lundi 1 octobre 2007

Trois conversations

S'il y a une chose qui est parfois surprenante et agréable en voyage, c'est de tomber sur quelqu'un par hasard, et que ce quelqu'un s'avère une personne intéressante avec qui avoir une conversation qui dépasse le "d'où viens-tu-où-vas-tu". Quelques fois, ces voyageurs rencontrés deviennent des amis et d'autres fois, chacun poursuit son voyage de son coté, avec comme seul point commun cette conversation partagée...
Je vous fais part ici de trois de ces rencontres intéressantes que j'ai eues pendant ce voyage. Et je sens que ce billet sera plus long que prévu initialement...

Michelle, républicaine en exil (Vilcabamba-Loja), septembre 2007.
J'ai rencontré Michelle quand elle s'est assise à coté de moi dans le micro qui allait de Vilcabamba vers Loja, au moment de mon départ du sud équatorien la semaine dernière. Michelle est originaire de San Diego, Californie, et elle est ingénieure. Récemment - il y a trois mois en fait - elle a tout quitté pour partir voyager en Amérique du sud. Elle a essentiellement parcouru l'Équateur et une partie du Pérou. N'as pas beaucoup aimé le Pérou puisqu'elle y a rapidement attrapé la turista :-) ... Michelle m'a fait sourire parqu'elle a encore beaucoup à apprendre sur la culture latino malgré son séjour de trois mois ici, ça m'a rappelé mon premier séjour en Équateur...
Ce qui s'est avéré intéresant à propos de notre conversation (l'heure quinze qu'a duré le trajet de bus, dont toute la première partie, sur l'Équateur, en espagnol), c'est la partie où nous avons abordé la politique américaine et les élections présidentielles de l'an prochain (nous avons alors passé à l'anglais). Michelle est républicaine (ou elle l'était avant son départ), elle trouve que le président actuel n'est pas un bon président, ni meme un bon républicain, de toute manière. Elle avait écrit à son parti après les élections de 2004 pour commenter certaines sorties, et elle a recu une réponse pleine de crap la traitant d'anti-republicaine! Elle n'est plus certaine de son orientation politique depuis, mais disons que récemment, Barack Obama semble trouver une voie vers son coeur d'électrice. J'ai bien aimé parler avec quelqu'un qui avait des racines républicaines, sans etre une fanatique religieuse (elle a l'impression que le parti va se détacher un brin de sa branche catholique-forte pour les élections de 2008) ni une grande fan de G.W. Bush (y en a-t-il encore??). J'ai pu parler librement de ma surprise lors de la réélection de Bush en 2004, et elle m'a avoué qu'elle ne croyait pas qu'un président pouvait faire autant de dommage aussi vite aux États-Unis. D'après elle, un pays de cette taille (population) opère son économie et bien peu de gens peuvent atteindre ce coeur du pays, ainsi, peu importe qui gouverne (président), l'économie va relativement bien aller, et le reste va suivre. C'est, évidemment, une vision de quelqu'un d'éduqué et qui a gagné sa vie avec un relativement bon salaire, donc à prendre avec perspective. Les pauvres qui dépendent du peu de programmes sociaux américains pensent probablement différemment. Mais Michelle avoue que cette présidence-ci a été catastrophique. Nous avons aussi abordé l'aspect du controle et de la présentation de l'information; elle avouait trouver que FoxNews avait une manière de présenter les nouvelles (a show) qui influencait les gens, donc les votes, en faveur des républicains, principalement. Elle croit par contre que les américains ont accès à de la bonne information, une conviction que je ne partage pas avec elle. Un bémol a été apporté à cette croyance, en ce qui concerne les armes de destruction massive que l'on devait trouver en Iraq. Elle spécifie toutefois qu'il y a encore aujourd'hui des gens aux É-U. qui croient en leur existence (wow!). Enfin, nous avons aussi parlé un peu de son gouverneur, A. Schwarzennegger, qui est un républicain, mais libéral (puisque Californien) et qui n'a que peu à voir selon elle avec le succès relatif de l'économie californienne depuis son entrée au pouvoir.
