La fin de semaine dernière, je me suis fait un petit plaisir en allant faire une visite au Musée des beaux arts de Montréal. Ce n’est pas la première fois que je visite le musée, généralement, je vais voir des expositions thématiques temporaires, et je jette un coup d’œil à quelques portions de la collection permanente du Musée. Cette fois-ci, malgré la présence d’une exposition sur l’Égypte qui est prometteuse, j’ai consacré ma visite à la collection permanente, principalement ses tableaux et ses sculptures.
Première constatation; la collection du Musée est probablement la meilleure au pays, puisque l’on peut à la fois y retrouver de l’art contemporain et de l’Art disons, plus classique. J’avoue que pour ma part, la section qui m’attirait le plus était celle consacrée à l’art européen d’avant le 20e siècle. Et je n’ai pas été déçu.
J’y ai découvert par exemple un Jan Baptist Weenix (paysage fluvial avec bac) que je ne connaissais absolument pas. Je ne suis pas un très grand fan de paysage, mais celui ci est très vivant, comme une scène de la vie courante. La Tempête en mer de Francesco Guardi est aussi une composition intéressante. Étrangement, les navires représentés sont très anciens, plus anciens que l'époque du peintre, qui n’avait probablement pas conscience qu'il faisait quelque chose d'historique...
Une peinture qui m’a particulièrement attiré l’œil est celle de Godfried Shalcken, sur Salome et la tête de Jean-Baptiste, une thématique plutôt usée, dirons-nous. Mais même si on n’est pas sensible à sa thématique, la lumière qui se dégage de ce tableau, éclairé par une bougie, est remarquable. Le peintre, élève d'un élève de Rembrandt, et sa manière de jouer avec l'éclairage, est typique des peintres de cette époque. Même chose pour Nicolas Maes, et son Adoration (un autre thème classique), mais qui semble moins évocatrice...
Le tableau de Rambrandt du Musée ne m’a pas particulièrement impressionné. Intéressant mais sans évoquer de sentiment mémorable chez moi.
Parmi les œuvres sculptées, La jeune fille à la chèvre, splendide oeuvre de Pierre Julien, vaut le détour. C’est la première fois que je remarque une oeuvre de Julien. La nymphe Salmacis est aussi superbe et superbement mise en valeur dans une passerelle vitrée de l'édifice. J’avoue que plus j’observe de sculptures, plus je réalise que le marbre est un médium qui me rejoint en tant qu’amateur. Notons au passage que les deux édifices qui abritent le musée sont tous deux intéressant en eux-mêmes. J’ai un penchant pour l’Architecture plus classique de celui situé sur le versant nord de Sherbrooke, mais même celui qui lui fait face au sud est beau pour une œuvre moderne. Cet encadrement architectural ajoute une dimension certaine à la visite de la collection.
Quelques dessins sont aussi présents, j’avoue ne pas être un grand fan, sauf exception (j’ai encore en mémoire l’incroyable exposition des dessins de Picasso que j’ai eu le bonheur de voir à Berlin). Une jolie Camille d’Aubry Lecompte mérite le détour par cette salle, par contre.
Le musée propose aussi une assez vaste collection d’art canadien. Au niveau des tableaux, j’avoue m’être déplacé distraitement, jetant des regards ici et là mais n’étant conquis par rien de particulier. Je pense qu’étant né dans ce pays, les thématiques typiques canadiennes me rejoignent peu. Manque d’exotisme, ou époque trop rapprochée de la mienne, je ne saurais dire. Les toiles de Peel m’ont plu, par contre, mais sans plus.
Coté sculptures, Laliberté réussi toujours à m’intéresser, malgré qu’il ait principalement effectué des œuvres sur une thématique que je n’aime guère (le misérabilisme québécois et moi, ça fait deux). Parmi les œuvres du Musée – une collection impressionnante que l’on dit être la plus vaste collection de Laliberté – j’ai été particulièrement touché par son Emprise de la pensée, œuvre absolument superbe dont on ne se fatigue pas de la regarder.
Concernant l’art contemporain, je dois avouer que ce n’est définitivement pas ma tasse de thé. Un Borduas passe encore, mais dès le second, on a un sentiment de répétition. Même chose avec Riopelle, qui tient le coup deux toiles (une avec oiseau et une sans) avant de ressentir la répétition – je sens que je vais me faire crucifier pour dire ces choses-là, mais encore, je ne parle pas du reste, qui va de banal à totalement ridicule (je pense à ce coup de rouleau sur un canevas blanc).
Par contre, dans les toiles plus contemporaines, il m’est impossible de passer sous silence les trois Picasso du Musée. Ces œuvres dévorent littéralement l’espace et le visiteur dans la salle où elles sont présentées. L’étreinte, la plus célèbre des trois, m’a illico mis un grand sourire sur le visage. Picasso a un style unique, vous aimez ou détestez, j’imagine. Et bien que je préfère en général ses dessins à sa peinture, je ne peux qu’admirer tout ce qui se dégage du Mousquetaire esquissé en quelques coups de peintures et si vivant malgré la sobriété de la composition.
Je termine ce résumé de ma visite par la pièce de résistance; une toile absolument sublime d’un peintre qui s’appelle Jacob Van Ruisdael et intitulée Champs de blanchiment près de Haarlem. En me retournant dans la salle et en voyant cette peinture, mon œil n’a pas seulement été attiré illico, j’ai ressenti comme un frisson tellement j’ai trouvé ce tableau génial. Les nuages qui remplissent le ciel avec un sens de la perspective absolument renversant, c’est vraiment une toile à voir. La composition dans son ensemble rappelle Vermeer, mais pas le Vermeer intérieur avec lumière tamisée provenant de la fenêtre, mais bien le rare Vermeer extérieur avec ses vues de sa ville et ces ciels qui occupent les deux tiers de la toile.
Bref, cette toile à elle seule vaut amplement le prix du billet, qui est gratuit dans le cas de la collection permanente, le musée laisse à votre discrétion le montant que vous offrez en guise de don. Personnellement, j’avais laissé 5 dollars à l’entrée, mais j’en ai ajouté 5 autres à la sortie, trop fier d’avoir pu profiter de la vue de cette œuvre de Ruisdael, qui a définitivement fait ma journée.
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