vendredi 29 septembre 2006

L'impuissance, l'incompréhension et le silence

Aujourd'hui, pour la troisième fois cette année, j'ai perdu un membre important de ma famille.
Ce départ si imprévu, si soudain, de quelqu'un à peine plus âgé que moi me donne un choc. J'écris ceci sous le choc, en tremblant. D'impuissance, de frustration envers la vie, quand on voit tellement de merde, tellement de cons, tellement de fourberie, tellement de méchanceté, c'est encore plus inconpréhensible de voir partir quelqu'un d'aussi bon, d'aussi généreux, d'aussi aimé, d'aussi essentiel à la vie de ses proches.
On a souvent interogé mon manque de croyance et mon mode de vie au jour le jour, eh bien comment voulez-vous croire en quelque chose de plus grand que nous quand ce genre d'événement arrive? Et qu'on ne me sorte pas les foutaises habituelles sur le ciel, la vie meilleure après ou le fait que l'on va tous grandir devant cette épreuve!
Réjean, on t'aimait tellement, on a tellement de peine, c'est impossible à exprimer, il n'y a pas de mots, dans aucune langue, pour exprimer le désaroi qui m'habite. T'es trop important pour partir comme ça, pas comme ça, pas maintenant, pas à cet âge là... On avait trop de choses à parler encore, tu venais à peine de prendre ta retraite pour profiter de la vie, tu avais trop de temps pour partir! Tu vois comme j'ai raison de pas attendre avant de le faire???????
J'ai tellement raison de faire ça, et j'ai raison de ne croire en rien d'autre qu'au bien, qu'en des gens comme toi, j'ai tellement raison de toujours trouvé que les gens sont inconscient quand ils conduisent, j'ai tellement raison sur tout ça mais cette maudite raison elle me mène où aujourd'hui avec toi, hein? Je voudrais tellement avoir tort sur tout et pouvoir te le dire!!!!!!!!
Réjean était trop important pour juste tourner la page. On peut juste pas faire ça. Il était pas vieux, il a pas choisi de partir, il nous a tous été enlevé. C'est injuste, comme la vie sait tellement bien l'être, c'est cruel, c'est impossible à comprendre ou à admettre...
Et il ne nous reste plus que les pleurs et le silence.
Réjean, ce journal te consacrera les dix prochains jours. Ce billet restera le seul en tête pendant les dix prochains jours. Ces dix jours représenteront les dix jours, dix semaines, dix mois, dix ans et dix siècles que ça me prendra pour m'habituer à ne plus t'avoir dans ma vie.
Et tu sais bien que ça demeure symbolique, puisque dix siècles ne suffiront jamais. Jamais.

Une soirée chez Guy A. et une visite de Julie

Citation:
"Moi, ça ne me dérange pas d'avoir une fesse à l'air"
- Karin P., Tout le monde en parle (coulisses)
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Hier soir (jeudi), j'ai assisté au tournage de l'émission Tout le monde en parle, produite et animée par Guy A. Lepage. Il s'agissait de ma deuxième visite sur le plateau de Guy A en tant que spectateur, puisque j'avais déjà assisté au tournage d'une émission l'an dernier. Une seconde expérience permet de voir des choses différentes, puisqu'on se retrouve en quelque sorte en terrain connu (décor, fonctionnement, etc). Je crois que j'en apprécie d'autant plus le travail effectué par les gens de l'équipe de l'émission (au sens large, incluant toute l'équipe technique) pour nous fournir un des meilleurs moments non-fiction chaque semaine à la télé. [J'étais aussi un amateur de la version française (qui passait sur TV5) quand je pouvais la voir, alors ça été un plaisir de voir Thierry Ardisson lors de son passage chez Guy A. lors de la première de la présente saison. Pour l'amateur un tant soit peu au fait de la culture française, c'était même un grand moment de télé.]
Le tournage dure environ 6 heures, donc c'est du travail. Comme spectateur, on fatigue un peu vers la fin, alors on peut imaginer ceux qui travaillent pour de vrai :). Une note toute particulière pour les invités des premiers moments qui décident de rester pour le reste de l'émission; ils s'engagent alors dans ce marathon de 6h et font en grande partie le succès de l'émission, puisque tout le concept repose sur l'interaction possible et souhaitée des autres invités.
Hier, Marc Messier, premier invité (donc arrivé sur le plateau et prêt à tourner vers 18h30), est demeuré avec nous jusqu'à minuit trente. Ajoutez à cela la préparation, maquillage, etc, et le gars a passé une sacrée longue soirée. Bref, un merci public à tous ces invités qui ont fait de ce show, semaines après semaines, une bonne émission, car ils y sont tous pour quelque chose.
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Mon amie Julie Martel, dont je vous parlais l'autre jour à propos de ma nouvelle parue dans le dernier Solaris (dont elle partage le sommaire) est venue me rendre une visite surprise, sur le plateau de Tout le monde en parle hier. C'est qu'en plus d'être une écrivaine talentueuse, elle est aussi éclairagiste, et hier soir, elle faisait partie de cette équipe à laquelle j'ai fait référence ci-haut, dont le travail contribue à nous faire passer un bon dimanche soir devant notre télé. [C'est d'autant plus vrai dans mon cas, puisque je n'écoute que très rarement la télé et qu'aucune oeuvre de fiction - un comble pour un amateur de fiction - n'arrive à me rendre aussi fidèle au poste. Je ne suis pas 100% fidèle à TLMEP, mais j'écoute très souvent].
Julie est donc venu agrémenté ma soirée avec sa visite surprise et une bien agréable discussion [pendant la pause vin - oui, les spectateurs ont aussi le vin servi aux invités] des aspects reliés à la technologie HD maintenant de plus en plus répandue à la télé. Élément non négligeable pour moi; rencontrer des copains écrivains est constamment une motivation à écrire - et j'en ai bien besoin, avec ma paresse légendaire - et discutter d'uen nouvelle en cours de réécriture avec Julie m'a peut-être procurré l'énergie et la volonté nécessaire pour compléter la tâche.
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Le tournage d'hier a aussi été fort intéressant puisque plusieurs des entrevues ont été plus longues que lors du tournage auquel j'avais assisté l'an dernier; ainsi, il est évident que certains passages devront être coupés au montage, faute de temps pour tout diffuser, et je suis donc heureux d'avoir pu les voir en direct. Je pense entre autres à l'interview avec Maurice "Mad Dog" Vachon, très coloré, plein d'histoires et d'anecdotes, sincère mais non dépourvu d'humour, et qui en a touché plus d'un. Même les plus jeunes [trop jeunes pour l'avoir vu lutter] comme mes amies Suzie et Karin, qui assistaient avec moi à l'émission, ont bien aimé assister à cette interview.
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Citation:
"Le dos d'Annie Villeneuve est bien plus beau que la face de bien du monde"
- Hugo M., Tout le monde en parle (coulisses).
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;-)

