lundi 6 septembre 2010

Dans les palais et jardins de Marrakech

Pour notre seconde journée complète à Marrakech, nous marchons au hasard dans la medina et ses souks pendant quelques heures de plus. Mais l’essentiel de notre journée est passée à visiter des palais.
Ancienne ville impériale, Marrakech est entourée par une série impressionnante de murailles diverses et labyrinthiques, et il nous est impossible d’en faire le tour en quelques jours. Par contre, l’intérêt de ses palais est incontestable et ils demeurent le meilleur moyen de pouvoir admirer de près la décoration typique des dynasties ayant régné sur le pays. Nous en visitons donc trois.
Le premier, El Bahia est une très grande demeure absolument magnifique et en grande partie bien conservée. La visite du palais El Badii est totalement différente: l’enceinte est énorme et imposante, et l’ensemble est complètement en ruines. S’il est intéressant de s’y balader – marchant parfois trois minutes entre les vestiges de ses édifices – et si l’immensité de la chose est incroyable, j’avoue préférer les palais plus modeste mais plus décorés ou à l’architecture plus élaborée. El Badii prouve que son propriétaire voulait montrer sa puissance par la grandeur de son palais, alors que El Bahia démontrait combien on peut faire quelque chose de sublime dans les détails.
Le troisième palais, Si Said, s’est avéré le plus intéressant car un gentil monsieur gardien nous a non seulement autorisé à prendre des photos là où c’est interdit (hehe), mais nous fait visiter et aller dans des coins non accessibles aux visiteurs « ordinaires », comme le siège de la mariée, où il fait asseoir Suze après avoir enlevé le cordon protecteur (en jetant un œil inquiet vers la porte) ainsi que le Harem, qu’il nous montré par la fenêtre de l’étage après nous avoir pris en photo assis sur le divan d’un salon fermé aux visiteurs.
Plus tard, dans les souks, on se fait faire du henna par une gentille dame vendeuse de chapeaux, complètement voilée, puis on partage un sandwich au café des épices sur la petite place.
En soirée, nous nous offrons un souper sur une terrasse avec vue sur la place Djema el Fna, admirant ses nombreux minarets, écoutant les appels à la prière des muezzins et regardant les hommes qui prient sur des tapis dans la place. Il est toujours étonnant de voir l'immensité de cette place dans une medina aussi compacte que celle de Marrakech. Après une autre traversée de la place, avec ses charmeurs de serpents et ses vendeurs de jus d’orange, nous rejoignons notre Riad.
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Pour notre dernière journée à Marrakech, nous sortons de la medina et explorons un peu la ville nouvelle. Les édifices sont jolis et proprement alignés sur de beaux grands boulevards très européens, ce qui rend la ville nouvelle vraiment reposante après l’intensité de la medina. Malgré le trafic, tout est aéré et la balade s’avère fort agréable malgré la chaleur. Depuis notre arrivée à Marrakech, la température maximum quotidienne a varié entre 45 et 49 degrés. Heureusement, il n’y a absolument aucune humidité, l’air est très sec même, puisque le désert du Sahara n’est pas très loin. Corinne et Vincent, avec qui nous avons souper le lendemain de notre arrivée, ont quitté Marrakech pour un trek de 3 jours les menant dans un oasis à deux heures de chameau dans le désert.
Malgré cette proximité avec le Sahara, nous avons pris la décision de ne pas aller en excursion dans le désert. En voyage comme dans la vie, tout est question de choix et on ne peut pas tout avoir. Nous n’avons que deux semaines pour tâter du Maroc, ce qui est plus court que ce à quoi nous sommes habitués lors de nos séjours prolongés sans horaires précis. J’ai lu que malgré les offres intéressantes à Marrakech, il ne valait pas vraiment la peine de partir vers le désert si on ne dispose pas de cinq jours pour faire un petit aller-retour et pénétrer sérieusement dans le Sahara. Le désert, comme bien d’autres attractions du Maroc sera donc réservé pour un prochain séjour au Maghreb. Aussi, nous nous savons amateurs d'architecture et d'histoire, alors en si peu de temps, ce sont les villes qui semblent notre priorité. Enfin, Suze revenant du Burkina, son intérêt premier est de pouvoir visiter des musées, des palais, des souks, et non de contempler un paysage pendant deux jours entier.
