jeudi 15 juillet 2010

Madinat al-Zahra

Madinat al-Zahra est un des principaux sites archéologique de l'époque médiévale. La cité était la capitale d'Al Andalus pendant une bonne partie du 10e siècle. Fondée par Abd al-Rahman III en 940, et située à l'est de Cordoba, Madinat al-Zahra était le symbole du nouvel ordre politique établi lors de la déclaration du nouveau califat dans la péninsule ibérique n 929.
On parle ici de la création d'une nouvelle ville, devant abriter la résidence officielle du calife, ainsi que plusieurs édifices servant aux fonctions et organes officielles du califat, qui était jusqu'alors installé dans l'Alcazar de Cordoba. Selon une coutume assez répandue dans le monde musulman de l'époque, la construction d'une nouvelle ville adapté au statut d'un nouveau calife n'avait donc rien à voir avec les besoins réels du califat, mais plus avec l'image que voulait projeter le calife.


Madinat al-Zahra est située au pied des monts qui terminent la Sierra Morena vers les plaines. On y a donc installé la cité en terrasses successives, en adaptant la construction à la topographie.


Les ruines actuelles couvrent seulement 10% de la superficie de l'ancienne cité. Les archéologues sont encore à l'oeuvre un peu partout autour et sur le site. La photo ci-haut montre les vestiges de ce qu'on a appelé La maison du bassin, faisant partie d'une série de grandes demeures de la ville.


Le secteur le plus intéressant est probablement la Maison de Ya'far, qui aurait été un haut fonctionnaire chargé de l'administration du califat (sorte de Premier ministre). On peut y voir beaucoup de décoration originale, aux ornementation de type végétal.


On a presque l'impression qu'Allah va se pointer sur le site à un moment donné :-)
J'imagine que je ne devrais pas blaguer avec la religion, je ne voudrais pas insulter qui que se soit et le commentaire illustre peut-être même à la fois mon ignorance de la religion islamique et l'influence de mon éducation chrétienne, puisque je parle évidemment de l'effet de lumière, qui, dans les films bibliques, sont souvent associés à Dieu.


Archéologue au travail. Elle m'a expliqué qu'elle plaçait une sorte de ciment sur les restes des décorations à pigmentations rouges au bas de cette pièce, pour solidifier en place les vestiges en question.


Dans le secteur administratif de l'Alcazar, on retrouve un grand édifice à plusieurs nefs, qui est baptisé Édifice basilical supérieur, mais dont les archéologues n'ont aucune idée de la fonction exacte.


Une fois de plus, on a procédé à une restauration, remplissant les trous là où ça s'était partiellement écroulé, mais une grande partie de l'édifice comporte encore le matériau d'origine, incluant des colonnes de marbre et des chapiteaux composés.


Érigée à l'extérieur des fortifications de l'Alcazar lui-même, on peut aussi voir les ruines de la mosquée Aljama, qui aurait été la première mosquée d'Al Andalus correctement orientée vers La Mecque (sud-est).


Ce portique est un des plus impressionnants vestiges de Madinat al-Zahra. C'était l'entrée monumentale (et officielle) de l'Alcazar et elle donne sur la Place d'Armes, aujourd'hui déserte. On a déterminé que l'arc du centre (le second à partir de la gauche sur la photo) devait aussi comporter un pavillon en second étage surplombé d'une tour, ces conclusions étant tirées à partir des ruines découvertes autour du portique - dont une partie a été transporté au musée du centre d'interprétation de la cité.


Un ensemble de deux jardins et bassins font face au Salon d'Abd al-Rahman III. C'est un des édifices les mieux conservé (et les mieux restauré) du site, mais malheureusement pour moi, l'endroit est encore en restauration et ne peut donc être visité en ce moment.


Parmi les milliers de morceaux incrustés de dessins et d'écriture trouvés aux abords du salon, le monsieur à l'ombre, sur cette photo, tente d'en placer un en particulier au bon endroit. Ce sont des morceaux de la Salle du trône, et on en compte une centaine de milliers. On parle ici du plus grand casse-tête au monde! (On voit peut-être 5% de ce casse-tête sur cette photo, entre les haies).



En terminant la visite, une vue poétique de l'édifice basilical supérieur.
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L'itinéraire pour se rendre et visiter Madinat al-Zahra est singulier. On part d'abord de Cordoba par un autobus opéré par l'office de tourisme de la ville, bus qui, pour 6,56 (euros) nous mène à l'entrée du centre d'interprétation du site. Ce centre est un étrange édifice moderne, à demi enfoui dans le sol. On y pénètre donc pour y acheter son billet d'entrée sur le site (1,50), et on retourne au stationnement pour y attendre un autre bus, opéré par la corporation qui gère le site archéologique. On paye son billet de bus (2,10), et on est emmené à l'entrée des ruines... où le monsieur du guichet ne prend même pas la peine de vérifier si on a acheté son billet au centre! Après la visite, on doit reprendre ce bus vers le centre d'interprétation (retour inclus avec l'aller, mais le conducteur ne vérifie pas les billets) et y attendre là, le bus du bureau touristique qui nous ramène à Cordoba (retour inclus avec l'aller ici aussi). L'ensemble coûte 10.16 euros, ce qui n'est pas cher pour ce genre de transport-visite, mais je n'arrive pas à comprendre la raison de la compartimentation des tarifs.

Dans le centre lui-même, il y a un intéressant musée, comportant plusieurs pièces découvertes sur le site; poteries, décorations, vases, plaques diverses...

...dont cette frise épigraphe "Qu'Allah protège Abd al-Rahman, prince des croyants." (Je dois me fier à la traduction du musée, n'étant pas en mesure de lire la chose moi-même). Dans une salle de cinéma, on projète un film d'animation effectuant la reconstruction d'une journée à l'époque de l'apogée de la cité. L'ensemble du centre est vaste et aéré, l'influence moderne étant généralement de présenter les choses dans l'espace le plus vaste possible.


En remontant vers la surface, on jette un dernier regard vers cet édifice de béton blanc et de fer pré-oxydé en se demandant bien ce qu'en aurait pensé le calife.
(Et pour les amateurs de détails, le petit édifice en jaune, dans la montagne, au centre-droite de la photo, c'est l'entrée du site archéologique lui-même).
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3 commentaires:

  1. Quels beaux endroits à visiter.C'est merveilleux de pouvoir, par ton blog, profiter de ces belles photos. Merci

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  2. Véronique7:30 PM

    Je reviens de ce site et je suis ravie de retrouver l'âme de cette visite avec votre blog.
    Le musée, à l'architecture moderne, se fond parfaitement à la plaine. Les reconstitutions de la vie au temps du Calife (film et cartes dans le parcours du musée) sont très pédagogiques et révèlent tout ce qu'on a peine à imaginer sur l'espace des ruines si on commencait la visite par celles-ci. C'est donc très réussi et très intéressant.
    A voir donc !
    Véronique

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  3. Anonyme3:27 AM

    juste un petit commentaire ... la lumiere joue un role dans l'edification d'oeuvres chretiens tel que l'eglise ce n'est pas seulement dans les films mais sa s'appelle la théologie de lumiere de l'abbé suger qui dit qu'elle est divine et qu'elle frappe la personne afin d'atteindre la spiritualité (explication aussi du passage de l'eglise romane a l'eglise gothique)!! ééé c pas le cas pour nous les musulmans :)

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