lundi 25 septembre 2006

Quand c'est la nature qui vous pousse

Hier midi, à Montréal, il faisait un temps absolument splendide. Beau soleil, ciel d'un bleu parfait, chaleur qui rappelle l'été à son meilleur (et sans l'humidité)... mais des vents de fou. Un vent chaud, remarquez, alors pas de quoi se plaindre.
Vers 15h, donc, nous décidons d'aller marcher, et choisissons le Canal Lachine et les environs pour une petite marche de santé. Départ des écluses et on suit le sentier.
Mais déjà, il fait moins beau, les nuages, poussés par un vent violent, envahissent rapidement le ciel. Le vent tourne et retourne et fini par virer au frais, puis au froid. Il s'accentue, nous poussant littéralement hors des sentiers.
Après plus d'une heure à résister, on se lance finalement vers un retour vers la ville improvisé par le quartier industriel, lors duquel nous combattons le vent, et les divers objets qu'il lance vers nous.
Mais même après avoir atteint le centre-ville et décidé de marcher sur ses rues, le vent sifle, et l'air vif qu'il transporte me donne finalement trop froid pour pouvoir profiter de la balade. La nature nous a d'abord poussé vers la ville, puis vers la station de métro la plus proche.
Arrivés au coin Beaubien St-Denis, la nature m'a encore poussé... à prendre une photo. Je tente de ne pas prendre de photos depuis mon retour, du moins pas avant d'avoir terminé le tri de mes photos européennes, mais voilà qu'en traversant la rue, j'ai pu voir ceci:



Une jolie vue, non? J'aime bien le contraste entre la nature, et la ville ici... et l'amusante coincidence qui fait coincider le pied de l'arc-en-ciel avec la rue St-Denis... En réalité, il y avait même deux arc-en-ciel bien distincts, dont celui de la photo qui décrivait un bel arc complet (pratiquement un demi-cercle en fait) au-dessus de la ville.

Dans mon quartier, j'ai pu remarquer par la suite quelques arbres dont les branches avaient été cassées par les vents violents... et ce n'est que le soir venu, aux nouvelles, que j'ai appris qu'il y avait des gens sans électricité à cause de cette tempête de vent... (Le coin d'une tempête tropicale? Le beau temps du midi aurait été précurseur de cette visite des tropiques?)

Enfin... l'observateur attentif pouvait même voir un avion traverser cet arc-en-ciel, en fin d'après-midi:

Une semaine en anniversaires!

La semaine dernière, Alire a eu dix ans, Laurine et Luce trente et quelques, et Les Respectables ont eu 15 ans.
Y'a des semaines comme ça, qui semblent sortir de nulle part, mais par hasard, je me suis retrouvé à fêter un peu tout ça directement ou indirectement.
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La soirée d'Alire au Lion d'Or a été fort sympathique, me permettant de renouer avec plusieurs amis du milieu littéraire que je ne vois que trop rarement. Mais elle m'aura aussi replongé dans des souvenirs... J'ai publié mon premier livre professionnel chez Alire en 1997 et la maison était alors à sa seconde année d'existence. Je me souviens particulièrement bien de la tournée des salons du livre, dans le petit kiosque d'Alire; je me souviens de l'esprit de camaraderie... Et du fait que chaque auteur pouvait relayer Louise au Kiosque, puisque nous avions à peu près tous lus tous les livres publiés par Alire, et donc, nous pouvions facilement en parler avec les lecteurs.
Mais je me souviens surtout d'avoir écrit dans mon journal de l'époque (que j'ai égaré depuis!) que j'avais le sentiment de participer aux premiers pas de quelque chose qui allait devenir bien plus grand.
Aujourd'hui, Alire publie son centième titre en fiction (plus 10 titres en essai), a vendu les droits cinéma ou télé de plusieurs livres (deux films ont vus le jour: La Peau Blanche et Sur le Seuil), et sa collection regroupe certains de mes livres préférés de tous les temps, en plus de proposer plusieurs de mes écrivains favoris.
J'ai eu la chance de faire partie de cette aventure dans les premiers mois de son existence, j'ai encore la chance de compter beaucoup d'amis dans la famille Alire. Pour un auteur et un lecteur comme moi, c'est un réel plaisir que la vie m'a offert et de revoir ces copains regroupés pour fêter Alire et ses (jeunes) 10 ans d'existence, me l'a rappelé.
Merci Alire.
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Ma soeur Luce quand à elle fêtait son anniversaire en étant absente, passant la semaine à Boston pour son travail (ça aurait pu être pire, elle aurait pu la passer à Drummondville, hehe). Je n'ai donc pas fêté directement Luce, mais comme elle était à Boston pour une semaine, elle a invité mes parents à l'y rejoindre (leur première visite là-bas) et je me suis retrouvé avec un coloc de plus en la présence de mon ami Shadow, qui a co-habité avec nous pendant cette semaine. Quelle plaisir de retrouver mon bon ami autrement qu'en visite au Lac (ou lui en visite pour quelques heures)... Nous avons ainsi marché pas mal dans les rues de Montréal ensemble, et on a parlé du bon vieux temps quand il a habité Prince George et Vancouver en Colombie Britannique :). Bref, une belle et agréable présence, surtout que Shadow est un bon compagnon, un animal tranquille et intelligent, affectueux et généreux...
Merci Luce.
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Jeudi soir, c'était au tour de Laurine et pour l'occasion, Daniel, Suzie et moi sommes allé mangé avec notre copine dans son univers à Longueuil. Et quand je dis dans son univers, c'est pas un gag... Nous sommes d'abord allé la chercher et elle nous a fait le plaisir de nous faire visiter les lieux où elle habite et qu'elle a décoré avec énormément de talent. je ne parle pas ici de décoration au sens habituel du terme (moi, je pose divers trucs sur les murs et tablettes), puisque Laurine a réalisé elle-même la grande majorité des pièces qui ornent ses murs et bibliothèques. Illustratrice de talent, j'avais pu, grâce à son site web, admirer quelques poteries, mais je vais vous dire une chose; les images en deux dimensions ne rendent pas justice à la beauté de certains sculptures. Ainsi, cette soirée entre amis, fort agréable, en plus de me faire (re)découvrir une partie du vieux Longueuil où je retournerai me balader, a aussi été un plaisir pour les yeux grâce au talent de notre jeune amie.
Merci Laurine.
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Vous en aurez entendu parlé; Le groupe rock québécois Les Respectables ont eu 15 ans et ont décidé de fêter l'événement en toute intimité avec 15 000 invités au Centre Bell. J'y étais et ma foi, même si je n'ai jamais été un fan assidu, ni même un fan ayant suivi leur carrière, ils ont écrit et interprété tellement de bonne tounes au fil des ans qu'un spectacle de deux-heures trente m'aura permis de réaliser que je connaissais (et appréciais) beaucoup de leur matériel. De Amalgamme à Le monde à l'envers, en passant par Ma vie à l'heure et La seule chose que tu me dois, ou encore Décadence ou 7up man, le groupe nous a fait vivre un très beau moment pendant ce spectacle de vendredi dernier.
Ils avaient invité quelques copains pour venir souligner l'événement. Si Éric Lapointe, Mélanie Renaud et quelques autres n'ont pratiquement fait que passer, le numéro avec deux collaboratrices du Cirque du Soleil était quand à lui absolument splendide. La présence d'un orchestre (scolaire) complet pour quelques chansons a aussi permis des moments d'une belle intensité musicale. J'avoue que la présence de Martin Deschamps et surtout l'intégration d'un extrait de chansons des Colocs dans 7up man a été un "peak" pour moi; on avait l'impression que le groupe avait ainsi invité Dédé Fortin à leur manière.
Et puis bon, j'aime ça, moi, voir un bon show rock...
Merci, Les respectables.
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vendredi 22 septembre 2006