Dans la ville nouvelle, nous allons visiter les jardins Majorelle, où ce sont les aires de cactus qui retiennent mon attention. Le mausolée à Yves St-Laurent est sobre. L’endroit est calme et respire la tranquillité et la paix. C’est agréable et reposant à la fois. Un petit musée présente une très intéressante exposition sur des affiches de type oriental, consacrée au tourisme au Maroc à l’époque coloniale française. C’est vraiment beau et intéressant et ça rappelle les affiches coloniales vues en Indochine ou celle du Lac St-Jean qui trône dans mon salon à Montréal.
En route vers la medina, nous faisons un passage à l’épicerie, mais ils n’ont pas de bière. C’est qu’il est interdit, généralement, de vendre de l’alcool dans les medinas, alors qu’il arrive que l’on déniche un commerçant dans les villes nouvelles qui est autorisé à en vendre. Ce n’est pas le cas de l’épicerie de Marrakech. Nous achetons une bouteille de schwepps-citron, une citronnade gazéifiée qui est devenue notre boisson de prédilection; avec la chaleur qui règne à Marrakech, nous en buvons littéralement des litres par jour. (Il a l’avantage d’être agréable au goût, rafraîchissant et énergisant, sans être sucré comme une boisson gazeuse).
Passé la porte principale de l’enceinte de la medina, nous sommes encore à au moins une heure de marche de Djema el Fna par les rues les plus larges. Sous le soleil de plomb, et avec rien de bien intéressant à voir entre la porte et la place, nous décidons de prendre un petit taxi. Le chauffeur n’a pas de taximètre, alors nous devons fixer un prix. Il ne parle qu’arabe, et comprends évidemment Djema el Fna. Il me dit son prix, quelque chose qui sonne comme « sbadram ». Sbadram? Ça ne ressemble à aucun chiffre arabe que je me souvienne de ma lecture récente d’un petit lexique utilitaire. Je répète, il répète, je lui montre les cinq doigts de ma main gauche, il me tend deux pièces; une de 5 dirhams et une de 2 dirhams. Sept, donc. Alors que nous filons vers la place, je comprends soudainement que mon oreille n’a entendu qu’un mot là où il y en avait deux. Sbadram = Sebaa Dirhams. J’avais lu qu’en arabe, certains ne prononcent presque pas les voyelles, je venais d’en entendre un bon exemple. Sebaa Dirhams, 7 dirhams. Un bon deal pour la distance parcourue.
En fin de journée, nous faisons une longue marche dans la Kasbah de Marrakech avant de passer une soirée tranquille et de souper au café en face de notre Riad, sans savoir qu’il était en fait fermé depuis 10 minutes alors que nous recevions notre nourriture! Le serveur du resto avait été soit trop timide ou trop respectueux de ses clients (et c’était notre seconde visite dans cet établissement) pour nous avoir dit à notre arrivée qu’il fermait justement. Il avait donc apporté des menus, patienté pendant notre hésitation, pris notre commande et apporté notre repas… Il nous a finalement informé qu’ils étaient fermés depuis un moment quand il est venu s’assurer que nous ne prendrions rien de plus.
Cette gentillesse de certains marocains est sincère et rarement égalée, mais étrangement, c’est un trait de caractère qui n’est pas universel, peu importe le pays, et parfois, elle est forcée et beaucoup moins sincère que celle de ce serveur de restaurant. Nous en avions eu un aperçu dans les souks – qui seront le sujet de mon prochain billet - et nous allions pouvoir le constater également pendant le reste de notre voyage.
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Et quelques photos de plus:

Rue de la medina, près du palais Si Said.


Lumière (biblique?) à travers les portes d'El Bahia.


Les ruines d'El Badii.


De la terrasse d'El Badii, nous pouvions voir les nombreux nids de cigognes qui parsèment les toits des vieux édifices de Marrakech. J'en ai donc immortalisée une pour l'anecdote. Notez le ciel gris: il n'y a aucun nuage et il fait 46 degrés. ce que l'on voit à l'horizon (au zoom 3x en plus), c'est le smog.


Suze sous une porte à El Bahia (pour l'échelle, ainsi que pour montrer la minutie de la décoration de l'arche).


Dans l'incroyable palais Si Said. On peut voir les céramiques en bas de mur, le marbre au sol, les mosaïques, puis le bois peint et le bois sculpté ainsi qu'une partie du plafond de cette petite pièce... interdite aux visiteurs.

Entre la place Djema el Fna et la place Foucault, un homme transport ses oeufs sur sa moto.
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