J'avoue que j'avais des doutes quand au film Dédé à travers les brumes. La mort de Dédé avait été un choc pour moi (à bien des niveaux, j'en avais glissé un mot ici l'été dernier) et je ne voulais pas d'un film qui glorifierais à la fois l'artiste et son geste qui pour certains, relève encore du romantisme.
J'ai donc mis du temps avant de voir le film de Jean-Philippe Duval, et je l'ai vu en vidéo, longtemps après sa sortie en salle.
Premier constat intéressant: Dédé, à travers les brumes est un film bien écrit et intelligemment construit. On embarque dans le film alors que Les Colocs se sont retirés en Estrie pour écrire et enregistrer leur troisième album (effort qui donnera Dehors Novembre) et en assistant littéralement à l'évolution de leur processus créatif et aux difficultés rencontrés, on plonge dans le passé du groupe et de Dédé par le biais de flashbacks.
Second constat, Dédé, à travers les brumes n'est pas une biographie, mais un film musical, au même sens que l'était The Doors, par exemple, et là où d'autres films éprouvent de la difficulté à bien intégrer deux genres (la musique et le cinéma), Duval - aussi scénariste du film - réussi à merveille à marier tous les éléments de son film.
Qu'il s'agisse de la musique des Colocs, des paroles de Dédé, ou d'emprunts au style visuel que les Colocs avaient développés dans leurs vidéos, le réalisateur manie et utilise ces éléments artistiques et livre un film dense, bien rythmé, profond, humain et respectueux des spectateurs et des sujets qu'il explore. Les difficultés personnelles de Dédé, les problèmes reliés au fonctionnement d'un groupe, le processus créatif ardu du groupe, les épreuves individuelles, etc., l'amalgame de tout ça semble tout à fait naturel, un véritable tour de force compte tenu de tout ce que Jean-Philippe Duval intègre dans son film.
Côté interprétation, Sébastien Ricard réussi à habiter un Dédé plus vrai que nature: on oublie qu'il s'agit d'un film, on croit assister à un documentaire, puis à la vie, tout simplement. Joseph Mesiano (que je ne connaissais pas) ne se contente pas de laisser la place à Ricard et campe avec aplomb un Mike Sawatsky complexe et attachant. Les autres acteurs sont tous excellents, mais ce sont ces deux-là qui donne de la profondeur à ce qui aurait été autrement une simple histoire filmée.
Enfin, notons le générique de début et l'introduction du film, qui avec la conclusion et le générique final, autour de la chanson Belzebuth, forme un véritable chef d'oeuvre de court-métrage qui encadre le film de manière absolument brillante et qui constitue une des meilleures idées que j'ai pu voir au cinéma cette année.
Alors si comme moi, vous étiez un fan des Colocs, si vous connaissiez un peu Dédé, voyez ce film, vous le trouverez fascinant, sans conteste.
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