Ces discussion m'ont permis de mieux comprendre qu'en fait, une grande partie de l'électorat américain se défini en terme de parti, républicain ou démocrate, et que peu importe le candidat en lice ou les enjeux ou les positions, la grande majorité des américains votent avec leur parti, point. Et que la remise en question de l'appartenance à ce parti est une procesus rare et long. C'est un phénomène que l'on retrouve beaucoup moins au Canada, non? Et certainement beaucoup beaucoup moins au Québec, d'après moi.
Pour le moment, Michelle poursuit ses explorations sud-américaines et ne sait pas quand elle rentrera dans son pays. En fait, elle s'informe sur les possibilité de rester en Équateur, de s'installer au Panama ou au Costa Rica... (Elle m'a demandé mon avis sur les trois pays... je lui ai recommandé le Panama, vu son profil) ... mais il s'agit d'idées à plus long terme... puisqu'en ce moment, elle n'éprouve pas du tout le désir de rentrer aux États-Unis.


Bruno, l'écrivain aubergiste (Lima), juin et septembre 2007.

J'ai rencontré Bruno dans d'étranges circonstances et ce ne sont pas tant les conversations que j'ai eues avec lui que je veux vous raconter ici, mais ces circonstances.
J'étais à Lima, dans une auberge, où j'avais une simple chambre avec salle de bain à partager sur le pallier - pallier qui était en fait le toit de l'édifice. J'y étais depuis quelques nuits déjà, et tout allait bien, et je devais y accueillir Sophie et Martin à leur arrivée à Lima, en transferant dans une chambre triple.
L'anecdote se passe donc en pleine nuit, précédent le jour de leur arrivée supposée.
Je suis réveillé vers 5h du matin par une conversation entre un homme et une femme qui se déroule directement dans ma porte. Il s'agit d'un petit hotel pour voyageur sur un budget serré, donc peu d'isolation, surtout sur le toit. J'ouvre ma porte pour aller aux toilettes, pensant que le couple (visiblement un peu émeché), va se déplacer, mais non... Une fois de retour dans ma chambre, ils continuent ce qui n'est pas vraiment une conversation, si vous me suivez. J'ouvre donc la porte en demandant de faire moins de bruit ou d'aller ailleurs. La fille (une blanche, anglophone langue première) me répond par des incongruité et il m'apparait évident qu'elle est très saoule, ou bien droguée. Le gars, un latino, a l'air un peu moins amoché, et plus en controle. Ca sent pas très bon, mais qui suis-je pour juger et me meler des affaires des autres? Malheureusement, ils ne foutent pas le camp, malgré mon insistance (en anglais et en espagnol) et après un moment, je crois que la fille n'a aucune volonté, elle ne comprend rien de ce que je lui dit,e me raconte n'importe quoi. Il semble que se soit elle qui ait une chambre dans l'auberge, mais elle ne comprend pas que je lui demande d'y aller faire ce qu'elle veut avec son latino en autant qu'ils me foutent la paix!
Je décide alors d'aller prévenir le gardien de nuit, moitié pour m'assurer que la fille va etre ok, moitié pour avoir la paix et pouvoir continuer à dormir. Je le trouve en bas, au rez-de-chaussé, il s'agit d'un kid. Je lui explique la situation et lui demande de venir avertir le couple d'aller dans leur chambre, puisque l'un d'eux doit bien avoir une chambre dans l'auberge, non? Il monte avec moi, et une fois en haut, je "trouve" le couple caché derrière ma chambre, le gars tenant sa main sur la bouche de la fille. Je n'aime pas ca. Je parle donc avec la fille alors que le kid tente de raisonner le gars. Rien a faire, elle ne comprend rien. Je lui demande si elle est droguée, elle me repond non. Je lui dit qu'il existe des drogues que l'on ne prend pas nécessairement consciemment, qu'elle a peut-etre été droguée... Elle m'assure qu'elle en connait plus sur le sujet que moi. Je trouve sa réponse réconfortante, puisque je ne pense pas qu'une personne ayant été droguée réagisse de la sorte. Le kid m'assure qu'il prend les choses en main et me dit bonne nuit. Je referme ma porte, mais reste à l'écoute un moment. Quelques minutes passent, puis toujours la voix de la fille (assez saoule pour parler trop fort) et du kid. J'ouvre finalement la porte une fois de plus, et le kid et la fille m'assurent que tout va bien, qu'ils ont enfermé l'autre gars dans un débarras à coté de ma chambre sur le toit! Enfermé? What the fuck is going on? Soit le gars a une chambre, soit non? Pourquoi l'enfermer dans un debaras?
