lundi 2 novembre 2009

Couche-Tard, les mauvais citoyens corporatifs et les enjeux environnementaux

Un court billet pour faire une petite montée de lait contre l'entreprise Couche-Tard, qui a une succursale juste derrière chez moi (celle sur St-Denis, au coin de Beaubien, pour ceux qui veulent identifier la succursale fautive)
Vendredi dernier, alors que je déjeunais, des bruits de verre cassé ont attiré mon attention. J'ai regardé par la fenêtre de ma cuisine et aperçu une employée du Couche-Tard qui cassait des bouteilles de vitre dans le conteneur à déchet derrière le dépanneur.
Un autre employé lui apportait des caisses de ces bouteilles, en provenance d'une cabane d'entreposage située juste à côté.
Réalisant que l'employée mettait aux poubelles des dizaines de bouteilles recyclables (et consignées!), je n'ai pu me retenir de lui dire que ce qu'elle jetait comme ça, c'était des produits récupérables.
Elle m'a regardé d'un air indifférent en m'informant qu'elle devait bien s'en débarrasser.

Devant son apparente ignorance - et la quantité de bouteilles qui s'accumulait à ses pieds alors qu'elle poursuivait de plus belle son gaspillage, j'ai insisté en l'informant qu'elle pouvait les laisser sur le bord de la rue, que les responsables de la collecte ramassaient le verre recyclable.
Elle m'a alors répondu que si elle faisait ça, les gens reprenaient les bouteilles et les rapportaient au Couche-Tard pour toucher la valeur de la consigne. Je lui ai demandé pourquoi elle devait alors jeter des bouteilles consignées, puisqu'elle devait avoir un fournisseur de service pour les récupérer, elle m'a dit qu'il ne voulait pas de ces bouteilles-là.

Je lui ai suggéré de les casser et les déposer dans un bac vert pour récupérer, mais elle avait déjà décidé que je n'étais qu'un trouble-fête et poursuivait la destruction dans le conteneur à déchet du Couche-Tard. J'ai alors pris quelques photos et elle m'a menacé d'appeler la police si je continuais... Ce que je l'ai invité à faire.


Quelques minutes plus tard, l'autre employé (gérant? supérieur?), qui avait quitté les lieux lors de mon apparition, est revenu de l'intérieur du commerce et l'a avisé de cesser ses activités et de placer les bouteilles dans leur conteneur de récupération (adjacent à leur conteneur à déchet). Elle m'a alors crié en me demandant si j'étais content de moi, que leur fournisseur serait fâché qu'ils n'aient pas fait le tri de ce qu'il prenait et ce qu'il ne prenait pas...