Et vous, vous en dites quoi?

Suite à une suggestion, j'ai décidé d'ouvrir ce blog aux commentaires.
Je termine une période de tests et vous pouvez donc, à compter de maintenant, laisser vos commentaires, remarques, opinions et suggestions sur mes entrées de journal.

Notez que cette option est valide pour la présente entrée et les entrées à venir, elle n'est pas activée pour les précédentes entrées; ainsi, si vous désirez commenter une entrée antérieure au 22 septembre 2006, servez-vous de la présente entrée pour le faire.

Il s'agit de cliquer sur le lien vers «comments»(ou «commentaires») qui se retrouve au bas de chaque entrée (dont celle-ci).
Puis de cliquer sur «Post a comment» - désolé, je travaille à changer la langue de l'interface...

Je vous invite à signer vos commentaires (je n'ai jamais compris le but des commentaires anonymes), par respect pour les autres lecteurs.
(Sélectionnez «autre», puis laissez votre nom dans l'espace requis. Vous pouvez aussi faire un lien vers votre site web si désiré).

J'ai aussi modifié l'interface pour la mettre en français (en période test - et pour le moment, ce n'est pas parfaitement concluant), pour faciliter la vie de certains lecteurs unilingues francophones.

Deux réserves, par contre.

La première, c'est que les commentaires seront modérés, c'est-à-dire que vous ne verrez pas vos commentaires apparaître sans autorisation préalable de ma part. Il ne s'agit pas de censure de vos propos (pas encore, hehehe), mais plutôt d'un simple outil de gestion pour m'assurer que personne ne se servira de ce blog pour insulter ou dire n'importe quoi. De plus, c'est la seule méthode de base pour éviter que tout un chacun se serve du blog pour faire des commentaires sans rapport avec les discussions que j'y aurai lancé, ou de la pub, voire même du spam...

Ma seconde réserve, c'est que cette ouverture servira de période-test. Ainsi, si jamais pendant le mois que je me propose d'effectuer ce test, je vois que c'est trop emmerdant à gérer, que ça ne mène à rien, ou que personne n'a jamais envie de laisser des commentaires, il n'est pas impossible que je fasse marche arrière; après tout, il existe tout un tas de blog où laisser des commentaires.

Voilà donc.
N'hésitez surtout pas à vous servir de ce nouvel outil, il est ouvert pour ça. Vous pouvez l'utiliser à chaque fois que vous avez quelque chose à dire à propos d'une de mes entrées.

Prêt?
Alors pourquoi ne pas commencer par me dire ce que vous pensez de cette idée d'ouvrir le blog aux commentaires des lecteurs?
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mercredi 20 septembre 2006

En direct de la buanderie

ou L'éloge d'une certaine naïveté, tiens.
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Je me trouve présentement à la buanderie sur Beaubien, près de chez moi. Je ne possède ni laveuse ni sécheuse, alors je vais faire ma lessive dans une buanderie. C'est simple, rapide, et ça coûte encore moins cher que l'achat d'appareils (sans parler du coût de les déménager et les entreposer à chaque fois que je me déplace au Canada).
Ma buanderie est très ordinaire - quelques machines, une petite madame qui fait le lavage de certains clients et fourni le change pour les clients comme moi qui préfèrent le faire eux-mêmes.
Je vais vous confier quelque chose: J'adore aller à la buanderie.
:-)
Il ne s'agit pas seulement de prendre quelques minutes (une heure à une heure et demie tout au plus) pour sortir de sa routine, et en profiter pour lire ou travailler sur mon site web, mais il s'agit également d'un exercice d'observation sociale qui est toujorus intéressant, souvent même fascinant.
La propriétaire de ma buanderie, c'est madame Bougon, en plus gros. C'est une grosse madame qui fume, renâcle et crache, qui écoute les soaps américains traduits l'après-midi à TVA, qui ignore la loi sur la cigarette dans les endroits publics, mais qui est d'une grande gentillesse avec tous ses clients, les occasionnels (comme moi) comme les réguliers - certains semblent là à chaque fois que je m'y pointe. La propriétaire de ma buanderie, c'est presqu'une carricature, mais elle ne s,en rends pas compte. Je suis sûr qu'elle aimé ça, les Bougon, sans jamais voir une certaine ressemblance...
Ma buanderie, elle n'attire pas que des clients qui font leur lavage. Non. C'est un peu comme une institution dans le quartier; on y croise des amis du coin, des gens qui vivent seuls et qui viennent écouter les soaps avec madame Bougon-plus, des gens qui n'ont rien à faire et qui viennent «jaser» ou aider la propriétaire, bref, toute une panoplie de gens ordinaires qui vivent dans un quartier ordinaire. La rue Beaubien entre St-Denis et St-Laurent a quelque chose d'un petit quartier d'époque, qui ignore la présence des Loblaws, Wal-Mart et grands centres commerciaux, puisqu'il n'y a aux alentours que des petits commerces; un serrurier, des boulangeries, une charcuterie, des épiceries latinos ou africaines, un bar underground, un bistro et des cafés.
Mais compte tenu de sa personalité, ma propriétaire de buanderie attire un certain type de personnage, je dirais. car bien qu'on y trouve de toute sorte de clients, les clients qui comme moi ont peu en commun avec les gens qui vivent dans le quartier et dont l'intérêt est porté vers les personnages des soaps d'après-midi, ces clients-là n'interagissent pas réellement dans la petite vie de la buanderie.
Je suis un bon exemple de cetet situation, car à part changer à l'occasion une pièce de deux dollars ou un billet de cinq, je parle peu à la buanderie, je lis ou travaille sur mon ordinateur portatif.
Car je ne vous ai pas dit que par une amusante coïncidence, il y a un locataire d'un immeuble voici (ou directement au-dessus de la buanderie, je ne sais pas) qui possède une connexion internet sans fil, et qui semble avoir omis d'installer un pare-feu. J'ai donc un accès au net gratuit quand je fais mon lavage. Je n'en abuse pas, bien entendu, mais la chose peut-être utile pour mes courriels ou, comme c'est le cas présentement, pour blogger un commentaire.
Car le titre de ce commentaire est vrai; je le blogue en direct de la buanderie.
Et cette buanderie, elel est amusante, par les conversations ordinaires qu'on y entend. Je vois déjà mon ami Daniel Sernine grincer des dents; il aurait de la difficulté à écouter les conversations que l'opn entend ici sans sourciller. Moi-même, je me retiens souvent pour ne pas rire, ni sourire. Il faut préciser que souvent, les conversations sont du niveau «pourquoi le gouvernement n'imprime-t-il pas plus d'argent pour nous en donner, tout le monde serait riche», pour citer un exemple de nature politico-économique.
Enfin, une visite à ma buanderie relève souvent de l'observation, un peu comme il est intéressant d'aller au Zoo ou au Biodome et de tenter de saisir comment vivent les pingouins ou les hippopotames. Je ne veux pas dire que les gens que je croise à ma buanderie sont moins intelligents que moi ou d'autres, mais comme nous n'avons aucun intérêt en commun, je me sens comme une sorte d'extra-terrestre, un peu comme lorsque j'observe un lézard et me demande comment il pense. Car il est évident à les voir et lles entendre que la population qui fréquente ma buanderie constitue un groupe en soi qui a une vie et un fonctionnement bien différent du mien et c'est en ce sens que leurs observations sur tout et rien sont souvent fascinantes.

