samedi 30 mars 2013

Europe 2003: Allemagne

Note: Ce billet s'inscrit dans une série «Spécial 10e anniversaire de vagabondages»
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Journal de voyage, 6 avril 2003
Cologne
Heureuse étape improvisée, puisque Cologne est une très belle grande ville, à la fois moderne et ne reniant pas ses origines romaines et moyenâgeuses. Les ruines des tours romaines et des fortifications du 11e et 12e siècles y sont vraiment impressionnantes. La cathédrale ne donne pas sa place non plus (elle est renommée comme étant une des plus grandes et belles du monde). Elle est immense, gigantesque, un incroyable monument à l’architecture, géniale pour l’époque, ça en est presque incroyable. Avec Liège et Cologne, nous avons passé deux exceptionnelles journées en route vers Berlin.
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Journal de voyage, 7 avril 2003
Berlin
Berlin est une ville étrange et fascinante. L’histoire y est étouffante car réellement intense. Et surtout, en partie assez récente. Nous habitons le Mitte’s, dans l’ancien quartier central du Berlin d’avant-guerre et qui est devenue une partie de Berlin-Est après la division de la ville en 1945.
Notre auberge est donc située juste à quelques centaines de mètres de l’ancien mur de Berlin.
Nous avons vécu beaucoup d’émotions lors de notre première journée de visite. Surtout au moment de traverser la Porte Brandenburg de Berlin-Est vers Berlin-Ouest, en sachant que nombres de berlinois de l’Est ont été tués en tentant de faire de même par le passé. Voir de nos yeux les morceaux du mur de Berlin, préservés pour des raisons historiques, après le souvenir de novembre 1989 à regarder le mur s’ouvrir à la télé, est quelque chose de poignant.
Sinon, les promenades dans Berlin laissent parfois sans voix. Passer sur le site du bunker de Hitler, monter tout en haut du dôme du Reichtag partiellement détruit lors de la guerre, et, en réalité, juste le fait d’être là, à 17h03 le 7 avril 2003 au 6e étage d’un édifice à « l’intérieur » du mur de Berlin, à quelques dizaines de mètres de la maison ayant appartenue à Berthold Brecht, d’avoir posé les pieds au Reichtag où même Einstein a assisté aux débats avant son exil, les mots nous manquent pour exprimer tout ce que l'on ressent à Berlin.
Pour quelqu’un né en 1966 et ayant vécu 25 ans avec le monde divisé en deux, les nouvelles, la politique internationale, le Hockey (je me souviens de joueurs allemands ou russe voulant passer à l’ouest), les livres d’espionnages de Ludlum… je réalise à quel point l’histoire a un poids et à quel point le monde a changé, et à quel point j’ai changé avec le monde. Et tous ces changements, ce poids historique, il est tangible, palpable, ici, pour la première fois, à Berlin.
La journée suivante a été concentrée sur deux visites. La statue (le monument) de la victoire, au centre du Tiergarten Park et une visite plus ou moins imprévue au zoo de Berlin.
Un zoo est un zoo, mais à visiter celui de Berlin, on comprend pourquoi il a la réputation d’être l’un des meilleur au monde. Nous y avons vu non seulement un éventail impressionnant d’animaux sauvages et exotiques toujours apprécié (éléphant, girafe, rhinocéros, hippopotames, chameaux, ours, kangourous et pandas), mais aussi le plus large éventail d’animaux étranges et dont nous n’avions jamais entendu parler avant! Bref, une visite très agréable, inoubliable, et avec des animaux dans des habitats non encadrés par des cages – ce qui les rends plus accessibles (presque trop au sujet des loups, presque effrayant) et en quelque sorte plus familiers. On a l’impression de leur avoir rendu visite plutôt que d’en avoir vu une simple exposition/exploitation.
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Journal, 10-12 avril 2003
Dresden
Le trajet Berlin-Dresden s’est (une fois encore) déroulé dans un luxe confortable et sans histoire. L'achat de nos billets Eurail s'avers une excellente décision. L’arrivée à Dresden dans la station Hauptbanhof en pleine rénovation a été mouvementé – l’orientation à la sortie de la gare étant compliquée par les travaux de toutes sortes autour de celle-ci. La réservation/achat des billets pour Prague a été culturellement intéressante, puisque la préposée ne parlait qu’allemand et que notre situation était compliquée : nous avions besoin de deux billets gratuits avec notre Eurail (de Dresden à la frontière), puis deux billets payants de la frontière à Prague. L'allemand fragmentaire, les gestes et un petit dessin ont finalement fait le travail.
La visite de Dresden, principalement concentrée dans la journée du 12 avril nous a fait voir l’un des endroits les plus fascinants du voyage jusqu’à maintenant: La forteresse de Dresden. Un endroit unique qui n’apparaît même pas dans les guides touristiques. Une visite mémorable de ce site médiéval absolument phénoménal; le genre de visite que vous n’oubliez pas. Le Zwinger de Dresden, un palais de plaisance, est certainement la résidence la plus extravagante que l’on ait pu voir à ce jour, si l’on considère qu’elle n’avait aucun but militaire ou protecteur, contrairement à plusieurs châteaux, par exemple. Le style baroque, amusant, ajoute une teinte d’ironie à cette construction plus grande que nature.
Le Semper Opera aura fourni une anecdote instructive, au moins, on a eu la preuve qu’on a bien fait de faire un voyage en indépendant plutôt qu’avec guide touristique; la guide obligatoire imposée pour la visite de l'Opera était prétentieuse et insupportable, en plus de restreindre notre visite de l'édifice! Amusante après-coup, mais très frustrante sur le moment, cette visite d’un des opéra les plus renommés du monde.
Malgré notre visite courte de 2 jours et trois nuits, Dresden et ses deux soupers accompagnés d’un excellent Libliech (on découvre avec plaisir de bons vins bons marchés en Europe), nous laisse un superbe souvenir, en plus de nous fournir notre première véritable belle journée ensoleillée du voyage depuis notre départ, ce qui fera du bien à mon état de santé toujours fragile. Nous quittons donc l’Allemagne avec un peu de tristesse, puisque nous commencions à développer un sentiment très favorable et confortable avec la culture et la langue allemande.
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L'Esprit Vagabond à l'Université Humboldt, où ont étudié
Albert Einstein et Karl Marx, entre autres.

