Un petit billet pour vous parler d'un des meilleurs fanzines actuels du milieu de la SFFQ. Bien qu'éloigné du milieu depuis une décennie, je regarde toujours avec une certaine tendresse mêlée de nostalgie comment évoluent les jeunes auteurs et le fandom dont ils constituent la relève et souvent, les éléments les plus énergiques. Je profite donc de mon passage au lancement du plus récent numéro de Brins d'éternité pour vous parler de ce fanzine.
Ce 28e numéro est d'abord un superbe objet. Format pratique, couverture couleur splendide, reliure à dos carré, Brins d'éternité a de véritables allures de revue professionnelle. De l'époque où je collaborais à Temps Tôt (le meilleur fanzine de son époque), produire un tel objet relevait du rêve. Avec les outils accessibles aujourd'hui, ce rêve est une réalité, et Brins d'éternité occupe désormais avec panache la niche écologique littéraire qu'occupait Temps Tôt dans les années 90.
Dans le cas de cet opus, quand on regarde le sommaire, on pense également à ce que l'on retrouve en revue professionnelle; Les nouvelles Claude Bolduc et Jean-Pierre Laigle et les critiques d'Ariane Gélinas nous renvoient immédiatement au dernier Solaris, dont j'ai justement parlé la semaine dernière. Pourtant, en y regardant de plus près, on constate que Brins est définitivement un fanzine, et qui semble bien remplir son rôle de tremplin (on aperçoit le nom de plusieurs jeunes auteurs - dont certains en sont à leur premier texte publié), avec tous les avantages et inconvénients que ça comporte. L'ensemble des fictions est d'un niveau moins abouti que ce qu'offrent les revues pros (la plupart des textes SF sont trop ambitieux pour ce qu'ils livrent), mais il se dégage des histoires de ce numéro une énergie certaine, une impatience de publier qui fait plaisir à voir (et à lire), et qui me rappelle également mes débuts comme auteur. Mis à part la très amusante (bien qu'anecdotique) nouvelle de Bolduc, Home, sweet home, la nouvelle qui se détache de ce numéro est Confidences, de Pat Isabelle, qui a comme principal défaut d'être beaucoup trop courte. J'en redemandais, moi, des confidences de ce robot bien particulier!
Parmi les anciens numéros de Brins d'éternité, j'attire votre attention sur le numéro 25. Une fois encore, la couverture est magnifique. Côté contenu, la nouvelle de Dave Côté, Mon père est plus fort que le tien, n'est peut-être pas aussi étonnante que celle publiée récemment dans Solaris, mais elle vaut le détour par son côté original assumé. Le numéro propose aussi une petite entrevue avec Patrick Senécal (par Josée Boudreau), ainsi qu'un article sur Le refus du deuil, dans Simetierre de Stephen King (par Pierre-Alexandre Bonin). L'article est un peu trop académique pour mes goûts, mais n'est pas inintéressant pour autant.
Sinon, côté articles dans Brins d'éternité, je me permets de revenir sur le plus récent numéro 28, qui propose un article d'une drôlerie involontaire absolument délicieuse. En effet, dans Ma SF est-elle de la Science-fiction?, l'auteur Jean-Pierre April s'auto-analyse, sur un ton suffisant aux limites de la condescendance, dans un texte qui sent le règlement de compte et où il se permet même avec une prétention non camouflée de s'auto-adjectiviser ("C'est trop aprilistique"). Un incroyable bijou de délire plein d'humour involontaire.
D'autres informations ainsi que le sommaire des anciens numéros sont disponibles sur le site de la revue.
Et si vous aimez ce genre de revues et fanzines, je vous suggère de lire le petit survol qu'a préparé récemment ma collègue blogueuse Ariane Gélinas sur les revues et fanzines qui traitent de genres.
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Ce 28e numéro est d'abord un superbe objet. Format pratique, couverture couleur splendide, reliure à dos carré, Brins d'éternité a de véritables allures de revue professionnelle. De l'époque où je collaborais à Temps Tôt (le meilleur fanzine de son époque), produire un tel objet relevait du rêve. Avec les outils accessibles aujourd'hui, ce rêve est une réalité, et Brins d'éternité occupe désormais avec panache la niche écologique littéraire qu'occupait Temps Tôt dans les années 90.