Anyway, j'entends déjà le gars se débattre à coté, et il finit par s'extirper de son cachot par une fenetre... Puis, à le voir parler avec le kid, je réalise qu'ils se connaissent. Le kid me dit de retourner me coucher, qu'il s'occupe de tout. Je ferme donc ma porte, sans etre trop certain de la suite, mais bon, tout le monde semble s'en aller et le silence reviens. Je dors donc une heure et quelque et me lève vers 7h, croyant laffaire derrière moi.
Alors que je me dirige vers le petit resto (lui aussi sur le toit) pour le déjeuner, je revois mon kid, qui arrose des plantes... et le gars de la veille, qui passe le balai! Shit, le gars travaille pour l'auberge. L'affaire s'explique pas mal, non? Sauf que le gars me regarde d'un oeil mauvais et j'aime pas ca. Après tout, rien ne me dit qu'il n'ira pas farfouiller dans mes affaires, s'il a accès aux clefs.
Entre Bruno, qui se matin-là, est en charge du service au resto. Je lui demande si je peux lui poser une question, et l'intéroge sur l'identité du gars qui passe le balai. À son regard et sa réponse ("Bon, qu'est-ce qu'il a encore fait?"), je comprends que j'ai mis le doigt sur quelque chose de sensible. Je dis donc à Bruno que je ne cherche pas de problèmes et que je veux juste m'assurer que mes affaires - et mes amis qui s'en viennent ce jour là - seront en sécurité à l'auberge. J'apprends de Bruno que la gars s'appelle Aristoteles, que le kid s'apppelle Nelson et qu'il s'agit de deux des neveux du propriétaire. Aris a déjà remarqué que je parle longuement avec Bruno, en les regardant de temps en temps, donc il est trop tard pour reculer. J'explique donc à Bruno ce qui s'est passé, en gros, et il appelle le proprio (qu'il appelle aussi son oncle, puisque le proprio s'est ocupé de Bruno à la mort de son père, gee, le gars est l'oncle de tout le monde, ici?). Le proprio qui veut me rencontrer avec Aris et Nelson, ça se pimente... :-)
Avant la rencontre, je vais directement vers Aris qui est allé voir Bruno (l'air inquiet, ce qui est parfait pour moi). Je me présente à Aris en lui disant que pour moi, si la fille est ok, l'incident est clos et je veux juste etre certain que moi et mes amis n'auront pas de troubles ici. Il a l'air attéré par l'idée que la fille ne soit pas ok ou que mes affaires soient en danger, il m'assure que je n'ai rien à craindre, que non, il n'a pas accès aux clefs, qu'il avait trop bu, qu'il regrette, etc. Well, c'est presqu'autant un kid que l'autre (je dirais 18-19 ans)... L'oncle se pointe et veut des détails sur l'incident. Je laisse Aris parler. Il mentionne qu'il a bu dans un bar, a ramené une amie à l'auberge et que Nelson l'a laissé passer et qu'ils m'ont dérangé... Le proprio dit qu'une fille qui revient avec toi en pleine nuit et qui a bu, c'est pas une amie mais une pute, je retiens un sourire. Nelson confirme la version d'Aris, en ajoutant l'heure, une heure du matin. Je retiens un autre sourire. Quand le proprio me demande si c'est ca l'histoire, je dis simplement: Si, mas o menos. L'affaire trouve donc une conclusion rapide lors de laquele le proprio passe un savon à mes deux bozos sur leurs responsabilités et nous quitte. Aris et Nelson me remercient énormément et, pour le reste de mon séjour, se mettront en quatre pour que je sois heureux à l'auberge (m'offrant meme le déjeuner gratuit ce matin-là).