Suze au Reichtag.

Devant l'église du souvenir du Kaiser
Wilhelm, surnommée la "dent
cariée", Berlin.

Suze à la gare de Berlin. Première d'une longue série de
photos de gares, série que je continue encore avec
chaque voyage, dix ans plus tard.

Montage-photo de certaines parties du Mur de Berlin
encore debout, à titre historique.

Touchant l'eau de l'Elbe, une rivière mythique des mots
croisés de ma jeunesse, en pensant à mon père, qui
connait bien ces noms de rivières, mais n'y avait
jamais mis les mains, Dresden.

Suzie, à Dresden

Palais du Zwinger, résidence d'été des souverains de Saxe,
Dresden.

lundi 25 mars 2013

Europe 2003: Belgique

Note: Ce billet s'inscrit dans une série «Spécial 10e anniversaire de vagabondages»
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(Journal de voyage, 1 avril 2003)
Bruxelles
Nous voilà au pays des bandes dessinées… mais aussi du siège de l’union européenne.
Premières impressions de la Belgique: la plomberie des hôtels belges semble en meilleur état que celle des anglais! Les belges sont toutefois moins respectueux des piétons, bien qu’ils conduisent du «bon» côté de la rue! Tout le monde ici parle français, ce qui est en quelque sorte dépaysant pour nous, puisque c’est notre première immersion en milieu francophone depuis notre unique visite au Québec (en avril 2002) depuis notre installation en Colombie Britannique en janvier 2001.
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(Journal de voyage, 2-5 avril 2003)
Liège
J'ai dû interrompre ce journal le premier avril, pour cause de crayon ne fonctionnant plus. Puis j'ai de nouveau dû rester au lit, avec le retour de mes problèmes de santé le 2 avril avec des troubles de poumons. J'ai consulté un médecin, heureusement qu’il parlait français, et pas flamand. Résultat, une autre journée de perdue, après celle de Londres et d’autres visites sacrifiées dont le musée de la BD, snif. Le voyage démarre vraiment plus difficilement que prévu.
Nous avons donc décidé d’improviser pour changer mon karma et avons filé vers Cologne en Allemagne plutôt que vers Amsterdam et Hambourg, comme le prévoyait notre vague plan original. Notre train Bruxelles-Liège ayant du retard, on a raté la correspondance pour Koln et décidé de demeurer à Liège une nuit plutôt que de poireauter 2h à la gare et repartir.
Liège nous a offert beaucoup en 24h. Très belle petite ville et très longue et jolie promenade toute la journée. Étrangement, nous avons eu toute la misère du monde à dénicher des cartes postales de Liège et avons dû les acheter le matin du départ au kiosque de la gare. Sinon, Liège m'aura fait la surprise de me ramener à l'époque de ma jeunesse où je lisais George Simenon.
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Suze dans l'Eurostar nous menant de Londres à Bruxelles,
(lisant Jane Austen).

Hugo à la Grand Place de Bruxelles... portant le chapeau
de voyage de Suze, pour une raison que j'ai oubliée.

Suze avec son backpack, Liège.

Suze devant des ruines (médiévales?),
Bruxelles.
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Notes (2012):
J'avais oublié ce détail de la langue... évidemment, quand je suis retourné à Bruxelles, en 2008, j'habitais de nouveau Montréal depuis quelques années et cet élément de dépaysement culturel ne jouait plus. Je n'ai jamais regretté avoir changé d'itinéraire en passant par Liège, j'ai ainsi gagné du temps qui m'a servi plus tard dans mon voyage. Du coup, j'ai aussi appris dès mes premiers jours de ce premier voyage en indépendant l'importance de l'improvisation et la liberté de changer les plans et l'itinéraire. Et pour Amsterdam, j'y suis finalement allé en 2008.
J'ai toujours aimé ce que nous avions réussi à faire avec la première photo; j'avais du grimper sur un petit poteau de béton, l'image recouvrant le mur à partir de l'étage, il fallait capter celle-ci, et mon profil, avec un angle pas facile à trouver... surtout avec une petite caméra 35mm à film, et sans viseur-réflexe.

samedi 23 mars 2013

Europe 2003: London

Note: Ce billet s'inscrit dans une série «Spécial 10e anniversaire de vagabondages»
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(Journal de voyage, 27 mars 2003)
Je sens que les trois prochains mois seront remplis de journées chargées. Aujourd’hui n’a pas été différent d’hier sur ce point, mais au moins, après une matinée à se préparer pour la première fois avec nos bagages de voyages, nous avons été nous réserver un hébergement plus près de la cité - et moins cher - que celui que nous avions réservé pour nos deux premières nuit, pour la fin de semaine. Puis, la visite de London a débuté par le monument commémoratif du Grand Feu, réalisé par Christopher Wren, architecte qui a rebâti Londres après le feu du milieu des années 1600.
L’imposante et fascinante Tower of London a pris une bonne partie de notre après-midi dans la Cité. Son histoire est chargée. Palace et Prison, fortifiée et collée sur la Tamise, tout le secteur est enrichissant et c’est plutôt intriguant de savoir ce qui s’est passé ici au fil des millénaires de son existence, même quand on n'a pas le budget pour visiter l'intérieur-même de la forteresse! Le Tower Bridge à côté de la Tour de Londres ne donne pas sa place non plus, il est impressionnant et malgré les nouveaux édifices et monuments modernes comme le City Hall et la Swiss Bank (en œuf de verre), rien n’égale en vue et émotions les édifices vieux de un ou plusieurs siècles de la Cité. Tout le quartier qui va de Tower Bridge à la St-Paul’s Cathedral en passant par Cannon Street est exceptionnellement beau.
London représente bien la monarchie, avec la présence de la Reine qui s'y fait sentir, et les salons de thé un peu partout. L’après-midi, la cité renferme une ville très rapide, achalandée, très peuplée, mais où le piéton semble plus populaire que l’automobiliste, fort heureusement.
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(Journal de voyage, 28-31 mars 2003)
Dure journée, où j'ai dû rester au lit, cloué sur place par une poussée de fièvre... Étrange sensation, surtout lorsque son lit est situé dans un dortoir d'auberge de jeunesse... En soirée, Suzie m’a amené voir des originaux de Dali au Tate Modern, sur la rive sud de la Tamise, une splendide sortie. On a aussi vu le Shakespeare Globe Theater – identique à l’original où Will Shakespeare présentait ses pièces dans les année 1600. On est passé à l’Anchor, une taverne plus vieille encore, où Shakespeare a pris quelques bières dans ses années londoniennes.
La veille en après-midi, après un lunch à Trafalgar Square, nous avions visité la National Portrait Gallery, où nous avons vu l’original du seul portrait de Shakespeare effectué de son vivant. Le reste de la journée, nous avons découvert trois places célèbres; Trafalgar, Picadilly Circus et Leceister Square, le quartier des théâtres.
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L'Esprit Vagabond traversant... Abbey Road