Plusieurs fois au cours de la discussion, je lui ai demandé si elle ne trouvait pas cela complètement stupide de détruire autant de verre recyclable alors que l'on demande aux citoyens de récupérer le plus possible... À chaque fois, elle me ressortais l'argument de la consigne et du retour des bouteilles dans le dépanneur, aux frais de Couche-Tard, qui doit alors repayer une consigne sur les bouteilles jetées.
Question: La consigne sur les bouteilles de verre, c'est pas supposé inciter les gens à rapporter leurs vides dans les endroits comme le Couche-Tard pour favoriser la récupération? Si Couche-Tard détruit les bouteilles, à quoi sert réellement cette consigne alors???
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Plus tard, je me suis rendu à mon éco-quartier pour les informer de la chose, ne sachant pas moi-même s'il y avait quoi que se soit à faire. Ils m'ont informés n'avoir aucun pouvoir sur la chose, mais que je pourrais éventuellement en informer la ville de Montréal, via leur service 311.
Un coup de téléphone au 311 m'informe que la Ville n'y peut rien, que chacun est libre de jeter ce qu'il veut dans ses poubelles, mais que je pourrais me plaindre à l'organisme qui est responsable des commerces, l'agence d'inspection des aliments (?).
Je les appelle, ils sont perplexes, ils gèrent ce qui se passe à l'intérieur des commerces, et qui touche l'alimentation. Ici, on parle de verre cassé et d'extérieur de commerce. On m'invite à contacter la Ville en composant le 311.
La bureaucratie me fait tourner en rond, tel Astérix dans une maison de fous célèbre.
J'abandonne alors, je suis bien trop cynique pour en faire une croisade.
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Lorsque je consomme des produits vendus dans des bouteilles non consignées, comme du vin, par exemple, je place toujours ce verre usagé dans mon bac vert pour le recyclage. De voir cette employée du Couche-Tard gaspiller une quantité de verre recyclable équivalente à ce que je mets moi-même au recyclage sur une période de plusieurs semaines m'a vraiment fâché.
(On notera que l'on a refusé de m'informer s'il s'agissait d'une initiative personnelle, d'une idée du gérant ou de la politique globale de Couche-Tard).
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Après ça, on se demande pourquoi certains citoyens ne croient pas en ce genre de choses. Le problème, c'est qu'avec ces dossiers, le simple individu peut bien faire ses efforts, mais si les grands joueurs, les grands consommateurs, ne font rien, alors on avance pas et nos petits pas ne nous mènent nulle part.
Fermer le robinet en se brossant les dents alors que plus de 25% de l'aqueduc de Montréal a des fuites importantes, prendre le métro plutôt que l'auto alors que les producteurs de pétrole albertains rejette sans impunité des zillions de tonnes de GES dans l'atmosphère, recycler quelques bouteilles de vin par mois alors que Couche-Tard détruit ses bouteilles de Coke consignées, accepter de payer des tarifs plus élevés alors que les élus empochent des pots de vin...
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Deux jours plus tard, c'était jour d'élections municipales.
Êtes-vous aller voter, au fait? Et si oui, pourquoi?
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5 commentaires:

  1. Daniel Sernine7:22 PM

    Pourquoi avoir voté? La question à 39 millions (ou a 39% de taux de participation...).
    Assurément, il est tentant de se montrer cynique après des résultats comme ceux d'hier à Montréal. Tremblay réélu en dépit de 60% de votes contre lui, ou plus. Mais bon, c'est un défaut du système uninominal à un tour.
    Moi, ce que je n'arrive pas à croire, c'est que 37% des gens aient voté pour lui malgré qu'il ait livré la ville aux collusionistes du secteur privé, les grandes firmes de génie-conseil, les entreprises de la construction liées à la mafia (excusez le pléonasme), la complaisance envers le financement occulte...
    Ça aurait pris quoi pour que ces 37% le désavouent? Qu'il massacre des enfants et les fasse rôtir, du moment qu'il est capable de soutenir une conversation en anglais?
    Les gens qui ne pensent qu'en termes d'argent (le leur) devraient se souvenir que le refus du gouvernement Charest d'enquêter sur la corruption dans la construction et les domaines connexes leur coûte des centaines de millions $ annuellement, versés directement dans les poches de la pègre.
    Réélire Tremblay, c'était donner concrètement son appui à ce système taré et pourri...

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  2. Le problème de ces élections, c'est que même en désavouant Tremblay, quels étaient les choix? Harel et son équipe d'ex-Labonté? Mon cynisme refait surface ici et je ne peux m'empêcher de mettre dans le même panier les votes vers Harel que ceux vers Tremblay.
    Restait donc Bergeron, l'underdog, mais c'est bien connu que les tierces partis sans long historique de pouvoir accèdent très rarement au pouvoir. Sa progression explique la réaction des gens contre les dossiers de corruption, mais j'imagine que les 60% de montréalais qui n'ont pas voté ont aussi lancé un message assez cynique envers le processus.