Par la suite, j'ai eu plusieurs conversations avec Bruno, en un mélange d'anglais et d'espagnol, puisque notre niveau de langue érangère respectif était à peu près le meme. J'ai appris que Bruno était écrivain, et que ce travail dans l'auberge de son "oncle" était parfait pour lui, puisqu'en plus de l'argent amassé, il avait le loisir dutiliser les ordinateurs du café internet de l'auberge pour taper ses manuscrits. Bruno n'a pas d'ordinateur personnel. Il a publié cinq livres déjà, et j'ai acheté le cinquième, un court roman, que je lirai bientot... Ainsi, depuis, je suis resté en contact avec Bruno, et j'ai meme pu le revoir lors de mon récent passage à Lima, puisque j'ai décidé d'aller au meme petit hotel.
Anecdote amusante: Bruno m'a reconnu dès le premier matin, mais Nelson et Aris n'ont pas semblé me replacer... jusqu'au jour où Suzie est partie et que je me suis pointé seul au resto pour déjeuner, on dirait qu'il y a alors eu un clic dans leur tete!
Voilà, longue relation (meme sommaire) d'une aventure nocture sur un toit d'auberge de Lima, mais que je trouvais intéressante puisque finalement, elle aura abouti à ma rencontre avec Bruno.

Tali, l'exception culturelle (Puno-Copacabana), juillet 2007.
Ok, cette portion est en troisième, comme ca, si j'ai perdu tous mes lecteurs, je n'aurai pas à me justifier par la suite. Le sujet est délicat, ca fait des semaines que je remets le billet, j'avais cru ne pas en parler, tout simplement, mais bon, voilà, ma conversation avec Tali tombe directement dans le sujet principal de ce billet. Et cette conversation m'apparait importante sur le sujet, alors j'en parlerai.
Je ne commencerai pas par me justifier sur le sujet majeur de cette portion de billet: le racisme.
Ceux qui me connaissent savent que je ne suis pas raciste. Les autres, croyez-moi sur parole, ou arretez de lire immédiatement. (Je préviens d'ailleurs les commentateurs anonymes que s'ils veulent me traiter de raciste ici, ils sont libres, je vais simplement me sentir ausi libre de refuser la publication de leur commentaire. Ce blog est ouvert mais personnel, et je ne publierai que les commentaires articulés et signés).
--
J'ai rencontré Tali lors d'une excursion sur les Iles flottantes du Lac Titicaca au Pérou, en meme tems que quatre filles de Vancouver et quelques autres voyageurs. Elle m'est apparue sympathique, nous avons parlé un peu, mais sans plus, puis nous sommes laissés sur un au-revoir lors du retour du bateau vers Puno. Or une heure trente plus tard, alors que je prenais place dans le bus Puno-Copacabana-La Paz, elle s'installait à coté de moi dans le bus pour le trajet Puno-Copacabana.
Ainsi, dans les heures qui suivirent, nous avons eu une conversation des plus intéresantes, et qui pour moi, a été fascinante, meme, puisqu'unique en son genre. Tali était devenu une exception culturelle.
En voyage, on rencontre des gens de l'endroit visité ainsi que d'autres voyageurs ou immigrants. Ainsi, au fil des voyages et de mes résidences en BC ou en Équateur en plus du Québec, j'ai croisé dans ma vie des gens d'un peu partout, et de plusieurs origines également. J'ai la prétention d'avoir des amis blancs, noirs, orientaux, latinos, du moyen-orient, des amis anglophones, francophones, japonnais, espagnols, libanais, iraniens, chinois et j'en passe. Certains sont de bonnes connaissances, d'autres des amis de pasages, et d'autres des amis très proches. Ce sont les personnes et non leur origine ou leur couleur qui m'intéressent. Et une chose qui est universelle, c'est bien l'intelligence et l'ouverture d'esprit. Une autre, c'est la connerie. On trouve des gens intelligents et des cons partout dans le monde, voilà. C'est mon opinion générale sur le monde.