À l'entrée de The Mall, menant à Buckingham Palace

Trafalgar Square

221b Baker Street

dimanche 17 mars 2013

Cinéma Québécois et Jutras 2013: Opinions et choix

Contrairement aux Oscars, avec les Jutras, je ne joue pas le jeu des prédictions. D'une part, l'histoire des Jutras est un peu jeune pour avoir une base de données historique valable pour en tirer quelques conclusions ou tendance de "l'académie" québécoise, mais aussi, comme le système de votation a changé au fil des ans, rien ne sert de regarder en arrière pour tenter de comprendre ce qui peut se passer dans le présent. Cette année offre un bel exemple d'inconstance - mais un heureux exemple - puisque contrairement à presque toutes les années précédentes, l'ensemble des nominations n'a pas fait l'objet de virulentes critiques. Est-ce que le processus de nomination a été révisé (une fois de plus)? Bon, en un mot comme en cent, je me concentre donc sur le gala lui-même, mais vous livre mes choix dans les catégories majeures.
L'année 2012 du cinéma québécois.
Contrairement aux déclarations stupides et mercantiles de quelques ignares en veston-cravate, l'année 2012 a été une très belle année pour le cinéma québécois et pour le cinéphile québécois. Loin de son misérabilisme historique (bien qu'un passage culturel obligé), décomplexé, le cinéma d'ici embrasse le monde, n'a pas peur de traiter de sujets universels ni de mettre en scène des personages et situations issues de partout dans le monde. Du Congo au Japon en passant par la Cisjordanie et le Québec, les intrigues de 2012 font voyager, explorer et découvrir les relations de québécois avec et dans le monde, qu'il s'agisse des personnages eux-mêmes ou de la culture ancestrale des créateurs et acteurs. Compte tenu de notre situation démographique, avec une population relativement petite et un marché qui l'est tout autant, le cinéma québécois est tout simplement un des meilleurs au monde. Ce n'est pas un hasard si nous avons placé un film dans la très sélecte catégorie de meilleur film en langue étrangère aux Oscars pour chacun des trois dernières années, une position à laquelle seuls cinq pays dans le monde peuvent prétendre pour une année donnée.
Pour ce qui est des recettes en salles (qui ne comptent pas les retombées et recettes internationales, ni les recettes en vidéo et sur demande), bien des facteurs expliquent les chiffres bas de 2012. Sans vouloir publier ici une analyse complète sur la question, notons l'évidence: les habituels films commerciaux n'ont pas rapportés autant que ceux d'années passées (puisqu'on en produit à chaque année, contrairement à ce que les ignares précités ont laissés entendre); ce sont donc ces genres de films qui seraient à blamer, et non les films d'auteur, évidemment, puisque ce ne sont jamais ces derniers qui font des recettes records en salle, localement de toute manière. Notons également un facteur plus important qu'il n'y paraît: le printemps (et l'été) érable. La mobilisation de dizaine de milliers de citoyens les a occupé à autre chose qu'aux films en salles. Sans émettre de jugement de valeurs, mes rencontres, lectures et discussions sur le sujet me laissent persuadés que les gens qui étaient dans les rues sont justement plus des amateurs de films québécois et internationaux que de films d'action américains préfabriqués. Enfin, nous avons aussi eu une campagne électorale pour occuper les gens à autre chose, et un très bel été en terme de température. Mon expérience de gérant de cinéma me laisse également croire que ces facteurs ont joués un rôle important dans la fréquentation des salles de cinéma, et donc, dans le succès des films d'ici.
Pour revenir aux Jutras de cette année, devant une telle brochette de films de qualité, voici donc mes choix (parfois difficiles) dans les catégories principales. Même si je ne fais pas de prédictions, je peux toutefois souligner que les probabilités pour la meilleure réalisation, le meilleur scénario et le meilleur film sont clairement en faveur de Rebelle, vu sa reconnaissance internationale et sa présence aux Oscars.

Devant la caméra
Meilleure actrice. Rachel Mwanza, Rebelle.
Étrangement, même si je ne sais pas si ça aurait été mon premier choix, j'ai été étonné de ne pas retrouver Evelyn Brochu dans la liste des finalistes dans cette catégorie. Le fait que je n'ai pas vu la performance de Micheline Bernard et Dominique Quesnel limite donc mon choix. J'ai bien aimé découvrir Marilyn Castonguay, convaincante dans l'Affaire Dumont, et Suzanne Clément offre une performance remarquable dans Laurence Anyways, mais je donnerais tout de même le Jutra à Rachel Mwanza, qui porte Rebelle sur ses épaules et qui le fait avec beaucoup d'intensité. Son interprétation est émouvante et attachante, rafraichissante même.
Meilleur acteur. Gabriel Arcand, Karakara.
Bon, disons-le tout de suite, tous les autres sont excellents, alors peu importe le lauréat, je suis déjà content d'avoir pu voir leur performance dans leurs films. J'ai un faible pour Arcand, que j'ai toujours trouvé bon, et qui semble passer à travers un rôle intimiste et subtil avec une étonnante facilité. On ne sent jamais l'acteur, on ne remarque pas sa présence, et dans le cas qui nous occupe, le fait qu'il joue un voyageur en terre étrangère - au Japon en plus, lieu d'une culture qui m'intéresse depuis longtemps, et à Okinawa, où j'ai un ami - jouait en faveur d'Arcand. Sinon, Ali Ammar était impressionnant pour un acteur sans expérience (fait que j'ignorais quand j'ai vu Roméo Onze).
Meilleure actrice de soutien. Sabrina Ouazani, Inch'Allah.
Je n'ai vu que trois performances dans cette catégorie, alors une fois de plus, mon choix est plus limité. J'ai beaucoup aimé Laurence Anyways et l'ensemble des actrices de soutien y étaient excellentes, mais le rôle défendu par Ouazani dans Inch'Allah était plus dur, plus complexe et plus exigeant, surtout qu'elle y jouait un personnage ambigu auquel on s'attache sans toutefois embrasser l'ensemble de l'évolution.
Meilleur acteur de soutien. Serge Kanyinda, Rebelle.
Kanyinda nous livre dans Rebelle un personnage étonnant et que l'on apprend à comprendre au fil du film, en s'y attachant malgré nous et malgré ses contradictions. Malgré un excellent scénario à la base, le personnage, comme celui de rachel Mwanza, doit beaucoup, au final, à la performance criante de vérité de son interprète.

