'à se rappeler les réactions des conducteurs et instances gouvernementales lorqu'un seul pont est bloqué pendant 2h par une manif pour comprendre que le citoyen qui se préoccupe réellement d'environnement et de questions sociales en est un de seconde zone. (Imaginez si mon exemple s'appliquait à toutes les routes et rues!)

Évidemment, l'usager du transport en commun ne verse pas son argent aux pétrolières, n'encourrage donc pas l'industrie pétrolière (à 1,16$ le litre d'essence) - si profitable dans la province favorite de notre PM Canadien -, industrie, on l'imagine aisément, qui contribue fort généreusement à la campagne électorale de certains partis politiques, certainement plus généreusement que la STM, en tout cas. Dans un tel contexte, pourquoi s'occuperait-on de citoyens ordinaires?

Ah, oui, j'ai souligné le caractère minoritaire de nos gouvernements... On pourrait croire que dans ce contexte, il serait plus probable que l'opposition fasse pression en faveur des usagers du transport en commun, mais - au Québec, en tous cas - ça serait oublier que l'opposition officielle est représentée par un parti élu en région, où la grève à la STM sera vue comme un petit problème montréalais. On ne réalisera pas que sans ce transport en commun, il y aurait 4 fois plus de bouchons et de pollution dans nos villes, et que le smog n'a pas de problème à traverser les ponts, lui, grève ou pas.
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P.S. (ajouté le matin du 23 mai)
Aux informations d'hier soir, on mentionnait que l'heure de pointe sur les ponts et autoroutes avait été une horreur... certains automobilistes se plaignent d'ailleurs... (Un avait l'air de dire «mais que font-ils sur mon pont?»).
Évidemment, si 10% des usagers des transports en commun se jettent sur leur voiture, ça augmentera la congestion et la pollution... Imaginez 100%...
On pourrait souligner l'aspect ironique - voire ridicule - du fait que ce sont les automobilistes qui se plaignent de la grève des transports en commun, mais ne le soulignons pas, puisque leurs plaintes répétées risquent d'avoir plus de poids que celle des usagers de ces transports, alors chut...
:)

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