En terminant, une anecdote qui remonte à il y a environ 45 minutes; un homme me voyant écrire sur mon clavier d'ordinateur est venu me dire que c'était son rêve d'avoir un portable comme ça. Il m'a affirmé être capable d'écrire «police» et son nom de famille (que j'ai oublié, désolé, il me l'a seulement épelé et je tapais au clavier en même temps) car il avait eu à écrire souvent ces deux mots quand il était en prison. Malheureusement, pour le moment, il n'a ni les moyens ni le temps pour apprendre à se servir d'un ordinateur. (Je précise que je ne dis pas çca ironiquement, je rapporte la conversation pour son intérêt). Quelques minutes plus tard, répondant à un appel sur son cellulaire, il mentionnait à son interlocuteur de venir le rejoindre à la buanderie où il se tenait toujours habituellement...
Enfin, il y a 15 minutes, une femme dans la cinquantaine est venue s'informer s'il y avait des intéressés pour l'achat de cigarettes à moitié prix, elle avait un deal quelque part et voulait en faire profiter ses chums de la buanderie...
Ah, et ces discussions politiques qui sont parfois surréalistes... Il y a des jours où je me dis qu'il doit être reposant de temps en temps, de juste être bien heureux et un peu naïf en ce qui a trait à la politique internationale et toutes ces sortes de choses...
Une buanderie bien divertissante, donc, que la mienne, et dont j'espère tirer quelques leçons en observant la faune qui y gravite (pour les autres observateurs, je fais partie de cette faune, le type bizarre et silencieux avec son portable et ses livres fantastiques...
...mais je dois vous laisser, mon linge termine son cycle de séchage, et je vais rentrer chez moi.

lundi 18 septembre 2006

L'impuissance du citoyen

Vous avez vu les manifestations d'hier pour réclamer des interventions au Darfour, cette province du Soudan qui est en guerre civile qui tourne pratiquement au génocide?
Rwanda quelqu'un??
Après avoir laissé les Rwandais s'entretuer et procéder à un génocide d'une minorité, tout le monde s'est mis à pleurer l'innaction de la communauté internationale, snif snif snif, on aurait dû faire quelque chose. Évidemment, comme il n'y avait aucun intérêt économique à se mêler des affaires de ce pays d'Afrique - lire surtout: pas de pétrole - on a rien fait. et on a pleuré, fait des films, des chansons, etc.
C'est bien beau tout ça, ais si on était le moindrement sincère, ces films et histoires et chansons devraient nous enseigner quelque chose non?
Suis-je le seul à me sentir bien impuissant envers notre gouvernement (pour ne nommer que celui-là) pour sa couardise à ne rien faire concernant la situation au Soudan? Va-t-on attendre qu'il soit trop tard et refaire des films et des chansons??
On nous dit que comme cette fois-ci, il y a du pétrole, on ne veut pas se mettre le gouvernement en place à dos, donc on ferme les yeux. Ainsi, ces aspects pétrolico-économiques gèrent la manière dont la communauté internationale (USA en tête) voit d'un bon ou mauvais oeil le fait de tuer des centaines de milliers de personnes? Belle société, non?
Et pendant ce temps, notre gouvernement minoritaire continue de faire ce qu'il veut, puisque minoritaire ou pas, par leur inaction, les partis de l'opposition l'appui indirectement, et seront donc aussi coupable à mes yeux quand il sera le temps de pleurer et de regretter cette inaction.
Pourquoi donc le Canada, un pays renommé mondialement pour ses idéaux pacifiques (à une époque à tout le moins) ne prend-il pas le lead à l'ONU pour faire avancer cette affaire et faire bouger les choses? Ben non, on est trop occupé à débusquer des Talibans rebelles dans les montagnes d'Asghanistan, j'avais oublié. On a des belles priorités, avouez!

Désinformation par les informations

Un dernier mot pour revenir sur le billet précédent.
Lors de cette journée et dans les jours qui l'ont suivis, les médias ont joué la carte du scoop, de l'information rapide, la plus rapide... au détriment de cette information.
Il est amusant de me relire et de constater que les premières informations que j'avais obtenues (tirs dans la rue ayant précédé les tirs dans le collège, et suicide du tireur) se sont avérées exactes après que les médias télé m'ait informé de l'inverse le soir du drame. Ce matin, c'était sa fréquentation du collège qui était démentie, après nous avoir dit qu'il n'en était pas un étudiant, puis qu'il l'avait été, maintenant, c'est non. Est-on censé prendre les médias au sérieux après avoir re¸vu tant d'informations contradictoires pendant 5 jours?
Par la suite, on a bien entendu créé une sorte de vedette avec ce tireur - lui donnant de l'espace média comme on le fait toujours avec ce type de crime. S'il était là pour voir ça, serait-il fier d'être devenu quelqu'un et de passer à l'histoire dans une société qu'il haïssait tant? Il est ironique de constater que cette même société est soulagée de voir que le coupable était quelqu'un comme lui - marginal, étrange, bref assez différent pour que l'on ne se questionne pas trop sur nous-mêmes. Plus ironique me semble-t-il est qu'il vient de donner raison à cette société qui l'a marginalisé d'une certaine manière, en devenant le marginal ultime, un meurtrier dont la société ne veut pas. Sa nouvelle notoriété est condamnée par plusieurs comme de la récupération médiatique, mais au fond, c'est aussi ce que les gens veulent, malgré ce qu'ils disent, alors...