Derrière la caméra
Meilleur scénario. Kim Nguyen, Rebelle.
Quand j'écrivais plus haut que l'année 2012 était une belle année pour le cinéma québécois, la chose est évidente quand on regarde les cinq films en nomination dans cette catégorie. Si on pense aussi que ni L'affaire Dumont ni Inch'Allah ne sont présents dans cette catégorie, la liste de scénarios de qualité devient impressionnante pour une seule année. Je choisi Rebelle pour l'aspect universel de son histoire, la finesse des dialogues et du traitement du sujet et la nécessité de rappeler au monde que cette situation perdure et nous concerne tous. Les autres films m'ont semblé moins ambitieux en terme de traitement et de dialogues, sans qu'ils ne soient faibles pour autant, c'était le traitement que leur histoire demandait, tout simplement.
Meilleur réalisateur. Kim Nguyen, Rebelle.
Une fois encore, la brochette de nomination est impressionnante, et une fois encore, on pourrait y ajouter deux noms: Anais Barbeau-Lavalette et Claude Gagnon. Si je préfère la réalisation de Nguyen, c'est essentiellement parce que ce film m'apparaissait plus ardu à réaliser et mener à terme, les acteurs (inexpérimentés) probablement plus difficile à diriger, bref, le talent exigé pour réaliser ce film me le fait choisir, compte tenu que Nguyen l'a fait avec brio. Comme toujours, Podz signe un film très bien maîtrisé et Xavier Dolan un film éminemment personnel et plein de trouvailles cinématographiques, mais le défi de Nguyen était tout autre, il me semble.
Meilleur film. Inch'Allah.
J'avoue avoir longuement hésité entre Rebelle et Inch'Allah. Si mon choix se porte sur le drame de Anais Barbeau-Lavalette, c'est surtout parce que c'est le film qui m'a le plus brassé. Les aléas de la relation père-fils et de la dépression dans Camion m'ont ému et renvoyé à mes propres fantômes et à ma propre relation avec mon père. Roméo Onze m'a donné l'opportunité d'explorer une autre réalité dans le Montréal que j'habite en plus de me rappeler certains sentiments d'adolescence. Laurence Anyways m'a questionné sur mes valeurs et rappelé les difficultés d'une relation amoureuse au delà des idéaux. Aucun de ces trois films (ni Karakara ou l'Affaire Dumont, qui ne sont pas en nomination dans cette catégorie mais qui sont néanmoins excellents) n'ont réellement défié mes valeurs ou ma vision des choses. Or, des deux films que j'ai préféré cette année, Rebelle m'a plus conforté sur mes valeurs, ma vision du monde et de moi-même. Inch'Allah, malgré une trajectoire en partie prévisible - et en partie étrangement réconfortante pour ces valeurs et cette vision du monde auxquels je réfère ici - se retourne et met au défi le spectateur, le citoyen du monde engagé, bref, renverse plus que les autres films en nomination, malgré quelques détails moins subtils que ceux-ci. Strict choix personnel, donc, mais assumé.
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Et vous, votre choix du meilleur film cette année?

vendredi 15 mars 2013

Voyage en résidence et voyage en déplacement

Après une douzaine de séjours prolongés (de deux à cinq mois) à l'étranger au cours des dix dernières années, je pousse ma réflexion sur le voyage et le dépaysement vers la nette différence d'expérience entre le voyage "en résidence" et le voyage "en déplacement".

Deux styles de voyage prolongé
Par voyage en résidence, j'entends un séjour à l'étrange dont la grande majorité (disons plus de 80% du séjour) est effectué en résidant à un seul endroit, à partir duquel l'exploration se fait. C'est le voyage en rayonnement (des visites autour du point de résidence).
Par voyage en déplacement, j'entends un séjour à l'étranger dont la grande majorité est effectuée en se déplaçant constamment d'un lieu à l'autre, effectuant donc les explorations au fil de ces déplacements. C'est le voyage en ligne (trajet "linéaire" sans point central).

Quelques cas de figure (tirés de mes voyages)
Les expérience personnelles sur lesquels je m'appuie pour ces réflexions sont les suivantes, et elles fournissent de bons exemples-types des deux genres de voyage dont on parle ici.
Pour les fins de cette réflexion, j'exclus d'emblée tous les séjours de moins d'un mois, puisque dans les cas de courts séjours, la différence entre les deux genres de voyage n'est pas vraiment marquée. En effet, pendant un court séjour (10 jours, par exemple), la résidence est un peu l'équivalent d'un des points d'un trajet en déplacement, et le temps de résidence ne produit des effets qu'avec les séjours plus long pendant lesquels le voyageur est réellement installé à un endroit fixe.
Au Vietnam, lors d'un voyage en déplacements, 2008.
Ainsi, parmi mes voyages, mes séjours prolongés en Équateur (Quito, 2004), en Espagne (Séville, 2010) et en Angleterre (Leeds, 2012-2013) sont des cas types de voyages en résidence, alors que mes séjours en Amérique du Sud (2007), en Asie du Sud-Est (2008-2009) ou encore dans les Balkans et en Europe de l'Est (2011) sont de bons exemples de voyage en déplacement.
Il y a des cas hybrides; comme mon séjour au Guatemala en 2009-2010, qui a été caractérisé par une période de résidence (en deux points différents; La Antigua et Xela), accompagnée de quelques longues périodes de déplacements (Honduras, Chiapas).
Enfin, notez que ce classement est plus une affaire de mode de vie sur place (y être installé) que de longueur de séjour (à part pour les très courts séjours, que je ne considère pas ici). Par exemple, j'ai séjourné moins longtemps à La Antigua en 2009-2010 que je n'ai passé de temps à Paris (en 2006 et en 2008), mais contrairement au Guatemala, je n'ai jamais été installé à Paris, j'y étais toujours de passage, parfois pour plusieurs jours, en début ou fin d'un long séjour, mais toujours dans une perspective de séjour en déplacement.