Dans le cas de cet opus, quand on regarde le sommaire, on pense également à ce que l'on retrouve en revue professionnelle; Les nouvelles Claude Bolduc et Jean-Pierre Laigle et les critiques d'Ariane Gélinas nous renvoient immédiatement au dernier Solaris, dont j'ai justement parlé la semaine dernière. Pourtant, en y regardant de plus près, on constate que Brins est définitivement un fanzine, et qui semble bien remplir son rôle de tremplin (on aperçoit le nom de plusieurs jeunes auteurs - dont certains en sont à leur premier texte publié), avec tous les avantages et inconvénients que ça comporte. L'ensemble des fictions est d'un niveau moins abouti que ce qu'offrent les revues pros (la plupart des textes SF sont trop ambitieux pour ce qu'ils livrent), mais il se dégage des histoires de ce numéro une énergie certaine, une impatience de publier qui fait plaisir à voir (et à lire), et qui me rappelle également mes débuts comme auteur. Mis à part la très amusante (bien qu'anecdotique) nouvelle de Bolduc, Home, sweet home, la nouvelle qui se détache de ce numéro est Confidences, de Pat Isabelle, qui a comme principal défaut d'être beaucoup trop courte. J'en redemandais, moi, des confidences de ce robot bien particulier!
Parmi les anciens numéros de Brins d'éternité, j'attire votre attention sur le numéro 25. Une fois encore, la couverture est magnifique. Côté contenu, la nouvelle de Dave Côté, Mon père est plus fort que le tien, n'est peut-être pas aussi étonnante que celle publiée récemment dans Solaris, mais elle vaut le détour par son côté original assumé. Le numéro propose aussi une petite entrevue avec Patrick Senécal (par Josée Boudreau), ainsi qu'un article sur Le refus du deuil, dans Simetierre de Stephen King (par Pierre-Alexandre Bonin). L'article est un peu trop académique pour mes goûts, mais n'est pas inintéressant pour autant.
Sinon, côté articles dans Brins d'éternité, je me permets de revenir sur le plus récent numéro 28, qui propose un article d'une drôlerie involontaire absolument délicieuse. En effet, dans Ma SF est-elle de la Science-fiction?, l'auteur Jean-Pierre April s'auto-analyse, sur un ton suffisant aux limites de la condescendance, dans un texte qui sent le règlement de compte et où il se permet même avec une prétention non camouflée de s'auto-adjectiviser ("C'est trop aprilistique"). Un incroyable bijou de délire plein d'humour involontaire.
D'autres informations ainsi que le sommaire des anciens numéros sont disponibles sur le site de la revue.
Et si vous aimez ce genre de revues et fanzines, je vous suggère de lire le petit survol qu'a préparé récemment ma collègue blogueuse Ariane Gélinas sur les revues et fanzines qui traitent de genres.
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Bonjour, je lis votre blogue de temps à autre et le sujet de votre article m'a interpelée. Je pense qu'il y a une confusion entre fanzine et revue. Si un fanzine sert, comme vous le dites, de tremplin pour les nouveaux venus, comment se fait-il que Solaris, qui est une revue, publie également des auteurs n'ayant jamais publié auparavant? Et que penser des revues Zinc et Biscuit Chinois qui publient de « la relève »? Paradoxal, non?
RépondreSupprimerAh oui, et aussi, pour moi, Brins d'Éternité est plus qu'un fanzine. Je le qualifie de prozine, mais à le voir se développer autant en si peu de temps, dans quelques années, il pourrait très bien sauter la barrière et rejoindre Solaris en tant que revue. Après tout, cette dernière était bien un fanzine à ses débuts. C'est sûr que Solaris s'applique davantage à la réécriture de ses textes, mais elle ne le faisait pas nécessairement de façon aussi appliquée à ses débuts.
