Chronique scolaire
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Comme je suis ici en stage d’enseignement de l’anglais dans une école, il est peut-être temps que je parle un peu de mon expérience scolaire.
J’enseigne dans une petite école de rang du village de Lloa. Cette école a été construite grâce à une fondation de Chicago il y a quelques années. Avant, les élèves des rangs avaient à se rendre au village, beaucoup plus loin, pour aller étudier. Résultat, beaucoup n’y allaient pas.
Une quarantaine de jeunes fréquentent l’école, tous niveaux confondus. On ne voit jamais, par contre, plus de trente élèves au total la même journée, et ce nombre est rarement atteint. Plusieurs sont absents pour diverses raisons familiales ou médicales ou de travail sur la ferme. La grande majorité des habitants de Lloa sont cultivateurs ; ils cultivent des terres à flan de montagne, très escarpées.
Il y a six niveaux, correspondants groso-modo à nos premières à sixièmes années. Avant mon arrivée, deux volontaires allemands ont enseignés l’anglais de base pendant quelques semaines également.
Ainsi, quand un prof d’anglais est présent, on divise le groupe en deux et chacun utilise une classe différente. Il y a deux classes, dont chacun donne directement sur la cour de l’école, qui est un morceau de terre battue entourée d’une petite clôture. L’école est donc constituée de ces deux pièces et d’une toilette en arrière.
Certains de mes élèves sont déjà bilingues, ils parlent espagnol et Quichua.
Ils sont très gentils et polis, même s’ils sont parfois très indisciplinés, et un rien leur met un sourire sur le visage. Je vous dirais que c’est un environnement très pauvre, la plupart ont toutefois un petit cahier pour prendre des notes et un crayon ou deux. Les plus chanceux ont quelques crayons de couleur et deux ou trois cahiers. Ils viennent pour la plupart à pied, quelques-uns habitent trop loin et prennent l’autobus, le même que moi. Je donne parfois une demie feuille blanche s’il y a des notes à prendre et que l’élève n’a pas de cahier pour l’anglais.
Les classes débutent à huit heures du matin et il y a une récréation vers 10h30-10h45. La récré est suivie d’un repas que je partage avec eux. Puis classe jusqu’à midi trente, en gros. Je dis en gros, car comme partout ailleurs à Quito, le temps est relatif. Parfois on commence à huit heures, parfois à huit heure et quart, ou plus, on termine parfois à midi-trente, parfois avant, parfois un peu après… ça semble dépendre de l’humeur de la prof-directrice et de la ponctualité variable des élèves… On est souvent interrompu, par un parent qui a un message, un autre qui vient doner un remède à un enfant qui a la grippe, un frère ou une sœur qui vient emprunter un crayon ou un cahier pour l’autre classe, etc.
Le matin, je me lève aux environs de 6h moins dix, puis je me prépare, descend déjeuner et pars vers 6h30. Dix minutes de marche, suivies de cinq minutes de bus de la ville me mènent près de la route de Lloa. Lloa est situé dans une vallée. Une montagne sépare cette vallée de Quito. Un autre bus me mène donc sur cette montagne, puis au-delà, à un arrêt qui est à environ dix bonnes minutes de marche de la petite école. Je dis dix bonnes minutes, mais les premiers jours, ça m’en prenait facilement 20 et même 25, tellement la pente est accentuée et que mon système n’est pas habitué à l’exercice en altitude. Mais maintenant, je peux le faire en dix ou douze minutes.
La route est en terre, parfois en boue s’il y a eu de la pluie la veille, ce qui est courrant ces temps-ci, vu que c’est justement l saison des pluies.
Le paysage, de l’école, est à couper le souffle. D’un côté, les montagnes qui nous séparent de Quito et de l’autre, le Volcan Pichincha et ses deux cratères, dont le plus prés, le Guagua, est celui qui est actif. Très impressionnant je vous le dis. Après quelques jours passés à l’école, j’ai enfin pu voir le sommet par temps parfaitement clair du Guagua et c’est vraiment quelque chose ! Explication : même quand il n’y a pas trop de nuages, il est fréquent que le sommet volcanique soit caché par quelques nuages, vu son altitude de plus de 4800 m. Voilà pourquoi ça m’a pris quelques jours avant de le voir par temps clair. De l’école, on peut distinguer très clairement les coulées creusées dans la montagne par les éruptions passées.
Pour en revenir aux élèves, ils m’ont très gentiment accueilli lors de mon premier jour en me remerciant d’être volontaire pour leur enseigner l’anglais. Ils sont toujours polis, me saluent tous les matins (maintenant, en anglais et fiers de dire « Good Morning Teacher », le problème est qu’ils disent Good Morning teacher a tout le monde, un biais que je dois corriger et qui leur vient de leur débuts avec les autres volontaires). Ils me saluent aussi lors de la fin des classes, les plus curieux me demandant comment on dit « à demain » en anglais. Mardi dernier, nous avons eu de la visite surprise. Un groupe de 4 personnes s’est présenté à l’école en pick-up des USA, du Texas pour être précis, et ce pick-up contenait des donations de vêtements et de toutous en peluche. Nous avons donc fait une distribution de ces dons parmi les élèves, qui étaient très contents de ces cadeaux. En terme d’organisation, le camion venait directement des USA, par un service de cargo de la Continental air lines. J’ai par contre trouvé amusante la dame, qui s’étonnait de la mauvaise qualité de la route pour se rendre à l’école.
Voilà pour le moment. Le plus ardu est peut-être le fait que pour eux, je parle espagnol, donc ils s’expriment dans cette langue avec moi. C’est pas évident de tout comprendre ou de se démerder… surtout si après seulement deux jours, il y a un match de foot (soccer) contre une autre école et que la prof-directrice vous laisse avec trois niveaux et en charge de l’école pour la journée ! L’expérience qui entre…
De retour de Lloa par le même système de bus et de marche, je rentre à la maison vers 14h-14h30. Puis je me repose un peu et prépare mes cours du lendemain ou des jours suivants. Ainsi, je prépare déjà un petit examen puisque mes prédécesseurs en étaient rendus là au moment de quitter. C’est pas aussi évident que ça en a l’air de préparer mes cours puisque l’autre prof, la directrice, a aussi son agenda, dont je ne sais rien, ainsi, le matin, quand j’arrive, je ne sais jamais d’avance quel groupe j’aurai, ni pour combien de temps. Faut être souple dans sa préparation !
Je vous tiendrai au courant des performances de mes élèves à leur examen.
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