mardi 13 novembre 2007

Une soirée avec The Police

Un rêve annoncé
Ce lundi 12 novembre, tel que je l'avais annoncé ici il y a déjà quelques mois, je me trouvais au Centre Bell de Montréal, en compagnie de trois vieux amis; Sting, Stewart Copeland et Andy Summers, le trio formant le meilleur groupe des années 80: The Police.
The Police est certainement mon groupe fétiche, le band dont j'ai aimé l'ensemble de la carrière et qui a marqué mon adolescence, un groupe que je n'ai jamais arrêté d'écouter malgré les ans qui passent... et que je n'avais jamais eu l'occasion de voir en spectacle auparavant. J'ai suivi la carrière solo de chacun des trois membres du trio, j'ai même vu Sting en concert à quatre reprises (la dernière fois, c'était quand même il y a sept ans, lors de son passage au festival de jazz de Montréal en 2000).
Comme leur dernière tournée remonte à presque 25 ans, j'avais depuis longtemps abandonné l'idée de les revoir ensemble sur scène et j'ai déjà exprimé mon plaisir de les voir jouer ensemble lors de leur réunion et de l'annonce de la présente tournée il y a quelques mois, alors je ne me répèterai pas ici.
Remarquez, j'ai beau être un fan et rêver de voir The Police live depuis longtemps, je ne suis pas allé jusqu'à acheter mon billet pour les représentations de la fin juillet à Montréal, puisque je savais déjà, au moment de la mise en vente des billets, que je serais à l'extérieur du pays. Malgré toute mon admiration pour le groupe et les centaines d'heures de plaisir que leur musique m'a procuré et me procure encore, je n'ai pas changé mes plans de voyage. Je me disais que la vie me donnerait l'occasion de les voir si c'était en quelque sorte mon destin. Appelez ça la synchronicité, si vous voulez :-).
Et c'est exactement ce que la vie a fait quand ils ont décidé de passer me voir à Montréal quatre mois après leur passage ici en juillet.
Ainsi, vous comprendrez qu'en bon fan réalisant un vieux rêve, je n'étais certainement pas le critique le plus sévère au Centre Bell hier soir.
Par contre, il faut préciser que Sting nous a habitué à des concerts de qualité et à de la musique de qualité et que la réputation de The Police place tout de même la barre haute. Je n'étais pas plus prêt à leur pardonner n'importe quoi, quand même.
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Préparation, attente et première partie
En vue du concert de Montréal, j'ai évidemment décidé de me mettre dans l'ambiance, en me confectionnant une petite liste de leurs pièces les plus susceptibles d'être présentées en spectacle. Les choix ne manquent pas, leur discographie est encore impressionnante, et j'ai donc écouté ces chansons pendant quelques semaines, en intensifiant le rythme dans les derniers jours avant le concert.
J'avoue que cette écoute m'a permis à la fois de redécouvrir quelques pièces que je n'avais pas écouté depuis un temps (il faut aussi ajouter mon récent séjour à l'étranger pendant lequel je n'ai pas accès à ma musique) et de me refamiliariser avec les paroles de d'autres que j'avais à demi oublié. Il n'y a rien comme de connaître les paroles de toutes les chansons d'un spectacle pour l'apprécier davantage.
La première partie (non annoncée) a débuté à 19h30 précise. Le groupe, le trio Fictionplane, rappelait justement les débuts de The Police; trois gars, une guitare, une basse et une batterie, qui font du rock, et du bruit, mais avec une certaine originalité musicale et avec une interprétation intéressante et sympathique. Fictionplane a donc livré une première partie de qualité, fort honnête, qui a duré un peu moins d'une heure.
Après une pause d'une vingtaine de minutes pendant lesquelles les techniciens préparaient la scène et les derniers détails, Stewart Copeland est apparu aux percussions et après un coup d'envoi sur un gong gigantesque, Andy Summers est entré sur scène et a entamé les premières mesures de Message in a bottle. Sting s'est ensuite joint aux deux autres pour le début du concert.
J'avais déjà un très grand sourire aux lèvres.
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The Police - Live (vu pour la première fois de ma vie)!