Par contre, on a beau vouloir éviter ce genre de crimes, c'est impossible de tout prévenir.
Deux question demeurent toutefois: les lecteurs de son blog n'ont réellement rien vu venir? J'ai lu les entrées des dernières semaines, et le ton est épouvantablement évident - et vous aurez aussi vues les photos, mais les écrits étaient bien pires. Les cyberpoliciers ne peuvent pas tout voir sur le net; poser la question révèle déjà de la plus grande ignorance du fonctionnement des sites web et des blogs. Certains animateurs ou reporters télé ont toutefois tenté d'implicitement ouvrir le dossier de la surveillance internet par la police. (Sans compter qu'écrire n'est pas commettre un crime et donc que voulez-vous qu'ils fassent s'il n'y a rien d'autre?)
Dans ce cas-ci, il y avait autre chose, et il s'agit de 3 armes, dont une plus efficace que ce qu'un citoyen "ordinaire" devrait avoir besoin. J'ai déjà de la difficulté à comprendre en quoi une arme est utile pour un citoyen ordinaire, alors imaginez une arme de ce genre?
Les politiciens s'amuseront encore dans leur cour d'école à eux, avec les luttes partisanes sur le régistre des armes à feu, et je n'ai entendu aucun journaliste demander pourquoi on tolère au Canada, tout à fait légalement, la possession d'armes de ce type. Sérieusement...
Et même acquises légalement, donc avec un permis, comment donne-t-on ces permis de possession d'armes (semi-?) automatiques? Au premier venu? À un jeune de 25 ans? Voilà des questions pertinentes si on veut tenter de prévenir ce genre de fusillade.
Le pire commentaire entendu à la télé vient certainement de ce dépassé de Bernard Derome, qui a demandé à une psychologue s'il fallait voir un lien entre cet acte et le fait que le tireur ait agit 2 jours après le 5e anniversaire des attentats terroristes de New York. (Un numérologiste aurait peut-être noté que "2" jours et "5" ans, font ensemble "25" qui était l'âge du tireur...). Je me demande sans rire si bientôt ce ne sont pas le genre de foutaises que l'on va nous servir aux informations télévisées!
Enfin... c'est bien triste ce genre de choses. Et pendant ce temps, quelques jeunes marginaux font leur demande de permis de possession d'armes similaires tout à fait légalement, sans que nos législateurs n'interviennent - trop occupés à défendre leurs idéaux de droite, qui supportent indirectement le droit de s'armer jusqu'aux dents et de tirer sur ses concitoyens - d'autres bloggent des commentaires élogieux sur le site du tireur de la semaine dernière sans que personne ne pense qu'il faudrait peut-être voir qui est si entousiaste devant ce drame et ces morts et questionner ces personnes sur les armes qu'ils possèdent... Il me semble que ça serait une bonne idée de s'informer de ces gens qui voient en le tueur de la semaine dernière un héros, non? Ça serait pas une meilleure idée que d'attendre qu'ils fassent pareil et de se demander par la suite pourquoi c'est arrivé, ou comment on a fait pour pas voir venir?
Mais non, les médias sont trop occupés à nous pondre leur dernier scoop et à faire des liens ridicules avec d'autres faits plutôt que de soulever des questions utiles. Misère.

mercredi 13 septembre 2006

La violence (presqu'en direct): une tentative d'explication de l'innexplicable.

Difficile d'être indifférent à ce qui s'est passé dans l'ouest du centre ville de Montréal cet après-midi.
D'abord, une partie du drame s'est déroulé au Collège Dawson, et mon père a été avant sa retraite un professeur de collège. Mon amie Suzie étudie dans un collège (elle y était aujourd'hui), alors les environnement scolaires victimes de violence, ça me touche beaucoup de manière indirecte - ou à tout le moins ça déclenche mon imaginaire. On pense tout de suite aux gens que l'on connaît et qui sont dans les mêmes environnements.

De plus, ce midi, je ne savait rien du drame, et j'étais jusqu'à 15h dans le vieux Montréal. Après une course à la Place des arts, j'ai voulu prendre le métro vers Atwater où j'avais rendez-vous avec mon ami Daniel Sernine. Or on m'informe que le métro (ligne verte) est arrêté indéfiniment. Une panne, comme il en arrive parfois, est la première explication qui vient à l'esprit. J'ai donc pris le bus sur Maisonneuve jusqu'à Guy (il n'allait pas plus loin, ce qui devenait déjà indicateur que quelque chose de plus qu'une panne s'était produit).
Puis j'ai marché jusqu'à Atwater, ou à tout le moins jusqu'au AMC (ancien Forum de Montréal), pour me rendre compte que le quartier était bouclé, encerclé par des forces policières de Montréal et les forces spéciales d'intervention de la Sûreté du Québec. Des caméras de divers réseaux et stations tout autour ainsi que deux hélicoptères survolant le secteur m'ont clairement indiqué que ça devait être quelque chose de sérieux.

Enfin, j'ai entendu vaguement par des passants qu'il s'agissait de coups de feu. Par la suite, un peu par hasard au café du Forum, Daniel et moi sommes tombés sur une agente qui nous a dit qu'un tireur avait d'abord tiré sur quelqu'un au coin de Maisonneuve, avant de s'enfuir sur le campus du collège Dawson et de continuer à tirer. Le tireur se serait suicidé (une information contredite plus tard par les informations officielles lues dans les médias électroniques, de même que celle des premiers tirs sur la rue plutôt qu'au collège).

J'écris donc ceci avant de savoir réellement ce qui s'est produit - j'imagine que j'écouterai les nouvelles du soir puisque les médias électroniques se font avares de faits nouveaux ou éclairants. On ne sait toujours rien sur les motifs du ou des tireurs, peut-être ne le sauront nous réellement jamais en fait, même si c'est dans notre nature de vouloir connaîtres les motifs, comme pour nous rassurer que l'on est généralement à l'abri de ce genre de choses, et que nous ne sommes en rien responsables.
Bien sûr, on se demande comment un jeune (les informations parlent de quelqu'un dans la vingtaine - un étudiant du collège?) a pu mettre la main sur un AK-47 (selon le site de radio-canada, c'est ce fusil semi-automatique qui était l'arme utilisée).