Mais.
--
(ok, ca commence à etre plus glissant, mais coup donc, c'est une des réalités du voyage)
Mais jusqu'à ma rencontre avec Tali, jamais je n'avais rencontré de voyageur originaire d'Israël qui soit sympathique ,ou avec qui on pouvait avoir une conversation intelligente. Voilà.
Je ne voudrais pas ici avoir l'air de généraliser, mais coup donc, j'en ai rencontré plusieurs, été témoin de plusieurs événements et anecdotes, et s'il y a une chose qui ressortait toujours (pourtant impossible à isoler avec n'importe quel autre groupe de voyageur d'une origine commune), c'était un antipathisme incroyable.
La première fois qu'un autre voyageur m'a dit une chose pareille (car c'est un fait conu par tous les voyageurs indépendants), j'ai été étonné d'un commentaire aussi raciste de la part d'un voyageur qui devait etre ouvert d'esprit, alors vous pouvez aussi etre surpris de mon commentaire.
Ce qui se passe, c'est qu'il semble que la plupart des Israëliens font un grand voyage dans leur vie de jeune adulte. Ils ont tous (tous ceux que j'ai rencontré, et ca monte à un bon nombre, aussi important que les voyageurs de pratiquement n'importe quel pays, à part peut-etre les Francais et les Allemands, qui voyagent beaucoup), ils ont tous, donc, une attitude très peu respectueuse des gens qu'ils visitent, ou des autrs voyageurs, ils sont tous arrogants et impertinents et très impatients. Jusque-là, c'est pas si pire, quand on y pense, ce sont juste des traits de caractères communs.
Évidemment, ca devient plus énervant quand dans un bar, un Israëlien entre et commande illico et se plaint une minute plus tard de ne pas avoir été servi, alors que tous les autres clients attendent leur tour. Mais bon, différence culturelle, j'imagine. Je pourrais fournir beaucoup d'autres exemples, le plus récent étant probablement le petit groupe d'Israëliens qui a littéralement envahi notre refuge du Salar où nous avions le seul petit chauffage du secteur, nous tassant carrément de la source de chaleur! Parmi ce groupe, il y avait la dame qui a carrément insulté Sophie, la trouvant stupide de ne pas parler anglais! Sans parler de ses commentaires sur la stupidité des québécois de ne pas tout afficher en anglais pourles touristes!
Mais je me souviens aussi et surtout du gars qui a mis sa vie, celle de deux guides et nous a tous mis dans le troubles lors de notre tentative d'ascension du Cotopaxi en 2005, en ne respectant pas les règles et en refusant de se soumettre aux demandes des guides une fois sur la montagne. Je pourrais aussi vous mentionner la crise démesurée qu'un autre voyageur d'Israël a fait en étant déçu de l'excursion del Nariz del Diablo, en exigeant un remboursement, et bien d'autres anecdotes ou mésaventures. Je me souviens enfin d'un soir au Guatemala, ou une jolie Israëlienne prenait une bière avec deux américains, et que passé une bonne heure de conversaion, l'un des gars a demandé à la fille pourquoi les israëliens qu'il avait rencontré en voyage étaient tous exigeants, antipathiques, vindicatifs, etc. Elle a ris (d'un rire jaune) en disant qu'ils étaient un peuple fier, elle s'est excusé pour aller aux toilettes... et n'est jamais revenu. Ils l'avaient insulté. On ne parle pas de ce sujet là. S'il existe un tabou en voyage, c'est de parler d'Israël et du peuple avec des Israëliens.
