jeudi 16 juin 2011

Promenade dans les méandres du temps

Voyager fait associer des lieux ou des villes à des sentiments ou souvenirs particuliers. Revisiter des lieux déjà explorés dans des circonstances différentes font souvent revenir ces souvenirs à la surface. En ce sens, il m'arrive de voyager dans le temps, de me perdre dans mes souvenirs, ou de redécouvrir ceux-ci au détour d'une avenue ou derrière une vieille cathédrale. À Séville l'été dernier, j'ai eu des flashs incroyables sur des détails ou des souvenirs que je croyais avoir oublié.
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Le 27 avril 2003, j'étais à Verona, dans le nord de l'Italie. J'arrivais de Munich, en Allemagne, et ça faisait un mois que je parcourrais l'Europe. J'avais vu Londres et Berlin, Vienne et Prague, Bratislava et Bruxelles, bref, c'était un voyage de découverte de l'Europe, j'avais peu d'expérience et peu de budget. J'utilisais un appareil à film, et vu les coûts engendrés par la photographie dans ces conditions, je ne prenais pas de photos pour le plaisir de faire de la photo, mais je prenais des photos-souvenirs; d'événement ou de bâtiment, ou encore pour avoir au moins quelques images des villes visitées. Dans ces conditions, qu'une ville soit particulièrement photogénique ne changeait que peu de choses.
Si j'étais à Verona le 27 avril 2003, et que je n'ai pas besoin de consulter mon journal de voyage pour m'en souvenir, c'est que le lendemain, j'allais célébrer mon anniversaire... et que cet anniversaire, j'allais le passer à Venise, une ville mythique s'il en est une.
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Le 13 juin 2011, un peu plus de huit ans plus tard, je me trouve à Trieste, et donc en Italie pour la première fois depuis mon voyage de 2003. Ce retour en Italie est un peu comme un voyage temporel pour moi, et comme Venise n'est qu'à 2h de train de Trieste...


Impossible de résister à prendre ce train et voir ce que la journée du 14 juin apportera comme surprises.

"Venise, pas l’émerveillement attendu, mais tout de même une ville qu’il faut voir pour y croire".
 (Journal de voyage, avril 2003)

Ce que j'ai trouvé le plus étrange, à mon retour à Venise, c'est de trouver la ville aussi belle, bien plus exceptionnelle qu'elle ne l'était dans mon souvenir.

Le paradoxe, c'est que j'ai la prétention d'avoir vu, depuis 2003, de nombreuses belles villes et de nombreux sites exceptionnels, je devrais donc être plus critique encore que je ne l'étais, et moins impressionnable qu'à mon premier grand voyage sur le vieux continent...

D'un autre côté, j'ai beaucoup raffiné mon regard sur l'architecture. Et comme j'ai réussi à voir la beauté dans des petites choses, et parfois même dans des villes au charme déglingue, ce qui m'était apparu déglingue en 2003 fait aujourd'hui office de majesté...

Car Venise n'a pas changée tant que ça, j'en suis certain. Je suis donc celui qui a changé au fil des ans.

Ce qui me réconforte, c'est que mon amie Suze, qui avait partagé ma visite - et mon opinion - en 2003, a elle aussi été surprise d'être autant émerveillée par Venise aujourd'hui.

Il faut dire que la saison n'est pas exactement la même. Profitant d'une splendide journée ensoleillée en 2011, et avec les commerces tous ouverts et en début de leur saison la plus achalandée, l'expérience est différente de la journée fraîche et nuageuse de 2003.

Les longues files d'attente n'ont pas beaucoup changée, mais la chose importe peu; Venise ne trouve pas son intérêt principal dans ses visites d'attraits ou ses musées, mais dans l'architecture et l'urbanisme unique au monde de la ville elle-même.

Un beau voyage dans les méandres de mon histoire temporelle personnelle. Et, étonnamment, une des surprise de ce séjour qui ne devait inclure que les Balkans, mais qui commence à inclure pas mal tout le territoire qui a déjà été sous l'emprise de l'empire d'Autriche.

Une belle leçon d'humilité de la part du rédacteur de voyage que je suis sur ce blogue... blogue qui n'était pas en ligne en 2003...

Mais l'Esprit Vagabond existait déjà, lui, sous sa forme papier qui l'a vu naître. Et, par un amusant concours de circonstance, c'est justement une photo prise à Venise, qui illustrait la dernière édition de sa vie sur papier, quelques mois avant son passage sur Internet (Voir la dernière photo au bas de cette page).

J'ai eu 37 ans à Venise, et c'était comme si c'était hier.
Je me demande aujourd'hui, quel âge j'aurai quand je reverrai Venise de nouveau. C'est, bien sûr, le temps qui me le dira.
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2 commentaires:

  1. Daniel Sernine8:51 AM

    Par le plus grand des hasards, un collègue m'est arrivé la semaine dernière avec des clichés vieux de seize ou vingt ans, pris à Venise et à Bologne, dont un où je porte un canotier de gondolier, croqué sur un pont (mais probablement pas le Ponte Vecchio). Pas de légendes ni de dates derrière les photos, hélas, d'où l'imprécision.

    Bonne continuation, Suzie et Hugues!

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  2. Daniel, tu devrais le numériser, j'aimerais bien voir ce cliché, et le publier pour accompagner ce billet...

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