Quand j'ai quitté le AMC quelques heures plus tard, le métro Atwater et le quartier étaient toujours bouclés - et on parlait de rumeur d'autres tireurs, entre autre au Square Westmount. Les médias nous ramèneront probablement Polytechnique et Concordia puisque ces drames se sont aussi déroulés dans des environnements scolaires. Pour moi, il s'agit de récupération médiatique un peu stupide de la part de médias en mal d'informations et de scoop et d'histoires exclusives. Car la question n'est pas là.
On aura beau dire qu'il s'agit d'un problème de société, qu'il faut se remettre en question et tout, il reste que nous ne sommes jamais à l'abri de ce genre de violences. Évidemment, l'accessibilité à une arme aussi puissante est hautement questionnable - l'accès aux armes ne pourra jamais être contrôlé mais avouez qu'avec une vieille carabine de chasse calibre 28 à une balle, il est plus ardu de faire 20 victimes en 15 minutes en tirant un peu au hasard. Et ce commentaire n'est même pas un appui au désormais célèbre registre canadien des armes à feu - une autre abbération politique qui sert autant les pour que les contres sont maintien - la question ici n'est pas tant de savoir qui avait cette arme, puisque le tireur doit maintenant être identifié, mais plutôt de comment il a pu se la procurrer (sans compter que ça ne doit pas être donné comme arme, en plus). Mais la question n'est pas là non plus.

On aura beau chercher à comprendre, je ne pense pas que l'on ne comprenne jamais ce genre de choses, car celui qui a tiré sur ces gens - probablement des victimes du hasard - devait avoir des pensées qu'inconsciemment, nous ne voulons pas comprendre, ni partager. Il est alors plus facile de secouer la tête d'incompréhension. Et de poursuivre sa vie.
Après tout, qu'est-ce qu'on peut réellement faire d'autre?

Je termine en faisant un lien avec ce que j'ai exploré depuis deux jours sur ce blogue, puisque c'est toute la question, en fait.
Toute violence, peu importe comment elle est exprimée, ne peut d'après moi qu'engendrer plus de violence, puisqu'elle s'affiche comme une solution possible à un problème, et que fatalement, quelqu'un quelque part, finira par penser que la solution à son ou ses problèmes passe par cette violence.
Voilà où se trouve l'explication à ce qui s'est passé aujourd'hui dans l'ouest du centre-ville de Montréal, où j'ai passé ma fin d'après-midi, par hasard.

mardi 12 septembre 2006

Mon doublé littéraire de l'automne

Un peu d'auto-promotion(s), tiens.
Et quelques liens et remarques sur les activités des copains auteurs.

Lundi prochain, les éditions Alire lancent leur saison d'automne, à Montréal.

Pour moi, ça sera l'occasion de revoir plusieurs copains du milieu littéraire, de même que les gens de la maison d'édition qui est également responsable de la publication des revues Alibis et Solaris, revues auxquelles je contribue de temps à autres. C'est d'autant plus intéressant pour moi que je publie un doublé cet automne.

Car cette saison, c'est la sortie du numéro 160 de la revue Solaris. J'ai souvent mentionné la revue, mais ce numéro 160 propose une de mes fictions, je le souligne donc ici. Il s'agit d'une très courte histoire intitulée «L'imposteur», nouvelle qui a remporté le Prix Boréal 2006 du concours d'écriture sur place. Fait amusant, le concours était organisé et supervisé par Julie Martel et Julie publie elle aussi une fiction dans ce numéro 160 de Solaris. Je mentionne au passage que la nouvelle relève du fantastique et que l'action (inspirée d'un de mes séjours) se déroule en Équateur. Enfin, je note aussi le présence au sommaire de Jean-Louis Trudel, avec une fiction et un article. Jean-Louis est aussi un blogueur très intéressant à lire sur son Culture des Futurs, dont deux entrées récentes traitent justement d'un sujet que j'ai aussi traité ici.

Quand à Alibis, c'est son 20e numéro qui sort cet automne. Et comme ce numéro 20 propose une de mes fictions, je me retrouve donc avec un texte dans chacune de mes deux revues littéraires préférées en même temps :). Le texte que je publie dans Alibis 20 est une novella de polar qui s'intitule «Le hold-up du Fifth Avenue». L'action se déroule à Vancouver, ville où j'habitais quand j'ai eu l'idée de cette histoire (que j'ai pourtant écrite à Montréal). Je remarque avec un sourire qu'Alibis propose aussi une interview avec Alain Demouzon, au auteur de polar Belge avec qui j'ai été «interrogé» au poste de police de St-Étienne en France en octobre 1998 (longue histoire). Amusante coïncidence.



L'illustration que je vous propose en accompagnement est un amalgame des deux couvertures de ces revues, qui devraient être disponibles sinon en kiosque, certainement en librairie pendant tout l'automne. Solaris propose une très jolie couverture signée par mon amie Laurine Spehner (voyez qu'elle n'en est pas à sa première illustration de couverture, entre autres activités, puisqu'elle blogue aussi sur l'excellent Fractale Framboise).

J'ajoute en terminant que le site web de ces revues propose à chaque trimestre un volet internet gratuit. Le volet de l'automne de Solaris comporte(ra) une rubrique cinéma (*) où je signe cette fois des critiques des films Superman Returns, Pirates of the Carribean: Dead Man's Chest et La science des rêves.
C'est dans le cadre de ce volet internet que je publie régulièrement des articles comme celui du trimestre dernier sur les salles de cinéma au Canada.

(*) Notez que ce lien ne sera valide que lorsque le volet internet de Solaris 160 aura été mis en ligne.

Bonne lecture d'automne.

Afganistan et Liban: Lorsque l'on a honte d'être canadien.