Après le coup d'envoi réussi de Message in a bottle, j'étais bien fier de voir que mon band favori n'avait pas renié ses influences d'origines reggae-world beat, en entendant les versions très aériennes de Walking on the moon, Wrapped around your finger et Walking in your footsteps. Avec une batterie conventionnelle et un set de percussions plus élaboré au second étage de la scène, on sentait Copeland s'amuser comme un petit fou; après tout, c'est son band, il en est le fondateur, et il a rêvé de cette tournée probablement plus que moi, alors son plaisir était communicatif et était beau à voir (il portait un T-shirt à l'effigie de leur album Ghost in the machine).
Ces penchants plus reggae n'ont pas empêché le groupe de nous offrir des pièces plus mouvementées, et ce dès When the world is running down, you make the best of what still around, dans lequel Summers s'est payé un dynamique solo de guitare avec ses accords châtoyants qui sont tellement typiques de la sonorité The Police. Aussi, j'avais vu Sting interpréter une version gonflée de jazz dans un concert de sa période post-Bring on the Night, avec claviers endiablés, choristes et saxophone alto, alors de voir le band se réapproprier cette pièce à trois musiciens et de remplir l'espace et le Centre bell avec valait déjà une bonne partie du prix du billet.
Quelques pièces plus obscures ont peut-être étonné les amateurs qui ne connaissent que les plus grands succès du groupe, mais pour un fan comme moi, de voir The Police jouer Hole in my life et Truth hits everybody était un grand plaisir, puisque ces pièces demeurent importantes dans les débuts et l'évolution du groupe. De plus, Sting n'a jamais repris ces pièces dans les spectacles solos que j'ai vu, alors ça m'offait plus de nouveautés que les plus grands hits du groupe.
Évidemment, le succès d'un spectacle dépend aussi de la foule, a fortiori dans un amphithéâtre aussi vaste que le Centre Bell, qui est toute une salle a remplir avec seulement trois instruments. Et comme il n'y a rien comme une bonne pièce rock pour réchauffer la foule et la faire réagir plus fortement, c'est lors de l'interprétation de Every little thing she does is magic que le Centre Bell a commencé à vibrer plus énergiquement. So lonely, plus tard dans le spectacle, a eu le même effet.
Parlant de la foule, j'ai été étonné de voir autant de jeunes visages parmi les spectateurs. Même si Sting est une figure connue, son dernier CD était de la musique médiévale interprétée accompagnée d'un luth... et la dernière pièce originale de The Police remonte à 1983. Ma voisine immédiate était une jeune fille née l'année de la sortie de Every little thing she does is magic, et les trois filles assises à ma droite n'étaient fort probablement pas nées lors de la sortie de Every breath you take... Cette intemporalité des pièces du groupe et leur popularité qui couvre plusieurs décennies est digne des plus grands noms de la musique.
Pour ma part, c'est l'exceptionnelle interprétation pleine d'énergie de Can't stand losing you qui m'a totalement emporté. Au milieu de la pièce, le trio en a rajouté en entonant Reggatta de Blanc - une fort agréable surprise - emportant la foule avec eux avec ses Eeee-hoo entraînants; définitivement le point culminant du spectacle.
Je m'en voudrais de passer sous silence les classiques - de Don't stand so close to me à King of pain en passant par De do do do de da da da, une autre pièce que je n'avais jamais eu le plaisir d'entendre live par Sting en solo.
Ce que j'ai apprécié de l'ensemble du concert, a été la clarté du son, des accords, de la voix, des percussions, de la guitare châtoyante de Summers. C'était, musicalement, un plaisir pour les oreilles, un plaisir renouvelé chansons après chansons. De voir et entendre devant moi la musique si particulière de ce trio, à la fois pleine de silence et pourtant souvent complexe, est quelque chose que je n'oublierai jamais. J'ai aussi été conquis par la sobriété de la mise en scène - un trio de musicien sur une scène en forme de théâtre grec surplombé de trois écrans diffusant des gros plans avec ici et là une image ajoutée (Dinosaures pendant Walking in your footsteps et images de jeunes du monde pendant Invisible sun). Une simplicité de présentation qui mettait l'accent sur les musiciens et leur musique.
