jeudi 25 août 2022

En route vers l'Allemagne - et les aléas des voyages non organisés et une visite chez Hans Christian Andersen

L’avantage des voyages en indépendant repose sur la totale liberté que ça procure au voyageur; aucune destination définitive, aucun arrêt forcé, aucun horaire de visite, aucune obligation d’aller ici ou de partir de là. Certains pourraient aussi appeler ça un désavantage puisque si vous voyagez sur un budget raisonnablement limité, vous pouvez faire face, en haute saison, à des choix qui sont plus ou moins forcés de toute manière.
Ferry à Aeroskobing
Nous avions prévu, pour ce voyage-ci, de peut-être nous arrêter à Berlin quelques jours, une ville où nous n’avons pas mis les pieds depuis notre premier voyage en indépendant, il y a 19 ans - presque 20. Or, n’ayant rien réservé d’avance, on s’est retrouvé avec un choix budgétaire; les auberges et hébergements abordables affichaient complet, de même que plusieurs trains - à part les options les plus dispendieuses.
Préférant voyager longtemps et en voir le plus possible pour notre budget, nous avons donc fait le choix de ne pas passer par Berlin cette fois-ci. C’est ainsi que nous avons décidé que plutôt que de passer par l’est de l’Allemagne, nous allions descendre son côté ouest. 
Sous le pont en arrivant à Svenborg
La ville de Brême est donc devenue notre destination improvisée pour ce premier arrêt de quelques jours en Allemagne. Pour le transport, ça s’avérait plus compliqué. De l’île d’Aero, on pouvait rejoindre le train reliant Copenhague à Hambourg (à Odense), mais pour la partie allemande du trajet, la compagnie exigeait un siège réservé - et les trains du jours affichaient tous complet. La portion danoise du trajet n’avait pas cette exigence (en cas de sièges complets, vous demeurez debout dans les secteurs accordéons entre les wagons).
Nous avons donc décidé d’improviser, et, une fois sorti du ferry de 8h35 de Aero à Svenborg, nous avons acheté un billet Svenborg-Padborg, via Odense. Padborg étant situé à la frontière avec l’Allemagne, nous avons pensé traverser en Allemagne à ce point, puis emprunter des trains régionaux vers Brême puisque ces trains ne demandent pas de réservations de sièges à l’avance. 
Svenborg
Le trajet se déroulait rondement de Svenborg à Odense, puis nous avions une heure avant notre train suivant, alors nous nous sommes baladé dans la ville natale de Hans Christian Andersen - j’ai même eu le temps de montrer la maison d’enfance de l’auteur à Suze,  maison où j’étais allé en 2015. Puis, nous avons pris le fameux train à sièges réservés - pour sa portion Odense-Padborg.
Ce train s’est avéré une expérience particulièrement chaotique. Un bug informatique empêchait les contrôleurs d’afficher les bonnes informations dans les wagons, particulièrement les numéros de wagons et de sièges. Pour un train avec sièges réservés, c’était un peu le pire scénario. Le chaos, les chaises musicales, les chicanes de sièges, les allers-retour entre les wagons, les arguments entre passagers qui tenaient à leur siège à tout prix dans un train à l’affichage défectueux, toute l’affaire était assez drôle pour les voyageurs qui, comme nous, n'en faisaient pas tout un plat. Nous avons changé de siège 4-5 fois à la demande de divers passagers - dont une partie se faisaient éjecter par la suite, s’étant trompé de siège en nous demandant de vaquer les lieux - bref, ça nous a amusé un bout du trajet. 
Odense
Anecdote supplémentaire; à un moment, notre voisine de siège, qui avait mis son cellulaire en charge sur le bord de son accoudoir côté fenêtre, a soudainement perdu son téléphone. L’appareil s’est débranché et est tombé entre l’accoudoir et la fenêtre, un tout petit espace d’où il semblait impossible è extraire. Branle-bas de combat pour tenter de récupérer l’appareil, jusqu’à démonter une partie du siège, se glisser à plat ventre sous les sièges, peine perdue. Bon, après quinze-vingt minutes d’action, son compagnon a finalement réussi, lui aussi couché par terre, à faire glisser le téléphone sous le siège suivant et l’a récupéré. 
Toute cette action nous a mené à Padborg, petite ville frontalière assez tranquille, où nous avons constaté qu’un train régional reliant la ville à Flensburg, sa contrepartie allemande passait seulement 2h plus tard. 
Nous avons appris ensuite qu’on pouvait aussi traverser la frontière - sise à 15 minutes à pied - et qu’un bus passait non loin de là côté allemand. Ayant du temps devant nous, on a donc marché et sommes passé en Allemagne à pied. 
Maison d'enfance de H. C. Andersen
Malheureusement, nous avons raté le bus de une minute, et ça nous laissait avec au moins une heure d’attente, sans savoir si ce bus allait nous mener près ou loin de la station de train à Flensburg. Nous avons donc rebroussé chemin, sommes rentré au Danemark, et avons pris le train de Padborg à Flensburg. De là, le plan s’est considérablement simplifié - un train régional de Flensburg à Hambourg puis un train régional de Hambourg à Brême semblaient la chose la plus facile. Facile, mais long, les trains régionaux s’arrêtant littéralement à toutes les petites villes. Nous avions quitté Aeroskobing par le ferry de 8h35 ce matin-là, nous avons atteint Brême autour de 21h40, soit plus de 13h de transport (pertes de temps et visite de Odense inclus).
"Terminus" de bus,
 à la frontière allemande.
Pour ne pas trop avoir à marcher dans une ville inconnue la nuit pour nous rendre à notre auberge, j’avais un plan: le tram de Brême, dont deux lignes passaient par la gare et le coin de rue où nous avions réservé la veille. Nous avons donc pris le tram… pour se rendre compte que parce que des travaux avaient lieu au carrefour où nous devions nous rendre, les 2 lignes de tram prenaient un trajet différent de celui apparaissant sur les cartes officielles. Heureusement, on a repéré l’erreur assez vite et nous sommes descendus dans le centre-ville, à 15 minutes à pied de notre hébergement - il était passé 22h, nous étions partis de notre auberge de Aero à 8h ce matin-là.
Je suis persuadé que ce genre de journée, mélange d'imprévu et de chaos et de changement de plans, n'arrive jamais dans les voyages organisés, et j'imagine que les gens qui préfèrent ce genre de choses apprécient cet élément prévisible, mais même si la journée a été éreintante au final, j'ai quand même adoré cette aventure improvisée du début à la fin, et même la fatigue ressentie pendant ce genre de journée n'arrivera pas à me faire voyager autrement.


 

Suze à la gare de Hambourg.

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