lundi 1 juillet 2013

Cinéma-voyage: Yemen

Note: Ce billet s'inscrit dans la série Cinéma-Voyage.
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Ils sont très rares, les films disponibles ici qui se déroulent au Yemen. Pourtant, c'est le lieu de l'action du dernier film du suédois Lasse Hallström (connu pour The Cider House Rules et Chocolat, entre autres), sorti en 2011 - mais disponible en DVD chez nous seulement depuis peu.
Salmon Fishing in the Yemen raconte comment Alfred Jones, un expert en pêcherie anglais, se voit collaborer un peu malgré lui avec Harriet, une consultante représentant un Cheikh yéménite dont l'ambition est de développer la pêche au saumon sauvage au Yemen.
Le prétexte du film peut paraître farfelu au premier abord - et Jones ne se gène pas pour exprimer son scepticisme sur le projet - mais il ne s'agit ni d'une parodie ni même d'une comédie au sens premier du terme. Le film comporte ses moments plus légers, certes, mais est toujours traité sur un mode sérieux. Les personnages sont particulièrement bien développés, autant les principaux protagonistes que les quelques personages secondaires, et la trame de leur vie personnelle évolue au rythme étrange de ce projet de pêche au saumon au Yemen.
Salmon Fishing in the Yemen ne serait pas aussi bon s'il s'en était tenu à cette histoire; car le film comporte un autre volet, politique celui-là, qui nous provient de la directrice des communications du premier ministre anglais. Des troupes anglaises venant d'être attaquées en Afghanistan et le premier ministre étant en chute de popularité, le projet de pêche au saumon au Yemen est vu par la responsable des communications comme une bouée de sauvetage pour illustrer les bonnes relations entre l'Angleterre et le Moyen Orient, et implique donc toute la machine gouvernementale à l'appui du projet du Cheikh. Cet aspect du film apporte un élément grinçant à ce qui aurait pu n'être qu'une originale petite comédie romantique.
Le scénario navigue habilement entre la vie personnelle des personnages, leurs mésaventures avec le projet, leurs envolées enthousiastes, et les contraintes politiques et sociales qui découlent de leur entourage et de leurs actions. On passe du microcosme au macrocosme avec fluidité, et après la première partie en Angleterre et en Écosse, on se retrouve en plein Yemen, avec le dépaysement qui en découle.
Les interprètes sont tous très bien choisis et composent tous des personnages attachants; Ewan McGregor et Emily Blunt forment une équipe crédible et idéale pour l'amorce d'une romance complexe entre leurs deux personnages, qui approfondissent en parallèle une réelle amitié avec le Cheikh, interprété avec applomb par Amr Waked (acteur égyptien qu'on avait découvert dans Syriana). À l'autre bout du spectre, la toujours excellente Kristin Scott Thomas compose avec délice - et dans un contre-emploi savoureux - une directrice des communications politiques cynique et directe, dont la violence verbale rappelle certains moments de son alter ego Malcolm dans la série The Thick of It.
Comme plusieurs des films présentés dans la présente série de billet, Salmon Fishing in the Yemen est également un beau film, qui profite bien des décors naturels dans lesquels se déroule une bonne partie des scènes-clés (je retiens évidemment les scènes au Yemen, mais celles filmées en Écosse sont également spectaculaires). Enfin, il s'agit d'un film qui, malgré les moments dramatiques, évite la lourdeur de ton et procure plutôt un agréable sentiment de légèreté avec une finale aussi prenante qu'inattendue.
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