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  3. Anonyme8:41 AM

    Le problème de cette histoire, c'est que la pauvre fille n'y était certainement pour rien dans cette décision. J'ai compris moi aussi que les fournisseurs qui reprennent les bouteilles vides de bière et de boissons gazeuses ne reprennent pas nécessairement toutes les marques. Ici à St-Séverin, le dépanneur ne reprend pas les bouteilles de bières incolores (des marques comme Miller ou Corona). Comme ils me connaissent bien, je vais essayer de penser à leur demander quel est la raison pour cette discrimination, ce qu'ils font des bouteilles que leurs fournisseurs refusent, etc.
    Ce genre de hoquets du système sont effectivement assez choquants et entretiennent un cynisme malheureux dans ce domaine.
    Une solution pourrait être de privilégier l'achat de la bière en cannette d'aluminium: un spécialiste de la récupération expliquait récemment qu'au prix où était l'aluminium, c'était le produit le plus précieux dans le bac à déchet, au point où les compagnies qui ramassent les bacs bleus sont contentes quand les gens y jettent leurs canettes de bière ou de coke au lieu de les rapporter pour la consigne... Une enquête à suivre...

    Joël Champetier

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  4. Bonjour,

    Je travaille moi-même pour la chaîne Couche-Tard depuis près de 4 ans, où j'ai occupé différents postes, dont assistant-gérant.

    Il n'est certainement pas une politique dans l'entreprise de jeter les bouteilles aux rebus, mais il s'agit là d'une conséquence d'une loi stupide, celle sur les bouteilles consigées.

    La loi oblige les commerçants qui vendent des produits dans des contenants consignés à rembouser ces contenants, et les fournisseurs de ces produits à rembourser ces contenants aux comerces. Cette loi a certes un objectif positif (celui d'encourager le consommateur à recycler ses contenants), mais oblige tout un système à s'investir dans un processus pour lequel un système plus efficace existe déjà. En effet, il serait très simple pour le consomateur de déposer sa bouteille de Pepsi vide dans son bac vert, à côté de sa boîte de biscuits vide. Au lieu, il doit ramener sa bouteille au dépanneur. Le dépanneur doit collecter ces contenants (ce qui fait perdre beaucoup de temps aux employés) et les accumuler dans un coin du backstore (qui pourrait servir à de la vrai marchandise). Quand le distributeur viendra livrer ses produits, il devra récupérer les bouteilles et les ramener à l'entrepôt, ou le centre de recyclage viendra les récupérer (quelle quantité d'essence a été utilisé dans ce processus?).

    Le dépanneur, qui ne souhaite pas s'investir plus que nécéssaire dans ce processus, refusera les contenants consignés qu'il ne vend pas, même si la loi l'oblige à rembourser tous les contenants consignés. Le fournisseur, tant qu'à lui, fera tout en son pouvoir pour ne récupérer que le minimum de bouteilles, s'obstinant à ne récupérer que les bouteilles de sa marque, même si lui aussi est forcé par la loi à les récupérer toutes.

    Si la consigne était abolie, il est de mon avis que les gens qui souhaitent les mettre au reclyclage le feront directement. Ceux qui n'y tiennent pas les jettent quand même aux rebus, car 5¢ de consigne n'est pas suffisant pour les en convraincre.

    Quand à cette employé, elle a raison de briser les bouteilles pour qu'elles ne soient pas remboursées à nouveau, mais elle aurait pu les mettre au recyclage. Elle a cependant raison qu'elle doit s'en débarrasser, si personne ne veut les récupérer. Et elle a probablement suivi les instructions de sa supérieure sans se poser d'autre question.


    Tom :)

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  5. Merci Tom de ces précisions, j'apprécie et j'avais compris malgré tout qu'il s'agissait d'ordres qui étaient plus ou moins bêtement suivis. La question demeure de savoir s'il est plus efficace de récupérer les bouteilles et les réutiliser ou d'en recycler le verre, et c'est, je crois, le point central de la loi sur la consigne, puisque j'imagine que quelque part, le ministère responsable a établi qu'il était mieux de récupérer (réutiliser) que de recycler le verre mélangé de bouteilles brisées.
    Une fois encore merci de ce commentaire précis et pertinent.

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