Dernière anecdote: Au Cerro Rico, à Potosi, en Bolivie, les guides indiquent toujours le sang séché à l'entrée des galleries donnant accès aux mines. Il s'agit d'une vieille tradition de sacrifier un lama pour avoir un séjour sécuritaire dans la mine. Or certains guides ayant eu à faire avec des Israëliens souvent, et n'áppréciant pas leur attitude envers les boliviens, font parfois la très mauvaise blague de dire que si vous n'avez pas de lamas à sacrifier... Vous voyez jusqu'où ca va parfois?
--
Lorsque j'ai connu Tali, nous étions sur le petit bateau de totora sur le lac Titicaca, et les filles du type qui menait l'embarcation chantaient une chanson en quechua et en espagnol pour se faire donner de l'argent par le groupe de touristes que nous étions. Les petites filles ont aussi chanté en anglais, en allemand et en japonnais, la meme chanson. C'était évidemment over the top, tellement fait pour attendrir les touristes de partout dans le monde... Mais Tali, elle a sourit et offert aux filles de leur enseigner une chanson en Hébreu. La chose a presque décollé, mais il est vite devenu évident pour Tali comme pour nous que les filles voulaient de l'argent, pas apprendre une chanson en Hébreu. Tali a pris la chose avec humour (comme nous tous), mais on voyait qu'elle avait été incommodé, presque insultée, de voir ce manque d'intéret des petites filles pour l'Hébreu.
Plus tard, dans le bus Puno-Copacabana, j'allais donc parler de tout et de rien, de voyages et de culture avec Tali, et ma foi, la conversation allait non seulement s'avérer fort agréable et intéressante, mais Tali allait devenir la première personne originaire d'Israël avec qui j'aurais une conversation ouverte d'esprit.
Pour ce voyageur-ci, elle devenait une exception culturelle.
Tali avait 22 ans quand je l'ai rencontré, elle voyageait en Amérique du Sud pour la première fois, mais avait fait quelques visites en Europe auparavant. Principalement pour des fins éducatives et culturelles: elle avait d'ailleurs visité les camps de concentration en Pologne. La visite faisait partie du programme scolaire. (Étonnant? En fait, je ne sais pas trop que penser de cette information).
Je ne ferais pas ici de psycho-d'ascenseur, mais je dois avouer mon étonnement devant la conversation que nous avons eu dans ce bus. Aucun sujet nous venant à l'esprit ou semblant pertinent à la suite de notre discussion n'a été écarté, aucun. Ceux qui me lisent depuis longtemps connaissent mon amitié pour une certaine libanaise et le fait que j'ai des amis au Liban, et des amis d'amis au Liban. Ces lecteurs connaissent également mon intéret pour la situation au moyen-orient en général, et au Liban en particulier, et comment j'ai condamné l'invasion du Liban par Israel, l 'an dernier. Or avec Tali, nous avons abordé le sujet, avons exprimé nos opinions, avons partagé nos inquiétudes (elle avait des amis dans l'armée Israëlienne qui faisaient parti de l'invasion) et meme si chacun de nous a ses opinions et que l'idée n'était pas de faire changer l'autre d'opinion, le simple fait d'avoir eu cette discussion intelligente, posée et respectueuse a été une expérience fascinante. S'il y avait plus de gens comme Tali en Israël et dans le monde en général, well, les choses seraient certainement dans un meilleur état, non?
Pour conclure, je m'en voudrais d'avoir blessé quiconque ici, mais je trouvais cette histoire intéressante et je trouvais qu'elle méritait sa place sur ce journal de voyage, ne serait-ce que pour prouver que malgré les apparences, malgré la très grande majorité, parfois, on trouve des perles rares, des exceptions culturelles, et qu'elles méritent le meme respect que tous les autres voyageurs.
Évidemment, le respect se gagne et se mérite. J'ai personnellement une forte tendance à respecter les gens qui me respectent, peu importe leur couleur, origine et langue, et qu'on se le dise si on a été froissé par mes propos dans ce billet!
Hugues, de Quito, Octobre 2007.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

L'Esprit Vagabond vous remercie de vous identifier (ou signer votre commentaire). Assumez vos opinions!
L'Esprit Vagabond est un blogue privé et ne publie pas de commentaires anonymes.