jeudi 27 janvier 2011

4 comédies et 1 drame

Parmi les quelques film que j'ai vu cette année, il y en a 5, tous disponibles en DVD, qui se démarquent par une qualité certaine, sans que l'on parle ici de films à grand potentiel d'Oscars, à une exception près. Souvent, c'est le genre de films qui tombe un peu dans l'oubli, une fois la saison des films plus ambitieux et des galas arrivée. Et comme les diverses récompenses cinématographiques ont tendance à mettre l'accent sur les drames plus que sur les comédies, ces dernières souffrent généralement plus que les drames de cette période de l'année; d'où le choix de quatre comédies et d'un drame pour ce billet, dont le titre est lui-même un clin d'oeil à une "vieille" comédie romantique que j'ai justement revue avec plaisir cette année.
Pour me contredire immédiatement, je vous parlerai d'abord du seul film du lot qui apparaît sur les listes de nominations aux Oscars, même si ses chances sont minimes de repartir avec une statuette: The Kids Are All Right.
Le film raconte l'histoire de la petite famille de Nic et Jules, deux femmes qui ont fait appel au même donneur pour avoir chacun un enfant par insémination artificielle. Arrivés à l'adolescence, ces enfants montrent de la curiosité et contactent le donneur, leur père biologique, qui intègre la famille en créant une vague de sentiments contradictoires. Malgré qu'il s'agisse d'une comédie - et où l'on rit beaucoup - The Kids are All Right a aussi un volet dramatique qui n'est pas étranger au bon souvenir que laisse son visionnement. Le ton faussement léger est reposant si jamais vous cherchez un film sérieux dans son approche mais pas nécessairement bouleversant à en pleurer. Le sujet n'est jamais traité sur le mode burlesque et le scénario n'est pas prétentieux. On assiste donc à un film plutôt réaliste, bien que comique, au scénario qui évite les clichés et explore des avenues pas nécessairement prévisibles. Les acteurs sont tous excellents (certains sont nominés aux Oscars) dans une distribution parfaitement équilibrée.
Toujours dans la comédie, un petit film étonnant s'est démarqué cette année: Easy A, un film d'ado assez typique dans son décor, mais dont le traitement d'un sujet banal le fait s'élever au dessus de la masse de comédies faciles qui inondent le marché. Easy A est narré à la première personne - c'est à dire que le personnage principal s'adresse directement au spectateur / à la caméra. Ce personnage, c'est Olive, jouée avec un charme original par Emma Stone. La jeune fille a laissé entendre - plus ou moins par accident - qu'elle avait perdu sa virginité et se retrouve du jour au lendemain, après l'emballement de la machine à rumeurs - personnage vedette de l'école. Olive tente d'aider quelques copains et elle se met à accepter d'être payée pour appuyer d'autres rumeurs qu'elle sait fausses, mais qui contribuent à sa nouvelle image. Rapidement, la situation, qui semblait pourtant banale à l'origine, prend des proportions gigantesque alors qu'Olive perd le contrôle des rumeurs à son sujet comme sur celui des autres. Les dommages collatéraux ont eu un effet domino et pour reprendre sa vie en main, Olive décide de diffuser sa version de toute l'histoire, en s'adressant à tous/nous par sa webcam. Le charme de Easy A vient de diverses sources. Premièrement, les personnages, qui sont assez originaux, rappellent les meilleurs films du genre; les parents de Olive, par exemple, qui sont loin de s'indigner, et disent plutôt tout ce qui leur passe par la tête, sont à se tordre de rire. Le prof de littérature qui parle de The Scarlett Letter (oeuvre à laquelle le film est un immense clin d'oeil), et sa femme qui est aussi une psychologue scolaire un peu décalée, ajoutent un niveau adulte à la population habituelle de jeunes qui peuple ce genre de films. Ainsi, de par son ton et sa forme, Easy A est une sorte d'hommage aux films de John Hughes et, bien qu'il n'atteigne pas ce niveau de succulence, on pense surtout au célèbre Ferris Bueller's Day Off, puisque les deux films partagent un personnage central au caractère particulier et au charme irrésistible et cool.
