vendredi 11 juin 2010

Dix films à la maison, avant les films d'avion

Avant de repartir à l'étranger, j'ai continué mon petit rattrapage cinéma (DVD, en fait), comme ça, à mon retour... je ne serai en retard que de quelques mois sur les sorties de cet été! :-)
Prétexte donc, en terminant mes bagages, pour vous parler des dix derniers films que j'ai visionnés.
Cette série de commentaires sur les films s'ajoutent donc (et terminent) mes critiques de printemps entamées plus tôt cette année. Il ne reste plus qu'a me souhaiter d'avoir des bons films dans mon vol New-York-Malaga!
J'y vais donc comme ça vient, sans ordre précis.

From Paris with Love est un film produit par Luc Besson. Et comme Besson est aussi à l'origine de l'idée derrière le scénario, on est prévenu dès le générique. Le film comporte beaucoup des qualités typiques des films que le cinéaste français aime produire; scènes d'action musclées, personnages cool, humour bon enfant, et revirements inattendus. Évidemment, il comporte aussi les défauts correspondants; manque de cohérence de l'intrigue, rythme trop rapide de dévoilement d'information, poursuite et scène d'action over the top et simplicité des relations entre les personnages. Pourtant, From Paris with Love - pour peu qu'on aime le genre - est plutôt réussi. L'intrigue est juste assez relevée, éclatée et imprévisible par moment pour soutenir l'intérêt, Travolta - qui est un habitué de ce genre de personnage - campe un personnage sympathique malgré ses excès et la réalisation n'est pas prétentieuse pour deux sous. Il y a plein de clin d'oeil (celui à Pulp Fiction est... savoureux) et j'ai fini par passer un très bon moment dans mon salon avec ce film.

Dans un registre tout autre, Sunshine Cleaning est ce genre de petit film indépendant à l'intrigue décalée et originale, à mi-chemin entre le drame et la comédie, bref, un beau petit film sympathique et souvent drôle. Ça raconte l'histoire de deux soeurs bien différentes, qui s'associent dans une entreprise de nettoyage de scène de crime. L'idée est mince, mais elle est complétée par les intrigues et personnages secondaires; le fils à l'imagination débordante qui se voit rejeter de l'école, le père toujours à essayer de faire un coup d'argent avec des idées farfelues et la soeur plus ou moins délinquante - délicieusement interprétée par Émily Blunt. Si vous aimez les films comme Little Miss Sunshine, vous allez apprécier Sunshine Cleaning. (Le lien entre les titres est fort probablement un clin d'oeil, puisque les producteurs des deux films sont les mêmes).

Si, comme moi, vous êtes un fan des films de Jean-Marc Vallée, vous devriez trouver votre tasse de thé dans The Young Victoria, qui raconte les premières années de la jeune princesse devenant reine. Incursion dans la famille royale d'une autre époque, jeux politiques et manipulations, nouvelle reine dotée d'un fort caractère, on aurait presque l'impression que je parle d'Elizabeth, avec Cate Blanchett. Vallée évite toutefois de voir son film comparé à celui de Shekhar Kapur, puisqu'il adopte une approche différente, un peu plus lente, plus personnelle. Émily Blunt (oui, la même que dans Sunshine Cleaning) fait un excellent travail pour rendre une jeune Victoria attachante et les acteurs de soutien (dans des rôles de noms très connus comme Wellington et Melbourne par exemple), de même que Rupert Friend, jouant le Prince Albert, sont tous convaincants. Mais ce qui élève ce film au-dessus de bien des autres, c'est sa beauté visuelle. Les films d'époque sont souvent le terreau d'une cinématographie et de costumes grandioses et The Young Victoria ne fait pas exception. Si vous aimez le genre, c'est à voir absolument. Et on continue à espérer que Vallée réalise encore plusieurs films.

Celui-là est un ovni. D'abord, il date de quelques années déjà. Je l'avais vu à l'époque, mais mes colocs Stéphane et Suze non, alors j'ai loué The Darjeeling Limited avec eux pour leur faire découvrir. Il s'agit d'une comédie originale signée Wes Anderson (qui avait réalisé The Royal Tenenbaums, quelques années plus tôt). C'est l'histoire de deux frères qui acceptent l'invitation de leur aîné, de le rejoindre en Inde et d'y faire un voyage en train, entre frères, pour se redécouvrir. Dépaysement, choc culturel, histoire familiale passée et imprévus divers parsèment le parcours de ces trois types aux personnalités bien différentes. Si l'aspect dépaysant de l'Inde, du train, et des situations loufoques dans lesquelles les trois frères s'embarquent formeraient déjà un scénario intéressant, c'est leur personnalité, certaines situations hilarantes et les savoureux dialogues qui élèvent ce film au rang de film à voir absolument. Les trois interprètes sont parfaits dans leurs rôles, et si jamais vous louez le DVD, il y a un prélude, un très bon court métrage intitulé Hôtel Chevalier (qu'il vaut mieux, paradoxalement, voir après le film), qui met aussi en vedette Natalie Portman (que l'on aperçoit sinon au passage, dans une courte scène muette dans The Darjeeling Limited).