Les avantages des deux style de voyage
Le voyage en déplacement
Admirant Sarajevo, voyage en déplacement, 2011.
L'avantage le plus clair de voyager en se déplaçant en permanence, c'est évidemment l'étendue géographique couverte par le voyage, la diversité des lieux et sites visités et des cultures explorées. Quand on effectue un séjour de près de trois mois qui nous fait traverser une partie de la Hongrie, de la Croatie, la Bosnie, avec des incursions en Italie et en République Tchèque, il y a une importante variété de cultures, d'histoires et d'architecture qui se trouve explorées dans un même séjour.
On ne s'ennuie guère lors de ces séjour, et le voyage procure généralement un important lot d'imprévus et d'improvisation au fil du trajet, pour peu que le voyageur n'ait pas fixé d'avance son itinéraire ou le nombre de jours qu'il passera à un endroit précis.
Il découle de ces improvisations un fort sentiment de liberté. Lors de voyages en déplacements, on décide pratiquement au jour le jour où aller, rester où on est un jour de plus, partir plus tôt que prévu, changer de plans, voir même de région ou de pays. Difficile d'être plus libre que ça et c'est un sentiment extrêmement puissant et agréable. C'est essentiellement la recherche de ce sentiment de liberté qui donne envie de repartir une fois de retour au pays.
Le voyage en résidence
Travaillant, écrivant (ou bloguant? hehe), de ma terrasse
de Xela, lors d'un voyage en résidence au Guatemala, 2009.
L'avantage le plus évident de voyager en ayant un point d'attache, un lieu de résidence semi-permanent, est le temps; le temps de s'immerger dans une culture spécifique, dans le quotidien d'un lieu, d'une région, qui permet de partager la vie telle qu'elle est vécue (en partie) par le peuple d'accueil. Le temps d'y lire les journaux et de suivre l'évolution des nouvelles socio-politiques, d'apprendre à connaître et reconnaître les figures emblématiques du lieu, d'écouter les émissions de télé ou d'assister à d'autres représentations quotidiennes - plutôt qu'épisodique sans contexte - de la culture locale. Ainsi, au lieu d'observer les gens, les manières de faire, les différences culturelles, avec un regard externe, on peut se permettre de les vivre, de se faire des amis et d'approfondir notre connaissance de la vie à cet endroit précis sur la planète. Un des aspects les plus évidents de cet avantage est évidemment la langue locale; j'ai beaucoup plus approfondi mon espagnol que mon hongrois, mon tchèque ou mon vietnamien au cours des 10 dernières années, et ce n'est pas seulement par intérêts pour cette langue (j'ai aussi de l'intérêt pour le japonais et l'arabe, par exemple), mais surtout parce que j'ai effectué trois de mes quatre séjours en résidence dans des pays hispanophones; c'était donc, pendant des mois, la langue de mon quotidien. On développe alors un sentiment d'appartenance, d'être chez soi (bien qu'ailleurs), qui est fort différent du sentiment de liberté des voyages en déplacement, mais tout aussi agréable et puissant.
À Potosi, Bolivie, avec tout mon bagage (d'un séjour de
quatre mois), me rendant prendre un bus pour un
trajet de 12 heures vers Tarija, voyage en
déplacement, 2007.
S'installer quelque part de manière semi-permanente permet aussi de voyage avec un certain confort et une légèreté que ne permettent pas les déplacements avec backpack répétés jours après jours. Être en résidence dans un lieu permet de s'y installer, de s'approprier l'endroit, le personnaliser, de s'y sentir chez soi. La résidence permet aussi d'explorer une région de manière légère, reposante, en quelque sorte, sans avoir à s'occuper de faire des réservations ou de supporter les longs trajets, puisque les visites se font souvent en une journée ou deux, avec un retour à la maison à chaque fois. L'autre côté de cette médaille est un autre avantage; lors que l'on passe des semaines/mois au même endroit, on peut se permettre d'explorer ou visiter des lieux moins connus (ou inconnu des touristes de passage), des petits villages, que l'on n'aurait pas eu l'occasion ou le temps de visiter lors d'un séjour de quelques jours dans le cadre d'un voyage en déplacement.
Enfin, le voyage en résidence coûte généralement moins cher que le voyage en déplacement (pour une même période et dans un même pays/région). En effet, on y expériment moins de déplacements, mais aussi la nourriture est moins souvent achetée sur le pouce, à cause de l'impossibilité de faire beaucoup de provisions en déplacement, et généralement, on y visite moins de sites, donc paye moins de coûts d'entrée. Enfin, le voyage en résidence permet parfois d'économiser sur le coût d'hébergement également (louer à la semaine ou au mois coûte moins cher qu'à la nuit, même en auberge).

