jeudi 21 juin 2012

Être citoyen du Québec

Alors que nous allons célébrer notre Fête Nationale, je vous propose un petit texte, qui explique l'engagement d'un citoyen ordinaire, qui a pris part au débat, s'est engagé aux côtés des étudiants, a porté le carré rouge, et a manifesté, y compris avec sa casserole, au cours du présent printemps québécois.
Pourquoi s'être impliqué, alors que la facilité aurait été de continuer son train-train quotidien? Parce que c'est ça, être citoyen du Québec.
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Être citoyen du Québec, c'est pas un concours de popularité. C'est le moins qu'on puisse dire, surtout quand le Québec vit une période de turbulences.
Quand on pense que pendant ce printemps québécois, j'ai été regardé de travers, harangué par les policiers, insulté ou injurié sur les réseaux sociaux, que j'ai vécu des tensions avec des proches et des amis, on comprend que je n'ai pas fait ça pour devenir populaire.
Être citoyen du Québec, c'est d'abord travailler dans l'intérêt de tous les Québécois.
Évidemment, se battre pour une cause sociale comme celle de la lutte contre la hausse des frais de scolarité (en particulier) et des politiques néolibérales (en générale), c'est investir du temps et de l'énergie, pour partager ses connaissances, argumenter, tenter d'informer les autres citoyens, pour le bien commun. C'est une question de solidarité avec tous les Québécois. Être citoyen du Québec, c'est être capable de prendre des décisions qui sont souvent difficiles, mais toujours pour le long terme.
Bien sûr, la facilité pour moi comme pour les étudiants contre la hausse - qui ne seront pas pleinement touchés par la hausse à son apogée - ça aurait été de ne rien faire. La lutte citoyenne à laquelle nous participons est ancrée sur le long terme, sur la société que le Québec deviendra, en regard de ce qu'il a déjà accompli grâce à ses choix passés.
En d'autres mots, être capable de prendre des décisions qui sont responsables, quelles que soient les pressions. Ça peut jamais être parfait. Puis on a pas réponse à tout.
Et en ce printemps, la responsabilité véritable, ce n'est pas celle de l'individualisme, de la réclamation de son cours, de son dû, mais bien celle de ceux qui se battent pour un Québec meilleur, plus égalitaire, plus solidaire, tenter de garantir un accès plus égalitaire aux études supérieures. Certes, les pressions sont élevées pour arrêter la lutte, pour rentrer dans le rang. La Loi 78 impose des pénalités massives de 1 000 à 5 000$ simplement pour manifester à plus de 50, ce que j'ai fait à quelques reprises. Quelle est la réponse à une loi injuste, sinon de manifester son opinion pour avoir, non pas aucune loi, comme certains détracteurs du mouvement le prétendent, mais de meilleures lois, des lois justes!
Sauf qu'il faut à chaque fois regarder les choses en face. Pour prendre les bonnes décisions, pour tout le monde, et surtout pour la prochaine génération de Québécois.
J'ai 46 ans et j'ai terminé mes études universitaires depuis quelques décennies. Et j'aurais les moyens, si l'envie me prenait de retourner en classe, d'assumer la hausse. J'ai donc décidé de m'impliquer non pas pour moi, mais pour que la prochaine génération de Québécois ait la même chance que j'ai eu, d'avoir accès à ces études. Je crois fondamentalement que le Québec sera une meilleure société si plus de jeunes, de toutes les classes sociales, accèdent à des études supérieures s'ils le désirent.
En politique comme dans la vie, il faut avoir le courage de ses convictions.
Et en ce sens, j'assume totalement mon implication dans le mouvement étudiant. Les politiques néolibérales qui sont appliquées un peu partout dans le monde montrent leurs lacunes, ont creusé partout l'écart entre très riches et très pauvres, et ont plongées plusieurs sociétés dans une crise économique que nous avons su éviter en grande partie à cause de notre modèle social.
Je continuerai donc à me battre pour ce modèle de société, et pour la justice sociale.
Car j'ai fait le choix de la responsabilité, je sais que c'est le bon.
Bonne Fête à tous les citoyens du Québec.
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Note: Ce texte a été écrit avec sérieux et conviction. Je me dois cependant de remercier le Premier ministre Jean Charest pour l'inspiration, car toutes les phrases qui apparaissent en italique sont, intégralement et entièrement, les phrases qu'il prononce lui-même dans une récente publicité pré-électorale de son parti. J'ai simplement changé les mots "premier ministre" par le mot "citoyen", dans son discours.
(On peut consulter quelques parodies de la publicité et du discours en question ici; mes préférées: la version "État second" et la version "Bad trip psychédélique").

1 commentaire:

  1. Salut Hugues, dans ce que tu écris tu me fais penser à quelqu'un de très proche de moi. Je veux dire de mon père.
    Il n'avait pas peur de ses convictions. Ce n'étaient pas les mêmes que toi mais son but était le même vivre dans un monde meilleur. Il a prit les moyens qu'il avait à sa disposition. Il s'est fait rire de lui, calomnier et bien d'autres choses à propos de ses convictions. Il n'a pas lâché sauf diminuer un peu son ardeur quand il a vu que par ricochet ses enfants se faisaient moquer d'eux. Se faire rire de lui ça ne le touchait pas mais ses enfants ça le dérageait. Il n'avait pas de loi qui l'empêchait de dire haut et fort ce qu'il pensait. Mais il y avait des gens bien intentionnés qui se chargeait de l'arrêter par ce qui le touchait le plus ses enfants. Dans ces gens il y avait bien entendu la famille proche. Grand-parents, tantes, oncles. Donc je peux très bien te comprendre.
    J'ai lu il n'a pas longtemps que si quelqu'un disait un mensonge et que tu connaissais la vérité. Si tu ne défends pas cette vérité tu es aussi menteur que lui. Donc si pour toi c'est défendre la vérité même si d'autres pensent le contraire. Je t'encourage à continuer de défendre cette vérité.

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