Ça doit bien faire des années que je n'ai pas vu un film de Mel Gibson qui ne m'apparaisse pas prétentieux. Gibson fait du grandiloquent depuis un moment déjà, et Edge of Darkness me semblait plutôt relever de son époque Payback. J'ai loué un peu par défaut, ne sachant pas trop quoi visionner ce soir-là, et n'ayant pas l'humeur d'un film trop songé. Ma foi, je n'ai pas regretté, puisque Edge of Darkness est un polar bien ficelé, non dépourvu d'action et de retournements, et qui se laisse regarder avec un intérêt soutenu. Je m'attendais à un film plus fort en scènes d'action pure, et j'ai d'abord été surpris par ses intentions plus dramatiques, mais au final, ce choix s'avère une bonne idée. L'intrigue a juste ce qu'il faut de rebondissements pour ne pas aller dans les directions que l'on imagine, ce qui n'est pas si courant dans ce genre de film. Ce n'est pas le meilleur film de l'année, on se comprend, mais souvent, ça ne prends pas grand chose pour qu'un film dépasse les attentes, et c'est souvent suffisant pour passer un bon moment devant un écran, petit ou grand.

Impossible de ne pas penser qu'il s'agit du dernier film à figurer l'acteur Heath Ledger quand on voit The Imaginarium of Doctor Parnassus, réalisé par Terry Gilliam (qui ne signe pas le film, qui est signé: "A film by Heath Ledger's friends"). C'est un film souvent léger malgré les allées sombres et glauques qu'il emprunte pour raconter cette histoire de pacte avec un diable amateur de pari. Visuellement superbe et inventif, raconté avec vigueur et humour, le film comporte sa part de trouvailles - dont le changement d'allure du personnage de Ledger lorsqu'il est est - littéralement - de l'autre côté du miroir (Jude Law, Colin Farrel et Johnny Depp se chargent de ces scènes). Globalement, juste pour l'univers mis en scène et les décors - même dans le "vrai" monde qu'il nous montre - le film vaut amplement le détour. Mais même si j'ai trouvé que c'était un très bon film, intéressant et amusant, dramatique et léger à la fois, au final, on ne peut ignorer le destin de son acteur principal - ce qui teinte le film d'une aura totalement autre.

Ok, un autre ovni, mais pas du tout sur le même registre que The Darjeeling Limited. Je n'avais jamais entendu parler de War, inc. avant de voir le DVD sur une tablette de mon club vidéo cette semaine. (Le film avait eu une carrière de festival avant de sortir en vidéo). War, inc. se veut d'abord une satire politique, ce qui avait déjà de quoi me plaire. Mais le film s'avère à la fois plus et moins, mais le plus est tellement gros, tellement amusant et horrible, tellement différent, que l'ensemble devient à la fois admirablement inqualifiable, un peu brouillon, mais jamais, non, jamais, inintéressant. L'histoire? Dans un futur malheureusement proche, un assassin à la solde d'agences de renseignements américaines est expédié au Turaqistan pour un contrat. Le pays est occupé par une compagnie américaine, sous-traitant de l'armée, et dirigée par un ex vice-président. La guerre vue comme une business, ça évoque quelque chose? Pire que ça; des publicités de cigarettes "Democracy light" aux annonces de Casino sur les tanks de la compagnie, rien n'est épargné. La scène avec les danseuses de cancan portant des prothèses, "généreusement" données par les américains, suite à leurs amputations de guerre, est épouvantablement... drôle. L'ensemble part dans plusieurs directions, mais le film demeure - étonnamment - intéressant, original et soutenu malgré les dérapages romantico-dramatiques. Surréaliste? Un peu. Mais étrangement jamais incohérent malgré l'absurdité de sa prémisse. Pensez Three Kings, par exemple, sans le budget ni l'intention de faire une vraie satire à la Kubrick ou Chaplin et pensez Tropic Thunder, pour certains aspects qui auraient pu rater la cible mais qui fonctionnent. Les acteurs jouent très sérieusement des personnages trop gros pour être vrais, dans un univers difficile à prendre au sérieux vu la satire accentuée de l'ensemble. Pourtant, ça marche fort bien. Comme pour Grosse Pointe Blank, John Cusack, acteur de talent, a porté ce projet comme producteur et co-scénariste et s'est entouré d'un casting hétéroclite mais parfait pour ce film. Sa soeur Joan est parfois hilarante, Marisa Tomei est toujours aussi bonne, Dan Aykroyd joue un vice-président délirant et - et voici une phrase que je n'aurais jamais pensé écrire un jour - Hilary Duff était un excellent choix pour jouer la starlette irakienne! Oui, oui. J'aime beaucoup le cinéma original, et j'aime que les créateurs se laissent aller le plus possible, même si c'est un peu brouillon, moins léché ou maîtrisé comme scénario. C'est le genre de film que certains détesteront, mais pour moi, War, inc. s'est révélé une des jolies surprises de mon printemps.