Du côté de la France, j'ai particulièrement aimé le film L'Arnacoeur, avec Romain Duris et Vanessa Paradis. Le film n'est pas parfait, mais il s'en dégage un charme quasi irrésistible. L'idée à la base du scénario est originale et la scène d'ouverture, près de Marrakech, est superbement mise en scène avec un second degré que le film ne perd jamais par la suite. Duris joue Alex, un homme qui se spécialise dans le bris de couple sur commande, et se fait très bien payer pour ses services... Jusqu'au jour où, bien sûr, il accepte un mandat qu'il aurait dû refuser et que les choses se compliquent. Malgré quelques clichés en milieu de parcours, et une fin un peu télégraphiée, le film demeure une réussite sur plusieurs plans. Les acteurs sont merveilleusement drôle, les personnages secondaires sont juste assez originaux et la prémisse ne manque pas d'intérêt. Mais c'est le regard du film sur lui-même et le cinéma en général - via l'analyse des préférences culturelles de sa cible que fait Alex - que le film se démarque. Ainsi, la classique scène musicale entre nouveaux amoureux prend des proportion épique avec le thème choisi: la chanson comme la  chorégraphie. Un beau plaisir coupable.
Sinon, j'avoue avoir été très agréablement surpris par la comédie romantique The Switch avec Jennifer Aniston et Jason Bateman. The Switch raconte l'histoire de deux amis proches; Wally et Cassie. Cette dernière désire avoir un enfant mais n'a pas de conjoint. Elle décide donc de se faire inséminer et déniche un donneur idéal selon ses critères. Lors d'une soirée pour célébrer son insémination, son ami Wally, ivre après avoir noyé son chagrin (il est secrètement amoureux de Cassie depuis toujours), détruit malencontreusement le "don" avant qu'il ne soit utilisé. Pour éviter la panique - et toujours très ivre - il remplace donc le précieux produit par le sien. Sept ans plus tard, il sera confronté à la possibilité de dire la vérité à Cassie sur le fils de cette dernière, qui est également le sien.
Ce qui m'a plu dans ce film, mis à part les personnages tous un peu névrosés et la drôlerie de plusieurs scènes, c'est d'abord le décor et la réalisation: le film se déroule à New York et a été tourné sur place, sur un mode réaliste, qui rappelle parfois certains Woody Allen. Je pense par exemple à la soirée de célébration, où chacun parle en même temps et où nous suivons plusieurs conversations à la fois, ou encore aux scènes sur les trottoirs newyorkais. Enfin, pour une comédie romantique, la distribution est talentueuse et même luxueuse, avec en plus des deux vedettes, Juliette Lewis et Jeff Goldblum, tous les deux hilarants dans leurs rôles respectifs d'amie de Cassie / ami de Wally. Enfin, le petit Thomas Robinson, qui joue le fils de sept ans, est à couper le souffle de justesse dans un rôle de petit intellectuel hypocondriaque et sérieux.
Je termine cette revue de cinq films avec un drame. The American est un polar avec George Clooney, qui a reçu des critiques mitigées mais qui m'a procuré un bon moment de cinéma. Clooney y joue Jack, un tueur à gages dont un mandat en Suède se termine plutôt mal et le force à se terrer temporairement dans un petit village en Italie. The American est une film comme on n'en voit plus et qui avait beaucoup pour me plaire. En effet, l'idée de faire un polar centré sur un personnage dont on ne sait que peu de choses - sinon rien - et dont le scénario explorerait plus les relations entre les personnages que les scènes d'action, est de moins en moins exploitée de nos jours. En ce sens, le film procure un sentiment de plongée dans une autre époque cinématographique. La présence de George Clooney, avec sa gueule de Gary Grant, n'est pas étrangère à ce sentiment non plus, et confirme que l'acteur était le choix parfait pour ce film et que le style du film n'est pas un accident de parcours. Le décor - l'Italie - et le niveau de langage (les personnages locaux y parlent évidemment italien) ajoutent un élément de dépaysement qui est un ingrédient supplémentaire pour me plaire. Enfin, la narration, parfois lente, et plus contemplative que descriptive, offre la possibilité au spectateur de savourer pleinement ces scènes au lieu de se voir pressé de passer à la suivante à un rythme effréné.
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