Pour un voyageur, je pense qu'il n'y a rien de pire que de se présenter à des gens rencontrés en voyage... en ayant honte de le faire.
La chose ne m'est pas arrivé souvent, heureusement pour moi, mais j'ai croisé plusieurs américains (démocrates) qui avaient honte de se présenter comme américains ou bien qui s'empressaient de spécifier qu'ils ne supportaient aucunement leur administration actuelle.
Je veux bien sûr parler de cet été.
Ce n'est pas parce que je suis en voyager que je suis totalement déconnecté de ce qui se passe dans le monde pendant mon absence du pays. Oui, souvent, je suis déconnecté des nouvelles régionales (Québec) ou nationales (Canada) quand il s'agit de choses qui n'ont aucun impact à l'étranger. Mais pour le reste, on demeure tout de même informé de ce qui se passe...
Ainsi, j'ai suivi l'évolution de l'invasion du Liban par Israël pendant pratiquement tout l'été, un peu comme vous, mais avec un point de vue différent; celui des médias européens plutôt que canadiens, et celui des commentaires des gouvernements européens plutôt que canadiens...
Et pour une fois, en entendant les réactions officielles et la position officielle de notre gouvernement, j'avais honte d'être canadien à l'étranger.
Pour ma part, il est clair que je condamne cette invasion d'un pays par un autre. Invasion qui se camoufle sous la couverture d'une guerre au terrorisme (hum). Officiellement, toute l'affaire est justifiée par l'enlevement de deux soldats par le Hezbollah. Je veux bien. Auquel cas, si on voulait riposter, il aurait fallu le faire envers les milices ou les cibles de l'ennemi. or cet ennemi d'Isarël se cache parmi la population (en partie au Liban), donc on a décidé d'envahir ce pays, au prix de nombreuses vies humaines, civiles, innocents, qui n'avaient absolument rien à voir dans cette histoire.
Je prends cette position haut et fort, et du même élan, je mentionne aussi que cette condamnation de l'invasion ne signifie pas pour autant que je supporte le Hezbollah ou que je partage son idéologie ou ses pratiques. Je mentionne également que le fait de condamner une action d'Isarël ne fait pas non plus de moi un antisémite! C'est rendu que l'on a plus le droit de dire quoi que se soit sous prétexte de se faire traiter de raciste ou de terroriste, avouez que c'est absurde. Ceci dit, il est intéressant de constater à quel point les gens confondent l'état d'Israël actuel avec l'ensemble de la communauté juive dans le monde... un peu comme les gens ont tendance à mettre tous les musulmans dans le panier terroriste...
Évidemment, les USA, allié fidèle d'Isarël depuis toujours, ont supporté cette invasion. On aurait mal à imaginer autrement. En plus, comme Isarël se donnait comme raison une lutte au terrorisme pour justifier son invasion d'un autre pays, les USA auraient été très mal placé pour condamner le geste (Irak, ça vous dit quelque chose?).
Par contre, là où ça fait mal, c'est quand notre minoritaire de premier ministre se met à parler pour la majorité en supportant lui aussi cette attaque meurtrière de populations civiles. Car c'est de celà qu'il s'agit ici.
Quel genre de message lance donc notre PM au monde??
(Je comprends bien entendu qu'il joue au valet de Bush pour tenter de s'en sortir avec des bonnes relations Canada-USA, mais j'avoue n'avoir rien à foutre de ces relations malgré les dossiers chauds tels le boeuf ou le bois d'oeuvre, puisque l'on parle de vies humaines ici, pas d'économie de marché, et que si l'administration américaine gouverne selon des valeurs qui ne correspondent pas aux nôtres, il faudrait peut-être arrêter de jouer au petit chien avec eux).
Ceci m'amène évidemment à parler brièvement de notre présence (acrrue) en Afganistan, où nous sommes d'abord allés (selon les informations médias de l'époque, supportée par les déclarations de nos dirigeants) pour aider à la reconstruction et à la sécurité. Je ne sais pas comment ni pourquoi notre mission canadienne là-bas a changé d'objectif en cours de route sans trop que quiconque n'en parle au gouvernement ou n'ait à justifier cette nouvelle stratégie, mais coup donc, nous voilà en combat quotidien avec une sorte de guerrilla de résistance de l'ancien régime et d'autres groupuscules.
Bref, pour reprendre là où j'ai laissé hier sur mon commentaire sur la guerre au terrorisme, nous faisons une guguerre au terroristes qui sont soupçonnés d'abriter les terroristes d'Al Qaeda. Autrement dit, nous ramassons les dégâts effectués par les USA - qui ont filé en causer d'autres en Irak - et on fini par se mêler des affaires des autres, au même titre que le gouvernement américains que nous condamnions pourtant lors de son invasion de l'Irak.
Bien sur, plutôt que d'aider le Liban à se remettre de la sauvage invasion de cet été, nos soldats s'enfoncent et se font tuer en Afganistan, belle utilité! (Ce qui démontre bien les courtes vues du gouvernement canadien actuel). Et quand je dis enfonce, je pèse mes mots; on nous a plusieurs fois dit qu'on n'enverrait plus de soldats en Afganistan, et hier encore, on annonçait qu'une centaine de plus allaient y aller. Seront-ils réellement utiles dans ce conflit qui va s'éterniser dans des conditions impossibles à maîtriser?
Le Canada est donc lui aussi en «guerre» contre le terrorisme, et la plupart des canadiens ne le réalisent même pas! Pire, avec ce dossier et celui du Liban, on est désormais aligné sur la politique américaine d'extrême droite, point. Après tout, en cautionnant Israël cet été (qualifiant leur attaque de réaction modérée), notre premier ministre cautionnait la mort de centaines de civils innocents en réaction à l'enlèvement de deux soldats. Ses positions qui font ressortir ses origines alliancistes (et reformistes) semblent passer comme du beurre dans la poële au parlement, où nos partis d'oppositions sont trop «stratèges» pour protester, eux qui ne sentent pas prêt à une campagne électorale et qui laissent donc au gouverment le champs libre de faire ce qu'il veut.
Enfin... l'image du Canada dans le monde (bien connu pour ses idéaux pacifistes) va en prendre pour son rhume.
Et ce retournement de stratégie en politique étrangère fera de nous une excellente cible pour les groupes terroristes dont le but est de lancer le message du «mêlez-vous de vos affaires» dont je discutais hier sur ce blogue.

lundi 11 septembre 2006

La fausse «Guerre» aux terrorisme a déjà été remporté par celui-ci.

Faisons comme tout le monde en ce 11 septembre et parlons terrorisme.

Première précision: bien que la journée des attentats de New York m'ait marqué comme tout le reste de l'Amérique, il faut apprendre à mettre les choses en perspective. Les américains (leur gouvernement en tous cas, que ça soit volontairement ou pas) ne le font pas. On a mystifié cette journée et la chose m'agace souvent. On soulignera tant qu'on voudra les événements d'il y a 5 ans comme un drame de l'histoire de l'humanité, encore faut-il se souvenirs de drames similaires ou mettre le résultat en parallèle avec les réactions qui ont suivi. Exemple, l'invasion de l'Irak par les USA aura coûté plus en vie humaine que les attentats de New York. En fait, le nombre de victimes américaines seules, l'Irak coûtera plus de vies que ce qu'Al Qaeda aura fait aux USA...

Bon, alors cette guerre au terrorisme, qu'en est-il?
Tout d'abord, il est faux de parler de guerre, ce terme désignant généralement un combat, des affrontement entre des adversaires définis. Or, le terrorisme, c'est qui? C'est pleins de monde et personne en tant que groupe réunissant ces gens. Cet état de chose rend totalement impossible la guerre au terrorisme, et encore plus l'idée de vaincre le terrorisme.

