La semaine dernière, j'étais invité au lancement du Daliaf: le Dictionnaire des auteurs des littératures de l'imaginaire en Amérique française, un livre de référence publié par Claude Janelle aux Éditions Alire.
Disons-le d'emblée, le Daliaf est un ouvrage de référence majeur. Il propose, sous une splendide couverture rigide, un document de 500 pages répertoriant tous les auteurs francophones de science-fiction, fantastique ou fantasy ayant publié au moins une nouvelle entre 1835 et 2008. Un travail de moine.
Chaque auteur est présenté avec une courte biographie, suivie d'une bibliographie complète dans les genres concernés par le Daliaf, le tout accompagné de photos des auteurs et de plusieurs premières éditions de livres (romans, recueils, anthologies).
Si ce n'était pas déjà suffisant, Janelle propose également, à la fin de chaque section alphabétique, des profils littéraires. Ces profils, d'environ une page chacun, traitent de l'ensemble de l'oeuvre d'un auteur et de son impact et son importance pour les littératures francophones de l'imaginaire en Amérique. Enfin, on retrouve également un document bibliographique concernant les anthologies et collectifs couvrant la même période.
Le Daliaf se veut un ouvrage exhaustif; on y retrouve donc parfois des entrées très obscures, comme des auteurs n'ayant publié qu'une nouvelle, il y a un siècle et demi. On y retrouve aussi des auteurs qui sont très connus pour un autre volet de leur oeuvre mais qui ont également publiés romans et nouvelles de F&SF. Il est donc agréable de voir enfin un document complet et professionnel, où se côtoient Daniel Sernine, Élisabeth Vonarburg et Michel Tremblay, où sont présentés Joël Champetier et Yves Meynard avec Anne Hébert, Roch Carrier et Yves Thériault.
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Honneur
Comme j'ai oeuvré dans le milieu de la micro-édition des littératures de l'imaginaires pendant plusieurs années, que j'ai été rédacteur en chef de la revue Solaris pendant deux ans, et que j'ai publié plusieurs nouvelles dans les deux dernières décennies, dont plus de la moitié relèvent du fantastique ou de la SF, ce n'était pas une surprise de retrouver mon entrée à la lettre M du Daliaf.
Par contre, j'ai eu une surprise de taille quand j'ai constaté que Janelle avait cru pertinent de me consacrer un profil littéraire. Surtout que sur les 1700 auteurs que documente le Daliaf, seulement 56 se voient accordé cet honneur. Si l'importance historique de Jules-Paul Tardivel ou celle du phénomène populaire qu'est Patrick Senécal sont incontestables, et que l'importance littéraire des oeuvres de Sernine, Rochon, Vonarburg ou encore de Trudel et Alain Bergeron ne fait aucun doute, j'avoue que mon profil m'a étonné.
Je suis bien entendu fort honoré de me trouver en présence d'auteurs dont j'admire autant le talent que l'oeuvre et je ne ferai pas ici de fausse modestie sur mon implication en tant que micro-éditeur et promoteur des littératures de l'imaginaires. Claude Janelle le dit lui-même en introduction: "Un autre observateur de la production des trente dernières années en arriverait sans doute à une liste différente". Je ne bouderai donc pas mon plaisir de me retrouver en si honorable compagnie. Surtout que dans mon profil littéraire, le Daliaf mentionne l'influence importante de mes voyage et du journal de voyage que constitue l'Esprit Vagabond quand je suis à l'étranger sur la qualité de mon écriture. J'ai trouvé la remarque d'une grande justesse (vu de mon point de vue), de même que l'ensemble du profil en question, même s'il n'est pas tendre (avec raison) envers mes premiers écrits.
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20e Anniversaire
D'ailleurs, parlant de mes premiers écrits, ou devrais-je dire de mes premiers écrits publiés, ce mois de décembre 2011 marque le 20e anniversaire de la publication de ma première nouvelle.
Si le Daliaf indique que ma première nouvelle est "Seign es anneaux" dans CSF en 1992, c'est que mes premières publications ne relevaient pas des littérature de l'imaginaire, mais du mainstream.
"La Nouvelle correspondance Gossian-Vanderbadage" a été officiellement publiée dans le numéro 123 de la revue STOP, un numéro daté de janvier 1992, mais imprimé et distribué en décembre 1991, il y a donc 20 ans ce mois-ci. Cette nouvelle humoristique allait être suivie du "Marchand de rêves", dans la revue lavalloise Brèves Littéraires, puis de deux textes, l'un hommage à Isaac Asimov, l'autre insolite-humoristique, tous deux publiés dans le numéro 19 du fanzine Temps tôt. Puis ce fut la nouvelle dans CSF, avant "L'Étrange Monsieur W." dans Solaris 102, toujours en 1992. Cette nouvelle, qui s'était classée au deuxième rang au Prix Solaris 92, allait être ma première publication professionnelle dans les littératures de l'imaginaire. Cette première année de publication allait se conclure en décembre par un autre hommage à Asimov (il venait de nous quitter) dans le numéro 62 de la revue imagine...
Ces sept textes dans six revues et fanzines différents en un an marqueraient le début d'un rythme d'écriture et de publication frénétique chez moi. Loin de renier cette époque, je la regarde avec une certaine affection, même si elle m'a fait produire beaucoup de textes qui auraient été mieux de demeurer dans mes tiroirs. Nous sommes le résultat de nos expériences, et donc, sans cette période frénétique, je ne serais pas l'auteur que je suis maintenant. Je serais peut-être bien meilleur, mais c'est une autre histoire, et peut-être que dans ce cas, je n'aurais jamais créé cet Esprit Vagabond ni voyagé autant, alors difficile de regretter le chemin parcouru depuis. D'un autre côté, j'aurais peut-être cessé d'écrire, alors je suis bien content d'avoir emprunté ce chemin.
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Salut, félicitation pour cet honneur!
RépondreSupprimerC'est vraiment super!!!!!!!
RépondreSupprimerJe n'ai pas encore fini de feuilleter le Daliaf, et jusqu'ici je suis d'accord avec la plupart des choix pour un «Profil littéraire». Sauf un: Alexandra Larochelle plutôt que Julie Martel. Ça me dépasse qu'on ait préféré la première, dont le seul mérite est d'avoir publié à partir de onze ans, et qui est sortie des écrans radars après son sixième titre (2007) dès que s'est estompé son seul avantage médiatique, celui de girl wonder.
RépondreSupprimerJulie Martel, en revanche, poursuit un projet littéraire soutenu, seize romans en seize ans, trois séries dont l'une en cinq volumes. Sans renouveler le genre (fantasy), elle a développé des mondes complexes, fouillés et bien documentés.
Et je ne parle même pas de ses nouvelles publiées, ni de son implication soutenue de le milieu de la SFFQ.
Que Bryan Perro soit un «incontournable», pour le meilleur et le pire, je veux bien. Mais Alexandra Larochelle?
Daniel,
RépondreSupprimerHum. Je ne voulais pas réellement embarquer dans une discussion sur les choix de Claude Janelle, puisqu'il mentionne lui-même qu'un autre observateur arriverait à une autre liste. J'imagine que Claude avait ses raisons et que le choix a été difficile.
Par contre, je suis d'accord pour Julie, définitivement, et en fait, c'est une des "absences" des profils qui me fait douter de la pertinence de ma propre présence dans la liste!
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Voyons le choix d'Alexandra Larochelle de façon optimiste : dans dix ans, ce profil sera nécesssaire pour nous rappeler de ce qu'elle a fait, ou même qu'elle a existé, alors que l'oeuvre de Julie Martel sera dans toutes les mémoires.
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