Parmi les choix de pièces qui ne s'imposaient peut-être pas parmi les spectateurs comme des incontournables, mentionnons aussi Driven to tears, pendant laquelle Sting s'est amusé à glisser quelques mesures de Hit the road Jack (de Ray Charles), et la très intense Invisible sun, qui rappelle que le groupe - comme Sting pendant sa carrière solo - a toujours été engagé. D'ailleurs, un pourcentage des recettes de cette tournée va à l'organisme Water Aid, comme nous le rappelaient les vidéos sur les écrans géants avant le spectacle, et Sting est aussi un contributeur et collaborateur aux collectes de fonds de la fondation David Suzuki.
Sting s'est adressé aux spectateurs en grande partie en français, ce qui n'a rien d'exceptionnel pour lui mais qui lui a gagné quelques appaudissements et réactions supplémentaires de la foule montréalaise.
S'il n'y a qu'un bémol à apporter au plaisir éprouvé par les milliers de spectateurs, c'est la rapide conclusion du spectacle. Après une très courte pause d'une minute ou deux, le groupe est revenu pour quelques pièces, terminant avec Every breath you take et quittant la scène... à l'exception d'Andy Summers, divertissant la foule qui en demandait plus. Sting et Stewart sont donc revenus sur scène pour une superbe interprétation de Next to you, une de leurs toutes premières chansons, en guise de rappel et finale... laissant le public sans Roxanne, la pièce culte de The Police.
Une bonne partie du public était sans voix, quelques fans étaient mêmes frustrés d'avoir été privés de leur pièce favorite. Dans les escaliers menant vers la sortie, une femme disait «nous sommes tous traumatisés», d'autres chantaient Roxanne dans les couloirs, et on entendait même la chanson culte jusque dans le métro!
Pour ma part, j'avoue que malgré un petit pincement, je pouvais très bien survivre sans Roxanne, puisque Sting me l'a fait dans 3 des quatre concerts que j'ai vu de lui en solo... Et puis j'avais lu sur le web que le groupe avait dû déplacer quelques concerts en octobre dernier lorsque Sting a souffert d'une infection à la gorge. En fait, hier soir, dans les premières pièces, on pouvait voir qu'il tentait d'éviter les aigus, même si ça voix était en assez bonne forme pour tenir des notes très longues. Et s'il y a une pièce de The Police qui demande des efforts particuliers dans les aigus pour fonctionner, c'est bien Roxanne!
J'ai appris depuis, que Sting avait aussi annulé plusieurs interview avec les médias dans la journée du concert pour ménager sa voix, qui, ma foi, est tout de même le quatrième instrument de musique de The Police.
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Un adieu?
Pour le moment, malgré bien des spéculations, impossible de connaître le futur de The Police. Les membres du groupe ont plusieurs fois mentionné que leur réunion était conclue pour la tournée, sans plus. Nous verrons donc si la vie mettra du nouveau matériel ou une dernière tournée sur mon chemin éventuellement. Car bien que Sting et Stewart soient encore relativement jeune, Summers, le doyen du trio, a déjà 64 ans, quand même. Je peux vous dire, par contre, après l'avoir vu jouer de la guitare hier au Centre Bell; il ne les fait absolument pas.
Entre temps, que dire de plus que Merci à Stewart, Andy et Sting; ce concert de The Police était un véritable cadeau pour moi et j'en ai apprécié chaque seconde.
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Au menu
Pour ceux qui aiment ce genre de détails, voici la liste des pièces interprétées par The Police au Centre Bell de Montréal, le lundi 12 novembre 2007.
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1. Message in a bottle
2. Walking on the moon
3. Voices inside my head / When the world is running down you make the best of what still around
4. Don't stand so close to me
5. Driven to tears
6. Truth hits everybody
7. Hole in my life
8. Every little thing she does is magic
9. Wrapped around your finger
10. De do do do de da da da
11. Invisible sun
12. Walking in your footsteps
13. Can't stand losing you / Reggatta de Blanc
(minute de pause)
14. King of pain
15. So lonely
16. Every breath you take
(minute de pause/rappel)
17. Next to you

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Notes:
Pour les critiques, le journaliste de La Presse a aimé mais avec des réserves, celui de The Gazette a adoré.
Une série de photos du spectacle est également disponible sur le site de The Gazette, une autre est accessible sur le site de La Presse.

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