Les inconvénients des deux styles de voyage
Le voyage en déplacement
À Bratislava, Slovaquie, lors de mon second court
séjour, voyage en déplacement, 2011.
Voyager en se déplaçant sur une base quasi quotidienne ne permet évidemment pas d'explorer à fond un lieu, une région, un pays ou une culture, à moins de se limiter exclusivement à ce lieu ou cette culture sur une longue période. Il en ressort une expérience intéressante mais parfois frustrante par son côté superficiel; on se permet un regard sur quelque chose qui mériterait souvent une immersion plus longue pour réellement en profiter au maximum. Je reprends ici l'exemple de la langue, puisque si j'ai beaucoup aimé m'initier au vietnamien et au croate, il est un peu dommage de ne pas avoir pu m'y plonger plus à fond, et perdre presque toutes ces bases au fil des mois passés loin de ces langues par la suite. Mes deux cours passages en Slovaquie, par exemple, ne m'ont pas permis de connaître et comprendre cette culture, à peine m'ont-ils permis d'en avoir un furtif aperçu.
À Madinat Al-Zahra, site archéologique visité seulement
lors de mon second passage à Séville, voyage en
résidence, 2010.
Tel que mentionné ci-haut, le voyage en déplacement offre peut-être une plus grande étendue couverte par le séjour, mais cet avantage a un prix: celui de sacrifier toute explorations de lieux moins importants ou de sites inconnus des circuits, guides, kiosques touristiques habituels. Je n'avais pas, par exemple, eu l'occasion ni le temps de visiter Osuna (près de Séville) ou Madinat Al Zahra  (près de Cordoue) en Andalousie lors de mon voyage en déplacement de 2006, n'ayant passé que 5 jours dans les environs de ces lieux à cette époque.
Les nombreux déplacements sont aussi en eux-mêmes un inconvénient et grugent une partie de ce qui est le plus précieux quand on se déplace beaucoup: le temps. Cet inconvénient couvre à la fois le budget (plus coûteux), les longs trajets et le confort de voyage (un trajet de douze heures de nuit dans un vieux bus sur une route en terre battue est rarement un moment très agréable à vivre), et ces déplacements ajoutent un élément de fatigue physique lors des longs voyages en plus d'ajouter des éléments d'organisation au voyage en question. Par exemple, si vous prévoyez vous déplacer le lendemain de votre arrivée, mieux vaut vous informer aujourd'hui des horaires de trains ou de bus, ce qui enlève de précieuses minutes (parfois heures, hum) à votre journée d'exploration.
Le voyage en résidence
Le principal défaut d'un voyage en résidence tient d'un paradoxe; en s'installant à quelque part pour en faire son chez soi, on perd le sentiment d'être en voyage, malgré le fait de se retrouver à des milliers de kilomètres de son pays, et de se retrouver plus souvent qu'autrement dans une culture complètement différente.
Ceci a une importance majeure, parce que sans ce sentiment d'être en voyage, la routine du quotidien prends souvent le dessus sur celle du voyage, ce qui résulte généralement en un voyage où l'on visite moins de villes, moins de lieux et de sites, malgré le temps passé sur place, et malgré les opportunités. Mon plus récent séjour, à Leeds, est un bon exemple de ce facteur. Je suis loin d'avoir exploré l'ensemble du centre de l'Angleterre, je n'ai même pas exploré tout le Yorkshire, souvent pris dans ma routine de vie, mon travail et mes habitudes, une fois installé en résidence. J'avais expérimenté le même effet lors de ma résidence à Séville.
À Belem, Lisbonne, au Portugal, visité dans le cadre du
même voyage en déplacement qui m'a vu ignorer Madinat
Al-Zahra, 2006.
Ce dernier séjour me fournit d'ailleurs un bon exemple des différences majeurs entre les deux types de voyage, car lors de ce séjour de 2 mois en Andalousie, je ne me suis pas éloigné jusqu'à joindre Madrid ou Barcelone, par exemple, alors que pendant mon voyage en déplacement en France, en Espagne et au Portugal, également d'une durée de 2 mois, j'avais fait une boucle débutant et se terminant à Paris, en passant par Barcelone, Madrid, Lisbonne... et Séville, entre autres villes visitées.
Le second inconvénient majeur du voyage en résidence découle de son concept même; le lieu de résidence comme encrage devient aussi un lieu d'attache et tout ce qui en est éloigné devient moins accessible que lors d'un voyage en déplacement. Faire trois trajets de huit heures de transport en une semaine lors d'un voyage en déplacement permet de couvrir beaucoup de distance, et donc d'atteindre des lieux plus éloignées les uns des autres qu'avec une résidence d'où on voyage en rayonnement.
Edimbourg, le point le plus éloigné de Leeds que j'ai
visité pendant mon séjour en résidence, 2012.
Mon trajet en Amérique du Sud en 2007 m'a par exemple permis de traverser littéralement l'Équateur, le Pérou, la Bolivie et la moitié de l'Argentine et du Chili du nord au sud, en plus du Pérou, de l'Argentine et du Chili d'est en ouest. Je n'aurais jamais pu couvrir autant de territoire au cours de ces quatre mois si j'avais été installé en un point fixe, même central. Par opposition, si mon séjour en résidence à Leeds m'a permis d'explorer à fond la culture anglaise, la ville, son architecture et son histoire, en plus de me donner l'opportunité de visiter des villes et sites au Yorkshire et dans quelques autres lieux (Londres, Edimbourg), je ne me suis pas rendu à Dublin, Glasgow, Stratford-Upon-Avon ou au Pays de Galles lors de ce séjour, lieux qui auraient fort probablement été sur un itinéraire de voyage en déplacements au Royaume-Uni.

Quel est donc le voyage idéal?
Suite à ces réflexions, on peut donc se demander lequel des deux types de voyage est idéal... ce qui sera le sujet d'un prochain billet.
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mercredi 13 mars 2013