Bonjour Hugues, merci, de la part de toute l'équipe, pour ces bons mots sur Brins d'éternité :)
RépondreSupprimerGabrielle,
RépondreSupprimerTon commentaire est très pertinent car il est vrai que souvent, si on ne se fie qu'à la présentation et au contenu, il peut être ardu de faire une distinction entre une revue professionnelle et une revue amateure (fanzine).
Personnellement, pour établir la différence et éviter la confusion dont tu parles, j'utilise un seul critère:
Une revue pro paye ses auteurs de fiction et d'articles, un fanzine non, d'où mon appellation de pro vs amateur. J'ai toujours appliqué ce critère dans mes publications.
Ceci dit, tu comprendras que rien n'empêche une revue pro de publier des auteurs qui en sont à leurs premiers pas, si ces textes sont jugés par la direction littéraire d'un niveau suffisamment pro pour en acheter les droits de publication. Il arrive donc à la fois à Solaris de publier des débutants, ou à Brins d'éternité de publier des auteurs accomplis (comme Bolduc ou Sernine, par exemple, si ceux-ci acceptent de ne pas être payé).
Sur plusieurs mois ou années, la tendance des fanzines demeure toutefois essentiellement orientée vers les nouveaux auteurs - ceci étant à la fois lié à l'absence de versement de droits (les pros qui vivent de leur plume ne peuvent pas se permettre de constamment publier gratuitement) et des moindres exigences en terme de direction littéraire. Ces moindres exigences sont normales, car si les exigences d'un fanzine qui ne paye pas les auteurs étaient les mêmes que celles d'une revue qui paye, le fanzine n'aurait pas beaucoup de soumissions de textes.
Cette constatation n'empêche pas un fanzine de tenir un minimum de direction littéraire, ce que fait Brins d'éternité, comme le faisait Temps Tôt, cité dans mon billet.
C'est donc pourquoi, règle générale, il y a plus d'auteurs débutants dans les fanzines. Ta remarque sur les débuts de Solaris est d'ailleurs exacte; Requiem, devenue Solaris était un fanzine à ses débuts.
Pour ma part, je m'arrête là en terme de distinction. Tu noteras que tout ceci n'est en rien un jugement de valeurs sur la qualité ou la pertinence des deux types de publications. J'ai toujours été un grand amateur de fanzine, toujours cru en leur nature essentielle et j'ai moi-même publié la grande majorité de mes nouvelles dans des fanzines.
Oui, je sais que les revues professionnelles payent ses auteurs, raison pour laquelle ils sont davantage attirés vers eux. Mais pour les p'tits nouveaux, ils gagnent à se faire publier dans les fanzines, parce qu'ils commencent ainsi à se faire connaître, à se faire un nom.
RépondreSupprimerPar ailleurs, je ne trouvais pas que vous émettiez un jugement de valeur. Simplement, nous ne regardons pas l'enjeu de la même façon, c'est tout.
C'est drôle, parce que j'étais en train d'écrire un nouvel article sur le fanzinat, et quand j'ai eu fini, j'ai eu envie de lire ce que mes connaissances-blogueurs avaient de bon à dire et je suis tombée sur votre billet.
Vous avez écrit une réponse très instructive. Je vous en remercie.
Bonjour Hugues,
RépondreSupprimerJe tenais à te remercier à la fois pour tes bons mots sur Brins d'éternité, ainsi que pour le commentaire sur ma nouvelle dans Solaris 177, qui m'a beaucoup touchée. Merci également pour le lien vers mon billet sur les périodiques, fort apprécié.
Et surtout, bonne continuation de ce blogue, qui est très plaisant à parcourir !
(J'avais déjà posté un commentaire similaire sur ton blogue, il y a plusieurs jours, mais je crains qu'il ne te soit pas parvenu. Dans le doute, je te l'envoie à nouveau.)
Salutations,
RépondreSupprimermerci pour les commentaires.
Ariane, Pat,
RépondreSupprimerLes "bon mots" sur Brins d'éternité ne me reviennent pas vraiment; je constate le bon travail qui est fait par cette équipe.
Les bons mots sur vous en tant qu'auteurs étaient mérités de mon point de vue de lecteur, alors le mérite vous en reviens également.