jeudi 3 novembre 2011

JQSI: De Tunis à Wall Street

Depuis le début du mois, ce sont les Journées Québécoises de Solidarités Internationales.
À chaque année, l'AQOCI organise cet événement qui varie beaucoup en terme d'activités, selon les organismes collaborateurs et les thématiques abordées.
Si vous avez lu quelques uns de mes précédents billets sur la situation économique mondiale, vous comprendrez que cette année, la conférence d'ouverture avait de quoi attirer mon attention. Elle était livrée par Serge Halimi, le directeur de l'hebdo français indépendant Le Monde Diplomatique. Cette conférence, intitulée « De Tunis à Wall Street : la mondialisation des luttes citoyennes » était donc présentée mardi soir, devant plusieurs centaines de personnes. Dans sa présentation, M. Halimi s'est arrêté à analyser les éléments qui relient les revendications et manifestations que l'on observe un peu partout dans le monde, depuis les débuts du printemps arabe jusqu'aux suites du mouvement Occupy Wall Street, en passant par les manifestation de la Puerta del Sol à Madrid.
Le conférencier fait remarquer que le point commun à tous ces groupes est la demande de changement (de politiques et d'économie mondiale) suite à l'augmentation accélérée de l'écart entre riches et pauvres. Que se soit les dirigeants autocratiques en Tunisie ou en Égypte, ou les oligarchies néolibérales Américaines, Européennes ou Canadiennes, la conclusion reste la même; la démocratie n'existe plus.
Car en plus de s'attaquer à démontrer ces liens, M. Halimi montre du doigt des systèmes politiques désuets et aux mains des grands financiers internationaux pour expliquer que même dans les soi-disant démocraties, le citoyen qui cherche du changement n'en trouvera pas. La perte de souveraineté des états est selon lui un des grands maux auxquels les politiques néolibérales ont menées; la finance et l'économie sont mondialisées et devenues maîtres des règles qui régissent les états et ceux-ci n'ont plus de pouvoirs souverains. Il n'y a qu'à regarder ce qui se passe avec la Grèce pour comprendre que malgré l'élection d'un gouvernement de gauche, ce dernier n'a aucun pouvoir face aux conditions imposées par le FMI ou la BCE. L'élection ne signifie rien puisque les élus n'ont pas de marge de manoeuvre.
Il est évidemment impossible de résumer en quelques lignes l'argumentaire élaboré et bien documenté développé avec crédibilité par M. Halimi dans sa conférence, et c'est bien dommage, car sa démonstration était exceptionnelle et agrémentée de nombreux exemples tirés du contexte politique et historique partout au monde. Pour le moment, on ne peut malheureusement pas trouver le texte de cette conférence en ligne. Claude Lévesque du Devoir a toutefois rencontré le conférencier. Son article est très sommaire et réduit parfois le propos de M. Halimi, mais il demeure intéressant à parcourir. J'en retiens d'ailleurs la conclusion, où il explique en quoi la crise financière et économique qui prouve hors de tout doute les effets pervers et néfastes du néolibéralisme a paradoxalement engendré un renforcissement de ces politiques:
«En 2008, après la faillite Lehman Brothers, certains ont cru à la fin des politiques néolibérales, au retour de Keynes et même à une résurrection de Marx, puis, l'année suivante, on a eu la crise de la dette souveraine qui a obligé les États à adopter des politiques encore plus libérales. On assiste à des indignations récurrentes qui peuvent à terme discréditer un peu plus un système politique qui se présente chaque fois comme médecin du mal économique et qui, un mois plus tard, se révèle être celui qui a aggravé l'état du patient.»
(Le cas de la Grèce, qui fait les manchettes quotidiennes ces jours-ci, est le parfait, et désespérant exemple de cette conclusion).
Reste à espérer, pour l'avenir du monde, que le patient se réveillera et s'opposera à cette médecine, avant d'y succomber.
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