Europe 2003: Les préparatifs

Note: Ce billet s'inscrit dans une série «Spécial 10e anniversaire de vagabondages»
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J’ai toujours regretté de ne rien avoir écrit de mon court séjour en France à l’automne 1998. La mémoire étant une curieuse machine à trous, il y a des souvenirs qui me sont restés très clairs et d’autres qui le sont moins. Quelques-uns sont très flous et donc, il est logique de croire qu’une bonne partie de se court séjour touristico-littéraire est tombé dans les limbes de mon subconscient, partie que seule l’hypnose pourrait faire revivre. C’est un peu triste… particulièrement pour un auteur.
C'est pourquoi j'ai décidé, dès le début du projet de voyage en Europe en 2003 de tenir un journal de voyage. Je n'avais pas, par contre, songé à le commencer au moment des préparatifs, mais le samedi 6 septembre 2003, quelques semaines seulement après on retour de voyage «alors qu’il est 15h à Montréal (midi à Vancouver, 20h à Londres, 21h à Paris et 22h à Athènes)», je décidais de coucher sur papier quelques souvenirs de ces préparatifs de voyage, au cas où j'aurais plaisir à relire ces notes un jour.
Ce sont ces notes que je présente ici.
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En gérant de cinéma, avec mes collègues du Fifth Avenue
Mes souvenirs des préparatifs sont mélangés avec les dernières semaines à Vancouver, la visite des parents et de la sœur de Suze, notre voyage à Victoria pour l’occasion, la vente de nos affaires, les derniers jours au travail, chez Starbucks et au cinéma Fifth Avenue et les adieux parfois émouvants à des amis que l’on ne verra peut-être plus jamais de notre vie.
Le plus loin que je puisse me souvenir, en ce qui concerne nos projets sur l’Europe, c’est qu’à un moment donné de nos discussions et de toutes les options envisagées pour voyager outre-mer, nous avons décidé d’accumuler assez d’argent pour partir deux mois avec des sacs à dos. Backpacking en Europe, sans rien d’autres à s’occuper. A partir de cette décision, nous avons commencé à planifier. La lecture de plusieurs livres sur l’Europe ou le voyage en solitaire, en indépendant, la vie en auberge, etc. C’est aussi à cette période que remonte le début des achats d’équipements, ou à tout le moins, le fait que l’on porte attention à tout ce qu’il nous faudrait à chaque fois que l’on entre dans une boutique.
Nous avons affiché une carte de l’Europe au mur de notre appartement, et commencé à imaginer des itinéraires, comparer les moyens de transport, faire des listes des documents à se procurer, des choses à acheter, à faire avant de partir, etc. Quelques mois de préparatifs lents, puis quelques mois de préparatifs plus rapides, je dirais. La carte de l’Europe s’est retrouvée au mur de l’appart quelque part à la fin de l’été 2002. A Noël, nous avions un livre de référence (Let’s Go Western Europe), divers trucs, des vêtements spéciaux, et nos passes de train Eurail.
Dans les dernières semaines, nous avons mis de côté l’idée d’un réchaud, avons acheté les veste de pluie, les sacs à dos, que nous avions magasiné pendant des mois, les billets d’avion, les assurances, etc. Nous avions nos passeport, avons réglé les visas nécessaires…
Un peu de stress est venu des demandes de visas pour entrer en République Tchèque. Ces demandes doivent se faire à l’ambassade de la République Tchèque, à Ottawa, ou, si vous n’êtes pas résident de l’Ontario, au consulat de Montréal. De Vancouver, nous ne pouvions nous permettre un aller-retour en avion juste pour des visas; il a donc fallu poster l’original de notre passeport et l’attendre avec le visa par retour du courrier. Très stressant, d’autant plus que la procédure, un peu longuette, a finalement abouti au retour de nos passeport à la fin de février 2003, moins d'un mois avant notre départ.
Un peu de lecture ne nuit jamais aux préparatifs.
Puisque nous improvisions beaucoup, nous n’avions pas idée de ce que l’on ferait par la suite, après le voyage; voyage qui s’était allongé d’un mois après qu’un budget final ait été effectué. Le possible retour aux études de Suze au Québec, mêlé de notre désir de continuer à voyager, mon attachement grandissant à la région de Vancouver, notre désir d’apprendre au moins les bases d’une autre langue, allemand ou espagnol, c’était beaucoup. En plus, il y avait le fait que pour chacun de nous, ce serait notre première expérience du genre...
Nous avions fait des copies multiples de tous nos documents de voyage, un ami de la BC m’avait donné deux cartes d’appels téléphoniques, nous avions des cadenas pour nos backpack, avec treillis en métal léger pour les sécuriser n’importe où au besoin, des couteaux suisses, une boussole, un sifflet, etc.
En septembre 2012, avant le départ
pour Leeds, avec mon fidèle sac Bora 40
acheté en 2003 pour mon premier voyage. 
Nous avions lu partout qu’il fallait voyager léger. Léger léger léger. Nous avons pris cet avertissement au sérieux et plutôt que d’acheter les Bora 60, des sacs à dos qui contiennent jusqu’à 60 litres de matériel, nous avons opté pour des Bora 40, un tiers plus petits. Puis, on s’est dit: tout ce qui n’entre pas là-dedans, on n’en aura pas besoin. La règle d’or du backpacking: sortez sur un lit tout ce dont vous aurez besoin, puis couper de moitié avant de partir. Évidemment, comme nous avions acheté des packs plus petits, nous n’avons pas eu à couper de moitié en plus, mais nous avons tout de même coupé un bon tiers du total prévu avant le départ, après avoir fait des tests avec les backpacks. Les couvertures, le réchaud, les serviettes humides en double, même les ustensiles en double ont pris le bord. La seule chose moins utile que nous avons tout de même apporté: le lecteur CD/MP3 et quelques CDMP3 avec des piles, pour les trajets de trains.
Suze sortant du Travel Cuts, notre agent pour
les billets de train et d'avion.
Pour ma part, je voyagerais avec comme vêtement: trois paires de pantalons, dont deux munis de fermetures éclairs aux genoux pour convertir les pantalons en shorts. Plus une paire de shorts en toile qui servirait aussi de maillot de bain. Quatre T-shirts et un chandail coton à manches longues. Sous-vêtements, un chapeau, une paire de sandales de marche, une paire d’espadrilles et des babouches.
Nous sommes partis le 25 mars 2003, quittant l’appartement maintenant vide de Vancouver, empruntant pour la dernière fois l’autobus numéro 9 sur Broadway Avenue vers le coin de Granville, puis la 98-B le long de Granville Street vers la station de l’aéroport, où une navette fait le lien station-terminal. Direction London, Britain. Le pays des Beatles, de Jane Austen, de Sting et de Bridget Jones. Et de trois mois d'aventures.
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mardi 12 mars 2013

Mes voyages

Depuis mars 2003, j'ai parcouru bien du chemin, effectuant divers voyages et séjours à l'étranger, et avec l'évolution de ce blogue et des publications sur celui-ci, j'ai cru bon de fournir une manière d'accéder directement et exclusivement au journal spécifique de chacun de mes voyages dont les détails sont éparpillés sur les billets de ce blogue.
Les étiquettes par pays donnent déjà une forme de regroupement des billets, mais il m'arrive souvent d'ajouter des billets ou de réagir à une situation locale, alors que je ne suis pas dans le pays concerné, ou encore qu'un pays ait été visités à plusieurs reprises; l'étiquette du pays regroupe alors les billets de plusieurs séjours dans un même ensemble.
Dans le cadre du soulignement de mes dix ans de vagabondages, j'ai donc voulu regrouper chaque voyage dans un ensemble distinct. Voilà pour la justification de cette page, qui donne un accès direct à chacun de mes séjours, et place ceux-ci dans le contexte de l'époque où je les ai effectués.
On peut également utiliser les étiquettes réservés à ces voyages (ici entre crochets, et qui apparaissent maintenant dans le bas du menu des sujets, à droite sur ce blogue) pour y accéder directement.
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Printemps 2003: Europe de l'ouest - Exploration en indépendant - Trois mois [Voyage-2003-Eur].

