mardi 10 décembre 2024

Frida et Diego (4): L'aqueduc municipal et la pyramide-musée Anahuacalli

Je sais, je devais me tenir à mes trois billets sur Frida et Diego, mais c'est pas ma faute; ils apparaissent partout quand on visite la ville de Mexico, même là où on ne les attends pas, c'est-à-dire à l'aqueduc municipal de la ville, inauguré dans les années 50, dans la seconde section du grand parc Chapultepec.

Voici donc une dernière série de photos sur la présence de ceux qui sont en quelque sorte devenu mes amis de voyage pendant ce (trop court) séjour de quelques semaines dans la capitale du Mexique.


J'avais vaguement entendu parler de la "fontaine" de l'aqueduc municipal, installée près des citernes qui accumulent l'eau de la ville provenant d'un aqueduc instauré en 1952. La fontaine monumentale est un design de Diego Rivera, qui a été appelé pour l'occasion et qui avait comme vision d'unir les idée des ingénieurs, architectes, peintres, sculpteurs, etc dans la réalisation de l'ouvrage. Le monument, au centre de la fontaine qui est érigé devant l'immeuble principal où se trouvent les valves de l'aqueduc, représente un Chaac géant - Dieu de la pluie chez les aztèques - représenté en mosaïque de céramiques et couché dans la fontaine. Diego l'avait imaginé ainsi pour qu'il soit visible du ciel par les passagers des avions.


La statue couchée dans la fontaine est aussi décorée de multiples détails - ici, on voit sous un de ses deux pieds, par un habile jeu où le personnage a la jambe légèrement tournée.


La tête de Chaac, à l'extérieur de l'immeuble, possède une double face; celle qu'on voit d'en haut, et une autre, sur sa tête, que l'on voit de l'intérieur de l'immeuble. Dans la citerne, une fresque peinte par Diego complète l'oeuvre. On voit ici une partie de cette fresque, les deux mains, qui font écho au visage de Chaac à l'extérieur.


Vue d'ensemble (d'une moitié) de la fresque dans la citerne. Avec le passage du temps, la municipalité a décidé de dévier le passage de l'eau dans une autre citerne (souterraine, plus loin) pour éviter que l'oeuvre de Diego Rivera ne se dégrade. On voit donc la fresque aujourd'hui de manière un peu différente que celle imaginée par Rivera qui avait prévu un visionnement "à travers" l'eau de la citerne.


Non loin de là, boulevard Constituentes - et totalement par hasard - je suis tombé sur cette murale représentant Frida sur un édifice non loin de la station de métro.


Si on continue à explorer le parc Chapultepec, on atteint une 3e section, où se trouve un grand cimetière. Près de l'entrée du cimetière, on retrouve cette rotonde, consacrée aux gens importants du Mexique par le pays. Le monument qui se trouve en plein centre de la photo est la tombe de Diego Rivera. Le peintre avait lui-même dessiné et supervisé la construction de l'immeuble où il voulait reposer, mais vu sa célébrité et son importance, le gouvernement du Mexique (lors de son décès) a fait pression sur ses héritiers pour qu'il soit plutôt inhumé dans la rotonde des personnages célèbres du pays.


Même s'il n'a pas été enterré où il l'avait demandé, Diego repose aujourd'hui non loin de son ami de longue date; l'architecte et peintre John O'Gorman.


Détail d'un bas relief de la tombe de Rivera. On reconnait les influences précolombiennes; une passion de Diego Rivera toute sa vie durant.


Rivera collectionnait les pièces d'artisanat précolombien depuis sa jeunesse. Il a eu l'occasion au cours de sa vie d'accumuler des dizaines de milliers de pièces. Sur cette photo, deux sculptures de son imposante collection, que l'on peut voir (en partie) dans la pyramide-musée de Anahuacalli. Le musée est abrité dans un immeuble dessiné par Rivera, dont il supervisa aussi la construction pendant plusieurs années avant sa mort. 


L'édifice est une merveille pour les yeux. Son intérieur surprend par un rez-de-chaussée sombre et envoutant; c'est l'inframonde des aztèque et des mayas. Des vitraux laissent pénétrer quelque filet de lumière, mais sinon, on se sent réellement à l'intérieur d'une pyramide. Les plafonds sont des oeuvres d'arts et chaque pièce apporte sa surprise côté design (et contenu).


De l'extérieur, la "pyramide" de Diego comporte plusieurs influences; précolombien, fonctionnaliste et aussi marxiste dans son allure austère. Des sculptures de visages modernes de Chaac parsème les murs extérieurs, et la très grande majorité des murs sont érigés avec des pierres volcaniques, parfois sans mortier, mais l'idée de Diego d'éviter tout mortier n'a jamais pu être réalisée.


Une des pièces de la collection de Rivera, à côté de la porte - qui rappelle évidemment les portes de pyramides pré-hispaniques.


Lors de notre visite, le musée avait exceptionnellement conservé son offrande del Dia de muertos à Diego Rivera.


Par contraste, les étages supérieurs sont très éclairés - à l'image du monde des humains et des cieux dans la mythologie aztéque et maya - et on y retrouve quelques oeuvres de Rivera, comme de grands croquis réalisés juste avant de travailler sur des murales. Ici, on reconnait le portrait de Frida Khalo dessiné par Diego quelques semaines à peine après avoir rencontrée Frida.


Sinon, je suis allé visiter l'ancien collège San Idelfonso, et - surprise - on y retrouve des murales sur plusieurs de ses murs. Transformé en musée, on peut y admirer la toute première murale de Diego Rivera; "la création". Ici, on voit un détail de cette murale difficile à photographier - elle est située dans l'amphiteatro du collège, L'amphithéâtre Simon Bolivar, et la murale a été réalisée sur l'arrière-scène, une affaire avec une alcôve centrale. L'amphithéâtre est ouvert seulement pour permettre aux visiteurs de l'ancien collège de voir cette murale, et par souci de conservation, l'éclairage est tamisé. 


L'ensemble de la murale est donc difficile à apprécier sur une photo générale... On reconnait plusieurs éléments de la thématique de la création - y compris Adam et Ève assis de part et d'autres, mais il est aussi intéressant de noter que Diego s'inspirait de personnes réelles pour réaliser certains personnages. Ainsi, les figures personnifiant la justice, la fable, la poésie, la tradition, par exemple, se trouvent représentées sous les traits de l'actrice Dolores Del Rio ou sous ceux de Lupe Marin (qu'il allait épouser en décembre de 1922 après la réalisation de "La création"). 
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J'ai l'impression de n'avoir fait qu'effleuré les sujets fascinants que sont Frida Kahlo et Diego Rivera dans mon journal, et pourtant, je réalise qu'avec 4 billets, ce sont devenus les personnages principaux de ce séjour. 
Je termine ce dernier billet en suggérant au lecteur de ce journal l'excellent film documentaire justement sorti en 2024 et intitulé «Frida». Je l'ai vu tout récemment, et même si je n'ai pas appris énormément de nouvelles informations sur ces deux artistes, j'ai été fasciné par les nombreuses archives visuelles (photos et vidéo) du couple et le film utilise avec brio diverses techniques de montage et d'incorporation des oeuvres de Frida Kahlo, même pour un cinéphile pas toujours fan de documentaires.
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