Par définition (la mienne en tous cas), le terrorisme est le fait de frapper des innocents pour lancer un message de nature idéologique.
Bien qu'il y ait eu des attentats en tous genre depuis plus de cent ans, on a réellement commencé à parler de terrorisme quand des palestiniens ont attaqués tout à fait gratuitement un pays étranger à leur conflit avec Israël. Le message d'alors était: «tout le monde se fout de nous en disant que notre différent avec Israël ne les concerne pas, maintenant, ça les concerne». Bref, on disait qu monde indépendant que s'il ne voulait pas être frappé gratuitement et sans raison, il devrait se mêler du problème et tenter d'aider ceux qui lançaient le message. On voulait alors que l'on se mêle des affaires des autres.
Les récents attentats (Madrid, Londres) et la tentative qui aurait été avortée cet été à Londres lancent un message bien différent; les pays ciblés (particulièrement en ce qui concerne les faits de cet été) sont les pays qui se sont impliqués dans l'invasion de l'Irak. Message direct: «Ne vous mêlez pas des affaires des autres».
Cet exemple de message démontre bien que «le terrorisme» n'est pas uniforme, n'a pas de chef, n'est pas un groupe que l'on peut combattre. Si demain matin, je décide par conviction de commettre un acte du genre, je ne fais pas partie d'un groupe connu, ne suis en rien connecté à des terroristes, et ainsi, il serait impossible (ou quasi impossible) pour les autorités de m'arrêter. Car sérieusement, si quelqu'un est prêt à mourir en accomplissant ce qu'il voit comme une mission, il est effectivement très difficile de l'arrêter. On peut augmenter les normes de sécurité (j'y reviens plus loin), mais pas les rendre 100% impénétrable, et ce, peut importe l'endroit visé.
Ainsi, faire la guerre au terrorisme est inutile, de la manière dont les USA d'aujourd'hui prétendent la faire. Évidemment, l'idée est aussi simple que simpliste, alors elle est facile à passer auprès du peuple lors d'élections («Moi, je vais tuer les terroristes, vous allez être plus en sécurité» est un message qui a permis à GWBush de se faire réélire simplement).
Or les actions pseudo-anti-terroristes d'aujourd'hui ne font qu'une chose avec certitude: elles créent le terroriste de demain. L'agenda des républicains américains est évidemment plus complexe, mais son application a des répercussions sur les autres pays, dont le nôtre. C'est d'autant plus sérieux pour les canadiens quand leur premier ministre minoritaire décide de jouer au valet de W.

Bon, alors s'il est inutile de faire la guerre au terrorisme, pourquoi est-ce que je dis que le terrorisme a déjà gagné cetet guerre?
C'est plutôt simple. L'objectif du terrorisme - le mot le dit - c'est d'engendrer la terreur. On veut qu'un groupe de gens ait assez peur pour les forcer à poser le geste qui est celui désiré par ceux qui ont commis l'acte. Reprenez mon exemple palestinien; si les pays voisins ont assez peur de nos attaques gratuiites, ils vont finir par nous écouter et nous venir en aide (en très simplifié, mais c'est ça qui est ça).
Or quel est le but des actes comme ceux de New York? Entre autres choses, dénoncer/lutter contre la disparité épouvantable du niveau de vie des pays industrialisés - dont les USA représente l'idéal néo-libéraliste en terme d'économie capitaliste - par rapport aux pays plus pauvres. L'apparition de cellules basées sur la religion est presque anecdotique (et logique si on pense que les grands mouvements de violence de notre histoire humaine ont souvent été motivés par la religion quelle qu'elle soit).
Déstabiliser les plus riches, les habitants de ces sociétés capitalistes, donc. Et quel est le mot d'ordre et la méthode de prolifération de ces sociétés sinon la mondialisation, qui assure une meilleure circulation des personnes, des capitaux et des biens.
Voici pourquoi les attaques de new York ont été marquantes; elles transformaient et fragilisaient le transport aérien, donc le secteur le plus important de cette mondialisation des marchés, puisque c'est encore le meilleur moyen de déplacement des personnes et des biens de consommation des sociétés visées.
Attaques à new York en 2001, suivies par cinq ans de mesures diverses pour augmenter notre sécurité. Nous n'avions que peu de choix, évidemment, mais en même temps, ces mesures nécessaires réduisaient déjà notre mobilité, ajoutant quelques irritants ici et là et ajoutant surtout quelques interdits.
Puis d'autres attentats, achevés ou non, comme ceux perpétrés en Espagne ou en Angleterre. Récemment, donc, on a ajouté d'autres mesures de sécurité (l'affaire des liquides), et réduit d'autant notre plaisir et notre facilité à se déplacer, ajoutant des délais et interdits devenus nécessaire pour assurer la sécurité de ce mode de transport des biens et personnes.
Or comme je l'ai déjà mentionné, il n'est pas possible de créer un systême de sécurité à toutes épreuves, notamment dans le monde du transport aérien, à moins d'être si étanche qu'il faudrait par exemple limiter les vols, et allonger encore une fois les délais et les interdits. car tant qu'il y aura des gens en avion, il y aura des risques si un de ces passagers est prêt à donner sa vie pour sa cause. Avant, c'était les armes, puis les armes blanches, les objets métalliques... Maintenant, ce sont les liquides... Après, ça sera les clefs, les petits objets en bois, les lunettes en plastique rigide, etc. Puis, après l'interdiction totale de baggages en cabine, on passera à la limitation au niveau vestimentaire... qui sait?
Bref, en un mot comme en cent, en rendant plus vulnérable, dangereux, risqué, moins populaire, le moyen de déplacement et expédition nécessaire au commerce mondial, les responsable des attaques de new York ont gagné d'avance cette guerre au terrorisme puisque nous sommes déjà moins libres qu'avant, moins mobiles, bref, un peu moins mondialisés.

Et ce n'est pas en invahissant les pays à notre guise que nous allons faire évoluer la question. Que ça soit en Afganistan, en Irak, au Liban où ailleurs dans le monde. Et que l'on ne vienne pas me lancer l'argument voulant que l'on installe par la suite un régime démocratique, puisqu'il s'agit d'une autre utopie; des dizaines de pays «libérés» involontairement par les américains depuis des décennies, aucun n'a pu établir un régime démocratique sans une révolution, une guerre ou d'autres affrontements. Il n'y a qu'à regarder tout ce que les divers gouvernements ont pu faire comme dommages au Guatemala, au Nicaragua et ailleurs en Amérique Latine par le passé pour le réaliser bien rapidement.
(Il serait intéressant de voir comment tourneraient les choses si dans 10 ans, après une élection en irak, les irakiens portaient au pouvoir un gouvernement de gauche peu enclin à collaborer avec les USA...)

Le monde a changé, et je vais continuer à le parcourir pour mieux comprendre et mieux le découvrir... tant qu'on me donnera la possibilité de me déplacer... Car un des volets que je n'ai pas abordé ici est combien les attentats de New York ont fini par donner des munitions aux gens de droite pour réduire les droits individuels et les droits de penser autrement qu'eux... Je m'arrêterai donc ici...