Été 2004: Équateur - Coopération internationale - Trois mois [Voyage-2004-Eqt].

Été 2005: Amérique centrale et Équateur - Exploration en indépendant - Quatre mois [Voyage-2005-Amc].

Été 2006: France, Espagne et Portugal - Exploration en indépendant - Deux mois [Voyage-2006-Fep].

Janvier 2007: Péninsule du Yucatan - Exploration en indépendant - Deux semaines [Voyage-2007-Yuc].

Été-automne 2007: Traversée de l'Amérique du Sud - Exploration en indépendant - Quatre mois [Voyage-2007-Ams].

Janvier 2008: Santiago de Cuba - Culture et élections nationales - Une semaine [Voyage-2008-Cub].

Printemps 2008: Belgique et Pays Bas - Exploration en indépendant - Trois semaines [Voyage-2008-Bpb].

Été 2008: Londres - Exploration en indépendant - Deux semaines [Voyage-2008-Eng].

Été 2008: Traversée expresse de la France - Exploration en indépendant - Trois semaines [Voyage-2008-Fra].


Hiver 2009-2010: Guatemala-Honduras-Chiapas - Séjour en résidence - Deux mois et demi [Voyage-2009-Amc].

Été 2010: Andalousie - Séjour en résidence - Deux mois [Voyage-2010-Esp].

Été 2010: Maroc - Exploration en indépendant - Trois semaines [Voyage-2010-Mgb].

Automne 2010: La Havane, Cuba - Exploration en indépendant - Une semaine [Voyage-2010-Cub].

Été 2011: Balkans et Europe de l'Est - Exploration en indépendant - Deux mois et demi [Voyage-2011-Bke].

Automne 2012-Hiver 2013: Angleterre - Séjour en résidence - Quatre mois [Voyage-2012-Eng].

Été 2013: Espagne - Exploration en indépendant - Deux mois [Voyage-2013-Esp].

Hiver 2014: Équateur - Retour sur projet de coopération - Cinq semaines [Voyage-2014-Eqt].

Printemps 2014: Italie - Exploration en compagnie de mes parents - Trois semaines [Voyage-2014-Ita], suivi immédiatement de:

Été 2014: Turquie - Exploration en indépendant - Deux semaines [Voyage-2014-Tur].

Automne 2015: Scandinavie - Exploration en indépendant - Trois semaines [Voyage-2015-Sca].

Hiver 2016: Provence - Exploration en indépendant avec mes parents - Trois semaines [Voyage-2016-Pro].



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Dix ans de vagabondages

En mars 2013, je célèbre le dixième anniversaire de mon premier véritable long voyage à l'étranger en indépendant. En effet, c'est en mars 2003 que je quittais le pays pour 3 mois, au cours desquels j'allais parcourir une vaste partie de l'Europe de l'Ouest, allant de l'Angleterre à la Grèce, en passant par l'Allemagne, l'Italie, la République Tchèque et la France, entre autres pays visités. Ce voyage est définitivement un des plus importants projets de ma vie, en ce sens qu'il a défini ma façon de vivre pour les 10 années qui ont suivies (et celles à venir, espérons-le).
L'Esprit Vagabond à Trafalgar Square, mars 2003
Pour célébrer cet anniversaire un peu spécial à mes yeux, je consacrerai une partie du printemps de ce blogue à une série de billet sur la thématique du voyage, tentant d'approfondir ma réflexion sur le sujet. Je publierai également ici des extraits de mon journal de voyage de 2003, avec quelques photos, puisqu'à l'époque, non seulement l'Esprit Vagabond était publié sur support papier (et réservé à un groupe sélect de lecteurs-amis de l'APAQ), mais la publication de photos n'a commencé sur ce blogue que graduellement, à compter de 2005, et encore, il faudra attendre 2006-2007 pour que je puisse avoir un accès suffisamment fiable en voyage pour en faire une pratique courante.
Ces billets tenteront donc d'évoquer ici une partie des sentiments ressentis lors de ce premier séjour prolongé, en retraçant mon parcours, en mettant mes mots de l'époque en contexte, et en simulant, en quelque sorte, sur ce blogue, ce que j'aurais pu y publier s'il avait existé dans sa forme actuelle lors de ce périple à travers l'Europe de l'Ouest avec mon backpack.
Évidemment, le texte de mon journal de voyage de l'époque ne ressemble en rien à ce que je publie ici depuis quelques années lors de mes voyages, puisque je l'écrivais pour garder un souvenir personnel de mes visites, et non pour les fins de publications sur un blogue; c'est donc le recul a posteriori sur ce journal qu'il m'apparaît intéressant d'explorer avec cette série de billets. La même observation s'applique aux photos, puisque je ne faisais pas de photos de voyage ou culturelles à l'époque, mais simplement de la photo-souvenir, sans parler du fait qu'avec un petit appareil 35 mm et le coût des films et du développement, je n'ai pris que quelques photos dans chaque ville. Ce coût, mon budget d'alors et l'absence de résultat instantané relié au processus m'empêchaient également de prendre plusieurs clichés pour s'assurer d'avoir une bonne photo, publiable, d'un sujet précis. Ces images sont tout de même révélatrices et intéressantes a posteriori, quand on connaît le voyageur et le photographe de voyage que je suis devenu.
Sur ce, bon voyage, en Europe, et dans le temps; ajustez vos montres, nous partirons bientôt pour le printemps 2003.
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