Ici, je vais vous épargner le prix d'une location et quelques heures: Nine est une déception du début à la fin. Nine est un musical, un genre que j'adore, avec Penelope Cruz, Nicole Kidman, Marion Cotillard, bref, Nine avait tout pour me plaire. J'étais vendu d'avance, même si mes attentes étaient amoindries par des critiques mitigées. Au pire, que je me disais, si le scénario est moyen, je vais me contenter de profiter des numéros chantés, et de la performance de bonnes actrices. Mais, déception, le scénario est d'un ennui mortel, le personnage principal, Guido, un réalisateur italien de génie, passe d'insignifiant à antipathique, les chansons sont quelconques, les chorégraphies arrivent à soulever l'intérêt ici et là, mais à peine... En réalité, le film comporte deux bons moments; la performance de Fergie (Be Italian), et celle de Marion Cotillard (la deuxième, car la première est ennuyante)... Ces deux moments nous font voir ce qu'aurait dû être le film, s'il avait été bon. Si Judy Dench, Penelope Cruz et Nicole Kidman s'en tirent bien (j'ai moins aimé Kate Hudson), elles n'apparaissent que trop peu, et souvent trop tard. Le numéro de Kidman, très intense, n'arrive pas à émouvoir, puisque nous ne connaissons rien de son histoire et de son personnage avant cette scène. Et le numéro de Dench est deux fois trop long, on regarde sa montre en baillant. Bref, on s'en fout... comme on se fout pas mal de l'histoire de ce réalisateur italien - un clin d'oeil à Fellini et à 8 et demi, pour ceux qui n'auraient pas remarqué. Le problème du film vient de sa construction même; tous les numéros musicaux sont issus de l'imagination du personnage; il y a constant décalage entre ces numéros et le reste du scénario. Les meilleures images du film - en terme de cinéma - sont ces scènes de jeunesse de Guido, tournées en noir et blanc et hommages au cinéma italien. Rob Marshall, qui avait réalisé Chicago avec compétence, démontre ici ses limites, lui que je considérais déjà comme un réalisateur surestimé après Chicago.

Un autre "vieux" film, Angels and Demons, le prequel/sequel de The Da Vinci Code. Même réalisateur, même acteur (mais avec une coupe de cheveux différente, hum), et même romancier derrière l'histoire, avec toutes les qualités et les défauts que cela comporte. En tant que lecteur, j'aime bien Dan Brown pour ce qu'il fait, et j'ai toujours trouvé qu'Angels and Demons était un meilleur roman que The Da Vinci Code. J'espérais donc simplement que le film adapté de ce roman serait meilleur que le film précédent, qui était correct sans être excellent. Eh bien c'est le cas. Le film est moins bavard que le précédent, l'intrigue est plus concentrée et les scénaristes ont fait l'excellent choix de démonter une partie de la finale pour en faire une histoire moins grosse et un peu plus crédible (en terme d'action - je pense à toute la scène avec l'hélicoptère, par exemple). S'il manque de chimie entre Robert Langdon et Vittoria Vetra (qui fait acte de présence, sans plus; on s'ennuie de la jolie Audrey Tautou), et que le casting est moins prestigieux, l'ensemble est mieux ficelé et est filmé avec un meilleur rythme que son précédent. Fait intéressant; on a décidé de situer l'action après The Da Vinci Code, ce qui permet quelques clin d'oeil en début de film. Le film a rapporté pratiquement deux fois moins que son prédécesseur - même s'il est meilleur, ce qui est tout de même bon signe pour la production de The Lost Symbol, prévu pour 2012.

Quel bon timing que de voir ce film avant le début de la coupe du monde de la FIFA en Afrique du sud!
Les films de Clint Eastwood sont toujours excellents. Il y en a qui frôlent le génie, d'autres moins, mais comme avec Scorcese, par exemple, même un moins bon Eastwood demeure un excellent film. Invictus ne fait donc pas exception à cette règle. C'est l'histoire de l'intérêt obstiné du nouveau président de l'Afrique du Sud (Nelson Mandela, joué avec aplomb par Morgan Freeman) pour l'équipe nationale de rugby, essentiellement composée de blanc et très impopulaire auprès des africains noirs. Mais c'est surtout l'histoire d'un visionnaire, d'une idée de la politique qui dépasse les intérêts personnels, c'est l'histoire d'un personnage plus grand que nature, et cette histoire-là est poignante et drôle. Oui, il y a plusieurs scènes de rugby, alors Invictus s'apparente parfois à un drame sportif, mais sur le fond - et dans son propos et sa réalisation - c'est bien plus ambitieux et réussi comme histoire qu'un simple drame sportif conventionnel. L'interprétation de Matt Damon est aussi à souligner (et l'a été, comme celle de Freeman, par une nomination aux plus récents Oscars pour les deux), puisque ces deux personnages diamétralement opposés en terme d'expérience de vie, se montrent inspirant à bien des niveaux. On se prend à rêver d'un monde meilleur, en Afrique du Sud comme ailleurs. Feel good movie? Oui, Invictus l'est définitivement. Et parfois, c'est justement ce dont on a besoin. On serait fou de s'en priver quand le good feeling vient avec un aussi bon film.
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